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Des Philippins forcés de payer pour travailler au Canada


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En cette fin du mois d’août, Annelee Naces joue patiemment sur le plancher d’une grande pièce ouverte avec les deux jeunes enfants de ses employeurs. Ils habitent une ferme située près de Sutton, en Estrie, avec une vue magnifique sur les montagnes vertes du Vermont. C’est bien loin de son pays natal, les Philippines, mais elle est bien ici.

Annelee est aide familiale. Elle fait partie des dizaines de milliers de personnes qui arrivent chaque année au Québec grâce au Programme des travailleurs étrangers temporaires, dans l’espoir, très souvent, de devenir résident permanent.

J’ai décidé d’aider mon mari, parce que son salaire n’était pas suffisant, raconte-t-elle. J’ai dit : j’irai au Canada, et, éventuellement, je vous ferai venir et on sera tous ensemble.

C’était en 2012. Son fils avait six ans.

Comme de nombreuses aides familiales, Annelee Naces est d’abord passée par Hong Kong. Un séjour qui permet de prendre de l’expérience afin d’être admis plus rapidement au Canada.

Je suis partie pendant qu’il dormait, parce que je ne voulais pas qu’il me voie pleurer.

Une citation deAnnelee Naces

Son parcours a été long, semé d’embûches… et coûteux. Et elle n’a toujours pas atteint son but.

Le rêve a un prix

Chaque année, dix millions de Philippins s’exilent pour échapper aux bas salaires dans leur pays d’origine. Les sommes qu’ils envoient de l’étranger à leurs familles représentent 10 % de la richesse du pays.

Après le Guatemala et le Mexique, ce sont les Philippines qui fournissent le plus de travailleurs étrangers temporaires au Québec.

En 2018, après six ans à Hong Kong, Annelee est dirigée par des collègues vers Emily Chan, propriétaire de l’agence de Hong Kong Canadian Nanny Employment Consultancy (CNEC). La page Facebook de celle-ci affiche des photos et des témoignages de femmes rayonnantes, qui ont obtenu leur visa pour le Canada.

L’agente la met en contact avec un avocat montréalais, Leon Benmergui. Annelee apprend alors qu’elle devra verser 5500 $CA pour ses services. Une somme énorme aux Philippines, l’équivalent de plus d’un an de salaire.

Annelee a pu emprunter cet argent à sa famille. Elle est arrivée à Montréal en 2019. Mais tous n’ont pas cette chance, dit-elle. Imaginez, certaines personnes vendent leurs terres. Elles empruntent à des usuriers.

 

 

Pas d’argent, pas de billet d’avion

Jesus (nom fictif) est l’un de ceux qui se sont lourdement endettés pour trouver un emploi ici, et surtout, pour pouvoir y vivre un jour avec toute leur famille. On lui a demandé 11 000 $US, environ 15 000 $CA.
 

J’étais prêt à tous les sacrifices, explique-t-il. Je ne veux pas que mes enfants soient comme moi. Je veux qu’ils aient un meilleur avenir.

Il est camionneur et lui aussi philippin. Nous avons accepté de cacher son identité, parce qu’il craint de réduire ses chances de rester au Canada s’il parle ouvertement.

Jesus travaille depuis 16 ans à l’étranger, loin des siens. Il a pratiquement fait le tour du monde : Australie, Europe du Nord, Moyen-Orient. En 2019, il se trouve en Arabie saoudite lorsqu’on lui parle d’un homme de Montréal qui peut l’aider à venir au Canada.

Sergei Korsunov est à la fois consultant en immigration et agent de recrutement. Il se spécialise dans l’industrie du camionnage. Les travailleurs qu’il fait venir de l’étranger sont livrés à votre porte, promet-il sur son site LinkedIn.

Jesus verse un montant initial de 1500 $US. On lui demande ensuite de prouver, photos à l’appui, qu’il peut payer une deuxième tranche de 4500 $US dès son arrivée à Montréal. Comptant.

Sergei Korsunov travaille en collaboration avec Alfredo Escandor, un Philippin, camionneur lui-même, qui lui adresse des recrues potentielles. Ce partenaire a fondé une entreprise aux Philippines du nom d’Aljo Immigration Consultancy Services. Une vérification auprès du gouvernement philippin nous apprend que l'entreprise ne détient pas de permis dans ce pays pour recruter des travailleurs et les envoyer à l’étranger.

Dans un document signé avant son arrivée à Montréal, Jesus doit s’engager à ne pas divulguer au Canada son entente avec Aljo.



source et suite : https://ici.radio-canada.ca/info/long-format/2021106/enquete-philippine-travailleurs-etranger-frais-recrutement

 
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  • Habitués

Il y avait aussi l'enquête Mc Sween qui a fait un reportage sur les finances des immigrants. Beaucoup de promesses, mais peu d'aides et beaucoup de bâtons dans les roues

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