Habitués palmeto Posté(e) 2 juillet 2011 Habitués Posté(e) 2 juillet 2011 Il était une fois un homme nommé Canada. Anglophone, beau bonhomme et propre de sa personne. Il était une fois une femme nommée Québec. Francophone, jolie et cultivée. Les deux se sont mariés obligés, ordre de la belle-mère, nommée Angleterre. Au début de leur union, l'homme prenait toutes les décisions et la femme obéissait poliment comme une Donalda docile. L'homme était le boss. L'homme avait le cash. La femme avait les enfants. Plein d'enfants. Pendant que l'homme prospérait, la femme priait. Il y a bien eu une petite révolte de la belle patriote, mais l'homme a mis son pied à terre et les revendications de sa conjointe sous terre. Le mariage alla bon train durant de nombreuses décennies, puis vint un vent de débauche appelé années 60. La femme a commencé à penser à se libérer. Au début, rien qui mette l'union en péril. Ce n'était que des revendications modestes: pouvoir parler sa langue dans la maison, avoir une job à l'extérieur, s'occuper elle-même de sa santé, avoir un compte d'électricité à son nom. Cela agaça le mari qui, malgré tout, répondit aux demandes de son émancipée compagne, question de gagner du temps. Les hommes aiment gagner du temps parce que le temps, c'est de l'argent. Alors arriva ce qui arriva: la madame se déniaisa. En s'ouvrant sur le monde, ses horizons se sont élargis. Et plus elle était autonome, plus elle y prenait plaisir. Tellement qu'elle commença à faire des plans pour partir pour de bon. Ou plutôt pour mettre dehors son husband. Va dormir dans tes Rocheuses, je garde la maison! Mais l'idée de se séparer d'un coup sec lui faisait trop peur. Depuis toujours, elle savait que, peu importe ce qui pouvait lui arriver, la poche de son mari n'était pas loin pour payer d'essentiels besoins. Elle décida de quitter son homme par étapes, en rapatriant ses pouvoirs un par un. L'homme tenait à son couple. Et, comme le font tous les hommes quand ils s'aperçoivent que leur blonde est sur le point de sacrer le camp, il se mit à lui donner beaucoup d'attention. Il recommença à faire la cour à sa femme, en français s'il vous plaît. Il lui acheta plein de cadeaux et de commandites. Tout pour qu'elle reste. Deux fois, la femme fit les valises de son mari et les plaça devant la porte. Mais à la dernière minute, quand son mari demanda: «C'est vraiment fini? Tu veux vraiment que je parte?» Elle répondit: «Non.» Pas très fort, surtout la deuxième fois, mais «non» quand même. Et les deux oiseaux continuèrent de vivre ensemble. Oh, ce n'était pas la fête tous les jours. On se chicanait souvent. Mais cette menace constante du départ de la belle faisait que, quelque part, la flamme brûlait toujours. Puis, l'usure du temps fit son oeuvre. Des menaces, ça inquiète au début. Mais, après 50 ans, on n'y croit plus. L'homme finit donc par se rendre compte que sa femme ne partirait jamais. Qu'elle était grande parleuse, petite faiseuse. Alors, il recommença à la tenir pour acquise, se mit à parler de moins en moins français et passa de plus en plus ses journées et ses soirées chez son voisin de l'Ouest. Il fut un temps où, quand son mari la délaissait un peu, l'épouse avait l'habitude de l'embrasser passionnément, ce qui rallumait l'intérêt du mâle pour la femelle. Elle appelait cette stratégie le french power. Mais il y a longtemps que les baisers français ne provoquent plus rien chez le monsieur qui, au fil des années, a de plus en plus un coeur de ROC. On pourrait croire que le désintéressement du conjoint convaincrait la dame de quitter une fois pour toutes son mari mal-aimé. Au contraire. Comme c'est souvent le cas dans les relations interpersonnelles, c'est lorsque quelqu'un ne s'intéresse plus à soi que l'on commence à s'intéresser à lui. Aujourd'hui, c'est le mari qui est devenu indépendant. Et la femme rame derrière, ne sachant plus que faire. Voilà l'état du couple Québec-Canada. plus ici: lien Citer
Habitués laureenfr Posté(e) 2 juillet 2011 Habitués Posté(e) 2 juillet 2011 Et bien ça donne pas envi de se marier ici Citer
Habitués tohonu Posté(e) 2 juillet 2011 Habitués Posté(e) 2 juillet 2011 Il fut un temps où, quand son mari la délaissait un peu, l'épouse avait l'habitude de l'embrasser passionnément, ce qui rallumait l'intérêt du mâle pour la femelle. Elle appelait cette stratégie le french power. Mais il y a longtemps que les baisers français ne provoquent plus rien chez le monsieur qui, au fil des années, a de plus en plus un coeur de ROC. Et une petite pillule bleue pour faire repartir le desir ... :-P Citer
Habitués tohonu Posté(e) 2 juillet 2011 Habitués Posté(e) 2 juillet 2011 Aujourd'hui, c'est le mari qui est devenu indépendant. Et la femme rame derrière, ne sachant plus que faire. Voilà l'état du couple Québec-Canada. Je ne dirai pas que le mari est redevenu independant, je dirais qu'il est redevenu ce qu'il etait a l'origine: pas attentione, ignorant ce que souhaite la femme, preferant aller dans les beuveries de l'ouest ... mais aimant retrouver une femme qui lui remet les idees en place de temps en temps. Citer
Habitués Éric70 Posté(e) 2 juillet 2011 Habitués Posté(e) 2 juillet 2011 A-t-il déjà eu un couple ? Je dirais plutôt que nous sommes des co-locataires avec chacun sa chambre, sa salle de bain, sa cuisine et son salon. Les moments où nous sommes ensemble sont plutôt rare !!! jimmy, cassis, Rivière et 1 autre ont réagi à ceci 4 Citer
Invité Posté(e) 3 juillet 2011 Posté(e) 3 juillet 2011 Je rajouterais même qu'il existe plus de colocataire qu'on ne pourrait le penser. Les autres pouvant aussi s'appeller Alberta ou La Colombie britannique. Effectivement il semblerait que M. Canada serait plutôt du genre polygame mdrr Citer
Habitués jimmy Posté(e) 3 juillet 2011 Habitués Posté(e) 3 juillet 2011 Je rajouterais même qu'il existe plus de colocataire qu'on ne pourrait le penser. Les autres pouvant aussi s'appeller Alberta ou La Colombie britannique. Effectivement il semblerait que M. Canada serait plutôt du genre polygame mdrr Oui il y a plusieurs colocataires, sauf que ceux hors Québec utilises TOUS la même salle de bain, le même salon, la même chambre. C'est ca la différence Québécoise...pour le meilleur et pour le pire. jimmy kobico, Azarielle, Éric70 et 2 autres ont réagi à ceci 5 Citer
Habitués Éric70 Posté(e) 3 juillet 2011 Habitués Posté(e) 3 juillet 2011 Je rajouterais même qu'il existe plus de colocataire qu'on ne pourrait le penser. Les autres pouvant aussi s'appeller Alberta ou La Colombie britannique. Effectivement il semblerait que M. Canada serait plutôt du genre polygame mdrr La différence c'est que eux n'ont pas le même nom, mais ils sont cousins ! Les autres colocataires seraient plutôt les autochtones qui eux vivent aux sous-sol ! Citer
Invité Posté(e) 4 juillet 2011 Posté(e) 4 juillet 2011 Je rajouterais même qu'il existe plus de colocataire qu'on ne pourrait le penser. Les autres pouvant aussi s'appeller Alberta ou La Colombie britannique. Effectivement il semblerait que M. Canada serait plutôt du genre polygame mdrr La différence c'est que eux n'ont pas le même nom, mais ils sont cousins ! Les autres colocataires seraient plutôt les autochtones qui eux vivent aux sous-sol ! Effectivement les autochtones en font partie aussi. Néanmoins parmi ces "cousins" certains sont bien plus riches que d'autres et pourrait bien être tente d'être tanne de devoir "partager" ou pourrait un jour chercher a quitter le bateau pour encore mieux profiter de leur magot. Certains ont des intérêts culturelles la ou d'autres peuvent aussi tout simplement avoir des intérêts économiques tout comme une blonde peut aussi crisser son camps avec un autre plus riche Apres t'avoir suce financièrement jusqu'a l'os. Le plus drôle dans ces histoires c'est que souvent les enfants servent d'assurance vie. Citer
Habitués argentino2003 Posté(e) 4 juillet 2011 Habitués Posté(e) 4 juillet 2011 Une belle métaphore de la société canadienne. Pierre E. Trudeau (détesté par une bonne partie des Québécois) disait que le Canada était une entité politique qui ne pouvait jamais fonctionner en théorie, mais qui, en pratique, fonctionnait très bien. Mystère... Citer
Habitués larry Posté(e) 4 juillet 2011 Habitués Posté(e) 4 juillet 2011 la suite de l'histoire: Et ils vecurent heureux, heureux pour toujours. Citer
Habitués Azarielle Posté(e) 4 juillet 2011 Habitués Posté(e) 4 juillet 2011 la suite de l'histoire: Et ils vecurent heureux, heureux pour toujours. On n'a pas tous la même conception du bonheur! Citer
Habitués yow_lys Posté(e) 4 juillet 2011 Habitués Posté(e) 4 juillet 2011 mon dieu que c'est cul cul la praline..... on peut en pondre tout les jours des métaphores pour dire que les canadiens sont des schtroumpfs et les québécois la schtroumpfette ou gargamel?! Citer
Habitués jimmy Posté(e) 5 juillet 2011 Habitués Posté(e) 5 juillet 2011 mon dieu que c'est cul cul la praline..... on peut en pondre tout les jours des métaphores pour dire que les canadiens sont des schtroumpfs et les québécois la schtroumpfette ou gargamel?! Moi ce qui me fascine c'est que tout le monde au Québec est conscient des différences profondes entre le Québec et le Canada anglais....sauf les immigrants...et particulièrement certains Francais. C'est fou ca, mais bon évidemment nous sommes des ploucs les Québécois, évidemment que c'est nous qui s'imagine des trucs. jimmy Citer
Habitués yow_lys Posté(e) 5 juillet 2011 Habitués Posté(e) 5 juillet 2011 jimmy tu interprète bien mal mes propos.... 1. pour dire si un truc va mal y a pas besoin d'une métaphore cul-cul-la-praline. Quel que soit le point de vue. Sincèrement après ça on peut parler de la petite marmotte qui met le chocoat dans le papier aluminium etc.... C,est vraiment prendre les gens pour des gamins de 4 ans que de devoir utiliser une métaphore aussi bâteau.Et le fait d'utiliser une métaphore ne rend pas ce qui est une opinion en fait. 2. Pour certains québécois les différences profondes sont un obstacle pas pour d'autres. Certains immigrants se feront leur opinions avec ou sans un bully derrière eux.... et c'est tout ce que tu/on peut souhaiter. Salut Citer
Invité Posté(e) 8 juillet 2011 Posté(e) 8 juillet 2011 mon dieu que c'est cul cul la praline..... on peut en pondre tout les jours des métaphores pour dire que les canadiens sont des schtroumpfs et les québécois la schtroumpfette ou gargamel?! Moi ce qui me fascine c'est que tout le monde au Québec est conscient des différences profondes entre le Québec et le Canada anglais....sauf les immigrants...et particulièrement certains Francais. C'est fou ca, mais bon évidemment nous sommes des ploucs les Québécois, évidemment que c'est nous qui s'imagine des trucs. jimmy D'ailleurs au vu des dernières elections il doit aussi exister une difference profonde entre les Quebecois eux même autant qu'il en existe entre le orange et le bleu mdrrr J'imagine en effet que ça doit vraiment pas être facile d'etre minoritaire parmi la minorité. Citer
Habitués marcholeon Posté(e) 8 juillet 2011 Habitués Posté(e) 8 juillet 2011 mon dieu que c'est cul cul la praline..... on peut en pondre tout les jours des métaphores pour dire que les canadiens sont des schtroumpfs et les québécois la schtroumpfette ou gargamel?! Moi ce qui me fascine c'est que tout le monde au Québec est conscient des différences profondes entre le Québec et le Canada anglais....sauf les immigrants...et particulièrement certains Francais. C'est fou ca, mais bon évidemment nous sommes des ploucs les Québécois, évidemment que c'est nous qui s'imagine des trucs. jimmy mais pourquoi est -ce que tu qualifies toi même les québécois de ploucs??? c'est dommage de se tirer une balle dans le pied!!!! et ça ne renvoie pas une image très positive des québécois! et pour ce qui est de la différence entre canadiens et québécois, vu la taille du pays , je me doute que les trouver identiques culturellement parlant, ça doit etre pareil que de dire qu'un belge flamand est culturellement identique à un italien du sud ou à un espagnol! il arrive parfois que des français réfléchissent et abordent le québec sans vouloir porter un jugement, mais avec ouverture,bienveillance et curiosité! Citer
Habitués Éric70 Posté(e) 8 juillet 2011 Habitués Posté(e) 8 juillet 2011 mon dieu que c'est cul cul la praline..... on peut en pondre tout les jours des métaphores pour dire que les canadiens sont des schtroumpfs et les québécois la schtroumpfette ou gargamel?! Moi ce qui me fascine c'est que tout le monde au Québec est conscient des différences profondes entre le Québec et le Canada anglais....sauf les immigrants...et particulièrement certains Francais. C'est fou ca, mais bon évidemment nous sommes des ploucs les Québécois, évidemment que c'est nous qui s'imagine des trucs. jimmy mais pourquoi est -ce que tu qualifies toi même les québécois de ploucs??? c'est dommage de se tirer une balle dans le pied!!!! et ça ne renvoie pas une image très positive des québécois! et pour ce qui est de la différence entre canadiens et québécois, vu la taille du pays , je me doute que les trouver identiques culturellement parlant, ça doit etre pareil que de dire qu'un belge flamand est culturellement identique à un italien du sud ou à un espagnol! il arrive parfois que des français réfléchissent et abordent le québec sans vouloir porter un jugement, mais avec ouverture,bienveillance et curiosité! C'est un commentaire sarcastique de la part de Jimmy. Le Québec est très différent du reste du Canada, mais souvent un immigrant qui arrive ici ne veut pas le voir. Les immigrants diront qu'ils ne veulent pas parler de politique, mais en fait ils le font en ne voulant pas admettre les différences. J'imagine que c'est un peu normal puisqu'un immigrant qui a passé beaucoup de mois de sa vie pour immigrer dans un autre pays, ne veut pas se limiter à une seule province en arrivant ici. Citer
Habitués marcholeon Posté(e) 8 juillet 2011 Habitués Posté(e) 8 juillet 2011 mon dieu que c'est cul cul la praline..... on peut en pondre tout les jours des métaphores pour dire que les canadiens sont des schtroumpfs et les québécois la schtroumpfette ou gargamel?! Moi ce qui me fascine c'est que tout le monde au Québec est conscient des différences profondes entre le Québec et le Canada anglais....sauf les immigrants...et particulièrement certains Francais. C'est fou ca, mais bon évidemment nous sommes des ploucs les Québécois, évidemment que c'est nous qui s'imagine des trucs. jimmy mais pourquoi est -ce que tu qualifies toi même les québécois de ploucs??? c'est dommage de se tirer une balle dans le pied!!!! et ça ne renvoie pas une image très positive des québécois! et pour ce qui est de la différence entre canadiens et québécois, vu la taille du pays , je me doute que les trouver identiques culturellement parlant, ça doit etre pareil que de dire qu'un belge flamand est culturellement identique à un italien du sud ou à un espagnol! il arrive parfois que des français réfléchissent et abordent le québec sans vouloir porter un jugement, mais avec ouverture,bienveillance et curiosité! C'est un commentaire sarcastique de la part de Jimmy. Le Québec est très différent du reste du Canada, mais souvent un immigrant qui arrive ici ne veut pas le voir. Les immigrants diront qu'ils ne veulent pas parler de politique, mais en fait ils le font en ne voulant pas admettre les différences. J'imagine que c'est un peu normal puisqu'un immigrant qui a passé beaucoup de mois de sa vie pour immigrer dans un autre pays, ne veut pas se limiter à une seule province en arrivant ici. euh....j'avais compris que le commentaire était sarcastique, et par voie de conséquence le mien aussi!! Citer
Habitués kobico Posté(e) 8 juillet 2011 Habitués Posté(e) 8 juillet 2011 C'est un commentaire sarcastique de la part de Jimmy. Le Québec est très différent du reste du Canada, mais souvent un immigrant qui arrive ici ne veut pas le voir. Les immigrants diront qu'ils ne veulent pas parler de politique, mais en fait ils le font en ne voulant pas admettre les différences. J'imagine que c'est un peu normal puisqu'un immigrant qui a passé beaucoup de mois de sa vie pour immigrer dans un autre pays, ne veut pas se limiter à une seule province en arrivant ici. À ce propos, la chronique de Patrick Lagacé du 2 juillet dernier illustre très bien cette différence fondamentale que l'on ne souhaite pas voir: J'ai été élevé dans l'amour du Canada. Un amour inconditionnel, gracieuseté du côté maternel de mon arbre généalogique, qui n'entendait pas à rire avec le Canada. Il faut dire que du bord de ma mère, tout le monde était anglais. Tout le monde, sauf Roger, mon grand-père, un orphelin. Les autres: des anglos. Mon arrière-grand-mère, Granny Bailey, une Écossaise débarquée ici au début du XXe siècle. Ma grand-mère, Veronica. Ses soeurs, Phyllis et Sybil. Les filles de Granny parlaient français comme Ed Broadbent, avec un accent à couper au sécateur. Granny, elle, le parlait comme Saku Koivu, c'est-à-dire qu'elle pouvait dire Bonchour, How are you? C'est pourquoi je m'appelle Patrick. Ça ne pouvait pas être François ou Xavier, bref, pas un prénom «trop» francophone. Ça devait se prononcer parfaitement en anglais, question de ne pas froisser Granny, une femme au caractère difficile... Tout ça pour dire que de ce bord-là de la famille, il n'y a jamais eu de flirt avec le nationalisme québécois, dans les années 70. Le Canada était une belle et grande chose, Trudeau un grand (et bel) homme, amen. Je me souviens que dans son condo de Toronto, Sybil avait des cuillers commémoratives du mariage de Charles et Diana! Mon grand-père, franco pure laine, avait fait la guerre. Comme tant d'autres ex-soldats, il préférait ne pas en parler. Mais son pays, c'était le Canada. Lévesque? Quelque chose comme l'antéchrist, pour ces filles de Bailey, je crois... Au printemps 1980, avant le premier référendum, les fédéralistes avaient la chienne. Aucune raison, les sondages leur souriaient. Je me souviens de ma grand-mère, dans son petit appart, rue Chevalier, dans Cartierville, qui faisait boire le petit-lait de la propagande fédérale: «Si le OUI gagne, tu sais, le gouvernement va décider quel métier tu vas faire.» Et ma mère d'ajouter: «Et quelle sorte d'auto tu pourras conduire!» J'avais 8 ans et on essayait de me mettre en garde contre la cubanisation du Québec... J'ai donc grandi dans l'amour inconditionnel, un amour d'assiégé, de ce pays dont c'était l'anniversaire, hier. Canadien, First and foremost. Ça, c'était l'enfance et l'adolescence. À 19 ans, je me suis retrouvé étudiant à la très bilingue et très canadienne Université d'Ottawa. Et, bizarrement, c'est à force de fréquenter des Canadiens, sur le campus, que j'ai réalisé un truc bizarre, contraire à tout ce qu'on m'avait inculqué dans cette enfance très canadienne. J'ai réalisé que je ne faisais pas partie de la même tribu qu'eux. Les Canadiens, je veux dire. Je ne vous parle pas d'être nationaliste ou souverainiste. Je vous parle de culture. Je vous parle d'identité. À 19 ans, je partageais donc la chambre 409 de la résidence Stanton avec Duane Greene, de Windsor, dans le sud de l'Ontario. Un type sublime, qui est sûrement devenu un citoyen absolument irréprochable. Sa famille, qui venait le visiter parfois, était d'une amabilité formidable. Je partageais une chambre, mais nous ne partagions rien d'autre, culturellement. Ce n'est pas qu'une question de langue: les Franco-Manitobains, les Franco-Ontariens ou les Acadiens venaient d'une autre planète, à mes yeux. Tenez, Duane, malgré notre proximité de colocs, restait toujours quelque chose comme un étranger. J'aurais pu avoir un Grec comme coloc, c'eût été le même exotisme, le même fossé culturel. Mais quand je rencontrais des Québécois, bang, le contact se faisait facilement, instantanément. Une sorte de réaction tribale, une connexion viscérale qui ne se faisait pas avec mes amis de Calgary, de Toronto ou de Moncton. Entre Québécois, c'était instinctif, on se comprenait. Malade, non? Il a fallu que j'aille vivre au Canada pour comprendre que je ne me sens pas chez moi, hors du Québec. C'est pourtant un pays fantastique. Je le dis sans cynisme. Ses habitants sont, s'il faut généraliser, d'une gentillesse proverbiale. Mais encore aujourd'hui, 20 ans après être entré à l'Université d'Ottawa, je ne me sens pas tout à fait chez moi quand je le visite. Pour La Presse, en avril, je suis allé en Alberta. Accueil formidable. Paysages à pleurer. Du bon monde. Mais même dans le quartier le plus branché d'Edmonton, à boire un espresso qui n'a rien à envier à celui du Olimpico (meilleur café à Montréal), je me sens comme en banlieue de Pluton. Pas chez moi. Pourtant, au Québec, que je sois à Matagami dans l'immensité nordique, à Natashquan au bout de la 138, ou dans les sidérales laideurs lavalloises, c'est clair, c'est charnel: ici, c'est chez moi. Et quand je vois le peu d'enthousiasme avec lequel la fête du Canada est célébrée, dans ma tribu, je me dis que je ne suis pas seul. Crime, la Saint-Patrick est plus célébrée, à Montréal, que le 1er juillet... Mon arrière-grand-mère, c'est sûr, ne serait pas fière de moi. Sorry, Granny. En banlieue de Pluton Citer
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