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L'eldorado québécois : à l'ombre des gratte-ciels, ces Français qui galèrent

Modifié le 29-01-2013 à 12h55

3 réactions | 4117 lu

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Par Cyrille Giraud

Suppléant EÉLV / Canada-US

LE PLUS. D'après une étude du cabinet Promise Consulting Inc., le Canada serait numéro 2 dans la liste des pays où les Français préféreraient travailler et étudier. Ils sont même déjà près de 150.000 à vivre dans le pays. Mais, derrière le "Canadian dream", se cache une réalité moins idyllique, entre visas et permis de travail : certains Français vivent dans une grande précarité.

Édité par Agathe Mercante

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Vue sur la ville de Montréal, au Québec. Le 29 octobre 2011. (Flickr/Mickael Vesia./cc)

Les médias français prennent plaisir à ressortir le marronnier de l’eldorado québécois, mais la réalité est parfois bien plus cruelle : loin de l’image des exilés fiscaux de la City, les Français arrivés au Québec sont trop souvent des victimes précarisées de l’immense succès migratoire dont ils sont venus grossir les rangs.

Entre les permis “Vacances-Travail”, “Temporaire”, “Étudiant”, “Jeune professionnel” et la "Résidence Permanente", les administrations provinciales et canadiennes font face à des flots de candidatures si nombreux qu'ils ont un impact ravageur sur les modalités et surtout sur les délais d’obtention.

Difficultés financières, impossibilité de travailler, absence de visas...

Pour ne parler que de la "Résidence Permanente" (appelée "RP"), elle est de loin le moyen le plus sûr de rester sur le sol canadien au long terme. Il y a dix ans, les plus chanceux pouvaient l’obtenir depuis la France en moins d’un an. Mais, entre temps, les conditions ont été assouplies pour pouvoir y postuler tout en étant sur le territoire. Résultat : aujourd’hui, certains déjà installés au Canada attendent déjà depuis plus de deux ans !

La fermeture du bureau de Buffalo, dans l’état de New York, qui traitait plusieurs milliers de dossiers de "RP" à l’échelle fédérale, a eu pour conséquence le transfert de ceux-ci dans d’autres bureaux toujours actifs... Et ils sont arrivés directement en-dessous des piles de dossiers déjà en cours. Voici quelques exemples des conséquences subies par certains Français (les prénoms ont été modifiés) :

1. Lucie :

Elle est en congés sans solde, forcés donc, faute d’avoir le droit de travailler. Elle estime en être à 13.600 Dollars canadiens entre ses dépenses et le manque à gagner en huit mois. Son stress rejaillit sur ses parents, qui l’aident tant qu’ils le peuvent. Elle vit par ailleurs très mal l'éloignement du milieu professionnel dans lequel elle s'épanouissait et qui la mettait en contact avec des jeunes depuis plus de trois ans.

2. Alexandre :

Il en est à 20 mois d’attente, alors qu'il a étudié 3 ans sur place, et travaillé aussi pendant 3 ans. Son permis post-diplôme a expiré. Aidé financièrement par ses parents et sa conjointe, il vient tout juste de recouvrer son droit de travailler grâce à l'un des très convoités permis "Jeune professionnel". En incluant les économies englouties, il estime le préjudice financier subit à environ 7.500 dollars canadiens.

3. Karim :

Il connaît bien le Québec puisqu’il y a fait plusieurs aller et retours depuis 2005 grâce à ses études. Sa demande de résidence permanente date néanmoins du mois d'août 2011. Dix-huit mois plus tard, il est toujours en attente et les autorités n’ont pas autorisé sa femme, qui vit en Colombie, à le rejoindre, par suspicion envers son statut actuel dépendant d’un permis de travail fermé (lié à un employeur). Le couple ne s’est pas vu depuis dix mois. Côté chiffres, il évalue l’incidence sur ses comptes à hauteur d’environ 7.800 dollars canadiens, notamment pour l’aide qu’il doit apporter à sa femme.

La précarité pour les ressortissants du monde entier

Mais ce traitement n'est pas réservé qu'aux Français, d’autres candidats, venus d’ailleurs, doivent aussi se débattre :

1. Liam :

Il est à la fois irlandais et sud-africain. Il vit à Montréal depuis la fin de l'année 2009 et il attend, avec sa femme, des nouvelles de leur dossier depuis plus de 18 mois. Il se dit frustré de n’avoir accès à aucun suivi de son dossier. Bloqué dans ses projets de vie, il a dû piocher dans ses économies et n’a pas pu se rendre à deux funérailles familiales. Il évalue l’impact financier entre pertes et manque à gagner à environ 15.000 dollars canadiens, en incluant notamment une période de quatre mois de chômage forcé à la fin de l'année 2012. Il était en effet coincé entre le passage d’un permis de travail fermé à un permis ouvert l’autorisant à travailler pour n’importe quel employeur.

2. Inès :

Elle est tunisienne. Avec son mari, ils attendent leur "RP" depuis 26 mois. Leurs permis de travail respectifs ont expiré récemment alors qu'ils avaient dû les renouveler par deux fois, moyennant 3.000 dollars canadiens. Désormais privée de couverture médicale, Inès doit accoucher en février avec des coûts hospitaliers pouvant atteindre 10.000 dollars canadiens. Leur premier enfant âgé d’un an et demi n’est pas couvert non plus, bien qu’il soit canadien car né sur le territoire.

Les oubliés de Buffalo, l'organisation de la résistance

Face à ces situations, les oubliés francophones ont décidé de faire entendre leur ras-le-bol et ils commencent à s’organiser de façon efficace. Via Facebook bien sûr, avec le groupe “Les oubliés de Buffalo en action”.

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Ce regroupement commence déjà à porter ses fruits. Il trouve une résonance dans les réseaux politiques locaux et s'exporte jusqu'aux diplomates français, sud-africains, tunisiens...

Encore une preuve que la (souvent discrète) communauté française de l’étranger sait se rendre visible, solidaire et efficace quand il le faut.

source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/769251-l-eldorado-quebecois-a-l-ombre-des-gratte-ciels-ces-francais-qui-galerent.html

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  • 2 weeks later...
Posté(e)

Tellement vrai Cyrille!

Je travaille en immigration depuis 6 ans et le message ne change pas même il est pire avec le temps.

Oui le Canada offre des possibilités et ou le Canada est un beau pays mais oublier l'Eldorado. L'immigration doit débuter dans votre pays d'origine ne pas venir ici sans un offre emploi en main.......

Il faut aussi comprendre le pourquoi nous ouvrons nos portes à l'immigration francophone, êtes-vous d'accord avec le pourquoi?

Bonne chance

  • Habitués
Posté(e)

Ce sujet parle de gens qui galèrent à obtenir leurs visas. On ne parle pas de leur galère à trouver un emploi ou à faire reconnaitre leurs diplomes par exemple.

Il est vrai qu'avoir une offre d'emploi avant de partir est l'idéal, mais très peu de gens y arrivent ....

Invité JuliaVV
Posté(e)

En même temps, le permis de travail n'est pas sensé couvrir la période d'attente pour la RP. C'est bien stipulé quand ils en font la demande.

C'est juste que c'est ce que les immigrants font en réalité, pressés de partir.

Ils se sont retrouvés piégés entre l'expiration de leur visa de travail et les délais rallongés de l'attente de leur RP. A qui la faute s'ils ont été prévenus...

Posté(e)

Tout a fait d'accord avec toi JuliaVV. Partir avec un permis temporaire c'est devoir s'attendre a repartir dans son pays.

Ca prend du temps d'avoir la RP mais au moins quand on le prepare de chez soi, ça permet de mieux preparer l'immigration et de ne pas se retrouver dans des situations delicates comme celles la.

On ne peut pas reprocher au pays qui nous accueille d'etre trop long dans le traitement des dossiers, ça serait un peu le comble.

  • Habitués
Posté(e)

Alors là, excusez-moi de vous le dire, mais vous n'avez rien compris à la philosophie de l'immigration au Canada.

Comme on le dit souvent sur le forum, c'est avant tout une immigration économique. Le Canada cherche à attirer des gens qui seront en mesure de s'intégrer au marché de l'emploi rapidement.

C'est pour ça que les gens qualifiés sont prioritaires. Parce qu'ils ont plus de chance de trouver un emploi que les autres.

Le permis temporaire, et je parle bien du PTET et non du PVT qui effectivement n'est pas fait pour ça à la base, est donc un excellent moyen de réussir son immigration.

J'en veux pour preuve l'existence des programmes PEQ et CEC qui facilitent grandement les démarches. Obtention du CSQ en 20 jours dans le cadre du PEQ et ceci sans entrevue : qui dit mieux ?

Prenez la peine de vous renseigner avant de faire des affirmations de la sorte qui risque d'induire les gens en erreur. Merci.

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