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CHRONIQUE

AVEZ-VOUS DEUX MINUTES POUR MOSTAFA ?

RIMA ELKOURILA PRESSE
 

« Quelqu’un vous a-t-il un jour donné une chance ? »

Mostafa m’a lancé la question en m’invitant à prendre deux minutes pour écouter une vidéo racontant son parcours digne de la maison qui rend fou des 12 travaux d’Astérix. L’histoire d’un immigré hautement qualifié de 32 ans qui, après quatre ans d’efforts et plus de 1000 CV sans réponse, garde toujours espoir de trouver du travail dans son domaine. Un gars qui était ingénieur électrique dans son pays et qui travaille aujourd’hui dans un café… Une histoire devenue trop banale à Montréal. Ce qui ne la rend pas moins scandaleuse.

Vidéo

 

« Pourquoi ne pas faire une vidéo ? » C’est la belle-mère de Mostafa Annaka, Catherine Dutil, qui a lancé l’idée. Mostafa est, depuis trois ans, l’amoureux de sa fille Rachelle. « Il fait partie de ma famille. Je l’aime comme mon fils », me dit cette architecte paysagiste, chef de service à la Ville de Terrebonne.

Voir Mostafa faire autant d’efforts pour trouver du travail sans jamais obtenir de résultats la peine beaucoup. Car ce jeune homme a le profil de l’immigré idéal. « Voilà un gars qui est brillant, scolarisé et qui aime apprendre. Il a une belle personnalité. Il parle trois langues. Il a deux maîtrises… Et il est réduit à travailler dans un café ? C’est inacceptable ! Ça n’a pas de bon sens ! »


Une vidéo ? Mostafa a hésité. Revendiquer, ce n’est pas trop son truc. Mais sa blonde et lui ont fini par se dire qu’il n’avait rien à perdre. Ce qu’il vit, trop d’immigré qualifiés le vivent dans l’indifférence.

Il connaît un professeur d’université qui travaille dans un stationnement, un dentiste qui travaille dans une cuisine, un chimiste qui a abandonné sa carrière… Tant de rêves brisés. Tant de talents gaspillés.

« On a réalisé que ce n’était pas le problème de Mostafa, mais un problème global. Il faut en parler », me dit Rachelle, qui a beaucoup d’admiration pour la détermination de son amoureux.

C’est ainsi qu’est née cette vidéo, réalisée par Alexandre Turgeon Dalpé, qui donne un visage humain à un enjeu qui suscite trop peu d’intérêt. Avant de la faire circuler dans les réseaux sociaux, Mostafa est allé, tablette à la main, dans des parcs et au marché Jean-Talon pour voir si son message parvenait à toucher des passants choisis au hasard. « Excusez-moi, madame, avez-vous deux minutes ? » Les premières réactions étaient encourageantes pour la plupart. Une dame s’est mise à pleurer. Des larmes d’espoir pour Mostafa. « Si ça ne marche pas pour moi, je suis sûr que ça va aider d’autres immigrants dans le futur », me dit-il.

D’origine égyptienne, Mostafa a choisi de quitter Le Caire pour Montréal après avoir vu une annonce dans le journal disant que le Québec avait besoin de professionnels comme lui. Il vient d’une famille aisée. Père chirurgien, mère diplômée en commerce. Il a deux sœurs, qui vivent toujours en Égypte. L’une est médecin. L’autre est pharmacienne. Il avait lui-même un très bon emploi d’ingénieur au Caire. Mais il avait envie d’un défi. Et le Québec le faisait rêver. « Les ingénieurs électriques étaient dans la liste des professionnels recherchés. Je me suis dit : pourquoi pas ? »

suite et source: http://plus.lapresse.ca/screens/dd76bb22-ae2a-4d3b-8849-6e8da8c8da2e|_0.html
 

  • Habitués
Posté(e)

C'est effectivement très difficile de donner une opinion sur des cas particuliers. Mais la vidéo de Moustapha parle effectivement d'un problème purement économique. Le jour où les acquis des personnes immigrantes seront reconnus sans cette forme de protectionnisme des ordres professionnel à la limites des discriminations, les universités perdront 50% de leurs étudiants et donc une manne financière.

 

  • Habitués
Posté(e)

 

Une vidéo très enrichissante et claire.

Une vidéo qui montre un parcours très engagé.

Un mot de fin : "ESPOIR" et "PATIENCE "!

Un cri de coeur :

Le système d'immigration doit être révisé et adapté au problème d'intégration-Formation -Travail des immigrants. 

 

Posté(e)

Une belle suite à cette histoire !!

 

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Publié le 30 mai 2017 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

 

Une vague d'amour et un emploi pour Mostafa

Mostafa Annaka a décroché hier un emploi dans son... (PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE)

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Mostafa Annaka a décroché hier un emploi dans son domaine.

PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE

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RIMA ELKOURI
La Presse
Je vous racontais dimanche l'histoire de Mostafa Annaka, un immigré hautement qualifié, diplômé en génie qui, après quatre ans d'efforts et plus de 1000 CV sans réponse, a décidé de faire une vidéo racontant sa course à obstacles pour obtenir une première expérience québécoise dans son domaine.

La vidéo de Mostafa, qui illustre parfaitement bien ce qu'est la discrimination systémique, est vite devenue virale. En 24 heures à peine, elle a été vue plus de 90 000 fois. J'ai reçu plus de 200 courriels de lecteurs touchés par son histoire et quelques propositions pour lui. Sur son site, Mostafa a aussi reçu plus de 130 messages. Des encouragements pour la plupart, mais aussi quelques offres d'emploi. Une belle vague d'amour qui l'a profondément touché. Et tout un renversement de situation après quatre années difficiles à cumuler des petits boulots, faute de mieux.

Hier, Mostafa était sur un nuage quand il m'a appelée pour m'annoncer la bonne nouvelle : il avait enfin décroché un emploi dans son domaine - le génie électrique. Il travaillera comme chargé de projet sur des chantiers. Il avait encore du mal à y croire, ému aux larmes. «Je ne sais pas si je rêve ou pas! J'ai l'impression que je recommence à vivre.»

Mardi dernier, avant de me rencontrer, il avait déjà envoyé son CV et sa vidéo à 10 employeurs. Un seul a répondu : l'ingénieur Javier Paredes, un des patrons chez Construction St-Arnaud, à Trois-Rivières. «Mostafa m'a envoyé une belle lettre personnalisée. J'ai aussi vu la vidéo. Ça m'a touché.»

 

Javier Paredes a tout de suite proposé un entretien d'embauche à Mostafa, dont le profil correspondait à celui qui était recherché par l'entreprise. C'était avant même que ma chronique soit publiée et que la vidéo ne devienne virale.

Lui-même immigré d'origine espagnole, Javier Paredes s'est reconnu dans le parcours de Mostafa. Il a été particulièrement impressionné par sa persévérance. «Je l'ai eue plus facile que lui», me dit-il. Comme il a été envoyé au Québec par l'entreprise espagnole pour laquelle il travaillait en 2011, il n'a pas eu à chercher cette première expérience de travail québécoise dans son domaine, si difficile à obtenir pour de nombreux ingénieurs diplômés à l'étranger. Très vite, il a réussi à gravir les échelons. Il est aujourd'hui le directeur construction de l'entreprise Construction St-Arnaud, spécialisée en énergie électrique. Il en est aussi l'un des actionnaires.

On ne peut nier l'existence d'une discrimination à l'embauche pour de nombreux travailleurs diplômés à l'étranger comme Mostafa. Mais cela n'explique pas tout, souligne-t-il. 

«Je ne crois pas que ce soit juste une question de racisme. Au Québec, ça fonctionne avec un réseau de contacts. Dans 80% des cas, c'est quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un...», dit M. Paredes.

Candide St-Arnaud, directrice des ressources humaines et fille du fondateur de l'entreprise, était ravie que l'on donne sa chance à Mostafa, comme on l'a un jour donnée à Javier. «On embauche des gens qui n'ont pas nécessairement de formation au Québec. Il faut leur donner leur chance. Autrement, on se priverait d'une main-d'oeuvre qualifiée. Si tu es qualifié, motivé et que tu as une belle attitude, peu importe d'où tu viens, ça nous indiffère.»

Devant un nom ou un accent étranger, beaucoup de préjugés subsistent malheureusement dans la tête de certains employeurs, déplore-t-elle. «Dans le domaine de la construction, il y a des réticences.» Avec sa vidéo, Mostafa a fait oeuvre utile. «Il a illustré une réalité qui est présente au Québec.»

***

Hier soir, après sa dernière journée comme garçon de café, Mostafa a pris un verre avec sa blonde Rachelle et sa belle-mère Catherine pour fêter le début de sa nouvelle vie. «Je suis tellement heureux de ce dénouement. C'est le début d'une nouvelle étape pour moi.»

«On est tellement heureux! Ça commençait à être long!», renchérit Rachelle, qui est professeure de français. Elle se réjouit de voir que l'histoire de Mostafa a même suscité des discussions à l'Assemblée nationale.

En chambre, hier, la députée du Parti québécois (PQ) Carole Poirier a demandé à la ministre de l'Immigration Kathleen Weil si elle entendait agir contre la discrimination à l'embauche en adoptant des mesures concrètes comme les projets-pilotes de CV anonymes proposés par le PQ.

La ministre Weil a répondu qu'elle entendait faire une annonce bientôt concernant la mise sur pied d'une consultation sur la discrimination systémique et le racisme, à laquelle s'oppose le PQ. Un dialogue de sourds s'est poursuivi à ce sujet entre Jean-François Lisée et Philippe Couillard. Malheureusement, pendant que l'on exploite de part et d'autre cet enjeu aussi délicat que complexe à des fins électoralistes, les citoyens pour qui la discrimination systémique est une réalité quotidienne ne sont guère plus avancés.

***

En écoutant Mostafa me raconter son histoire, j'ai pensé à ma mère qui était dans une situation semblable à la sienne en 1967. Elle venait d'arriver à Montréal, après avoir obtenu son diplôme de génie à Alep, en Syrie. Mais dans son cas, avant même d'avoir le temps d'envoyer un seul CV, un directeur d'école à Laval, qui avait rencontré mon grand-père par hasard, l'a convoquée en entrevue, un jour d'hiver. Il avait de toute urgence besoin d'une prof de maths pour un remplacement. Il lui a donné sa chance pour 30 jours. Elle est finalement restée 30 ans. Et elle n'a jamais oublié la main tendue de ce cher monsieur Dufresne qui lui a permis de faire un travail qu'elle aime pendant toutes ces années.

Cinquante ans plus tard, la situation est beaucoup plus difficile pour les travailleurs diplômés de l'étranger, même si le taux de chômage au Québec est à son plus bas niveau depuis 40 ans.

Bien que Montréal accueille les immigrés qui sont parmi les plus qualifiés d'Amérique du Nord, l'intégration en emploi est un parcours à obstacles épuisant pour une majorité d'entre eux. Beaucoup finissent par abandonner ou par partir.

http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/rima-elkouri/201705/29/01-5102577-une-vague-damour-et-un-emploi-pour-mostafa.php

 

  • Habitués
Posté(e)

Belle histoire qui fini bien. Il faudrait donner plus de chances aux immigrants de prouver leurs compétences, car publier une vidéo pour ce faire écouter n'est guère une solution.

  • Habitués
Posté(e) (modifié)

J'espère que l'histoire est passée au plus haut niveau ! 

Merci encore Mostafa et bonne chance pour la suite ! 

Modifié par Esprit1
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