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  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Peut-être que certains anciens se souviennent de ce très long fil commencé en 2008

http://www.forum.immigrer.com/topic/84809-la-cabane-a-sucre-de-lex-gang-2/page__hl__%20cabane%20%20sucre

Un groupe d'allumés d'immigrer.com jasait des démarches d'immigration, attendait les nouvelles... Nous sommes finalement tous arrivés à Montréal entre novembre 2008 et août 2009. Certains continuent à se voir sur base régulière, d'autres se suivent de loin et prennent des nouvelles, d'autres se sont peut-être perdus de vue.

Bref, la gang de la cabane à sucre, si vous avez le temps, je vous invite à venir raconter ici votre bilan après plus de deux ans au Québec ou au Canada (el Pat, Annabel, Cybercat, Mariedelacolline, Lilinemo, Frogues, ...). Je sais que nous avons tous des vécus et des profils différents, et sens que nous allons avoir des témoignages très riches.

A vous la parole!

Modifié par Mowgli
  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Je vais ouvrir le feu...

Nous sommes arrivés au Canada, à Montréal en particulier, avec les espoirs de ceux qui y ont fait plusieurs séjours en été, qui ont aimé les festivals, la qualité de vie, le côté joyeux et relax de cette ville. Idéal pour un jeune couple :). Je ne peux pas dire que nous ayons été déçus, mais notre mode de vie a fondamentalement changé depuis notre arrivée (comme ma photo d'avatar le suggère) et donc notre vision de Montréal également!

Reprenons par le début. Nous sommes officiellement arrivés en janvier 2009, jeunes mariés. Je commençais un postdoctorat a McGill, mon mari (parrainé) attendait encore son visa et est entré en tant que touriste. Il n'a donc pas travaillé de janvier à mai (arrivée du fameux visa et tour du poteau). C'était une période agréable, pleine d'espoir. Nous avions tout vendu en Belgique et avons tout racheté ici, sur kijiji. On a loué un très joli 6 1/2 tout près du marché Jean-Talon, dans un quartier super, pour un prix dérisoire par rapport à un appartement de ce type et avec cette situation à Bruxelles. Pour tout dire, on vivait très bien sur mon seul revenu, ce qui donne une idée du coût de la vie. Une fois le visa en poche, mon homme a immédiatement trouvé un emploi dans une librairie (le genre d'emploi qu'il cherchait en Belgique depuis longtemps, vraiment ce qu'il voulait). Bon, avec des horaires atypiques (soir et fin de semaine) et au salaire minimum mais faut commencer quelque part. Après quelques mois il est passé sur un poste permanent avec les mêmes horaires décalés, puis, en janvier 2010, il a eu un poste permanent du lundi au vendredi 9-17h. Bref, tout roulait, on profitait de Montréal, de nos copains (on avait déjà un petit réseau ici vu que j'y avais fait mon Ph.D.). On a aimé l'hiver qui nous permettait en fait plus d'activités que l'hiver belge et sa pluie. Seul gros point négatif pour moi, un travail qui ne me plaisait pas du tout (et c'est encore le cas même si ça va mieux). Mais on mord sur sa chique comme on dit en Belgique, ce n'était qu'un contrat de deux ans après tout (ça a été prolongé toutefois).

Eté 2009 bébé s'annonce, il arrive en mars 2010. On découvre le système de santé et finalement j'ai trouvé ça très bien. J'ai adoré être enceinte au Québec - bon j'avoue j,ai découvert une communauté de mamans un peu granoles, accouchement naturel, allaitement etc. mais j'ai adhéré à ça et j'ai aimé le fait qu'ici on valorise le fait de prendre un long congé parental, on permet au papa de prendre un congé de paternité et un congé parental, on ne surmédicalise pas la femme enceinte. Bref une révélation! A cause de mon statut d'étudiante je n'ai pas eu droit à ce fameux congé d'un an comme toutes les québécoises, mais par contre mon mari a pu prendre le parental et rester à la maison avec son fils le temps qu'on trouve une garderie. Ah le parcours du combattant des garderies... mais au final il y en a de merveilleuses, et même si d'un oeil européen ça peut paraitre bizarre que la maternelle ne commence qu'à 5 ans, et bien en vivant dans le contexte québécois, j'aime l'idée qu'on laisse les enfants être des enfants et qu'on ne scolarise pas trop tôt.

Niveau social, je lis souvent sur le forum qu'il est difficile de se faire des amis québécois. Je dois l'avouer une partie de notre réseau est constitué d'immigrants (en fait, de figures emblématiques du forum telles ma chère Petiboudange!) et des membre de la fameuse "cabane à sucre". Mais nous voyons aussi nos actuels et anciens collègues de travail dont certains sont des amis très proches maintenant. Et pendant mon bref congé de maternité, j'ai pu via diverses activités rencontrer des mamans d'enfants de l'âge du mien - et ces mamans sont devenues des amies que je vois au moins une fois par mois pour un souper "de filles", plus des activités en famille (leur famille et la notre) de temps en temps, des invitations à souper ou bruncher chez l'un ou l'autre. J'ai aussi via certaines activités communautaires rencontré des femmes formidables de mon quartier qui risquent également de devenir des bonnes copines. Bref, la soi-disant difficulté à se faire des amis québécois, on ne l'a pas ressentie. Soit on est particulièrement sympas :8): , soit on n'a pas d'attentes démesurées ;) et on se contente des bons moments par ci par là sans chercher une amitié à la vie à la mort (ces amis là, ils sont en Belgique, même si je pense qu'on en a ici aussi).

Etape suivante après le bébé: la maison. On cherchait à déménager au rez-de-chaussée, mais le prix des loyers nous a fait nous interroger: ne vaudrait-il pas mieux acheter? On a ainsi découvert l'immobilier ici (et le système des agents qui cherchent pour toi, les inspections, les logements qui tombent en ruine, les condos neufs, les différents quartiers de Montréal). On a réalisé que si dans notre esprit "belge" on achète une maison pour la vie (et donc on doit acheter assez grand pour y élever nos potentiels nombreux enfants alors que dans la jeune trentaine on ne peut pas se payer un maison avec 4 chambres en ville près d'un métro!), ben ici on achète pour investir et si dans 5 ans nos besoins ont changé, pas grave, on vend et on achète autre chose. Ca dédramatise beaucoup je trouve, et donc on a changé de quartier pour aller à Verdun (seul coin dans nos moyens avec Hochelaga, nos critères étant d'être près d'un métro car on n'a pas de voiture et ça ne nous tente pas d'en acheter une et de devoir la déneiger!). On aime beaucoup notre maison - à nouveau, je pense qu'avec les mêmes revenus, on n'aurait pas pu acheter qqch d'aussi bien (quasi neuf, sans rénovations urgentes à faire) en Belgique.

Les étapes suivantes? Mon conjoint est tanné de son travail, il voudrait reprendre des études pour se réorienter. Donc on regarde pour ça, à nouveau c'est une chose possible ici facilement. Moi je suis tannée du monde académique et je veux un travail plus proche de la "vraie vie". J'ai déposé mon dossier à l'ordre des psychologues, je dois juste faire un internat clinique pour avoir le droit d'exercer (étant déjà détentrice d'un doctorat en psycho d'ici, mais sans l'aspect pratique clinique). Bref, un an de stage non rémunéré, mais je pense que ça vaut la peine car mon employabilité risque d'être vraiment élevée ensuite vu le manque de psychologues et l'essor des pratiques privées. Bref, on va sans doute rester ici quelques années encore.

Les points négatifs? Je dois avouer que ma famille et surtout ma meilleure amie me manquent vraiment. Surtout qu'elle vit des moments difficiles, j'aimerais être près d'elle. En ayant un enfant, le manque de la famille se fait vraiment plus sentir: pas de grand-maman pour garder le petit quand il est malade ou nous donner du répit (tout en établissant une belle relation avec le petit). Ca me fait de la peine de savoir que mon fils ne connaitra pas bien ses grands-parents.

Je trouve aussi que le coût de la vie a augmenté de façon drastique depuis notre arrivée (et surtout depuis mon premier long séjour en 2005). Le lait coût une fortune, et j'ai revu notre budget récemment: nos facture d'épicerie font peur. Peut-être qu'on magasine mal par contre, en n'ayant pas d'auto j'avoue ne pas courir les épiceries pour suivre les spéciaux.

Le système de santé: pas de plainte énorme pour l'instant. C'est vrai que c'est pas plaisant de devoir aller attendre à la clinique tôt le matin si on a un enfant malade, mais notre clinique sans r-v est bien: on reçoit une heure de passage et on revient pour notre r-v, donc pas de perte de temps. C'est certain que j'aimerais mieux avoir un médecin de famille que de devoir aller au sans r-v mais je m'y suis faite. On a aussi pu tester les urgences pour mon homme et on a été super satisfaits: son cas (grave) a été pris en charge en moins d'une heure, avec une équipe médicale aux petits soins. Par contre les soins dentaires coûtent $$$$$ même avec une assurance.

Bon, je ne m'attarderai pas sur les ponts qui s'écroulent à Montréal - mais en Belgique c'est pas mieux: toujours pas de gouvernement aux dernières nouvelles!

Dans le positif:

Le système social et fiscal est tel que je n'ai pas peur de perdre mon revenu, car je pense qu'on va s'en sortir très bien avec les allocations pour enfant qui vont augmenter, ainsi que le retour d'impôt pour la garderie. Notre revenu va baisser mais nos impôts aussi, donc au final ça se peut qu'on ait le même montant dans les poches. Mais ma comptable Laureenfr va me le confirmer dans un an!

Je trouve qu'il y a beaucoup d'activités pour les familles. En parlant avec mes amies belges qui sont jeunes mamans, elle ne semblent pas bénéficier de toutes ces activités communautaires.

Bon, je vais arrêter là mon roman. Je pense vraiment que nous installer ici nous a ouvert de belles perspectives personnelles et professionnelles.

Modifié par Mowgli
  • Habitués
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Je suis curieux à propos des amitiés québécoises...

Est-ce que ton mari a été capable de se faire des amis québécois?

Moi, je n'ai pas réussi, j'ai essayé plusieurs fois pendant des années puis ça n'a pas marché.

Par contre, ma femme (comme toi) s'est fait quelques amies québécoises assez rapidement au travail et à la garderie.

Puis, je me souviens d'avoir lu plusieurs cas d'immigrants (gars) qui ont le même problème.

C'est possible que ce soit un problème strictement masculin?

  • Habitués
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Bonjour Mowgli, je ne cite pas ton récit car il est long ;) mais merci pour ce retour sur votre expérience.

Le réseau des mamans, en tant que mère, j'y compte beaucoup pour lier connaissance.

J'ai moi aussi découvert le parentage qu'on dit parfois naturel, mais en France, et je suis sûre que si je ne trouve pas de travail tout de suite, je filerai faire du bénévolat chez les marraines d'allaitement ou auprès de la Ligue La Leche.

Ton expérience sur les garderies m'intéresserait, s'il te plaît, j'ai déjà inscrit ma fille de 3 ans et demi sur la liste d'attente, mais je ne sais pas trop à quoi m'attendre.

Et on nous a conseillé aussi le coin de Rosemont-Petite Patrie. Des gens avec des enfants notamment. Alors on y cherche pour notre arrivée en milieu d'hiver. Si tu as des conseils et recommandations par rapport aux garderies de ce secteur en particulier, je suis plus qu'intéressée.

Et j'attends avec hâte de pouvoir lire les expériences du reste de la gang de la cabane à sucre. Joli nom :flowers:

  • Habitués
Posté(e)

Merci pour ce post encourageant.

Pour nous tous qui sommes dans l'attente, il donne plein d'espoir. Vous avez la même attitude que nous par rapport l'immigration : changement de vie, quitte à faire des sacrifices au début, mais bel et bien plus pour un développement personnel qu'autre chose.

Bravo !

  • Habitués
Posté(e)

Merci Mowgli d'avoir partagé ce témoignage avec nous, çà fait plaisir d'avoir un peu de tes nouvelles. :thumbsup:

C'est une bonne idée ce fil, on attend les autres témoignages de la gang avec impatience ! :flowers:

  • Habitués
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Contente d'avoir de tes nouvelles Mowgli.

C'est vrai, la gang de dinosaures (marionnette, petiboudange, etc.) manque cruellement au forum.

Si tu pouvais les ramener, ce serait très apprécié :)

  • Habitués
Posté(e)

Bonjour Mowgli, je ne cite pas ton récit car il est long :wink: mais merci pour ce retour sur votre expérience.

Le réseau des mamans, en tant que mère, j'y compte beaucoup pour lier connaissance.

J'ai moi aussi découvert le parentage qu'on dit parfois naturel, mais en France, et je suis sûre que si je ne trouve pas de travail tout de suite, je filerai faire du bénévolat chez les marraines d'allaitement ou auprès de la Ligue La Leche.

Ton expérience sur les garderies m'intéresserait, s'il te plaît, j'ai déjà inscrit ma fille de 3 ans et demi sur la liste d'attente, mais je ne sais pas trop à quoi m'attendre.

Et on nous a conseillé aussi le coin de Rosemont-Petite Patrie. Des gens avec des enfants notamment. Alors on y cherche pour notre arrivée en milieu d'hiver. Si tu as des conseils et recommandations par rapport aux garderies de ce secteur en particulier, je suis plus qu'intéressée.

Et j'attends avec hâte de pouvoir lire les expériences du reste de la gang de la cabane à sucre. Joli nom :flowers:

Pour les garderies, j'avais fait une réponse assez complète sur le système ici:

http://www.forum.immigrer.com/topic/112672-garderie-a-montreal/page__hl__garderie__fromsearch__1

Il y a de bonnes garderies à Rosemont, comme partout. En gros il faut se dire que la chance d'avoir une place en CPE (via les listes d'attente en ligne) sont minces et chercher un milieu familial ou une installation privée. Il y en a des super d'autres moins bien, pas d'autre choix que suivre son instinct et connaitre la loi (on a eu une mauvaise expérience avec une garderie qui de bonne fois pensait qu'elle pouvait avoir 9 enfants pour deux éducatrices alors que ce n'était pas le cas car c'était un milieu familial privé - les ratios changent vraiment selon le type de garderie, bref on a retiré notre enfant à cause de ça).

pour la question d'Argentino sur les amitiés: difficile de me prononcer pour mon chum :). Disons qu'il est du style ours taciturne et il n'avait pas une tonne d'amis en Belgique non plus. On a surtout des couples d'amis en fait (il est devenue copain avec le conjoint de mes amies). Donc c'est pas différent pour lui ici, par contre je trouve que sa personnalité semble plus appréciée ici (les gens ne lui font pas les mêmes remarques qu'en Belgique sur le fait qu'il ne parle pas bcp ou autre, on l'accepte comme il est - c'est moins valorisé ici d'être "grande gueule").

  • Habitués
Posté(e)

Merci beaucoup Mowgli. How to très complet! bravo! Perso je pencherai plutôt pour chercher en garderie privée car ma fille a été scolarisée. Je la vois mal passer à la gardienne après l'école.

Mais bon, il ne faut jamais dire "fontaine, je ne boirai pas de ton eau"

Posté(e)

Merci Mowgli pour ce récit. Tu pourrais peut être trouver un autre emploi dans ton domaine et rester en même temps dans le milieu de la recherche comme Professeur. Ou bien un Doc et un Post-Doc suffisent pour voir d'autres horizons?

  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Merci Mowgli pour ce récit. Tu pourrais peut être trouver un autre emploi dans ton domaine et rester en même temps dans le milieu de la recherche comme Professeur. Ou bien un Doc et un Post-Doc suffisent pour voir d'autres horizons?

Ben vu mon "excellente productivité" (je suis ironique) pendant mon postdoc (une seule publication sur ce projet pour l'instant), je ne suis pas concurrentielle sur le marché académique, il y a plein de gens qui publient comme des malades... et surtout, je pense que j'ai besoin de me sentir utile et pour le moment, publier des articles que personne ne lira ça m'intéresse moyennement :smile: Surtout quand pour avoir un CV concurrentiel il faudrait bosser soirs et fins de semaines ;), je préfère un bon vieux 9 à 5 et du temps de qualité avec ma famille!

Modifié par Mowgli
Posté(e) (modifié)

Merci Mowgli pour ce récit. Tu pourrais peut être trouver un autre emploi dans ton domaine et rester en même temps dans le milieu de la recherche comme Professeur. Ou bien un Doc et un Post-Doc suffisent pour voir d'autres horizons?

Ben vu mon "excellente productivité" (je suis ironique) pendant mon postdoc (une seule publication sur ce projet pour l'instant), je ne suis pas concurrentielle sur le marché académique, il y a plein de gens qui publient comme des malades... et surtout, je pense que j'ai besoin de me sentir utile et pour le moment, publier des articles que personne ne lira ça m'intéresse moyennement :smile:

Je vois ce que tu veux dire, la concurrence est rude je prépare aussi un doc mais j'avoue que c'est pas évident. La concurrence est féroce, de plus est la crise aux USA, fait que tous les finissants postulent également pour des postes de professeur-assistants au Canada. En tout cas bon courage, et je te souhaite bonne chance pour trouver un poste à ta convenance...

Modifié par Rocknroll75
  • Habitués
Posté(e)

Intéressant ton poste Mowgli et agréable a lire.

Bonne continuation :)

Posté(e)

Merci Mowgli pour ton témoignage, il est en page d'accueil.

Content de t'avoir lu ;)

Laurent

  • Habitués
Posté(e)

Tes observations sont justes et raffinées (pour ne pas dire songées! :wink: ).

Très agréable à lire.

  • Habitués
Posté(e)

Hein quoi qu'entends-je ? Tu m'as sifflée ?

Non mais en vrai, encore heureux que ce soir on faisait un ultime BBQ avec Frogues car ton message FB n'est pas passé chère ;)

Alors, Mowgli pourra attester qu'en règle générale mes courriels font 12 kilomètres mais là je vais épargner le monde de mon bleurp et faire ça au plus court.

Déjà presque 3 ans, merci pour la claque, en effet je ne réalisais pas...et vais donc tenter de vous les raconter en bref.

L'arrivée a été super facile. Hébergée en famille sur la rive nord, très bien conseillée pour démarrer dans Montréal. Une forumiste (euh bichette on est tellement jamais là que j'ai carrément oublié ton pseudo ici !!) me rencarde pour reprendre un bail en plein quartier des spectacles, ok j'embarque. Pendant la 1ère année j'ai donc habité en plein coeur de Montréal, dans ce petit carré entre le centre, Chinatown, le bas du plateau et le quartier latin. Ambiance. Au moins pendant les festivals il suffisait d'ouvrir la fenêtre ! Aucune vie de quartier on se comprend, mais c'était amusant.

Côté job, pas d'ambition délirante au départ, je voulais jobiner et multiplier les contrats pour me faire un réseau et juger si le coeur me disait de m'établir durablement à Montréal. Finalement en 3 semaines j'ai trouvé un boulot de vente, hard core mais pour moi qui venait du monde flou et instable du marketing/publicité, c'était distrayant. Et 8/10 mois ont filé de même. Paf comme ça...

Puis après la traditionnelle hibernation (comprendre, repli du marché de l'emploi en hiver) revient le printemps et son explosion de jobs.

Il y a 1 an et demi, j'ai donc trouvé une job de bureau, aux antipodes de mon passé professionnel mais ici les recruteurs sont pragmatiques : qui peut le plus peut le moins, donc on m'a donné ma chance. Et j'ai en effet eu de la chance car c'est une bonne compagnie et ce midi encore, je mangeais mon cèleri rémoulade (pour tout vous dire) au bord du lac à Beaconsfield en prenant le soleil et en faisant la conversation aux mouettes. Car Montréal, ce n'est pas que de la ville...

Bonne job donc mais attention : pour un plus gros salaire, il fallait être bilingue. La compagnie est anglophone, basée à Toronto, et j'ai été choisie pour mon français (enfin je suspecte). Je bosse avec des anglos tous les jours, et ma réalité est vraiment de jongler entre les deux langues à longueur de temps. Je réalise que je fais des phrases mêlées franglais et que mes collègues ne relèvent même pas, c'est comme ça qu'on dialogue...

Le changement d'emploi a coïncidé avec un déménagement dans Hochelaga, quartier dont l'essor commence à en faire une légende, mais dont les loyers ne décollent pas aussi vite que la rumeur. La navette est-ouest impliquait donc l'acquisition d'une voiture, appelée la Mariemobile (Mowgli vous en dirait des nouvelles). Et avec la Mariemobile sont venues des promenades à volonté et le plaisir de découvrir plus avant les alentours. Merci la SEPAQ et la carte de membre ultra-amortie !! Voila donc presque 3 ans que je me ballade et j'ai l'impression d'avoir vu à peine10% du gâteau, tout est encore à voir et à faire !!

Je suis tombée en amour avec les cantons de l'est, je vais souvent me promener sur les bords de l'eau regarder passer les bateaux ou glander à la plage (oui enfin en été on se comprend), Québec restera toujours la merveille que l'on sait, Ottawa est proche, les parcs sont nombreux et juste magiques, les activités sont multiples et accessibles même si attention, ça prend un budget.

D'ailleurs, les dollars, parlons-en. Oui Montréal est une grande ville donc non, ce n'est pas gratuit. Ma compréhension de la chose c'est que d'abord vraiment, il faut comparer en 1 pour 1 pour évaluer le pouvoir d'achat. Qu'est ce qu'on a dans 100€ versus 100$. Dans les lignes incompressibles d'un budget, de grande ville à grande ville, on en a un peu plus ici tout de même. Mais plein de gens pourront contester ou nuancer ceci, dépendamment de leurs habitudes de consommation. Je crois que la vraie grande différence, c'est qu'on atteint beaucoup plus facilement un bon niveau de vie sans en arracher comme un damné. Pour ma part je n'avais jamais travaillé QUE 8h par jours avant, tout était bien plus dur.

En fait, j'avais tablé sur 2 ans pour me poser matériellement et c'est à peu près le temps que ça a pris. Je me suis équipée progressivement, sans endettement, et s'il fallait recommencer, je ne changerais rien - ni les lenteurs parfois, ni les doutes certains jours, ni les premiers mois payée à coups de lance-pierre sans assurance santé décente, ni les galères en voiture l'hiver chaque matin pour aller bosser, ni les négociations récentes et un peu musclées avec mon boss pour obtenir ce que je voulais. Parce que prendre le temps permet de construire solide, en tous cas pour moi.

En dehors du matériel, le social : mon paysage est mixte. Mes oncles et tantes et cousins sont une colonne vertébrale et ma présence ici a réactivé les échanges entre les deux branches de notre famille, pour le meilleur de tous. Evidemment il y a certains de la gang de fous de la cabane à sucre, mais il y a eu plein de rencontres par la suite. Pourtant je ne suis pas un monstre de sociabilité mais je ne déplore aucune difficulté à rencontrer du monde et sur mon wall FB ça crisse en ta... et c'est pas des français qui font ça ! :)

Et donc nous voici presque aux portes des 3 ans. Pfiou...

La France ne me manque pas une seconde, je réalise que je suis comme un peu amnésique de ma vie d'avant. La famille ne me semble pas si loin, on se parle souvent, les amis m'appellent et mes cousins de France continuent de polluer mon répondeur de blagues salaces et débiles, bref, les bonnes habitudes ne se perdent pas.

Le Québec a été généreux avec moi...

L'installation s'est bien passée, j'ai rencontré du monde super fin et j'ai une vie bien plus tranquille qu'avant. J'ai le temps de m'entrainer, de me promener, de me cultiver, le temps ce gros luxe que j'avais complètement perdu dans la vie de fou d'avant. Je me marre bien avec mes collègues (tout n'est pas toujours rose mais globalement on rigole bien), je fais du pédalo avec Frogues, de la raquette sur les raquettes de Mowgli en otage dans la cave depuis deux ans (heum...je l'ai confessé publiquement, voila de quoi te permettre de me faire chanter maintenant), et vais bientôt ressortir mes skis.

Je n'ai pas été malade, pas plus qu'avant en France en fait, donc je ne pourrais pas commenter le système médical, je ne sais même pas à quoi ressemble un CLSC, désolée !

S'il faut parler de la suite, les projets sont multiples. J'ai autant envie de m'endetter à vie pour un condo en ville que de chercher un chalet et investir dans un kayak et un bateau, autant envie de skier les Rocheuses que de voler jusqu'en Argentine faire un beau voyage, mais je dirais que c'est ca la clé : avoir envie.

Et pour avoir envie il faut être bien, et si je suis bien c'est parce que je suis ici.

Montréal n'est pas parfaite, mais chaque soir quand je rentre de l'ouest par la 20, il y a ce passage en sortant de Turcot (non je ne vais pas jurer en prononçant ce nom mais c'est pas l'envie qui manque)...donc ce passage quand la 15 rejoint la 20, cette ligne droite qui avance vers le tunnel...

Et sur cette ligne droite on voit apparaître les tours du centre ville, et chaque soir quand le jour tombe et que les lumières de la ville prennent le relais, je retombe toujours en amour avec ma ville. Je la regarde et je l'aime. Tous les jours.

C'est sur cette note lyrique (non Mowgli je n'ai pas bu, demande à Frogues) que je laisse la parole à mes ex-colocs de la cabane.

Eux aussi ont plein de trucs à raconter !

Bises à vous les colocs, et bon courage à tous ceux qui se préparent à faire le saut.

Marie (qui ne vit plus sur une colline, mais bon...)

  • Habitués
Posté(e)

Merci pour ces beaux témoignages, j'espère que les autres membres de votre gang répondront à l'appel de Mowgli, pour notre plus grand plaisir de vous lire ! :give_rose:

  • Habitués
Posté(e)

OMG!!!!!!!! Ou sont passes les autres membres du gang? SVP, faites-nous savourer vos recits, c'est super a lire. Ca donne envie de partir tout de suite.

Merci a vous les filles, tres bonne initiative.

  • Habitués
Posté(e)

Merci pour les récits, droles et agréables tous les 2 ! et surtout on voit bien que vous avez su tirer le meilleur parti de votre immigration et ça c'est cool.

  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Merci Marie! On reconnait ta verve habituelle - même si je connais ton parcours, c'est un plaisir de le voir écrit! Merci Cha pour ton témoignage qui ne met pas de côté les galères qu'on peut traverser en tant qu'immigrant (même temporaire, comme étudiant).

Modifié par Mowgli

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