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Les immigrants devraient contrebalancer la chute de la main-d'oeuvre

LUNDI, 13 JANVIER 2014 10:55 JOURNAL FORUM Imprimer

L'arrivée de quelque 240 000 immigrants au Canada bon an, mal an devrait permettre d'éviter la chute de la main-d'uvre que certains appréhendent avec le vieillissement de la population. À condition toutefois qu'on accentue la reconnaissance de leurs compétences et qu'on les aide à en acquérir de nouvelles.

«La non-reconnaissance du capital humain venant de certaines régions du monde est un sérieux problème auquel les immigrants du Canada font face», soutient Brahim Boudarbat, professeur agrégé à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal.

C'est d'ailleurs l'un des constats qu'il formule dans un rapport1 traitant de l'accès à l'emploi et des conditions de travail des immigrants vivant dans trois provinces canadiennes et qu'il a coécrit avec Marie Connolly. Le rapport a été publié en aout 2013 par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) de l'UdeM.

Les freins à l'accès à un emploi de qualité

En 2012, le taux de chômage des immigrants âgés de 15 à 64 ans était de 11,7 % au Québec contre 7,1 % chez les travailleurs nés dans la province. Cette différence, plus marquée qu'en Ontario et qu'en Colombie-Britannique, est «loin d'être passagère», selon ce qu'a observé M. Boudarbat pendant la période qu'il a analysée, soit de 2006 à 2012.

«Un élément qui semble désavantager sérieusement les immigrants du Québec par rapport à ceux des deux autres provinces étudiées est leur faible recours aux réseaux personnels, soit les parents et amis, pour trouver un emploi», indique Brahim Boudarbat. En fait, ils ne sont que 11 % à recourir à ce moyen au Québec, comparativement à 22 % en Ontario et à 25 % en Colombie-Britannique.

Un autre élément : la langue. «Les personnes immigrant au Québec parlent souvent le français en plus de leur langue d'origine, et ils sont donc pénalisés par rapport à ceux qui ont immigré dans d'autres provinces et qui parlent l'anglais, ce qui leur permet d'être mobiles et de travailler ailleurs au pays», ajoute celui qui est titulaire d'un doctorat en sciences économiques de l'UdeM.

M. Boudarbat a aussi constaté qu'un immigrant qui possède un niveau d'études élevé augmente sa rémunération annuelle et la probabilité d'occuper un emploi. Par contre, la probabilité d'occuper un emploi qualifié est inversement liée au niveau de scolarité.

Ainsi, pour ceux qui ont fait des études postsecondaires, le lieu d'obtention du diplôme peut compromettre les chances de décrocher un emploi. «Pour les immigrants du Québec ayant obtenu leur diplôme ailleurs qu'en Amérique du Nord ou en Europe, le taux de chômage atteignait 15,1 % en 2012 contre moins de 10 % en Ontario et en Colombie-Britannique», dit-il.

Dans les trois provinces de l'étude, les immigrants ayant obtenu leur diplôme ailleurs qu'en Amérique du Nord ou en Europe sont aussi ceux qui ont le plus de difficulté à trouver un emploi lié à leurs compétences. En 2012, ils étaient 66,7 % en Ontario à faire un travail pour lequel ils étaient surqualifiés et 71,1 % en Colombie-Britannique. C'est au Québec que le taux de surqualification est le plus bas, soit 64,7 %, bien que ce taux demeure excessif.

Cette surqualification se traduit concrètement par un niveau de vie moins élevé que celui des personnes nées au pays. Ainsi, pour chaque dollar gagné par un natif titulaire d'un diplôme d'études postsecondaires, l'immigrant moyen qui a fait les mêmes études ailleurs qu'en Amérique du Nord ou en Europe touche un revenu de 0,77 $ au Québec, 0,76 $ en Ontario et 0,74 $ en Colombie-Britannique.

Un système d'immigration à bonifier

Brahim Boudarbat

Brahim Boudarbat

Au cours des dernières années, les ententes et les stratégies établies par les gouvernements fédéral et provinciaux ont permis d'accroitre l'arrivée d'immigrants scolarisés.

«Plus de la moitié des nouveaux arrivants adultes ont désormais un baccalauréat ou un diplôme des cycles supérieurs, mentionne Brahim Boudarbat. Mais ça n'a pas nécessairement permis d'améliorer leur intégration, en raison de la problématique de la reconnaissance du diplôme. Et tant que ce ne sera pas résolu, cela ne produira pas l'effet attendu.»

Selon lui, deux phénomènes renforcent cette problématique.

D'une part, les nouveaux arrivants se trouvent en concurrence avec les natifs plus scolarisés. «Devant cette offre additionnelle de main-d'uvre, les employeurs optent plus souvent pour les natifs parce qu'ils sont peu ou pas informés sur la valeur du diplôme étranger», affirme-t-il.

D'autre part, le programme des travailleurs temporaires du gouvernement fédéral a pris beaucoup d'importance, au point où le Canada accueille chaque année presque autant de résidents permanents que de travailleurs temporaires.

«Au lieu de former la main-d'uvre qui est déjà ici, on permet d'aller la chercher à moindre cout à l'étranger, déplore le professeur Boudarbat. Le gouvernement fédéral devrait réformer le système actuel d'immigration et responsabiliser les employeurs en les incitant à former et à embaucher la main-d'uvre qui est déjà au Canada, avant d'aller la recruter à l'étranger.»

Martin LaSalle

source http://www.nouvelles.umontreal.ca/recherche/sciences-sociales-psychologie/20140113-les-immigrants-devraient-contrebalancer-la-chute-de-la-main-doeuvre.html

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