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Des nouvelles règles pour aider les immigrants ingénieurs

L’Ordre des ingénieurs modifiera ses règles pour reconnaître l’expérience passée à l’étranger

 
Photo: Jacques Nadeau Le DevoirMaya Khoury était ingénieure dans son pays, la Syrie, qu’elle a dû fuir. À l’aube de la cinquantaine elle doit réorganiser sa vie au Canada.

L’Ordre des ingénieurs du Québec s’apprête à faire adopter de nouvelles règles pour faciliter l’intégration des immigrants. Mais ces changements auront-ils vraiment un impact?

 

Dans son pays d’origine, Maya Khoury concevait des bâtiments, « du sous-sol jusqu’à la clé dans la porte » ! Ici, cette ingénieure civile d’origine syrienne cherche plutôt des clés pour ouvrir la porte du marché du travail. « Ce n’est pas facile. Je ne m’attends pas à être ingénieure et c’est correct, je l’ai été pendant 20 ans. Mais j’aimerais au moins travailler dans mon domaine, celui de la construction », raconte la dame, en marge d’ateliers d’aide à l’emploi organisés spécifiquement pour les ingénieurs et architectes par le Centre social d’aide aux immigrants (CSAI).

 

Arrivée au Québec avec toute sa famille il y a un an et demi, Maya Khoury a une bonne humeur contagieuse, quelques expériences de travail au Québec — réceptionniste à l’UQAM et caissière dans un Jean-Coutu — et parle un français excellent appris dans la petite enfance chez les soeurs Saint-Joseph à Alep. Mais la vérité est que les chances qu’elle puisse exercer comme ingénieure sont minces.

 

En effet, de moins en moins de permis sont octroyés à des professionnels formés à l’étranger. Selon les plus récentes données, en 2013-2014, 34 % des permis junior à l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) — permettant une pratique sous supervision avant d’avoir le vrai permis — leur étaient octroyés, contre 18 % en 2016-2017. Cependant, le pourcentage d’immigrants déposant une demande de permis junior est quant à lui demeuré stable, entre 20 % et 25 % au cours des quatre dernières années. Ils sont surtout originaires de la France ou du Maghreb, étant donné l’existence de nombreux accords interuniversitaires. « L’accès à la profession, ce n’est pas évident. On ne peut pas dire qu’on ne faisait rien, mais disons qu’il y avait place à l’amélioration », reconnaît Kathy Baig, présidente de l’OIQ. Mais tout va changer, promet-elle.

 

« Ça fait depuis 2013 que je m’implique à l’Ordre et que j’entends ces histoires de protectionnisme et de corporatisme. C’est un défi qui revient et, à un moment donné, on a décidé d’en faire une priorité », lance Kathy Baig. Elle admet que les longs délais pouvaient en rebuter plusieurs. Idem pour les coûts (entre 600 $ et 1200 $ pour une demande d’admission et 330 $ par examen prescrit), qui sont toutefois réduits de moitié pour les demandeurs d’asile. « On va changer complètement d’approche. »

 

Nouvelles règles à l’OIQ

 

Jeudi, le comité exécutif de l’OIQ a en effet entériné une série de nouvelles règles visant à mieux intégrer les immigrants à travers deux objectifs : augmenter le taux d’obtention du permis et réduire les délais. Dès mai 2018, chaque cas soumis sera étudié de manière personnalisée, scrutant le détail du parcours à l’étranger du candidat. L’objectif est de reconnaître son expérience de travail et d’en tenir compte afin de lui épargner certains examens et formations. « Avant, c’était beaucoup plus compartimenté. On se concentrait plus sur les diplômes, les études supérieures. On classait les gens dans des catégories et ça nous indiquait les formations et examens qu’ils devaient faire. Mais là, on va faire une entrevue personnalisée et, si on voit que [la personne] a la compétence requise, on va lui épargner certains examens », explique Mme Baig.

 

Aucun quota pour les candidats étrangers ne sera instauré, mais l’idée demeure de réduire le fardeau pour qu’ils puissent obtenir plus facilement un permis de pratique. « On sait que, pour des [immigrants] qui ont 9, 10, 11 examens à faire, c’est long, et ils abandonnent en cours de route, dit-elle. Quand on est retiré de notre domaine de pratique pendant plusieurs mois, voire des années, c’est difficile d’y retourner. »

 

Mme Baig dit être consciente que ce ne sont pas tous les immigrants ingénieurs qui tenteront d’obtenir leur permis de pratique. « Il y a beaucoup de gens qui se présentent aux séances d’information, mais très peu entament le processus, constate-t-elle. J’ai cru comprendre que, quand ils arrivent ici, ils ont plusieurs autres préoccupations à court terme que d’avoir leur permis. » Et pendant ce temps, le temps file…

 

Le deuil de la profession

 

Pour Lida Aghasi, directrice générale du Centre social d’aide aux immigrants, faciliter l’adhésion à l’OIQ est une première étape, mais cela ne garantit en rien l’obtention d’un emploi. « Accélérer l’accès à l’Ordre est une très bonne chose. Mais, selon moi, cela rend perplexes et démotive ceux qui obtiennent le membership et demeurent toujours sans emploi. Les employeurs ont aussi d’autres critères d’embauche [que le permis] », dit-elle, en insistant sur l’importance de les sensibiliser.

 

source et suite: http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/508012/ingenieurs-immigrants-cherchent-emploi?

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Également ce blogue de OIQ:

 

 

L’Ordre des ingénieurs du Québec occupe déjà une position de leader en matière d’intégration des professionnels formés à l’étranger dans le domaine du génie et des sciences appliquées (PFÉ). Malgré cela, nous sommes conscients que nous pouvons faire encore mieux.

 
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Un nouveau règlement encadrant le processus d’admission des professionnels formés à l’étranger (PFÉ) entrera donc en vigueur dès demain à l’Ordre des ingénieurs du Québec. Ces nouvelles règles auront pour effet de faciliter le parcours des PFÉ qui désirent pratiquer le génie au Québec. Leur admission se fera en maintenant notre rigueur habituelle dans l’évaluation des dossiers pour s’assurer de délivrer des permis à des professionnels détenant toutes les compétences requises pour assurer la protection du public dans le cadre de leurs fonctions.

Dans un récent billet intitulé 3 questions souvent posées par les membres lors de la tournée, j’expliquais que parmi l’ensemble des ordres professionnels, notre ordre est l’un de ceux qui accueillent le plus de PFÉ.

 

Un nouveau règlement pour faciliter l’admission des PFÉ

Selon le pays où le professionnel a été formé, il y a deux voies d’accès pour pratiquer le génie au Québec.

  1. Avec accords de reconnaissance mutuelle de diplômes
  2. Sans accord de reconnaissance mutuelle de diplômes
En savoir plus
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C’est principalement pour cette deuxième catégorie de PFÉ que le nouveau règlement va s’avérer facilitant.

Le règlement permettra une approche plus personnalisée de l’évaluation des demandes d’équivalence. Auparavant, l’étude des dossiers sans accord de reconnaissance se basait uniquement sur les diplômes et la formation obtenus. Avec la nouvelle réglementation, non seulement l’analyse va prendre en compte les diplômes et la formation obtenus, mais elle va aussi considérer l’expérience de travail des candidats.

Une autre différence importante entre l’ancien et le nouveau règlement porte sur les moyens mis à la disposition des candidats à la profession, lorsque, suite à l’étude du dossier, des lacunes sont observées.

Avec l’ancien règlement, les candidats pouvaient se voir prescrire jusqu’à 11 examens visant à tester et compléter leurs connaissances, ce qui pouvait s’avérer une étape exigeante nécessitant un certain retour aux études. Avec le nouveau règlement, les lacunes pourront être comblées de différentes façons, notamment en suivant un cours universitaire ou en participant à un projet supervisé.

 
Ce nouveau règlement a été élaboré en se basant sur les meilleures pratiques des associations canadiennes d’ingénieurs.
 

Avant la mise en vigueur du nouveau règlement, il est vrai que le processus pouvait être long pour certains PFÉ, ce qui occasionnait un taux important d’abandon. J’espère sincèrement que les modalités de ce nouveau règlement aideront les immigrants qui souhaitent pratiquer le génie au Québec à poursuivre leur cheminement, qui peut parfois s’avérer difficile.

Selon les statistiques dont nous disposons, nous espérons au cours des prochaines années :

  • augmenter le taux d’obtention du permis chez les PFÉ de 58 % à 75 % ;
  • réduire le délai moyen d’accession à la profession de 16 mois à 8 mois.
 

Le mandat de l’Ordre, c’est d’assurer la protection du public

Bien que nous ayons revu notre règlement pour faciliter l’accès des PFÉ à la profession, l’intégration au travail d’un professionnel formé à l’étranger n’est pas du ressort de l’Ordre, car ce n’est pas sa mission. Le mandat premier d’un Ordre est d’assurer la protection du public. Le seul fait d’obtenir son permis de pratique en génie au Québec ne garantit pas qu’un PFÉ accède avec succès au marché de l’emploi.

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Certains organismes externes ont déjà mis en place des activités de recherche et d’aide à l’emploi pour les ingénieurs formés à l’étranger.

Nous pouvons rassurer les employeurs sur la validité des mécanismes en place pour valider les compétences des professionnels formés à l’étranger.
 

La concertation des divers intervenants : la clé du succès

Une collaboration entre les divers intervenants concernés de près ou de loin par la réalité de l’immigration est essentielle pour assurer l’intégration des PFÉ au marché du travail. Les universités, les organismes de soutien des personnes immigrantes, les nombreux partenaires qui sont en contact avec les personnes qui souhaitent immigrer au Québec, la communauté des affaires et les diverses instances liées au marché de l’emploi doivent être solidaires pour faciliter le parcours des PFÉ. Ils doivent mettre l’épaule à la roue pour assurer l’intégration des nouveaux arrivants.

 

C’est plus qu’un changement de règlement dont nous avons besoin. Les ordres professionnels représentent le premier maillon d’une longue chaîne vers l’intégration complète des PFÉ au marché de l’emploi. L’obtention d’un permis pour pratiquer le génie n’est que le début du processus. C’est un véritable changement de culture au sein de notre société qui permettra aux PFÉ de faire partie intégrante du marché de l’emploi et de continuer à faire rayonner le génie eux aussi au Québec et ailleurs.

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