Habitués kabi Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 Pas besoin de frapper pour entrer chez moi, Qui que tu sois, pousse la porte, Quand tu voudras il y a une place pour toi. Sur ces paroles de Sylvain Cossette, je faisais le va et vient devant la colline parlementaire, je contemplais ces petits bouts de neiges qui flottaient avant de tomber doucement sur l'asphalte de la rue, pour fondre vite fait dès le contact avec celui-ci. Je regardais ce joli décor, et je rembobinais mes souvenirs de ces 6 ans passés dans ce bel endroit de la planète que l'on appelle LE CANADA. Y a quelque jours j'appelais ma mère pour lui souhaiter mabrouk l'aïd l'kbir (bonne fête d'el-Adha) tout en lui envoyant une modeste somme d'argent comme le veut les us et les coutumes en ces grand jours. Elle priait pour moi et je ressentais son cur serré car elle savait que j'entame mon 70ième Jours de grève et que je suis sans salaire à cause de ceci, à part une modeste contribution du syndicat de l'alliance public. Mais On fait de notre mieux pour subsister sans oublier les bons actes. Vous le savez surement tous! Notre culture et les principes sur laquelle notre éducation a été basée nous poussent de perpétuer ce rituel même dans les pires moments de notre vie, d'ailleurs quoiqu'on fasse, notre contribution ne parait point devant les sacrifices qu'ils ont fait pour nous. Et oui ! on aurait tout vu en tant qu'immigrant dans ce beau pays. J'ai même eu l'expérience de faire une grève, et à cause de cela, et malgré l'obtention d'un visa touriste, nous avons reporté la visite de ma mère au Canada pour l'année prochaine. Pour la grève ?? C'est simple dans chaque histoires c'est toujours le même principe: d'une part le syndicat qui estime qu'il n'y a pas suffisamment de protection d'emploi ni de parités salariale et d'autre part l'administration qui précise que la crise économique et les coupures budgétaires y sont pour beaucoup lors des derniers licenciements. Cette dernière, depuis 70 jours, n'arrive toujours pas à expliquer comment pour le même secteur, dans la même ville, les autres sociétés similaires n'ont pas procédé aux licenciements et protègent beaucoup plus leur employé (pourtant la crise ne les a pas épargné non plus) et leurs salaires dépassent dans certains cas 40% celui de nos employés. Elle n'arrive non plus pas à expliquer pourquoi le salaire du président est le plus garnies, dépassant de loin celui de ses confrères de la même profession. Je viens même de savoir que certains employés sont en contrat renouvelés depuis . Lisez-bien ceci, 19 ans. Oui je vais le répéter au cas ou 19 ans. (comme disait l'autre: peut-être que la société aimerait avoir du temps pour penser s'ils ont besoin d'eux ) Bref j'ai vécu 70 jours de grève (en cette minute précise nous sommes encore entrain de faire du piquetage devant la fameuse colline parlementaire, soleil, pluie, neige ou froid, on se rend de 7h du matin à 16 de l'après midi). J'y ai appris des tas de choses surtout du coté relationnel, les grévistes discutaient à la longueur de la journée de leur vie de tous les jours et on commence à mieux se connaitre, alors que lors des périodes normales de travail on communiquait à travers la messagerie interne de la société. Un matin en indiquant mon nom sur la feuille de présence la demoiselle -chef de ligne-, me cria : ''ahhh donc c'est toi le gars à qui j'envoie des demandes de bons de commande'', ''Euhhh oui c'est moi, et puis je savoir à qui ai-je l'honneur?'', '' moi c'est Kim'' '' Ah donc c'est toi qui m'achalait toujours à la dernière minute de ma journée pour me supplier de lui envoyer le nouveau no du bon de commande, là tout de suite '' On éclate de rire :DD , on se serre la main et on commence une belle journée de piquetage,.. le slogan '' SOSOSOLIDARITÉ!!!'' Retentie de plus belle toute la journée. Se rapprocher des gens et socialiser avec eux n'est pas une mince affaire au Canada. D'ailleurs en cette 6ième année j'ai fais surtout un bilan sur le coté relation humaine. Si les cinq premières années je les ai qualifié de : Année de ''transition'' Année de « remise à niveau » Année du ''recommencement'' Année du «changement» Année de la phase de ''maturité d'immigration'', Cette année est un mélange d'évaluation de certaines choses dans la vie de tous les jours, de prise en main de ma future vie, d'aller de l'avant, de passer à l'action dans certains domaines (études,..), de repenser à mon réseau et contacts,.. bref je l'appellerais '' l'année des évaluations''. Une phrase, que j'avais lu quelque part, me revient souvent à l'esprit : '' Froid mais sincère, chaleureux mais hypocrite '' Tel un dilemme que j'ai vécu lors des contacts avec mes connaissances d'ici (je parle d'Ottawa). Je dis bien ''mes connaissances'' car j'ai appris à différencier, ami de collègue, de connaissance, de contact, et bien sure aussi de déceler les relations superficielle des sérieuses. J'avais pris l'initiative d'inviter tout un groupe d'Ottawiens à Montréal et précisément à leur faire déguster nos merveilles gastronomiques ainsi que de visiter le Mont-royal. Afin de pimenter cette sortie inoubliable, j'avais pensé à leur offrir des cadeaux pour mémoriser cette journée (théière, jellaba, boite-à-bijou en bois massif etc..) L'idée était de démontrer un geste de courtoisie et d'amabilité sans en attendre une contrepartie quelconque, à part les quelques tapotement sur mon épaule en guise de remerciements. Excpetion à Dave, (un aimable ami Canadien anglophone) personne n'a pris l'initiative de rendre la balle et créer un évènement de la sorte ou de surprendre le groupe avec des gestes courtois certains, nous n'avons même pas vu le plancher de leur maison. L'adorable Grace, Amy, et Wendy ont toujours étaient des hôtes exceptionnelles, une fois Wendy nous invitent à un pot-luck entre amis et fin de soirée en se regroupe pour jouer aux jeux de société, scrabbles, monopoly, mahjong, dominos chinois etc., d'autre fois c'est Amy dans son appartement perché au 24 ième étage par lequel on a une vue splendide sur Ottawa qui nous invite pour un thé et gâteau chinois, on a même eu la chance de rencontrer son père (un chinois agé de 70 ans qui fais de son mieux de nous parler en utilisant 2 mots en anglais et une bonne dizaines d'expressions chinoises) et que dire de Grace ! cette adorable demoiselle qui refusent de rester seule dans son appartement et rassemble bon monde une fois par mois, question de mettre toutes ses connaissance en contact. Mais ceux-là font l'exception et comme vous le savez l'exception ne fait pas la règle. Le reste du groupe disparait, et le jour ou quelqu'un vous contacte sachez que parcequ'il a besoin d'un service ou d'une information. Je regardais ce genre de relation et je me disais que malgré tout on ressent que les gens quoique froid, ils sont sincères avec vous. Pour eux le blanc est blanc et le noir est noir, ce que je ne peux avaler c'est ces personnes qui te côtoies avec pleins de chaleurs et en même temps avec une certaines hypocrisie, c'est à dire que tu reçois toute l'intention et le respect lorsque tu engages des conversations ou quand on se rencontre, mais une fois tu as besoin d'un appui, de quelque chose ou d'aide, tu reviens bredouille, sans parler des promesses non-tenue. Nos parents nous ont appris d'être toujours le premier à faire le bon geste, de démontrer la courtoisie à son summum, de se démarquer par son SOUAB (bons gestes) mais ils ont oublié de nous dire ''de savoir, bien sure, ceux qui méritent de leur offrir ceci ''. Quoiqu'il en soit, je ne peux m'en passer d'être là lors d'un appel. Il m'est arrivé ya quelque mois de me faire arrêter en plein centre ville par un jeune homme qui m'a reconnu sur le forum: ''êtes vous kabi du forum??'' '' euhh oui et surement vous êtes un forumiste??'' '' oui moi c'est popovich et je t'avais même envoyer un message privée et je t'en suis reconnaissant de tes réponses, cela m'a vraiment aidé'', '' ohh oui je me rappelle le gars qui allait à Toronto et hésitait entre étude et travail??'' '' c'est bien moi '' On parle un bon moment et on s'échange nos n° de cellulaire. Deux semaines plus tard je le rencontre dans un café avec un ami pour le mettre contact. Chaque aïd je n'oublie pas de le féliciter de prendre de ses nouvelles. (on se voit justement cette fin de semaine). Encore une fois les paroles de cette musique retentissent dans ma tête, je garde la porte ouverte car il y aura toujours une place chez moi. Mon ''chez moi'', mon ''petit-bijou'', ahhh que dire !!! Ayant prévu la visite de ma chère mère je me suis permis de chercher un bon appartement digne de ces 6 ans de sacrifices et je l'ai trouvé, un beau petit bijou de 2 chambres sur deux étages! J'ai du traverser le pont et aller du coté Québécois (Hull) pour le trouver, profitant ainsi de la proximité de mon lieu de travail et surtout de loyer raisonnable. Donc j'ai quitté Ottawa sans vraiment la quitter, car tous mes cafés et sorties en groupe se font toujours dans cette merveilleuse ville. J'ai meublé mon petit-bijou soigneusement et avec gout (j'ai du m'octroyer un prêt pour mes meubles) sans oublier les petits budgets de fleurs et de bambou qui donnent un décor de 'nature' dans mon salon, un petit espace naturel bien sur, mais aussi un espace de vie. Mes voisins sont des québécois, des gens sympathiques, à gauche un jeune couple dans la mi-vingtaine, dont le monsieur est un fan de voitures et à droite un couple de personnes âgées toujours souriants et échangeant des ''bonjour'' .'' ahhh un beau soleil aujourd'hui ! '' '' hummm le camion des vidanges a du retard ?? '' ... Je n'ai pas raté l'occasion de leur offrir les ''chebbakkya'' et ''cornes de gazelles'' lors du Ramadan passé. Ils ont apprécié le geste et le jeune couple est venu me rendre la monnaie un mois plus tard avec un morceau de tarte aux pommes. Je me disais que dans mon pays natal lorsqu'une personne déménage, tout les gars du quartier viennent donner un coup de main, et une des voisines préparent un bon berrad de thé marocain dont l'odeur de la menthe libère son parfum envoûtant et l'offre aux nouveaux venus avec des gâteaux, ou crêpes. Ici oubliez cela ! donc on fait le premier pas et on attend. Je continue de cotoyer mes connaissances d'Ottawa, on se fait un brunch matinal les dimanches matin dans un restaurant de la ville, ou c'est un potluck dans un local ou chez l'un d'eux, des fois c'est des Dim-Sum avec le groupe chinois, voir même prendre un cours de cuisine chinoise, d'autres fois c'est une randonnée au Pink Lac, encore d'autre fois lors de l'hiver on s'organise pour faire de la raquette dans le fabuleux Park de la Gatineau, puis encore faire du patin sur glace dans le fabuleux Canal Rideau, la plus longue patinoire à ciel ouvert au monde, fierté de la ville d'Ottawa. J'observe tout ce monde et je trouve un délice de voir que malgré toutes les différences de langues, de couleur de peau, d'origine, de culture, etc chacun avec ses différences apporte une brique à l'édifice de l'humanité, c'est ça le Canada ! J'entend ici le Mandarin (chinois) par Grace, Amy, Minh, puis ici, le Français avec Margueritte et son mari Michael (originaire de l'anglettere avec son accent british),.. ensuite le Québécois avec Éric, Annie et Claudie, et même l'acadien avec l'adorable Jenniffer, un peu ici c'est l'espagnol avec Claudia (mexicaine) et Diana (la Colombienne), et là-bas le libanais avec Zaki et Fadi, sans oublier nos amis les Canadiens anglophones. Cela fait un an que j'ai eu ma citoyenneté Canadienne et je continue à la vivre pleinement. C'est donc un concours de circonstances qui m'a amené dans ce coin, aussi à évaluer certains aspects de ma vie et changer de décors, et là une belle phrase me revient à l'esprit ''Dieu ne change L'état d'un peuple que s'ils changent ce qu'ils sont dans leur âme''. Alors je dis à ceux qui hésitent encore à envoyer leur dossier d'immigration, ou à ceux qui sont installé mais ne sont pas encore stable et cherchent une autre place pour recommencer, ou juste à ceux qui ressentent une monotonie et qui pensent vouloir donner un élan à leur vie mais ne le font pas encore pour raison X ou Y .. à tous je leur dirait la même phrase que je reprend de ce gérant d'un restaurant de la ville de Joliette et qui l'indiquait sur des petites boites d'allumettes qu'il mettait soigneusement sur la table. La phrase disait: '' Arrête d'en parler, pis fais-le ! '' sarbacan, jugmez, Bouclette et 5 autres ont réagi à ceci 8 Citer
burbaker Posté(e) 9 décembre 2009 Posté(e) 9 décembre 2009 Waouuhh, ça fait énormément plaisir de te lire kabi, surtout le mot de la fin. Continue comme ça. Citer
Habitués yami Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 Merci bien kabi pour ton récit, il est vraiment poignant, à chacun de tes récits cela me mets du baume au cur, je te souhaite tout le bonheur du monde et continues comme ça tu es sur le bon chemin. Citer
Habitués yelda Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 tu feras un bon écrivain si tu le voulais kabi : bravo et merci personnelement s'a me remonte le moral de lires des gens si ambitieux bon courage Citer
Habitués OCEANNE2 Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 Merci pour ce bon et beau récit KABI! Citer
Habitués anabila Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 wawouhhhhhh...j'aime te lire Kabi......Bone continuation Citer
Habitués abdelkarim Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 c'est humainement trop douloureux,une expérience qui doit être saluée chaleureusement,un très bon courage. Citer
Habitués Zohra31 Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 T'es un vrai poète !.. Ton récit retrace vivement tes émotions. Bonne continuation, Kabi Citer
Habitués addoul Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 Salut Kaabi ,je suis content pour toi ,et merci pour ce long récit ,SO SO SO SOLIDARITY Citer
Habitués Bouclette Posté(e) 9 décembre 2009 Habitués Posté(e) 9 décembre 2009 Merci pour le témoignage et je te souhaite longue vie au Canada. Citer
Habitués Zemida Posté(e) 10 décembre 2009 Habitués Posté(e) 10 décembre 2009 Merci beaucoup Kabi ! Citer
Habitués grandebleue Posté(e) 10 décembre 2009 Habitués Posté(e) 10 décembre 2009 j'aurais partagé avec beaucoups de plaisir un "berred de naanaa avec toi "pour continuer à t'écouter ,et pourquoi pas dialoguer partout il y a du bon et du mauvais peut etre qu'un jour à force de voir certaines personnes offrir , partager , aider spontanement cela influencera leurs comportements et ils ressentirons tout le bien et tout le bon qu'il y'a dans la solidarité , l'amitié , l'echange pour à leurs tours devenir comme ce que nous avons de meilleurs l'art de recevoir" meme pour 2 mn. in challah lmouima dji et tu seras heureux !la vie n'est pas un long fleuve tranquille et l'homme est dynamique d'ou tout changement est en general positif selon l'intelligence de chacun à nous de garder notre meilleur , de partager le reste avec autant de fraternité que de respect. bon courage ! brave personne. Citer
chronic Posté(e) 11 décembre 2009 Posté(e) 11 décembre 2009 ça me rappel une phrase d'un professeur "la matière des relations humaines est la plus difficile de tte les matières (plus que les maths) "merci pour le partage de cette riche expérience, et merci encore pour votre regard positif sur la vie d'un immigrant, personnellement ça me donne le souffle et l'envie pr continuer ds mon choix de vouloir changer et retracer ma vie ou ce qui en reste. bon courage pr la suite Citer
Habitués kabi Posté(e) 11 décembre 2009 Auteur Habitués Posté(e) 11 décembre 2009 Je vous remercie tous pour vos doux mots. Cela me va droit au coeur. J'avoue que cela na m'a pas été facile surtout que je n'ai pas de famill, ou plus précisément le plus proche membre de ma famille se trouve à l'autre bout de l'atlantique, ajoutant que les quelques personnes soit-disant proche m'ont déçu, mais la vie, surtout ''la vie d'immigration'' nous apprend à grandir vite. Nous avons escalader des tas de montagnes (problèmes, aléas, incidents...) dans cette vie et la vie d'immigrant en est une, avec le temps nous nous disons que cette montagne elle a devant elle un alpiniste aguéri capable de la surmonter, de l'apprivoiser, de la dompter tout en sachant ses forces et ses limites. Bonne chance dans votre vie d'immigrants aussi. sarbacan a réagi à ceci 1 Citer
Habitués cassis Posté(e) 11 décembre 2009 Habitués Posté(e) 11 décembre 2009 oui, c'est pas toujours facile! tu t'en sors bien. et puis, année après année,tu es toujours là pour aider les autres, faire partager ton expérience..... Bouclette a réagi à ceci 1 Citer
Habitués Kweli Posté(e) 11 décembre 2009 Habitués Posté(e) 11 décembre 2009 Wooow! Kabi! Bonne continuation à toi! Citer
madjer31 Posté(e) 12 décembre 2009 Posté(e) 12 décembre 2009 salut kabi, c'est toujours enrichissant de te lire. le classement que tu as fais des années et les appellations mentionnées pour chaque année résume est extraordinaire. je partage avec toi, tous ce que tu dis, en faite je le ressens. les étapes par lesquelles tu es passé, chacun d'autre nous, les a vécues. tu es courageux et je pense tu réussis très bien ta vie, tu es sincère avec toi même. rare les gens qui le sont. prends soin de toi kabi au plaisir de te relire et bonne chance merci pour les photos. Madj Citer
ghazou Posté(e) 12 décembre 2009 Posté(e) 12 décembre 2009 bravo pour l'expérience et merci pour l'histoire j ai aimé, apprécié et appris quelque chose et j aime énormément les petites phrases que tu as posté d ailleurs je vais les prescrire sur mon profile face book j aime vraiment la derniere phrase et oui on va le faire car si un pays ne change pas et bain faut changer de pays encore bravo et merci pour ce magnifique récit Citer
Invité Posté(e) 13 décembre 2009 Posté(e) 13 décembre 2009 Pas besoin de frapper pour entrer chez moi, Qui que tu sois, pousse la porte, Quand tu voudras il y a une place pour toi. Sur ces paroles de Sylvain Cossette, je faisais le va et vient devant la colline parlementaire, je contemplais ces petits bouts de neiges qui flottaient avant de tomber doucement sur l'asphalte de la rue, pour fondre vite fait dès le contact avec celui-ci. Je regardais ce joli décor, et je rembobinais mes souvenirs de ces 6 ans passés dans ce bel endroit de la planète que l'on appelle LE CANADA. Y a quelque jours j'appelais ma mère pour lui souhaiter mabrouk l'aïd l'kbir (bonne fête d'el-Adha) tout en lui envoyant une modeste somme d'argent comme le veut les us et les coutumes en ces grand jours. Elle priait pour moi et je ressentais son cur serré car elle savait que j'entame mon 70ième Jours de grève et que je suis sans salaire à cause de ceci, à part une modeste contribution du syndicat de l'alliance public. Mais On fait de notre mieux pour subsister sans oublier les bons actes. Vous le savez surement tous! Notre culture et les principes sur laquelle notre éducation a été basée nous poussent de perpétuer ce rituel même dans les pires moments de notre vie, d'ailleurs quoiqu'on fasse, notre contribution ne parait point devant les sacrifices qu'ils ont fait pour nous. Et oui ! on aurait tout vu en tant qu'immigrant dans ce beau pays. J'ai même eu l'expérience de faire une grève, et à cause de cela, et malgré l'obtention d'un visa touriste, nous avons reporté la visite de ma mère au Canada pour l'année prochaine. Pour la grève ?? C'est simple dans chaque histoires c'est toujours le même principe: d'une part le syndicat qui estime qu'il n'y a pas suffisamment de protection d'emploi ni de parités salariale et d'autre part l'administration qui précise que la crise économique et les coupures budgétaires y sont pour beaucoup lors des derniers licenciements. Cette dernière, depuis 70 jours, n'arrive toujours pas à expliquer comment pour le même secteur, dans la même ville, les autres sociétés similaires n'ont pas procédé aux licenciements et protègent beaucoup plus leur employé (pourtant la crise ne les a pas épargné non plus) et leurs salaires dépassent dans certains cas 40% celui de nos employés. Elle n'arrive non plus pas à expliquer pourquoi le salaire du président est le plus garnies, dépassant de loin celui de ses confrères de la même profession. Je viens même de savoir que certains employés sont en contrat renouvelés depuis . Lisez-bien ceci, 19 ans. Oui je vais le répéter au cas ou 19 ans. (comme disait l'autre: peut-être que la société aimerait avoir du temps pour penser s'ils ont besoin d'eux ) Bref j'ai vécu 70 jours de grève (en cette minute précise nous sommes encore entrain de faire du piquetage devant la fameuse colline parlementaire, soleil, pluie, neige ou froid, on se rend de 7h du matin à 16 de l'après midi). J'y ai appris des tas de choses surtout du coté relationnel, les grévistes discutaient à la longueur de la journée de leur vie de tous les jours et on commence à mieux se connaitre, alors que lors des périodes normales de travail on communiquait à travers la messagerie interne de la société. Un matin en indiquant mon nom sur la feuille de présence la demoiselle -chef de ligne-, me cria : ''ahhh donc c'est toi le gars à qui j'envoie des demandes de bons de commande'', ''Euhhh oui c'est moi, et puis je savoir à qui ai-je l'honneur?'', '' moi c'est Kim'' '' Ah donc c'est toi qui m'achalait toujours à la dernière minute de ma journée pour me supplier de lui envoyer le nouveau no du bon de commande, là tout de suite '' On éclate de rire :DD , on se serre la main et on commence une belle journée de piquetage,.. le slogan '' SOSOSOLIDARITÉ!!!'' Retentie de plus belle toute la journée. Se rapprocher des gens et socialiser avec eux n'est pas une mince affaire au Canada. D'ailleurs en cette 6ième année j'ai fais surtout un bilan sur le coté relation humaine. Si les cinq premières années je les ai qualifié de : Année de ''transition'' Année de « remise à niveau » Année du ''recommencement'' Année du «changement» Année de la phase de ''maturité d'immigration'', Cette année est un mélange d'évaluation de certaines choses dans la vie de tous les jours, de prise en main de ma future vie, d'aller de l'avant, de passer à l'action dans certains domaines (études,..), de repenser à mon réseau et contacts,.. bref je l'appellerais '' l'année des évaluations''. Une phrase, que j'avais lu quelque part, me revient souvent à l'esprit : '' Froid mais sincère, chaleureux mais hypocrite '' Tel un dilemme que j'ai vécu lors des contacts avec mes connaissances d'ici (je parle d'Ottawa). Je dis bien ''mes connaissances'' car j'ai appris à différencier, ami de collègue, de connaissance, de contact, et bien sure aussi de déceler les relations superficielle des sérieuses. J'avais pris l'initiative d'inviter tout un groupe d'Ottawiens à Montréal et précisément à leur faire déguster nos merveilles gastronomiques ainsi que de visiter le Mont-royal. Afin de pimenter cette sortie inoubliable, j'avais pensé à leur offrir des cadeaux pour mémoriser cette journée (théière, jellaba, boite-à-bijou en bois massif etc..) L'idée était de démontrer un geste de courtoisie et d'amabilité sans en attendre une contrepartie quelconque, à part les quelques tapotement sur mon épaule en guise de remerciements. Excpetion à Dave, (un aimable ami Canadien anglophone) personne n'a pris l'initiative de rendre la balle et créer un évènement de la sorte ou de surprendre le groupe avec des gestes courtois certains, nous n'avons même pas vu le plancher de leur maison. L'adorable Grace, Amy, et Wendy ont toujours étaient des hôtes exceptionnelles, une fois Wendy nous invitent à un pot-luck entre amis et fin de soirée en se regroupe pour jouer aux jeux de société, scrabbles, monopoly, mahjong, dominos chinois etc., d'autre fois c'est Amy dans son appartement perché au 24 ième étage par lequel on a une vue splendide sur Ottawa qui nous invite pour un thé et gâteau chinois, on a même eu la chance de rencontrer son père (un chinois agé de 70 ans qui fais de son mieux de nous parler en utilisant 2 mots en anglais et une bonne dizaines d'expressions chinoises) et que dire de Grace ! cette adorable demoiselle qui refusent de rester seule dans son appartement et rassemble bon monde une fois par mois, question de mettre toutes ses connaissance en contact. Mais ceux-là font l'exception et comme vous le savez l'exception ne fait pas la règle. Le reste du groupe disparait, et le jour ou quelqu'un vous contacte sachez que parcequ'il a besoin d'un service ou d'une information. Je regardais ce genre de relation et je me disais que malgré tout on ressent que les gens quoique froid, ils sont sincères avec vous. Pour eux le blanc est blanc et le noir est noir, ce que je ne peux avaler c'est ces personnes qui te côtoies avec pleins de chaleurs et en même temps avec une certaines hypocrisie, c'est à dire que tu reçois toute l'intention et le respect lorsque tu engages des conversations ou quand on se rencontre, mais une fois tu as besoin d'un appui, de quelque chose ou d'aide, tu reviens bredouille, sans parler des promesses non-tenue. Nos parents nous ont appris d'être toujours le premier à faire le bon geste, de démontrer la courtoisie à son summum, de se démarquer par son SOUAB (bons gestes) mais ils ont oublié de nous dire ''de savoir, bien sure, ceux qui méritent de leur offrir ceci ''. Quoiqu'il en soit, je ne peux m'en passer d'être là lors d'un appel. Il m'est arrivé ya quelque mois de me faire arrêter en plein centre ville par un jeune homme qui m'a reconnu sur le forum: ''êtes vous kabi du forum??'' '' euhh oui et surement vous êtes un forumiste??'' '' oui moi c'est popovich et je t'avais même envoyer un message privée et je t'en suis reconnaissant de tes réponses, cela m'a vraiment aidé'', '' ohh oui je me rappelle le gars qui allait à Toronto et hésitait entre étude et travail??'' '' c'est bien moi '' On parle un bon moment et on s'échange nos n° de cellulaire. Deux semaines plus tard je le rencontre dans un café avec un ami pour le mettre contact. Chaque aïd je n'oublie pas de le féliciter de prendre de ses nouvelles. (on se voit justement cette fin de semaine). Encore une fois les paroles de cette musique retentissent dans ma tête, je garde la porte ouverte car il y aura toujours une place chez moi. Mon ''chez moi'', mon ''petit-bijou'', ahhh que dire !!! Ayant prévu la visite de ma chère mère je me suis permis de chercher un bon appartement digne de ces 6 ans de sacrifices et je l'ai trouvé, un beau petit bijou de 2 chambres sur deux étages! J'ai du traverser le pont et aller du coté Québécois (Hull) pour le trouver, profitant ainsi de la proximité de mon lieu de travail et surtout de loyer raisonnable. Donc j'ai quitté Ottawa sans vraiment la quitter, car tous mes cafés et sorties en groupe se font toujours dans cette merveilleuse ville. J'ai meublé mon petit-bijou soigneusement et avec gout (j'ai du m'octroyer un prêt pour mes meubles) sans oublier les petits budgets de fleurs et de bambou qui donnent un décor de 'nature' dans mon salon, un petit espace naturel bien sur, mais aussi un espace de vie. Mes voisins sont des québécois, des gens sympathiques, à gauche un jeune couple dans la mi-vingtaine, dont le monsieur est un fan de voitures et à droite un couple de personnes âgées toujours souriants et échangeant des ''bonjour'' .'' ahhh un beau soleil aujourd'hui ! '' '' hummm le camion des vidanges a du retard ?? '' ... Je n'ai pas raté l'occasion de leur offrir les ''chebbakkya'' et ''cornes de gazelles'' lors du Ramadan passé. Ils ont apprécié le geste et le jeune couple est venu me rendre la monnaie un mois plus tard avec un morceau de tarte aux pommes. Je me disais que dans mon pays natal lorsqu'une personne déménage, tout les gars du quartier viennent donner un coup de main, et une des voisines préparent un bon berrad de thé marocain dont l'odeur de la menthe libère son parfum envoûtant et l'offre aux nouveaux venus avec des gâteaux, ou crêpes. Ici oubliez cela ! donc on fait le premier pas et on attend. Je continue de cotoyer mes connaissances d'Ottawa, on se fait un brunch matinal les dimanches matin dans un restaurant de la ville, ou c'est un potluck dans un local ou chez l'un d'eux, des fois c'est des Dim-Sum avec le groupe chinois, voir même prendre un cours de cuisine chinoise, d'autres fois c'est une randonnée au Pink Lac, encore d'autre fois lors de l'hiver on s'organise pour faire de la raquette dans le fabuleux Park de la Gatineau, puis encore faire du patin sur glace dans le fabuleux Canal Rideau, la plus longue patinoire à ciel ouvert au monde, fierté de la ville d'Ottawa. J'observe tout ce monde et je trouve un délice de voir que malgré toutes les différences de langues, de couleur de peau, d'origine, de culture, etc chacun avec ses différences apporte une brique à l'édifice de l'humanité, c'est ça le Canada ! J'entend ici le Mandarin (chinois) par Grace, Amy, Minh, puis ici, le Français avec Margueritte et son mari Michael (originaire de l'anglettere avec son accent british),.. ensuite le Québécois avec Éric, Annie et Claudie, et même l'acadien avec l'adorable Jenniffer, un peu ici c'est l'espagnol avec Claudia (mexicaine) et Diana (la Colombienne), et là-bas le libanais avec Zaki et Fadi, sans oublier nos amis les Canadiens anglophones. Cela fait un an que j'ai eu ma citoyenneté Canadienne et je continue à la vivre pleinement. C'est donc un concours de circonstances qui m'a amené dans ce coin, aussi à évaluer certains aspects de ma vie et changer de décors, et là une belle phrase me revient à l'esprit ''Dieu ne change L'état d'un peuple que s'ils changent ce qu'ils sont dans leur âme''. Alors je dis à ceux qui hésitent encore à envoyer leur dossier d'immigration, ou à ceux qui sont installé mais ne sont pas encore stable et cherchent une autre place pour recommencer, ou juste à ceux qui ressentent une monotonie et qui pensent vouloir donner un élan à leur vie mais ne le font pas encore pour raison X ou Y .. à tous je leur dirait la même phrase que je reprend de ce gérant d'un restaurant de la ville de Joliette et qui l'indiquait sur des petites boites d'allumettes qu'il mettait soigneusement sur la table. La phrase disait: '' Arrête d'en parler, pis fais-le ! '' Superbe RECIT!!!!! Un grand BRAVO!!! et surtout Merci!! ;0) Citer
jay-jay Posté(e) 13 décembre 2009 Posté(e) 13 décembre 2009 Salut kabi, C'est captivant et vraiment plaisant de lire ton article. Vous avez la plume et l'art de vivre. Merci pour votre témoignage et vos conseils. Citer
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