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Polar politique à Montréal vu du Sud-ouest de la France


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Publié le 10/02/2013 à 06h00

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Chaque année ou presque, je séjourne à Montréal ; et chaque fois, j'y retrouve un scandale politico-financier à la une des médias. C'est incroyable ! La dernière fois, en 2011, un proche conseiller du Premier ministre québécois, Jean Charest, était soupçonné d'un trafic d'influence lié à l'exploration des gisements de gaz de schiste. Une commission d'enquête très médiatisée avait tenu en haleine la population. Ajoutée à quelques autres, cette affaire, à forte odeur de corruption, n'avait pas été pour rien dans l'éviction du très libéral Jean Charest aux dernières élections de septembre 2012.

Aujourd'hui, dans cet État fédéré désormais dirigé par un Parti québécois victorieux mais minoritaire, une nouvelle « affaire » passionne l'opinion. Rebelote. Elle est à la fois malodorante et plus cinématographique que la précédente. On y retrouve des hauts fonctionnaires corrompus, des entrepreneurs à la générosité calculée, une commission d'enquête conduite par une juriste à poigne et, comme à Hollywood (je pense à la série des « Parrain » de Francis Ford Coppola), la présence avérée de la mafia italienne. Chaque soir, comme des millions de Québécois, je peux suivre sur le petit écran cet inimaginable feuilleton de téléréalité politique. Et c'est peu de dire qu'ici la réalité dépasse la fiction.

De quoi s'agit-il ? Des liens douteux qui unissaient certains fonctionnaires de la Ville de Montréal aux entreprises de travaux publics, notamment un très occulte « cartel des égouts » ayant la main sur l'octroi des marchés publics. Ce « cartel », réunissant six entreprises, aurait truqué en 2008 et 2009 des appels d'offres pour l'entretien des égouts. L'un des protagonistes de l'affaire, l'entrepreneur Giuseppe Borsellino (le nom ne s'invente pas), était cuisiné ces derniers jours par l'inflexible présidente de la commission d'enquête, France Charbonneau.

Pour le visiteur arrivant de France, ce nouveau feuilleton est exemplaire. On ne sait si l'on doit admirer la très brutale « transparence » de l'enquête ; ou redouter - comme la plupart des gens d'ici - que tout cela ne finisse par accoucher d'une souris. Un mot, d'abord, de cette incroyable transparence médiatico-judiciaire. Je ne crois pas qu'elle ait beaucoup d'équivalents dans le monde. Non seulement les protagonistes sont interrogés jour après jour, en direct et sans ménagement devant les caméras, mais on donne à entendre des documents audio pour le moins insolites. Mercredi et jeudi dernier, par exemple, les téléspectateurs ont pu écouter - sur la longueur - les écoutes téléphoniques réalisées par la police de Montréal, écoutes dévoilant les conversations imagées entre corrompus et corrupteurs. Ces auditions se font évidemment en présence de l'intéressé, qu'on voit se dandiner sur sa chaise et éponger son front, sans être jamais « lâché » par les caméras.

Quant à France Charbonneau, la « juriste chevronnée » de 60 ans qui mène le bal, elle compte à son palmarès de procureur plus de 80 coupables de meurtres condamnés. Chrétienne fervente (ce qui n'est plus très fréquent au Québec), elle ne mâche jamais ses mots pour stigmatiser les silences, les pauvres ruses ou l'embarras de ceux qu'elle interroge. Du vrai et fort spectacle, en effet ! Par leur netteté sans langue de bois, leur opiniâtreté dans l'investigation et leur volonté de vraie transparence, les Québécois nous donnent une sacrée leçon. Serions-nous capables d'en faire autant ? Pas sûr.

Malgré cela, les amis de rencontre sont plus circonspects que je ne l'imaginais au départ. À leurs yeux, ces enquêtes menées tambour battant sont passionnantes à suivre, mais elles se terminent souvent en queue de poisson, ou, disons, en « arrangements » pas très clairs. D'où l'accablement blasé des citoyens devant ces feuilletons qui, décennie après décennie, enchaînent leurs épisodes et leurs « saisons ». Mais sans que jamais, au grand jamais, la fin soit annoncée…

JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD

Des fonctionnaires corrompus, un procureur à poigne et la présence avérée de la mafia italienne

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- elles se terminent souvent en queue de poisson, ou, disons, en « arrangements » pas très clairs. D'où l'accablement blasé des citoyens devant ces feuilletons qui, décennie après décennie, enchaînent leurs épisodes et leurs « saisons ». Mais sans que jamais, au grand jamais, la fin soit annoncée… -

Voilà que tout est dit ! Pas besoin de commentaires.

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