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Le mythe canadien...


Tibote

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Au Canada, au Canada anglais s'entend, on a une image assez idyllique du pays. On s'imagine le pays comme étant une terre accueillante et très tolérante. Bien des immigrants, bien des Québécois, Acadiens, Indiens, ont une autre vision des choses.

Joseph Facal est né en Uruguay. Il est arrivé au Québec à l'âge de 9 ans.

Souvernaiste (à peine 10% des immigrants au Québec le sont) il a été ministre péquiste. Prof au HEC il collabore au Journal de Montréal et prépare un éventuel retour en politique.

Politique

Les valeurs canadiennes

Joseph Facal

Journal de Montréal

02/05/2007 09h51

Quand on fait la morale aux autres, il faut être soi-même irréprochable. Ça vaut pour les pays comme pour les individus.

Allez voir dans votre dictionnaire la définition du mot chauvin. Le mien dit: «Qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays.» Autrement dit, si cest de chez nous, cest toujours bon, généralement sublime et forcément mieux que ce qui vient dailleurs.

Comprenez-moi bien: il est normal dêtre fier de son pays. Il est légitime aussi de croire que votre pays a quelque chose dunique à apporter au patrimoine commun de lhumanité. Cest ce que je ressens et souhaite pour le Québec.

Mais cela na rien à voir avec cette intime conviction de tant de Canadiens, plus souvent anglophones, que le Canada serait dune essence morale supérieure aux autres nations, quil est une sorte de condensé de plus belles vertus humaines et, à ce titre, un exemple dont les autres pays devraient sinspirer.

De nombreux Canadiens sont réellement convaincus que nous sommes plus ouverts, plus tolérants, plus généreux, plus progressistes, plus cool que ces Américains arrogants, ces Français prétentieux ou ces Russes ombrageux. Le monde se porterait tellement mieux, nest-ce pas, sil était plus canadien, plus comme nous.

Ce virus qui gonfle démesurément la glande de lorgueil ne frappe pas seulement Justin Trudeau ou tous ces jeunes Canadiens qui font coudre la feuille dérable sur leur sac à dos pour quon ne les prenne pas pour des Américains ou parce quils pensent que cela les rendra plus sympathiques à Katmandou.

Il frappe aussi déminents intellectuels canadiens, comme les Tully, Kymlicka, Taylor ou Ignatieff, inlassables diffuseurs à travers le monde de cette idée du Canada comme phare de vertu éclairant la pénombre de lhumanité.

Dans sa version vulgaire, cela va du mauvais goût cocardier dun Don Cherry payé par les fonds publics au «plusse» meilleur pays au monde de Jean Chrétien, en passant par les drapeaux canadiens quon demandait à nos athlètes de ranger tellement leur nombre mettait les autres athlètes mal à laise dans les villages olympiques.

Le Canada complice?

Il semble bien que, dans la réalité, le Canada lave moins blanc que ce quil voudrait laisser croire. En Afghanistan, nos forces armées remettent leurs prisonniers aux autorités locales qui les tortureraient, selon ce que rapportent nos propres diplomates sur place. Si on les torture, cest évidemment pour leur extraire des renseignements qui profiteront à ceux qui les combattent, donc à larmée canadienne.

Bref, le Canada foulerait aux pieds les conventions internationales à propos des droits des prisonniers de guerre dont il est signataire.

Lopposition libérale était en bonne voie de déchirer une pleine mercerie de chemises quand on a appris que les gouvernements Chrétien et Martin en avaient été informés dès 2002 et à chaque année depuis.

Ajoutez à cela des explications loufoques. Lundi, tout cela nétait que rumeurs sans fondement. Mardi, des gens impartiaux veillaient au bon traitement des prisonniers. Mercredi, une entente formelle entre les gouvernements canadien et afghan encadrait tout cela. Jeudi, pas dentente mais lintention den conclure une. Une duplicité bien peu canadienne.

Évidemment, il ny a pas de solution simple. Les forces canadiennes ne peuvent garder indéfiniment ceux quelles capturent. Avant de les remettre aux autorités afghanes, larmée canadienne les livrait aux Américains qui sy connaissent aussi en méthodes persuasives pour vous faire jaser.

Guantanamo et Abou Ghraib, ça vous dit quelque chose?

Il est vrai que le Canada fait partie dune coalition de 37 autres pays présents en Afghanistan, qui vivent tous le même dilemme. Mais au moins ces autres pays ne passent pas leur temps à bomber le torse pour faire la morale au monde entier.

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Au Canada, au Canada anglais s'entend, on a une image assez idyllique du pays. On s'imagine le pays comme étant une terre accueillante et très tolérante. Bien des immigrants, bien des Québécois, Acadiens, Indiens, ont une autre vision des choses.

Joseph Facal est né en Uruguay. Il est arrivé au Québec à l'âge de 9 ans.

Souvernaiste (à peine 10% des immigrants au Québec le sont) il a été ministre péquiste. Prof au HEC il collabore au Journal de Montréal et prépare un éventuel retour en politique.

Politique

Les valeurs canadiennes

Joseph Facal

Journal de Montréal

02/05/2007 09h51

Quand on fait la morale aux autres, il faut être soi-même irréprochable. Ça vaut pour les pays comme pour les individus.

Allez voir dans votre dictionnaire la définition du mot chauvin. Le mien dit: «Qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays.» Autrement dit, si cest de chez nous, cest toujours bon, généralement sublime et forcément mieux que ce qui vient dailleurs.

Comprenez-moi bien: il est normal dêtre fier de son pays. Il est légitime aussi de croire que votre pays a quelque chose dunique à apporter au patrimoine commun de lhumanité. Cest ce que je ressens et souhaite pour le Québec.

Mais cela na rien à voir avec cette intime conviction de tant de Canadiens, plus souvent anglophones, que le Canada serait dune essence morale supérieure aux autres nations, quil est une sorte de condensé de plus belles vertus humaines et, à ce titre, un exemple dont les autres pays devraient sinspirer.

De nombreux Canadiens sont réellement convaincus que nous sommes plus ouverts, plus tolérants, plus généreux, plus progressistes, plus cool que ces Américains arrogants, ces Français prétentieux ou ces Russes ombrageux. Le monde se porterait tellement mieux, nest-ce pas, sil était plus canadien, plus comme nous.

Ce virus qui gonfle démesurément la glande de lorgueil ne frappe pas seulement Justin Trudeau ou tous ces jeunes Canadiens qui font coudre la feuille dérable sur leur sac à dos pour quon ne les prenne pas pour des Américains ou parce quils pensent que cela les rendra plus sympathiques à Katmandou.

Il frappe aussi déminents intellectuels canadiens, comme les Tully, Kymlicka, Taylor ou Ignatieff, inlassables diffuseurs à travers le monde de cette idée du Canada comme phare de vertu éclairant la pénombre de lhumanité.

Dans sa version vulgaire, cela va du mauvais goût cocardier dun Don Cherry payé par les fonds publics au «plusse» meilleur pays au monde de Jean Chrétien, en passant par les drapeaux canadiens quon demandait à nos athlètes de ranger tellement leur nombre mettait les autres athlètes mal à laise dans les villages olympiques.

Le Canada complice?

Il semble bien que, dans la réalité, le Canada lave moins blanc que ce quil voudrait laisser croire. En Afghanistan, nos forces armées remettent leurs prisonniers aux autorités locales qui les tortureraient, selon ce que rapportent nos propres diplomates sur place. Si on les torture, cest évidemment pour leur extraire des renseignements qui profiteront à ceux qui les combattent, donc à larmée canadienne.

Bref, le Canada foulerait aux pieds les conventions internationales à propos des droits des prisonniers de guerre dont il est signataire.

Lopposition libérale était en bonne voie de déchirer une pleine mercerie de chemises quand on a appris que les gouvernements Chrétien et Martin en avaient été informés dès 2002 et à chaque année depuis.

Ajoutez à cela des explications loufoques. Lundi, tout cela nétait que rumeurs sans fondement. Mardi, des gens impartiaux veillaient au bon traitement des prisonniers. Mercredi, une entente formelle entre les gouvernements canadien et afghan encadrait tout cela. Jeudi, pas dentente mais lintention den conclure une. Une duplicité bien peu canadienne.

Évidemment, il ny a pas de solution simple. Les forces canadiennes ne peuvent garder indéfiniment ceux quelles capturent. Avant de les remettre aux autorités afghanes, larmée canadienne les livrait aux Américains qui sy connaissent aussi en méthodes persuasives pour vous faire jaser.

Guantanamo et Abou Ghraib, ça vous dit quelque chose?

Il est vrai que le Canada fait partie dune coalition de 37 autres pays présents en Afghanistan, qui vivent tous le même dilemme. Mais au moins ces autres pays ne passent pas leur temps à bomber le torse pour faire la morale au monde entier.

Je ne vois pas le rapport avec l'immigration.

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Joseph Facal est né en Uruguay. Il est arrivé au Québec à l'âge de 9 ans.

Souvernaiste (à peine 10% des immigrants au Québec le sont) il a été ministre péquiste. Prof au HEC il collabore au Journal de Montréal et prépare un éventuel retour en politique.

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Joseph Facal

Journal de Montréal

02/05/2007 09h51

Quand on fait la morale aux autres, il faut être soi-même irréprochable. Ça vaut pour les pays comme pour les individus.

Allez voir dans votre dictionnaire la définition du mot chauvin. Le mien dit: «Qui a une admiration outrée, partiale et exclusive pour son pays.» Autrement dit, si cest de chez nous, cest toujours bon, généralement sublime et forcément mieux que ce qui vient dailleurs.

Comprenez-moi bien: il est normal dêtre fier de son pays. Il est légitime aussi de croire que votre pays a quelque chose dunique à apporter au patrimoine commun de lhumanité. Cest ce que je ressens et souhaite pour le Québec.

Mais cela na rien à voir avec cette intime conviction de tant de Canadiens, plus souvent anglophones, que le Canada serait dune essence morale supérieure aux autres nations, quil est une sorte de condensé de plus belles vertus humaines et, à ce titre, un exemple dont les autres pays devraient sinspirer.

De nombreux Canadiens sont réellement convaincus que nous sommes plus ouverts, plus tolérants, plus généreux, plus progressistes, plus cool que ces Américains arrogants, ces Français prétentieux ou ces Russes ombrageux. Le monde se porterait tellement mieux, nest-ce pas, sil était plus canadien, plus comme nous.

Ce virus qui gonfle démesurément la glande de lorgueil ne frappe pas seulement Justin Trudeau ou tous ces jeunes Canadiens qui font coudre la feuille dérable sur leur sac à dos pour quon ne les prenne pas pour des Américains ou parce quils pensent que cela les rendra plus sympathiques à Katmandou.

Il frappe aussi déminents intellectuels canadiens, comme les Tully, Kymlicka, Taylor ou Ignatieff, inlassables diffuseurs à travers le monde de cette idée du Canada comme phare de vertu éclairant la pénombre de lhumanité.

Dans sa version vulgaire, cela va du mauvais goût cocardier dun Don Cherry payé par les fonds publics au «plusse» meilleur pays au monde de Jean Chrétien, en passant par les drapeaux canadiens quon demandait à nos athlètes de ranger tellement leur nombre mettait les autres athlètes mal à laise dans les villages olympiques.

Le Canada complice?

Il semble bien que, dans la réalité, le Canada lave moins blanc que ce quil voudrait laisser croire. En Afghanistan, nos forces armées remettent leurs prisonniers aux autorités locales qui les tortureraient, selon ce que rapportent nos propres diplomates sur place. Si on les torture, cest évidemment pour leur extraire des renseignements qui profiteront à ceux qui les combattent, donc à larmée canadienne.

Bref, le Canada foulerait aux pieds les conventions internationales à propos des droits des prisonniers de guerre dont il est signataire.

Lopposition libérale était en bonne voie de déchirer une pleine mercerie de chemises quand on a appris que les gouvernements Chrétien et Martin en avaient été informés dès 2002 et à chaque année depuis.

Ajoutez à cela des explications loufoques. Lundi, tout cela nétait que rumeurs sans fondement. Mardi, des gens impartiaux veillaient au bon traitement des prisonniers. Mercredi, une entente formelle entre les gouvernements canadien et afghan encadrait tout cela. Jeudi, pas dentente mais lintention den conclure une. Une duplicité bien peu canadienne.

Évidemment, il ny a pas de solution simple. Les forces canadiennes ne peuvent garder indéfiniment ceux quelles capturent. Avant de les remettre aux autorités afghanes, larmée canadienne les livrait aux Américains qui sy connaissent aussi en méthodes persuasives pour vous faire jaser.

Guantanamo et Abou Ghraib, ça vous dit quelque chose?

Il est vrai que le Canada fait partie dune coalition de 37 autres pays présents en Afghanistan, qui vivent tous le même dilemme. Mais au moins ces autres pays ne passent pas leur temps à bomber le torse pour faire la morale au monde entier.

Je ne vois pas le rapport avec l'immigration.

Le Canada réel versus le Canada rêvé

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mouai...

Le monde des "Bisounours" n'existe pas... chaque pays a ses bons et mauvais côtés, il est sûr qu'il vaut mieux habiter plus a certains endroits qu'a d'autres mais on ne juge pas un pays à un fait precis mais dans son ensemble... et il est toujours préférable de voir les problèmes de plusieurs points de vue différent avant de se faire sa propre idée.

C'est un peu réducteur je trouve !

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  • Habitués

Joseph Facal est l'un de mes hommes politiques actuels préférés, mais là je trouve qu'il y va fort un peu.

D'accord sur le qualificatif de «réducteur».

Modifié par vanedor
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Pour faire simple, l'image du Canada à l'étranger c'est : les grands espaces, les immensités glacées, le froid, les bucherons, la cabane en bois, l'érable et son sirop, le pays qui a donné naissance aux Casques bleus. Bref, le Canada c'est d'abord des gentils, accueillants, pacifiques et ouverts. Derrière cette image d'Épinal se cache une réalité bien évidemment plus complexe et il sera intéressant de voir si l'effet Afghanistan, le dos tourné au protocole de Kyoto et les campagnes contre la chasse aux phoques finirons par faire ressortir l'envers de la carte postale.

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  • Habitués

Oui, c'est tres reducteur.

Surtout que ce n'est pas un comportement propre aux anglophones comme l'affirme cet article. Habitant dans le ROC, je ne crois pas que les anglophones aient une vision aussi idyllique de leur pays.

C'est comme partout......

Stephanie.

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Pour faire simple, l'image du Canada à l'étranger c'est : les grands espaces, les immensités glacées, le froid, les bucherons, la cabane en bois, l'érable et son sirop, le pays qui a donné naissance aux Casques bleus. Bref, le Canada c'est d'abord des gentils, accueillants, pacifiques et ouverts. Derrière cette image d'Épinal se cache une réalité bien évidemment plus complexe et il sera intéressant de voir si l'effet Afghanistan, le dos tourné au protocole de Kyoto et les campagnes contre la chasse aux phoques finirons par faire ressortir l'envers de la carte postale.

Non, ça c'est l'image du Canada en France. L'image du Canada dont parle Facal est celle de l'intelligentsia canadienne (anglaise) qui définit le Canada comme un modèle unique au monde d'intégration et de tolérance, LE pays du 21e siècle dont devraient s'inspirer tous les autres peuples "arrièrés" pour régler leurs problèmes d'intégration des minorités. Il y a une suffisance dans ce discours (qu'on n'entend pas au Québec d'où ton ignorance) qui tape royalement sur les nerfs.

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Non, ça c'est l'image du Canada en France. L'image du Canada dont parle Facal est celle de l'intelligentsia canadienne (anglaise) qui définit le Canada comme un modèle unique au monde d'intégration et de tolérance, LE pays du 21e siècle dont devraient s'inspirer tous les autres peuples "arrièrés" pour régler leurs problèmes d'intégration des minorités. Il y a une suffisance dans ce discours (qu'on n'entend pas au Québec d'où ton ignorance) qui tape royalement sur les nerfs.

On ne l'entend pas necessairement cote anglophone non plus....et il n'y a pas que des anglophones dans l'intelligentsia Canadienne!!

Stephanie.

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[quote

Voici une critique de la naiveté du multiculturalisme canadien

«Planète islamiste»

Fatima Houda-Pepin

Députée de La Pinière à l'Assemblée nationale du Québec, Mme Fatima Houda-Pepin était l'invitée le 18 avril dernier de l'Institut d'études des femmes, de l'Université d'Ottawa. Voici un extrait résumé de sa conférence sur la question de l'intégrisme politico-religieux.

Née au Maroc, pays où l'islam est religion d'État, j'ai baigné dans un milieu où la religion fait partie du quotidien. Elle est synonyme de foi, de chants, de musique et de joie. Les fêtes religieuses étaient l'occasion de retrouvailles familiales et mes amies juives et chrétiennes y participaient, comme moi aux leurs. Je pouvais circuler librement à la mosquée, tête nue, prier avec un foulard, par respect pour Dieu, sans que nul ne m'interpelle sur mes cheveux qui dépassaient.

Choc au Canada

Quel choc à mon arrivée au Canada, il y a 35 ans. J'y ai découvert des cercles d'endoctrinement où les femmes sont voilées entre elles, à l'intérieur de leurs propres maisons. Des organismes de prédication ont des ramifications au Moyen-Orient, au Pakistan, en Iran, en Europe et aux États-Unis.

Des imams formés à une école de pensée rigoriste, envoyés en mission et payés par l'étranger, propageaient un islamisme radical visant à isoler les musulmans de leur société d'accueil. Des messages appelaient au jihad et à la haine des infidèles, juifs, musulmans démocrates, ou chrétiens.

Deuxième choc: l'indifférence des pouvoirs publics. Dans la mesure où ces problèmes se vivaient à l'intérieur des communautés, pourquoi s'en mêler? Un déficit de connaissances de l'islam et des musulmans laissait les islamistes libres d'imposer leur vision.

L'islam du savoir et de la tolérance qui a marqué ma jeunesse au Maroc se transformait sous mes yeux, au Canada, en une camisole de force, réduit à une série d'interdits, imposés le plus souvent aux femmes. Puis, la perception qu'on a des musulmans se dégradera à la faveur d'images de violence venues du Moyen-Orient, d'Afrique, d'Asie, et plus près de nous, suite du 11 septembre 2001, des États-Unis.

Des groupes islamistes, profitant de l'indifférence et de la méconnaissance ambiantes, ont raffiné leurs stratégies. Ils sont parvenus à s'ériger en «porte-parole» des communautés, au grand désarroi des musulmans démocrates qui peinent à s'intégrer et ne demandent qu'à vivre en harmonie avec leurs concitoyens. D'où la vulnérabilité de ces communautés, dont la majorité silencieuse n'ose pas confronter les islamistes sur leur terrain. Un leadership fragmenté, de faibles structures communautaires et le sentiment d'exclusion des jeunes aussi contribuent à leur marginalisation. Pourtant leur contribution en capital humain, compétences, apport économique et culturel est considérable.

Lorsqu'on observe la montée des extrémismes religieux et les menaces qu'ils font peser sur des acquis gagnés de haute lutte, l'égalité entre les hommes et les femmes notamment, on ne peut rester silencieux. Adoptant, il y a près de 50 ans, une Déclaration des droits, le premier ministre d'alors, John Diefenbaker, avait déclaré: «Aucun Canadien ne tolérera le fanatisme.» La Charte des droits et libertés, dont on célèbre le 25e, est venue renforcer ces droits.

Déclaration ou Charte, le principe fondateur en société pluraliste qui se veut juste et équitable est de protéger les minorités contre les abus de la majorité. Or, l'extrémisme religieux s'impose d'abord à l'intérieur des minorités elles-mêmes.

C'est le cas de la charia que des intégristes ont tenté d'imposer à Toronto, en 1990, avant de reculer sous la pression des femmes musulmanes. Cette bataille a été gagnée à l'intérieur des communautés elles-mêmes, avant qu'elle fasse surface sur la place publique en 2003, avec un argumentaire et un plan de communication plus sophistiqués. Heureusement, l'Ontario a renoncé à ce projet.

La droite religieuse américaine

De même la droite religieuse américaine a connu une ascension fulgurante. En 1978, 22% des Américains se déclaraient évangélistes. Ils étaient 33% en 1986. Depuis, le mouvement n'a cessé de croître et de se métamorphoser.

Le message évangéliste qui était à l'origine de l'ordre de la foi s'est transformé en un puissant instrument entre les mains d'un lobby qui a ses entrées dans les hautes sphères du pouvoir. Cette droite forte et agissante revendique rien de moins que la modification de l'ordre public. La conversion des «born again Christians» ne suffit plus, c'est toute l'Amérique qu'il faut sauver.

Au centre de sa stratégie: la lutte contre l'avortement, l'homosexualité et la «destruction des familles». Cette influence sur la politique nationale et internationale des États-Unis est considérable.

La montée de la droite religieuse essaime partout. Au Canada, différentes mouvances intégristes sont déjà à l'oeuvre. Partout on vise l'école, la famille, les institutions et le pouvoir politique.

Les intégristes, même combat

Parallèlement, les mouvances islamistes se sont propagées dans plusieurs pays musulmans où elles mènent une lutte contre les régimes en place, considérés comme corrompus, et contre l'Occident «infidèle» et moralement «décadent».

Cet Occident qui leur garantit des libertés religieuses est ciblé comme base arrière pour déstabiliser ces régimes politiques et du même coup, y faire reculer la démocratie. Dans cette logique, le Canada apparaît comme le ventre mou de l'Occident à cause des libertés fondamentales dont les extrémistes eux-mêmes jouissent.

La stratégie des islamistes, qu'ils avancent dans les cercles fermés, n'est pas l'intégration des musulmans au Québec et au Canada, mais leur intégration à une communauté sans frontières, une planète islamiste où un musulman doit être régi selon la charia, indépendamment du pays où il vit.

Un tel objectif passe par le contrôle des islamistes sur les communautés musulmanes et par leur reconnaissance par les autorités politiques, dont ils deviendraient les interlocuteurs officiels. Dans ce sens, toute avancée de ces groupes au plan juridique ou symbolique est un puissant levier pour imposer ultimement - au nom de la liberté religieuse - à une société sécularisée un modèle de gouvernance où la souveraineté de Dieu primera sur celle des hommes.

La Charte garantit «la liberté de religion». Mais de quelle liberté parle-t-on? Qui détermine, par exemple, les normes à imposer aux femmes en islam, religion où il n'y a pas de clergé, et où la relation avec Dieu est sans intermédiaire? Pourquoi endosser l'idéologie de ces groupes alors que la religion sur laquelle ils se basent ne leur donne aucune autorité pour le faire?

Une vraie menace

Les religions ont été instrumentalisées pour justifier inquisition, guerres, conflits interreligieux ou violations des droits de la personne. À notre époque, la vraie menace à la démocratie vient de la montée des extrémismes sous couvert de religion.

Qu'il s'agisse de la droite religieuse américaine, des radicaux se réclamant de l'islam ou de fondamentalistes hindous, partout la stratégie est la même: exploiter les libertés fondamentales dans le but de les subvertir.

Ces groupes, malgré leurs différences, ont deux objectifs en commun: saper les bases de la laïcité, au nom d'une certaine idée de Dieu et exercer une domination obsessionnelle sur les femmes, dont il faut contrôler le pouvoir de reproduction, ainsi que la liberté de pensée et de mouvement.

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Pour faire simple, l'image du Canada à l'étranger c'est : les grands espaces, les immensités glacées, le froid, les bucherons, la cabane en bois, l'érable et son sirop, le pays qui a donné naissance aux Casques bleus. Bref, le Canada c'est d'abord des gentils, accueillants, pacifiques et ouverts. Derrière cette image d'Épinal se cache une réalité bien évidemment plus complexe et il sera intéressant de voir si l'effet Afghanistan, le dos tourné au protocole de Kyoto et les campagnes contre la chasse aux phoques finirons par faire ressortir l'envers de la carte postale.

Non, ça c'est l'image du Canada en France. L'image du Canada dont parle Facal est celle de l'intelligentsia canadienne (anglaise) qui définit le Canada comme un modèle unique au monde d'intégration et de tolérance, LE pays du 21e siècle dont devraient s'inspirer tous les autres peuples "arrièrés" pour régler leurs problèmes d'intégration des minorités. Il y a une suffisance dans ce discours (qu'on n'entend pas au Québec d'où ton ignorance) qui tape royalement sur les nerfs.

À l'étranger, je ne crois pas qu'on se représente le Canada au travers du prisme de la fracture Québéc-ROC. Pour le commun des mortels, ce sont des chicanes internes auxquelles on ne comprend pas grand chose et qui n'intéressent pas grand monde. Pour ma part, je ne crois pas qu'il existe un mythe canadien. Mais je dois certainement être ignorant.

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À l'étranger, je ne crois pas qu'on se représente le Canada au travers du prisme de la fracture Québéc-ROC. Pour le commun des mortels, ce sont des chicanes internes auxquelles on ne comprend pas grand chose et qui n'intéressent pas grand monde.

Je suis plutot d'accord avec ca.

Ce post me parait etre un pretexte pour, une fois de plus, critiquer le ROC et les anglophones.

Stephanie.

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Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, c'est le même Tibote qui poste les mêmes histoires respectivement sous l'identité Tremblé, Simard, Poutine ou Pitoune, Marco911 et depuis le 26 avril, Tibote ...

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Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, c'est le même Tibote qui poste les mêmes histoires respectivement sous l'identité Tremblé, Simard, Poutine ou Pitoune, Marco911 et depuis le 26 avril, Tibote ...

Cela explique donc tout....

Stephanie.

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Pour faire simple, l'image du Canada à l'étranger c'est : les grands espaces, les immensités glacées, le froid, les bucherons, la cabane en bois, l'érable et son sirop, le pays qui a donné naissance aux Casques bleus. Bref, le Canada c'est d'abord des gentils, accueillants, pacifiques et ouverts. Derrière cette image d'Épinal se cache une réalité bien évidemment plus complexe et il sera intéressant de voir si l'effet Afghanistan, le dos tourné au protocole de Kyoto et les campagnes contre la chasse aux phoques finirons par faire ressortir l'envers de la carte postale.

Non, ça c'est l'image du Canada en France. L'image du Canada dont parle Facal est celle de l'intelligentsia canadienne (anglaise) qui définit le Canada comme un modèle unique au monde d'intégration et de tolérance, LE pays du 21e siècle dont devraient s'inspirer tous les autres peuples "arrièrés" pour régler leurs problèmes d'intégration des minorités. Il y a une suffisance dans ce discours (qu'on n'entend pas au Québec d'où ton ignorance) qui tape royalement sur les nerfs.

À l'étranger, je ne crois pas qu'on se représente le Canada au travers du prisme de la fracture Québéc-ROC. Pour le commun des mortels, ce sont des chicanes internes auxquelles on ne comprend pas grand chose et qui n'intéressent pas grand monde. Pour ma part, je ne crois pas qu'il existe un mythe canadien. Mais je dois certainement être ignorant.

Facal parle entre autre de la fameuse Charte des droits et libertés de Trudeau, charte qui été enchâssée dans la constitution, charte qui a donné un semblant d'identité au Canada coast-to-coast (ou plutôt, qui a rasé toutes formes d'identité claire, ce qui est d'une connerie sans nom). Plutôt que de dire la vérité - que le Canada a été fondé par deux nations, française et britannique, auxquels se sont greffés des immigrants-, Trudeau nous a tous sacrifiés au nom de l'unité canadienne et a choisi de dire que nous étions TOUS des immigrants, a érigé le multiculturalisme en espèce de dogme, de mythe. Les autochtones n'embarquent pas car ils étaient là bien avant tout le monde. Quant au Québec, il n'a pas signé la constitution et a toujours affirmé son identité distincte. Mais le Canada anglais, a défaut de pouvoir bien se définir par-rapport notamment aux États-Unis, est tombé dans le panneau. Résultat: le Canada est un pays de droits humains où l'on respecte tout le monde, où l'on n'a jamais fait de mal à personne, où tous les immigrants sont bienvenues, bla bla bla. Le mythe est TRÈS fort au Canada anglais.

Mais si on lit les commentaires des anglophones dans les medias de langue anglaise, on s'aperçoit que le jupon dépasse. D'un côté, ils n'aiment pas le fait que le Québec n'embrasse pas cette vision des choses et ils refusent qu'on se dise différents d'eux, MAIS de l'autre, beaucoup de Canadiens anglais ont AUSSI des problèmes avec cette Charte, trouvent que certaines minorités poussent le bouchon un peu trop loin. Or ils sont dans une situation schizophrénique car maintenant que le mythe est bien ancré, ils ont de la difficulté à cerner leur propre identité, leur propre culture, leurs propres valeurs. Ce qui se passe les titille, mais ils sont coincés en quelque sorte, surtout que ce n'est vraiment pas politiquement correct de questionner le multiculturalisme trudeauiste. Alors ils l'encensent un peu par défaut et ça leur donne au moins l'impression de se démarquer des Américains. Cerise sur le sundae, ça leur donne aussi l'occasion de faire du Quebec bashing quand la province ose, elle, questionner le multiculturalisme...

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... Et pour faire du pouce sur ce qu'a écrit Cherry, la récente victoire de Justin Trudeau dans la course à l'investiture libérale dans Papineau est révélatrice d'une tension profonde au sein du Parti Libéral du Canada : autant les libéraux canadiens anglophones auraient très mal pris que Justin ne l'emporte pas - et en auraient voulu à Stéphane Dion de ne pas avoir offert un comté sur un plateau au fils du très encensé P.-E. Trudeau - autant les libéraux québécois sont très mal à l'aise avec cette victoire car Trudeau est un nom pas vraiment aimé au Québec.

D'ailleurs, lors du dévoilement des résultats, il y avait beaucoup d'immigrants membres du PLC d'un certain âge, c'est-à-dire ceux qui ont connu les heures de gloire du multiculturalisme trudeauiste.

- O'Hana -

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J'aime bien lire Mr. Facal et pourtant je ne partage pas nombre de ses idées. Il est un des seuls politiciens qui aiment parler des sujets d'actualités en détail (quoi que les choses changent). Toutefois, je dois dire que je trouve qu'il y va très fort dans cet article.

C'est vrai qu'il y a un vent de pratriotisme canadien assez fort depuis les 10 dernières années surtout que le Canada bénéficie d'une très bonne réputation à l'échelle mondiale (en France par exemple, un sondage récent le plaçait comme le pays étranger le plus populaire). Je ne sais pas pour vous mais pour ma part, il m'est arrivé plusieurs fois lorsque j'étais à l'étranger (au Mexique, aux US, au Japon, en France, ...) de me faire demander d'où je venais. Or, lorsque je répondais Canada, on me répondait souvent quelque chose comme "Woah cool" ou "Le Canada s'est un pays où j'aimerais vivre", ce qui ne me manquait pas de me surprendre. Cette bonne réputation dont jouit le Canada il est vrai monte à la tête de quelques-uns (ils ne passent plus dans le cadre de porte comme on dit) qui deviennent alors chauvain et prétentieux mais de dire qu'il s'agit de la majorité alors là je suis en désaccord total.

Pour le reste, il est normal que certains intellectuels prétendent que le système canadien est le meilleur au monde tout comme certains autres pensent que le système américain est supérieur. C'est une question de convictions personnelles et cela n'a rien à voir avec se penser supérieur aux autres comme il est prétendu dans l'article.

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Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, c'est le même Tibote qui poste les mêmes histoires respectivement sous l'identité Tremblé, Simard, Poutine ou Pitoune, Marco911 et depuis le 26 avril, Tibote ...

C'est ce que j'avais déjà mentionné mais personne n'avait relevé... :rolleyes:

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... Et pour faire du pouce sur ce qu'a écrit Cherry, la récente victoire de Justin Trudeau dans la course à l'investiture libérale dans Papineau est révélatrice d'une tension profonde au sein du Parti Libéral du Canada : autant les libéraux canadiens anglophones auraient très mal pris que Justin ne l'emporte pas - et en auraient voulu à Stéphane Dion de ne pas avoir offert un comté sur un plateau au fils du très encensé P.-E. Trudeau - autant les libéraux québécois sont très mal à l'aise avec cette victoire car Trudeau est un nom pas vraiment aimé au Québec.

D'ailleurs, lors du dévoilement des résultats, il y avait beaucoup d'immigrants membres du PLC d'un certain âge, c'est-à-dire ceux qui ont connu les heures de gloire du multiculturalisme trudeauiste.

- O'Hana -

J'ai fait le même constat. Le nombre de turbans autour de Trudeau jr était frappant, hein? Chaque fois que des trucs pareils surviennent, j'y vois une expression supplémentaire des fameuses deux solitudes. L'élection du chef du PLC lui-même en la personne de Stéphane Dion, alias le rat Dion ici, va aussi dans ce sens. C'est fou comme "l'homme de la situation" devient le "looser de la situation" dépendamment de quel côté de la lorgnette on regarde! ^_^

Or dans le Canada anglais, il y a aussi deux solitudes: le point de vue libéral à la Trudeau et le point de vue conservateur à la Harper. La gang du deuxième camp - ils se disent Cons et je me suis faite un plaisir de leur traduire le truc en français :P - n'aime pas particulièrement Trudeau et sa Charte, mais pas pour les mêmes raisons que les Québécois. Certains sont des redneck homophobes, sexistes et racistes - les Québécois francophones représentent d'ailleurs une cible de choix -, et d'autres voudraient que la liberté de propriété soit ajoutée dans la Charte ou que les détenus n'aient pas le droit de vote par exemple. Tous voient Trudeau comme un communiste et se font un plaisir de rappeler qu'il était un ami de Castro. Bref, pas trop cool d'être contre la Charte quand on sait qu'ils sont contre eux aussi, car d'être indirectement associé à ces Cons, eeeeuh... :biohazar:

Modifié par cherry
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ca n'a absolument aucun intéret ici, de plus je ne vois aucun mal a coudre une feuille d'érable sur sa veste si cela leur fait plaisir.

ce sujet n'a vraiment aucun interet!!!!!!

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