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Posté(e)

Voilà qu'il y a 11 ans, nous étions dans la dernière ligne droite pour notre déménagement au Québec. Nous étions arrivés avec notre résidence permanente en poche, nos 3 enfants, 5 valises, 5 vélos et 9 cantines et des étoiles plein les yeux. Nous avions rapidement trouvé du travail. Mon mari avait trouvé tout de suite dans sa branche, moi il m'a fallu 18 mois. 5 ans après notre arrivée nous sommes devenus citoyens canadiens, et nous étions encore dans nos certitudes. On a vécu de belles choses. On a pu tirer notre épingle du jeu. Mais cela ne fait pas tout.

 

 Si nos enfants se sont épanouis pendant leur vie ici, peu à peu leur regard s'est porté ailleurs. Notre grand qui n'a pas trop aimé son expérience au cégep a pu rapidement bifurquer vers un DEP dans lequel il s'est découvert une passion... mais pas de boulot. Il a décidé d'approfondir ses connaissances et de découvrir d'autres manières de travailler en allant faire un bac pro en France par alternance. Notre artiste de fille a eu l'opportunité de suive un cursus particulier en arts plastiques dès son entrée au secondaire et a poursuivi au cégep. Depuis toute jeune elle se destine à l'enseignement des arts-plastiques et est admise dans un programme très contingenté à Strasbourg. Son plan de carrière est déjà fait, c'est en France qu'elle veut enseigner. Notre plus jeune quant à lui se passionne depuis des années pour la boulangerie. Depuis son secondaire 3, il va bosser dans une boulangerie artisanale de notre petite ville. L'an passé, il avait économisé toutes ses paies pour se payer un billet d'avion et il est allé démarcher des patrons potentiels dans le but de faire son apprentissage... en France.

 

Aussi, la vie apporte son lot de surprises et de facéties. Mais des fois, elle fait des blagues carrément pourries. Nous avons affronté beaucoup de deuils durant ses dernières années. Parfois l'un ou l'autre a pu dire au revoir à l'être aimé ou bien se rendre aux obsèques, parfois il a fallu vivre notre peine à l'autre bout du monde. Mais il est arrivé aussi de vivre en plus de la peine la culpabilité de ne pas pouvoir faire des choses simples, des choses qui se font dans ces circonstances et qui aident à vivre sa peine et adoucir celle de ceux qu'on aime. Je pense par exemple à ma petite soeur qui a perdu deux bébés coup sur coup en fin de grossesse. Et puis notre proche famille en France a été confrontée à des maladies graves. Et nous étions toujours dans l'impuissance. 

 

Et puis, il y a eu et il y a la maladie, ici. J'ai eu un cancer féminin il y a quelques années. Si au niveau des lésions j'ai eu de la chance, tout ce qui s'est passé autour a été un véritable cauchemar. Se faire dire "Madame, vous avez un cancer, il faut vous faire opérer au plus vite, mais trouvez-vous de quoi ailleurs" ça existe. Recevoir un tel diagnostique, ça fesse. Se retrouver en catastrophe avec son dossier médicale entre les bras et un "bonne chance" 10 minutes plus tard, c'est le double effet Kiss Cool. Il y a eu d'autres choses aussi tout autour de ça qui ont été très difficiles à vivre loin des siens. Je n'ai pas encore réussi à faire la paix avec les événements de cette période de ma vie. Mais ce n'est pas tout. Il y a 2 ans j'ai vécu un gros traumatisme. Je vis depuis en état stress post-traumatique, une dépression majeure et un TAG. Et au niveau de la prise en charge je suis tombée profondément dans la craque du divan ce qui fait que je me suis retrouvée avec un traitement prescrit en dépit du bon sens et tout ce que cela incombe. 

 

Le retour en France pour nous, le couple, est devenu une évidence il y a un an maintenant. La discussion n'a duré que 30 secondes et demi, comme lorsque nous avions décidé de lancer le projet Québec, d'ailleurs.

 

Alors voilà, c'est fini. Cette fin de semaine nous remplissons notre container. Et début juillet commence un nouveau chapitre.

  • Habitués
Posté(e)

Merci pour votre récit, bon  retour et surtout ne baisser pas les bras.

  • Habitués
Posté(e)

Merci pour le témoignage et bonne continuation. C'est surprenant d'avoir l'ensemble de ses 3 enfants, élevés dans l'éducation canadienne, qui décident d'aller faire leurs études en France ! Pas sûr que ce soit le meilleur choix au niveau des perspectives professionnelles.

Posté(e)

Émigrer, ce n'est pas donné à tout le monde. La preuve. 

Posté(e)

Merci pour votre récit qui montre que personne n'est à l’abri des facéties de la vie. C'est intéressant de voir que les choix de vie de vos enfants les ramènent en France, et on ne peut évidemment pas s'opposer à ça.

Il est vrai que l'éloignement familial rend difficile l'affrontement de difficultés et problèmes personnels. C'est dans ces moments là qu'on s'interroge sur le bien fondé de son émigration.

Bon courage pour la suite, en espérant que votre retour vous satisfera.

Au moins, avec la citoyenneté, vous êtes libre de revenir ou de rester.

Posté(e)

C'est surtout que rien n'est immuable dans la vie, que l'on évolue et que les aspirations et les besoins changent au cour d'une vie.

  • Habitués
Posté(e)

Votre vie prend un tournant tout comme cela a été le cas 11 ans plus tôt.

Heureusement vos enfants ont une perspective, je vous en souhaite de même pour vous.

Bon retour et du succès dans vos projets :)

  • The title was changed to Voilà, c'est fini le Québec, retour en France
  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Bon retour

 

Désolé pour le cancer. J'ai pas trop compris , vous avez pas eu de suivi ou de traitements?

Je connais personne dans mon entourage qui a eu le cancer, mais de ce que j'ai entendu, le suivi est assez bien de ce côté. Après ça dépend peut être d'un endroit à l'autre. Vous êtes où?

 

il y a une heure, Demina47 a dit :

C'est surprenant d'avoir l'ensemble de ses 3 enfants, élevés dans l'éducation canadienne, qui décident d'aller faire leurs études en France !

ça dépend peut être de l'âge de leur arrivé ici. S'ils ont bien connu la vie là bas, c'est sûr que parfois le coeur y reste. Comme pour les adultes.  

Modifié par Automne
Posté(e)

Pour le cancer j'ai été lâchée dans la nature. J'ai dû me débrouiller par mes propres moyens pour trouver où et qui me soigner. Pour le suivi post-opératoire j'ai aussi dû batailler car on me renvoyait dans la nature alors que je n'avais ni médecin de famille ni gynécologue. 

 

Pour les enfants, ils avaient 10, 8 et presque 6 ans lorsque nous sommes arrivés. J'avoue que c'est notre grand qui nous a le plus surpris par sa décision. Au départ il pensait rester ici et ne se voyait absolument pas retourner vivre en France. Au final, c'est lui qui est reparti le premier. Il a été admis au CFAI qui l'intéressait et s'est trouvé une place dans un grand groupe. Notre plus jeune s'est aussi trouvé une place pour son apprentissage.

 

En ce qui me concerne je vais surtout devoir prendre soin de moi en arrivant. Je ne suis toujours pas apte au travail, et je ne sais pas quand je pourrais reprendre une vie professionnelle. Je vis une minute à la fois. 

 

Mon époux va nous rejoindre plus tard. Il a un profil très recherché. Je n'ai pas d'inquiétude à ce sujet.

  • Habitués
Posté(e)
il y a 1 minute, Oursmoureuse a dit :

 

Pour le cancer j'ai été lâchée dans la nature. J'ai dû me débrouiller par mes propres moyens pour trouver où et qui me soigner. Pour le suivi post-opératoire j'ai aussi dû batailler car on me renvoyait dans la nature alors que je n'avais ni médecin de famille ni gynécologue. 

 

C'était où? 

Posté(e)

C'est un médecin du CHUM qui m'a dit que je devais me faire opérer très rapidement et de me débrouiller pour me faire soigner ailleurs. C'est au Royal-Victoria qu'on voulait me renvoyer dans la nature sans possibilité de faire de suivi (mais en me disant que c'était très important que je me fasse suivre).

  • Habitués
Posté(e)

Salut Maman Ours! 

 

Bon vent à vous tous! 

 

J'espère que ce retour auprès des tiens va t'aider à te refaire une santé!

  • Habitués
Posté(e)
Il y a 1 heure, Ivy Bijou a dit :

Émigrer, ce n'est pas donné à tout le monde. La preuve. 

 

 

Et si c'était plutôt de rester au même endroit pendant 50 ans qui n'était pas donné à tout le monde? 

 

M'enfin ... 

  • Habitués
Posté(e)
Il y a 2 heures, Oursmoureuse a dit :

 alors que je n'avais ni médecin de famille

 

Comment ça se fait qu'au bout de 11 ans ici, tu n'aies pas pris la peine de t'inscrire en liste d'attente au CLSC ?

Posté(e)

Oui j'étais inscrite sur la liste d'attente. À ce moment-là je n'avais pas de médecin de famille. 

  • Habitués
Posté(e)

11 ans de liste d'attente et toujours pas de médecin ?

Posté(e)

Désolé d'entendre que ton experience n'a pas été bonne avec le traitement de ta maladie.... Ma femme aussi a été diagnostiqué avec un cancer mais heureusement le staff a été fantastique ! Le monde est souvent injuste ... Bonne chance pour la suite!!!

  • Habitués
Posté(e)
il y a 14 minutes, Demina47 a dit :

11 ans de liste d'attente et toujours pas de médecin ?

 

 

Je viens juste d'avoir un médecin de famille (ça ne fait même pas un mois) et je suis là depuis 14 ans. 

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