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C'était le 24 juillet....1967, il y a 39 ans aujourd'hui


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Il y a 39 ans aujourd'hui en ce 24 juillet 1967 du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, DeGaulle lance son célèbre "Vive le Québec libre".

Vous pouvez voir la vidéo ici :

http://archives.cbc.ca/IDC-0-17-209-1048-1...le_quebec_libre

http://www.youtube.com/watch?v=hrKq6-gZM0I&search=québec

  • Habitués
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Et dire que René Lévesque avait dit: "On a pas besoin d'un Français pour nous apprendre à être libre!"

Vous imaginez si un homme comme Bill Clinton venait aujourd'hui au Québec dire la même chose! :B)

Avec un gros Cohiba dans la bouche!

En passant, pour ceux qui l'ignorent... Comme il est interdit d'acheter des produits cubains aux USA, Bill Clinton (grand amateur de Havane, dond des Cohiba) a souvent fait affaire avec une entreprise de Laval pour obtenir, de façon plutôt singulière les incroyables puros de Fidel! :D

L'histoire ne nous dit pas si ce fût l'un deux qui se retrouva dans les charmes de Monica!! :blushing:

  • Habitués
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Ni francophone, ni souverainiste, je ne vois pas trop ce que Bush Clinton viendrait faire au Québec à part s'y perdre en cherchant la route pour Ottawa :D

Au delà cette petite phrase qui restera dans la mémoire collective, le plus important sont les relations qui s'en suivront. La France considère (enfin) le Québec d'égal à égal, et non plus comme une petite province francophone (3 fois plus grande que la France quand même ...) où vivent de lointains "cousins".

  • Habitués
Posté(e)

Ni francophone, ni souverainiste, je ne vois pas trop ce que Bush viendrait faire au Québec à part s'y perdre en cherchant la route pour Ottawa :D

Au delà cette petite phrase qui restera dans la mémoire collective, le plus important sont les relations qui s'en suivront. La France considère (enfin) le Québec d'égal à égal, et non plus comme une petite province francophone (3 fois plus grande que la France quand même ...) où vivent de lointains "cousins".

C'était Clinton le type en question dans ma réponse, pas Bush... Lui, je ne crois pas qu'on veut le voir chez nous!

Il faut pas oublier également que JFK entretenait de bons liens avec le Québec...

il passait d'agréables moments dans les Laurentides et parlait français...

S'il avait déclaré 'vive le Québec libre' ou Let's freedom coming in Québec'...

je crois que la vague nationaliste aurait été davantage forte,

malgré tout le respect queje porte à De Gaulle...

mais ce n'a jamais été le fort des États-Uniens,

qui sont, par définition, des fédéralistes...donc dfes défenseurs de fédération/confédération...

  • Habitués
Posté(e)

Oui, CLINTON et non BUSH (je viens de corrigé)... Je lisais un article sur le Liban et Bush juste avant, et le nom m'est resté à l'esprit pendant que j'écrivais :P

Mais au final, ça ne change pas grand chose.

  • Habitués
Posté(e)

Quand j'ai Bush en tête, j'ai tendance à préserver mes cellules souches de la barbarie!

  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Il y a 39 ans aujourd'hui en ce 24 juillet 1967 du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, DeGaulle lance son célèbre "Vive le Québec libre".

Vous pouvez voir la vidéo ici :

http://archives.cbc.ca/IDC-0-17-209-1048-1...le_quebec_libre

http://www.youtube.com/watch?v=hrKq6-gZM0I&search=québec

Dans le même ordre d'idée, j'ai trouvé le résumé des festivités commémoratives des 30 ans de cet événement. Ils sont rapportés par le professeur Raphaël Canet (mon premier référent en histoire du Québec :P) dans un de ces travaux pour la chaire MCD de l'UQAM (c'est long mais on s'y croirait ;):

24 juillet 1997, Montréal, place de l’Hôtel de Ville : Commémoration du 30° anniversaire du « Vive le Québec libre » du Général De Gaulle.

Cette manifestation fut organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Elle rassemblait des milliers de Québécois sur la place Jacques Cartier, sous le balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal. Dans la foule où se mêlent jeunes et vieux des drapeaux québécois et français s’agitent. Un ruban tricolore orne le balcon de l’édifice. Des slogans retentissent, « Québec libre et français », « le Québec aux Québécois », « On veut un pays ». Une personne brandit un drapeau canadien, un autre un drapeau pakistanais, ils sont aussitôt pris à partie par la foule. La police doit les escorter hors du groupe.

Je reproduis ci-après le contenu des discours prononcés durant cette manifestation, puis des articles de presse rendant compte de cet événement. J’ai choisi quatre quotidiens (Le Devoir, La Presse, Le Soleil, The Gazette) et un hebdomadaire (L’express) reflétant l’ensemble des tendances politiques, pour plus d’objectivité.

« Québec libre, Québec libre » scande la foule.

Nicole Boudreau :

« Comme je peux l’entendre, vous avez envie d’entendre parler du Québec ce soir. Alors on va vous en parler. Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, je m’appelle Nicole Boudreau et je suis la porte parole de la coalition Partenaire pour la souveraineté qui regroupe environ un million de Québécois à travers tout le Québec. Ce soir, c’est avec un immense plaisir que j’animerai ce grand rassemblement organisé par la Société-Saint-Jean-Baptiste de Montréal pour souligner le trentième anniversaire de l’inoubliable visite du Général De Gaulle à Montréal. On a dit du Général De Gaulle qu’il n’était pas venu faire du tourisme au Québec, mais de l’histoire. Ce soir donc, à l’hôtel de ville de la métropole du Québec s’écrira une autre page de notre histoire. Le 23 juillet 1967, le président de la République française, le général De Gaulle partait de Québec et empruntait le Chemin du Roy. Plus d’un million de Québécois se massait alors sur son passage et acclamait le libérateur de Paris. Hier, de la place de Québec, trente cyclistes empruntaient à leur tour le Chemin du Roy, organisé par l’Office franco-québécois pour la jeunesse et la Société-St-Jean-Baptiste de Montréal, ce tour du général se terminera ici même, dans quelques minutes devant l’Hôtel de ville de Montréal. ».

Intermède musical des French B, avant de commencer, le chanteur fait une petite déclaration :

« Salut, ça va ? Nous on s’appelle les French B. Y a beaucoup de gens qui nous demandent d’expliquer : French B, mais qu’est-ce que ça veut dire ? On a choisi ce nom là parce que circule dans nos veines le sang de toutes les nationalités qui peuplent le Québec. Et certains prétendent que l’avenir est aux sociétés métissées, on a déjà une longueur d’avance sur le monde. On est tellement mélangé qu’on se fourre à chaque fois qui faut voter. Comme on est bien mélangé, on est un peuple, un peu, de bâtards... mais français. Et notre devise est : je me souviens. »

« Le Québec aux Québécois » scande la foule.

« Un pays ».

Nouvelle chanson des French B, L’Indien :

« Là je vous présente, Monsieur l’Indien, en l’honneur de tous les peuples déracinés du monde par la civilisation. »

« Un matin y a un gars qui cogne sur la peau du tipi. M’en va demander la permission, m’sieur l’Indien, d’mettre un poteau à vingt pieds son tipi. M’sieur l’Indien y dit, “ça fait plaisir monsieur.”

Deux jours après, s’en allant à la chasse pour sa famille, se r’tourne de bord, vois un autre poteau à peu près à vingt pieds à gauche. Là y dit, “c’est pas grave, z’en mettrons pas d’autres. Y m’ont d’mander la permission pour en mettre... si en ont mis deux... c’est pas grave, on a d’la place iccitte, on est plein d’espace.”

Un matin, sa femme elle sort, elle dit, “et t’as tu vu dehors, y a un fil, y a un fil entre les deux poteaux, j’connais pas ça là, mais ça sent drôle.” Oh y dit, “c’est pas grave, y en mettrons pas d’autres. Y m’ont d’mander la permission pour en mettre un , y en ont mis deux, c’est pas grave.”

A un moment donné, y s’réveille à un matin, le bébé braillait, sa femme aussi. Lui il était fatigué parce qu’il avait chassé tout la nuit, ben y avait une track, un rail de ch’min d’fer juste en face de sa maison, mais là y avaient pas d’mander la permission. Là y s’dit, “p’t-être que j’aurais pas dû permettre de...” là y s’est mis à bégailler, y sentait quequ’chose de pas correc’. Mais comme son coeur d’or était grand, y dit à sa femme, y dit, “j’espère que nos enfants verrons pas ça.”

Ca fait que, y voulait plus jamais se r’trouver dans sa maison, avec deux poteaux, des fils télégraphiques, une track en avant d’son tipi, pour se faire dire par la civilisation qu’y était plus chez eux. Qu’y était plus chez eux. »

Composition du comité d’accueil des cyclistes en provenance de Québec :

M. Bernard Landry, vice-premier ministre du Québec ; M. Rémy Trudel, ministre des Affaires municipales ; M. Pierre Messmer, ex-premier ministre français ; Mme Colette Saint-Martin, membre du Comité exécutif de la ville de Montréal ; M. Michel Leduc, secrétaire général de l’Office franco-québécois de la jeunesse ; M. Guy Bouthillier, président de la Société St Jean Baptiste de Montréal.

Slogan de la foule « Québécois debout ! », « Québec libre ! ».

Rémy Trudel :

« Monsieur le vice-premier ministre, monsieur Landry, monsieur Messmer qui a été premier ministre de la France 1972-74, aux quarante compagnons et compagnes du général De Gaulle qui nous ont accompagnés pendant toute cette journée magnifique, et vous, chers Montréalais et Montréalaises, chers compatriotes, chers patriotes du pays... Nous avons eu aujourd’hui, trente ans plus tard un parcours magnifique, de Québec en passant par Donnacona, St-Anne-de-la-Pérade, Trois-Rivières, et également bien sûr Louiseville, Berthierville, Repentigny et Montréal, nous avons aujourd’hui refait les pas de géant que nous avait fait faire le général De Gaulle. Ce que nous avons voulu faire aujourd’hui c’est pour les générations futures également. Nous avons voulu au gouvernement du Québec en collaboration avec la Société de St Jean Baptiste et je voudrais le mentionner bien spécifiquement ce soir, à partir d’une idée qui nous a été suggérée et bien travaillée par l’ex-délégué général du Québec à Paris, Marcel Mar, décidé de témoigner devant l’histoire de ce phénomène historique. Nous avons donc refait aujourd’hui le Chemin du Roy. Nous nous sommes rappelés les paroles du général, du président de la République. Ce discours de la modernité, de la capacité, des possibilités, du maître chez nous, de la prise en main du pays, du destin national, et nous avons compris encore aujourd’hui, trente ans plus tard, que nous étions bien près de réaliser tout cela. Et c’est pourquoi de façon bien simple, mais également donc pour l’histoire, nous avons voulu marquer d’une pierre, dans ce beau granit du Québec, cet événement historique qui s’est déroulé il y a trente ans et par ces paroles qui ont été prononcé ici à Montréal et sur lesquelles nous aurons à nous entretenir au cours des prochaines minutes. C’est donc avec grand plaisir qu’en collaboration avec les autorités municipales, nous avons fait graver dans le granit du Québec ce moment historique pour notre peuple, pour notre nation, pour notre pays, et c’est pourquoi ce soir, nous pouvons dévoiler et marquer du poids de cette pierre l’histoire du Québec ici à l’Hôtel de Ville de Montréal, et répéter avec tant de fierté : vive Montréal, vive le Québec, vive la France, vive le Québec !. »

Voici ce qui est écrit sur la pierre commémorative : « Le général De Gaulle, président de la République française a visité officiellement la ville de Montréal le 24 juillet 1967. Cette plaque rappelle le trentième anniversaire de cet événement historique le 24 juillet 1997 par le gouvernement du Québec. »

Mme Colette Saint-Martin : (reçoit la plaque au nom de la ville de Montréal)

« Merci monsieur le ministre, au nom de la ville de Montréal, pour cette plaque commémorative de la visite historique du général De Gaulle à Montréal, dont le point culminant à été le discours prononcé du haut du balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal il y a aujourd’hui même trente ans... »

Le discours est interrompu par l’arrivée de l’ex premier ministre du Québec, leader de la campagne du oui au référendum de 1995, Jacques Parizeau, qui traverse la foule massée sur le parvis de l’Hôtel de Ville. La foule hurle son nom « Parizeau, Parizeau ».

(reprise du discours de Mme Saint Martin),

« ... Je vous disais donc qu’il y a trente ans aujourd’hui, le général De Gaulle avait prononcé son discours du haut du balcon de l’Hôtel de Ville, et dans ce discours, le général louangeait Montréal pour sa vitalité industrielle, sa vitalité scientifique et sa vitalité économique et pour les progrès inouïs qu’elle avait alors accompli. Ô combien il serait intéressant d’entendre aujourd’hui le général De Gaulle parler de Montréal, ville toujours grouillante d’activité, que ce soit par l’importance de ses activités portuaires, par ses nombreuses activités culturelles et artistiques, par son centre ville transformé par de nouveaux gratte-ciel depuis trente ans, par le succès retentissant de nos entreprises de haute technologie et de nouvelle économie, tant dans le domaine de la biotechnologie, du multimédia et de la pharmaceutique. Que dire de nos success stories... (cris de la foule) qui font de Montréal plus que jamais une ville qui ne cesse et qui ne cessera jamais d’étonner et d’émerveiller, une ville ouverte sur le monde, et en cela, le général De Gaulle nous aura bien aidé. Merci. »

Guy Bouthillier, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal :

« Chers amis, chers amis du Québec, chers amis de France, militants et militantes, nous sommes nombreux venus de partout, rassemblés ici ce soir autour d’un grand moment de notre histoire et d’un grand personnage de l’histoire de notre siècle, oui le général De Gaulle, champion moderne de l’affirmation de l’identité nationale, de toutes les identités nationales. Celle de son pays bien sûr, mais celle aussi de tous les pays, et d’abord celles qui, comme la notre, sont les plus menacées. Champion de l’identité nationale, et par conséquent champion de la résistance à plus fort que soi. Et notamment aux grandes hégémonies de cette fin de siècle, pour qui il n’y aura de meilleur de monde que celui dans lequel les peuples et les nations se seront effacées dans le nivellement par le bas. Oui, le général De Gaulle nous a aidés, lui qui, parce qu’il a refusé la défaite, organisé le combat puis trouvé le chemin de la victoire, nous a appris que les défaites ne sont pas définitives et que les victoires sont possibles pour ceux qui, comme nous, sont déterminés à vaincre. Nous savons que nous ne sommes pas, que nous ne sommes plus, que nous ne serons plus jamais seuls, et qu’enfin et pour toujours nous sommes sortis de cet isolement dans lequel on s’employait à nous maintenir pour mieux nous dominer. Mais si nous sommes sortis de l’isolement, c’est pour entrer dans le monde de la responsabilité. En effet, ce que nous faisons ici au Québec, nous le faisons pour nous même bien sûr, mais nous le faisons aussi pour les autres, pour tous les autres. Et notamment pour nos voisins du Canada anglais qui ne sont pas moins que nous placés sous la menace de l’uniformisation et de la perte d’identité. Il est important de nous retrouver rassemblés ce soir autour de ce grand moment, et il est important surtout que ce soit en cette année 1997 que nous redisions au monde que nous sommes un peuple car certains autour de nous paraissent encore en douter. Il est important en cette année 1997 que nous réaffirmions notre droit de disposer de nous même au moment même où certains politiciens à Ottawa se préparent à obtenir de leurs avocats, de leurs juges et de leur Cour suprême, que ce droit nous soit nié. Et il est important que ceci ce soir se passe à Montréal métropole du Québec français où certains se laissant emporter par la haine voudraient transformer notre ville en un autre et pitoyable Belfast.

Vous le voyez, si nous avons appelé aujourd’hui à venir vous rassembler ici, ce n’est pas par simple nostalgie de ce qui restera toujours l’un des moments forts de la lutte du Québec pour son indépendance, non, si nous vous avons appelés à vous rassembler ici ce soir, c’est parce que nous croyons que ce souvenir est souvent la meilleure façon de se projeter vers l’avant et qu’en puisant dans nos mémoires l’énergie qu’il nous faut pour franchir la dernière étape, nous préparons le jour où bientôt, demain, l’un des nôtres pourra dire du haut du balcon, à la face du monde : vive le Québec français libre ! »

Annonce du nombre de manifestants : 3 500.

Message du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement, lu à la tribune :

« Voici trente ans, en exaltant le Québec libre, le général De Gaulle a essentiellement voulu marquer l’émergence d’une nouvelle étape historique. Il fallait d’abord reconnaître, fut-ce implicitement, ce qu’avait été l’abandon de la France deux siècles plus tôt. Mais il fallait surtout constater que par le travail de générations et de générations de Québécois, par l’essor démographique, par le courage de la Révolution tranquille, un nouveau pays était né. Ce nouveau pays qui avait su s’émanciper en deux siècles d’une situation quasiment coloniale devait être reconnu à égalité de droits et de devoirs. Tous n’étaient pas encore prêts à l’admettre en 1967, c’est ce qui fit à proprement parler le scandale du propos du général. C’est ce qui fit aussi son côté novateur. Les Français, les Américains, les Anglais, tout le Canada, le monde entier mais aussi le Québec lui-même, tous durent faire leur une nouvelle vision du Québec. Tous durent intégrer qu’une société nouvelle était en marche, que sa langue, sa culture devait être respectée, que son économie devait être réappropriée et qu’elle avait quelque chose à dire au monde. Trente ans après le discours de Montréal, la sympathie pour le Québec en France est totale et tous les gouvernements successifs n’ont pas manqué de rappeler que quelque soit le choix des Québécois, il sera celui de leurs frères de France. »

Message du Parti Communiste Français :

« Trente ans déjà. L’onde de choc du 24 juillet 1967 se propagea du balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal au monde entier. L’événement demeure dans toutes les mémoires. Il permit à tous les Francophones et à l’opinion internationale dans son ensemble de mesurer la force de l’identité du Québec et de l’exigence de la voir pleinement respectée. A qui en aurait douté, le résultat spectaculaire obtenu par le Oui au référendum du 30 octobre 1995 est venu rappelé la permanence de l’aspiration du peuple Québécois, en particulier de sa jeunesse, à voir reconnaître sa langue et sa culture spécifique comme l’un de ses droits fondamentaux. Les Communistes français, profondément attachés aux liens privilégiés qui unissent nos deux pays, ont de la francophonie une conception progressiste faite de tolérance et donc d’ouverture aux autres cultures en même temps que de la résistance à l’hégémonie et de rejet des discriminations. Dans cet esprit nous vous exprimons notre sympathie et notre solidarité. »

Jacqueline Ecpaso (d’origine franco-africaine, installée au Québec depuis 20 ans) Vice présidente du mouvement national des Québécoises et Québécois :

« Bonsoir à tous. Les patriotes algériens disent : les anniversaires sont à la fois douloureux et glorieux. Souvenir de ceux qui sont tombés, exemple de ceux qui ont vaincu. Les historiens eux disent : regarder le passé nous fournit des pistes pour l’avenir. Mémoire et histoire sont les assises du devenir de peuples. Ce trentième anniversaire aujourd’hui n’est pas synonyme de nostalgie comme l’a dit monsieur Guy Bouthillier, au contraire, il nous donne le recule historique nécessaire pour mieux apprécier la portée de cet événement. En effet, commémorer la visite du Général, c’est se remémorer, remettre en mémoire toute une époque riche d’enseignement et d’histoire. Charles De Gaulle personnifie on ne peut mieux cette époque. Il y a un peu plus de trente ans, c’était la fin du temps de la France des colonies, tant bénie pour les milieux colonialistes français, mais haïe pour les peuples qui en subissaient le joug. Le Général est issu de ce temps là. Il s’est trouvé à l’intersection de la fin d’une époque, le colonialisme, et de l’enclenchement d’une autre, le néocolonialisme, donc à l’intersection de deux courants de l’histoire. Les circonstances ont fait de lui un homme providentiel qui a su appeler à la résistance contre le fléau nazi, qui a su aussi galvaniser les espérances indépendantistes au Québec. De Gaulle, c’est aussi le symbole d’une certaine idée de la grandeur de la France, faite de fierté et du sens de l’honneur. Une certaine image de la république aussi, quoique teintée d’une touche de paternaliste. De Gaulle, c’est aussi la fin du mythe colonial français. Le mythe de l’empire égalitaire universel où il faut le dire, certains peuples étaient plus égaux que d’autres, ce qui n’est pas sans nous rappeler la situation du peuple québécois, qui ne peut pas être reconnu comme l’égal du peuple canadien anglais dans la cadre de la fédération canadienne actuelle. Cette époque de la fin des années 60 reste un symbole puissant pour ceux et celles du tiers-monde et leurs sympathisants occidentaux qui osaient, et osent encore, rêver d’une vie hors de la mainmise européenne et américaine. Si la France de De Gaulle voulait s’affirmer comme nation indépendante face à l’hégémonie anglo-saxonne, l’Afrique des mouvements d’indépendance nationale voulait se libérer de l’hégémonie française et anglaise. N’oublions pas que les deux plus grands empires coloniaux d’alors, ceux de France et de Grande-Bretagne, se sont effondrés sous la poussée des mouvements d’indépendance nationale des peuples du tiers-monde souvent soutenus par l’une ou l’autre des autres grandes puissances, les Etats-Unis et l’Union Soviétique.

L’Inde, le Vietnam, l’Algérie, proclament leur indépendance. Devant la poussée indépendantiste des colonies, De Gaulle a su lâcher du leste et arrêter les frais. Il a accepté l’inévitable décolonisation politique et s’est incliné devant le résultat référendaire où la Guinée a décidé d’être indépendante, déjà en 1958. Acceptation donc de l’inévitable décolonisation politique, mais tout en sauvegardant le maximum d’intérêts économiques pour la France. Le Canada anglais ne pouvait-il pas être aussi lucide que De Gaulle l’a été face aux mouvements d’indépendance des peuples colonisés et accepter lui aussi l’inévitable indépendance du peuple québécois ?

Cependant la décolonisation économique n’a pas suivi la décolonisation politique formelle. Voilà une autre leçon à tirer pour le peuple québécois, car sans projet social, c’est-à-dire sans contenu socio-économique, l’indépendance politique n’est qu’une coquille vide. C’est tout au plus une condition nécessaire mais hélas non suffisante. L’exemplarité et l’héritage des luttes de cette époque sont extraordinaires. Ce qu’il faut en retenir, et ce que De Gaulle avait compris et défendait, c’est que les peuples des petits pays ne sont pas impuissants devant des plus grandes forces qu’eux. C’est que les forces de l’argent, même combinées aux forces des armées, peuvent être combattues victorieusement. Les petits pays avec des peuples conscients et organisés ont réussi à soutenir l’espoir de libération de tous les peuples. Le Vietnam a consacré l’échec des interventions armées des grandes puissances françaises et américaines contre la volonté d’autodétermination du peuple vietnamien. En outre, malgré une guerre populaire victorieuse et particulièrement sanglante menée par le peuple vietnamien, les rapports entre les Etats belligérants ont repris après l’indépendance. L’Algérie où la lutte de libération nationale du peuple algérien a ouvert la voie à la décolonisation politique de l’Afrique reste un exemple de valeur. Ces quelques exemples de lutte de libération nationale et sociale, commencées dans les années 50 ne sont pas terminées, loin de là, pour certaines, elles attendent encore leur dénouement, ici même, maintenant, au Québec. Pour terminer, à l’instar du Général, ce qu’il faut allier et ce qui doit nous animer, c’est le devoir de résistance et l’espoir de libération. »

« Parizeau, Parizeau... », scande la foule.

Message de l’UDF, lu à la tribune :

« Il y a trente ans, le Général De Gaulle est venu dire ici que le peuple québécois, comme tous les autres, devait avoir le droit de disposer de lui-même par les voies démocratiques. Il a également voulu témoigner avec éclat de l’existence au Québec d’une véritable nation, forgée au long d’une histoire parfois douloureuse, d’une nation attachée à sa culture et à sa langue, d’une nation vivante animée par une forte communauté de destin. En 1967, ce message avait été d’emblée compris par les Québécois car il exprimait leur aspiration à la reconnaissance de leur identité, de leur dignité et de leur liberté. Aujourd’hui, au-delà des divergences d’opinion, sur les formes que doit revêtir cette reconnaissance, qui pourrait contester ce principe et ses réalités. Comme souvent, De Gaulle avait vu juste et loin. L’histoire des trente dernières années sur cette terre québécoise l’a bien montré. C’est pourquoi l’hommage solennel rendu en ce jour à Montréal à Charles De Gaulle peut rassembler. Rassembler tous ceux qui ici et ailleurs, et en particulier en France, admirent et aiment le Québec et le peuple québécois. Les Français et les Québécois sont unis par des liens profonds qui tiennent autant de l’histoire que des sentiments. Cette anniversaire leur est commun, il est la manifestation symbolique de leur relation à nulle autre pareille. Longue et heureuse vie au Québec et à la fraternité franco-québécoise. »

François Aquin, premier député indépendantiste au Québec :

« Chers amis. Au-delà des exégèses et des controverses, les choses sont simples. Le Général De Gaulle est venu ici en 1967 pour affirmer en terre québécoise le principe fondamental du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce faisant, le Général saluait l’avènement d’un peuple qui, depuis plus de quatre siècles, vit en français sur le sol d’Amérique. Il exorcisait, il légitimait également pour toujours l’appel à l’indépendance en invoquant ici un Québec qui soit décolonisé et libre. A moins qu’une société ait choisi de tisser elle-même sa propre fatalité, il ne saurait y avoir pour un peuple de liberté à s’éteindre ou à disparaître, pour durer et pour progresser comme communauté nationale, les hommes et les femmes d’ici comme de partout, ont besoin de l’armature d’un Etat qui leur appartient. Québécoises, Québécois, être libre, quant à nous, veut dire être aux commandes d’un Etat souverain. Seul un Etat souverain peut sauvegarder notre langue et notre culture. Seul un Etat souverain peut nous projeter dans l’avenir et nous y forger un destin. A l’heure où la planète se mondialise, la nécessité devient de plus en plus pressante d’assurer nos propres assises. Etre citoyen du monde, oui. Mais encore faut-il un domicile, encore faut-il une adresse pour s’ouvrir au monde. Ce ne peut être cette fédération canadienne où nous sommes tout au plus des sous-locataires et qui n’est au fond qu’une union législative assimilatrice qui n’ose dire son nom. Un peuple ne peut accepter d’être perpétuellement le vassal d’un autre peuple. On ne saurait nous embastiller dans une constitution imposée en 1867 et en 1982, et qu’on soit clair, aucune juridiction et aucun texte ne pourra jamais bloquer le destin d’un peuple.

Elle se décide ici la majorité de celles et de ceux qui, collectivement, veulent prendre en main leur propre destinée pour que le Québec soit souverain et devienne un acteur autonome dans la communauté internationale. Chers amis, De Gaulle a séjourné que quatre jours au Québec en 1967 mais il était allé au fond des choses. Pour la masse de ceux qui l’ont entendu, vu et côtoyé, le quotidien s’était soudainement estompé pour laissé passer l’histoire. Nous avions l’impression, comme le dit Michelet de 1789, nous avions l’impression soudainement que tout nous était devenu possible. Et c’est encore vrai. Le message de De Gaulle demeure, c’est le message de la continuité française, le message de la fierté, le message de l’espoir, et comme il se doit quand le message vient de France, c’est le message de la liberté. »

Francine Lalonde, député du Bloc Québécois :

« Monsieur Messmer, représentant du président Chirac, Monsieur le vice-premier ministre Bernard Landry qui occupe les fonctions de premier ministre en l’absence du premier ministre.

Chers amis. A tous les détracteurs de cette commémoration. A tous ceux qui se sont opposés de toutes sortes de manière à l’érection de la statue à Québec, ils ont appris une chose essentielle, c’est la joie de la foule québécoise qui a accueilli tout au long de ces quatre jours, Charles De Gaulle. Tout au long du Chemin du Roy et de façon croissante jusqu’à Montréal où, c’était toujours le 24 juillet, il y avait des foules qu’on a évaluées à un demi-million sur la rue Sherbrooke et qui l’applaudissait, criait, le recevait, le reconnaissait, c’est ça qui a fait la force de Charles De Gaulle et c’est ça qui, en retour, à lancer d’une autre manière ce mouvement qui allait devenir ce qu’est le Québec d’aujourd’hui. C’est donc un accueil unique du peuple que Charles De Gaulle a reçu. En revanche, il a projeté pour un bref moment les feux de l’éclairage mondial sur cette nation française d’Amérique devenue québécoise. Lui ériger une statue et célébrer les trente ans de cette visite, c’est simplement reconnaître sa clairvoyance historique. Et ceux qui y voient de la provocation me font penser à ceux qui se sont opposé à l’érection de la statue de Louis Riel à Winnipeg. Daniel Johnson, il faut la rappeler, Daniel Johnson le père, qui avait organisé ce voyage triomphal de De Gaulle, savait à quel point il avait besoin de cet appuie populaire pour négocier comme premier ministre du Québec avec Ottawa. Mais ça mes amis, ça n’a pas changé. La clairvoyance du Général, on l'a vu par cette aide inouïe qu’il a donné au mouvement souverainiste, mais aussi à tout le peuple canadien-français, devenu québécois en 67.

C’est une clairvoyance qui a donné un impact immédiat et qui s’est répercuté on peut dire à travers le monde. Mais il y a aussi un impact à long terme et sa clairvoyance, ça été aussi de comprendre que jamais, jamais cette souche française, ce peuple devenu québécois, se contenterait de ce qui ne lui permet pas de se développer à son maximum, de protéger sa langue et sa culture, il ne savait pas comment, mais il savait de façon certaine que ce mouvement appellerai la liberté. Et ce peuple canadien-français devenu québécois a continué sa marche entravé par un fédéralisme centralisateur, un mouvement souverainiste a grandi, s’est incrusté, malgré le référendum perdu de 80, avant d’enfler ce mouvement jusqu’à une quasi-victoire, mais une défaite quand même, de 1995. Mes amis, ce référendum de 1995, il s’est tenu à la face du monde, comme ce voyage de De Gaulle en 67, et son résultat savait, annonçait, ce qui ne surprendrait personne, qu’un nouveau pays de langue française, généreux pour sa minorité anglophone, prêt à donner suite à la reconnaissance des nations autochtones, ouvert au monde, un nouveau pays est né. »

Estimation de la foule présente sur la place de l’Hôtel de Ville, 4 000 personne.

Message du RPR :

« Voici que se dresse désormais dans la ville de Québec une statue du Général De Gaulle. Cette oeuvre répond à la volonté des Québécois de commémorer le voyage de 1967 qui est pour nous, et de plus en plus clairement, si riche de sens. Car si l’on a coutume de dire qu’une statue se dresse, nous savons bien nous autres, de part et d’autre de l’Atlantique, contre quoi elle se dresse.

Comme toujours De Gaulle se dresse contre l’abandon de soi, la douce et trompeuse musique de ce qui se fait un peu vite passer pour une fatalité, idée dangereuse et subtile toujours renaissante que la liberté est hors d’atteinte. Ce refus magnifique des fausses fatalités, c’est ce que le Québec nous dit depuis plus de deux siècles. Il le dit à la France, il le dit à la francophonie, il le dit au monde entier. Aucun message n’est plus précieux en un temps où l’on veut faire croire que le monde moderne disqualifie la personnalité des peuples, et cette vérité jetée à la face d’une mondialisation trop souvent maniée comme une machine de guerre contre la liberté, cette vérité si nécessaire, le Québec la porte ne lui une fois pour toutes et pour nous tous. C’est ce dont est venu témoigné en 1967 et très notamment ici à Montréal, le général De Gaulle. Il fut alors incompris de beaucoup, mais depuis lors, chaque jour vous lui avait donné raison, et vous le ferez encore à l’avenir, car ce message est devenu même, pour les incrédules, une évidence. Que De Gaulle, une fois de plus, se dresse ici, et qu’il parle parmi vous, avec vous, de l’impérissable liberté de l’homme et ce qui lui donne sa meilleure âme dans l’histoire, la liberté des peuples. »

Jacques Parizeau, ex-premier ministre du Québec (la foule exulte) :

« Mes amis, on a bien failli l’avoir. Et la prochaine fois on va l’avoir. Le cheminement il est long, je sais. Pour beaucoup d’entre nous, il est dur, fatiguant, il faut travailler, travailler fort avec persistance, mais on va finir par l’avoir. Et c’est dans ce cheminement-là, long, difficile, qu’il faut se remémorer les grands moments du cheminement du peuple québécois vers son indépendance, et c’est ce que nous faisons ce soir ici, nous nous souvenons qu’il y a trente ans, un homme de ce balcon, à soulevé l’émotion et le coeur des québécois, nous ne l’oublierons jamais.

Pas plus que nous n’oublierons la défaite de 80, la défaite de 95, le progrès, on l’a eu presque la dernière fois, on l’aura la prochaine fois. Il faudra alors avoir la gratitude à l’égard de tous ceux qui nous ont donné le coup de main qu’il fallait pour qu’enfin, les Québécois aient leur pays. Ca vient les amis, ça vient. Ce soir c’est dans la joie qu’il faut se dire, elle était belle cette journée de 1967, y a une plus belle journée encore qui s’en vient. A bientôt mes amis. »

Message du PS :

« Voilà trente années que le général De Gaulle, président de la République française, a lancé au peuple du Québec un message de liberté. Ce message est d’actualité pour votre pays, pour le notre et pour la francophonie tout entière. Dans un monde où la mondialisation, où l’uniformisation culturelle et linguistique avance à grands pas et avec quelle arrogance, montrons, montrons nos originalités, assurons le libre développement de toutes les cultures, maintenons la diversification linguistique du monde et soyons présents sur les grands circuits de l’information. Le Parti Socialiste croit à votre combat et à votre destin forcément lié à celui de la francophonie, il partage vos espérances. Vive le Québec, vive la France et vive la francophonie. »

Pierre Messmer, premier ministre français de 1972 à 1974 :

« Monsieur le vice-premier ministre, monsieur le ministre... monsieur l’ancien premier ministre, mes amis. Il y a trente ans exactement, quand le général De Gaulle lançait du balcon qui nous surplombe les quatre mots qui ont aussitôt fait le tout du monde, et bien, il a déclenché une sorte de tremblement de terre. L’événement a été accueilli dans l’enthousiasme ici même par tous ceux qui étaient venus l’entendre, et qui lui ont fait l’accueil inoubliable que ceux qui étaient présents connaissent encore aujourd’hui et qu’ils peuvent nous raconter. Mais, il faut bien le reconnaître, à cette époque, à mesure que le tremblement de terre s’étendait, il n’était pas toujours aussi bien reçu. Il n’a pas été reçu aussi bien à Ottawa qu’à Montréal... Et, je dois vous dire, qu’il n’a pas été reçu avec une satisfaction unanime en France même. Les adversaires du général De Gaulle, et puis aussi, dans l’opinion, ceux, trop nombreux hélas, qui avaient un peu oublié le Québec, tous ceux-là en ont été plus étonnés que réjouis. Et c’est vraiment un progrès que de constater aujourd’hui, à travers la lecture des messages qui vient de vous être faite, c’est vraiment un grand progrès que de constater qu’il n’y a plus, en France, la moindre opposition à ce voeux du le général de Gaulle. C’est l’assurance pour le Québec que le jour où il prendra une décision aussi importante pour son avenir, la France, quel que soit son gouvernement, approuvera sans aucunes hésitations sa décision et se retrouvera, une fois de plus, auprès de vous. C’est aussi la preuve, cette exclamation célèbre est aussi la preuve, trente ans après, que bien des choses ont changé, et que selon la formule de Malraux, tout le monde a été, est ou sera un jour gaulliste. Et bien oui, le monde a beaucoup changé en trente ans. Le monde qui nous entoure, mais la France et le Québec ont aussi beaucoup changé. Nous même nous avons bien changé, ceux qui étaient des hommes d’âge mûr à cette époque sont devenus des vieillards, j’en suis un exemple, mais ceux qui étaient tout petits enfants, sont aujourd’hui des hommes et des femmes. Mais, si bien des choses ont changé, ce qui n’a pas changé, c’est l’actualité du message du général De Gaulle devant les Montréalais le 24 juillet 1967. Et ce message était très simple. C’est pourquoi il est si bien passé tout de suite. Ce message était très simple, il consistait à affirmer que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, que le droit du peuple québécois à disposer de lui-même est un droit inaliénable. Et il consistait à rappeler ce qui n’est pas sans un certain intérêt ni même sans une certaine actualité, qu’aucun gouvernement, aucune administration, aucun tribunal ne peut aller contre la volonté populaire dans une démocratie. Car dans une démocratie, il n’y a qu’un seul souverain, et le souverain, c’est le peuple. Ce message du général De Gaulle est aussi actuel, nous en sommes tous conscients, est aussi actuel aujourd’hui qu’il y a trente ans, et c’est pourquoi je conclurai tout simplement cette allocution très brève en criant, vive le général De Gaulle... vive le Québec libre et vive la France. »

Bernard Landry, vice-premier ministre du Québec :

« Messieurs les anciens premier ministres Messmer et Parizeau, monsieur le président de la Société de St Jean-Baptiste, chers collègues, chers amis, chers compatriotes, chers patriotes, et particulièrement chers amis français qui avaient traversé l’Atlantique pour vous mêler à nous ce soir place Jacques Cartier, pour que nous parlions ensemble, suivant les traditions de nos deux peuples, de liberté, d’égalité et de fraternité. Il est émouvant également de voir que la question de la souveraineté politique du Québec, en France, n’est plus une question partisane, et il est singulier de voir que si certains partis politiques québécois approfondissaient leur réflexion comme leurs collègues français, nous aurions gagné le référendum avec 99%. Ne désespérons pas, tout peut arriver. La preuve, c’est que j’étais ici il y a trente ans, sur la même place, un beau soir de notre été québécois que l’on dit trop court. Il y avait avec moi des figures que je reconnais à l’avant plan. Sans les froisser nous étions de jeunes militants et militantes souverainistes remplis d’espoir. L’un des qualificatifs s’est enfui avec le temps, nous ne sommes plus jeunes.

Nous sommes des militants et des militantes du Québec libre, mais l’espoir à été remplacé par la certitude que notre peuple sera libre. Pourquoi cette certitude, d’abord, parce que, si l’on regarde derrière, c’est permis de le faire, nous évoquons l’histoire ce soir, il y a soixante ans il devait y avoir à peu près soixante personnes qui croyaient à la souveraineté du Québec. Nous sommes aujourd’hui des millions. Entre la campagne du président du Oui en 80, René Lévesque, et celle du président du Oui en 95, nous avons ajouté un million de voix. Il n’est pas nécessaire d’être mathématicien pour comprendre que nous sommes en face d’une tendance, irréversible, incompressible, puissante, forte et belle. Par ailleurs, cela ne veut pas dire, même si nous sommes assurés de rencontrer notre destin, que nous n’avons pas à travailler de toutes les forces de nos intelligences, de nos coeurs, de nos capacités de persuasion fraternelle, non seulement à gagner le prochain référendum, mais le gagner d’une manière éclatante qui ne laissera aucun doute sur notre détermination. Celui qui, il y a trente ans, et venu parler ici de liberté, savait de quoi il parlait. Il avait déjà une réputation planétaire de combattant de la liberté. Dans des périodes où sa conquête était beaucoup plus difficile et beaucoup plus cruelle qu’aujourd’hui, dans des affrontements qui ont terni la première moitié de notre siècle de leurs spectres sinistres. 14-18, des millions de morts laissés sur le terrain de l’absurdité violente et guerrière. Le général De Gaulle a participé au combat de la liberté en ces années lointaines, blessé deux fois, prisonnier de guerre, évadé, pensant comme tout le monde qu’une telle horreur ne pouvait plus se reproduire.

Elle s’est reproduite en 39-45, plus horrible encore. Des dizaines et des dizaines de millions de morts de plus sans compter cinq millions de victimes juives sacrifiées sur l’autel du fanatisme et de l’intolérance. Le général De Gaulle était encore à la pointe du combat de la liberté, contre l’oppression, contre l’obscurantisme. C’est cet homme extraordinaire, auréolé de cette gloire mondiale, qui a gravi les marches de ce balcon pour venir, non pas faire naître au Québec l’idée de liberté, elle était déjà chevillée dans nos coeurs, mais pour dire au monde qu’elle existait. Et plusieurs années plus tard, René Lévesque, premier ministre du Québec, s’est fait dire par le directeur du Quotidien du Peuple, à Beijing en Chine que ce jour de juillet, la langue chinoise s’était enrichie d’un nouvel idéogramme qui n’existait pas encore pour symboliser le mot Québec.

Le général De Gaulle, dans une petite phrase, nous a fait connaître à au moins 1,2 milliard de personnes qui jusqu’à ce jour ne savaient pas que nous existions. Si notre peuple n’est pas des plus grands en nombre ça n’enlève rien au fait qu’il porte en lui la caractéristique fondamentale de tous les groupes humains qui constituent un peuple : le désir d’être l’égal, non pas des autres juridictions administratives, des autres provinces lointaines ou proches, mais l’égal des autres peuples de la terre. Et cette idée n’est pas une idée mesquine, ni passéiste, justement peut-être en raison de cette mondialisation et de cette globalisation dont on parle tous les jours, l’idée de peuple et de nation est plus importante que jamais. Un individu, cinq milliards d’êtres humains, l’écart est grand. Quel est le rôle de la nation ? De créer un niveau essentiel de solidarité entre les hommes et les femmes pour que le dialogue humain puisse se faire dans l’harmonie et dans la paix entre les petits peuples, les grands, et tous les humains. Voilà une idée qui n’est pas passéiste, voilà une idée qui n’est pas vieille, voilà une idée éternelle. Et elle est de plus en plus reconnue. Nous avons vu par exemple dans la ville de Rio, un formidable congrès pour louer l’effort de la biodiversité et de la conservation des espèces ? Et c’est un combat noble. Imaginezvous la noblesse du nôtre qui vise à préserver la diversité culturelle, la diversité nationale et le droit des peuples à s’affirmer, à se parler et à parler au monde. Ce message prémonitoire qui est tombé du balcon de l’Hôtel de Ville sur des gens réjouis et d’autres abasourdis mais qui disait bien que ce drapeau fleurdelisé, que certains d’entre vous portez avec dignité et amour, ce drapeau fleurdelisée qui convient à nos mois de juillet, mais beaucoup aussi à nos janviers bleus froids et blancs, ce drapeau fleurdelisé, ce que le général De Gaulle a annoncé au monde, c’est qu’un jour il allait s’élever devant l’édifice des Nations Unies avec cent cinquante autres pour annoncer au monde que le Québec avait choisi la liberté. Quand le général De Gaulle a dit Vive le Québec libre ! il a signifié ce qui était dans la nature des choses que nous et nous seuls pouvons décider de notre destin et que le vrai tribunal, comme disait le premier ministre Messmer, c’est celui du peuple, c’est le peuple par le peuple, donc le général nous disait que nous étions libres de choisir. Avant qu’il ne soit longtemps, Vive le Québec libre que nous ferons retentir aura une autre signification, cela voudra dire que nous aurons choisi. Le Québec aura utilisé sa liberté pour prendre sa place dans le concert des nations et devenir fièrement une nation indépendante. Cela ne saurait tarder, mais ce que je voudrais que nous nous disions ensemble ce soir tous et toutes, fraternellement, c’est que cette évocation historique, elle devrait être parmi les signes avantcoureurs de la mobilisation pour la prochaine étape. Nous devons, ce soir, nous faire mutuellement l’engagement de consacrer toutes nos forces démocratiques, toutes nos capacités sur les lieux du travail, dans les gouvernements, dans les assemblées de loisirs, dans les travaux intellectuels, de commencer la mobilisation qui va nous conduire à l’étape suivante. René Lévesque avait dit, à la prochaine, nous sommes maintenant en mesure de dire à bientôt. Bientôt nous l’aurons ce pays, dans la dignité, et nous l’aurons mérité. »

Diffusion du message radiodiffusé du discours prononcé par le général De Gaulle le 24 juillet

1967 :

« C’est une grande émotion qui remplie mon coeur en voyant devant moi la ville de Montréal française. Au nom du vieux pays, au nom de la France, je vous salue. Je vous salue de tout mon coeur. Je vais vous confier un secret que vous ne répéterez pas. Ce soir ici, et tous le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la libération. Et tous le long de ma route, outre cela, j’ai constaté quel immense effort de progrès, de développement, et par conséquent d’affranchissement vous accomplissez ici, et c’est à Montréal qu’il faut que je le dise, parce que s’il y a au monde une ville exemplaire par ses réussites modernes c’est la vôtre. Je dis c’est la vôtre, et je me permets d’ajouter c’est la notre. Si vous saviez quelle confiance la France réveillée après d’immenses épreuves porte maintenant vers vous. Si vous saviez quelle affection elle recommence à ressentir pour les Français du Canada. Et si vous saviez à quel point elle se sent obligée de concourir à votre marche en avant, à votre progrès. C’est pourquoi elle a conclu avec le gouvernement du Québec, avec celui de mon ami Johnson, des accords pour que les Français de part et d’autre de l’Atlantique travaillent ensemble à une même oeuvre française.

Et d’ailleurs le concours que la France va tous les jours un peu plus prêter ici, elle sait bien que vous le lui rendrez, parce que vous êtes en train de vous constituer des élites, des usines, des entreprises, des laboratoires qui feront l’étonnement de tous et qui, un jour j’en suis sûr, vous permettrons d’aider la France. Voilà ce que je suis venu vous dire ce soir, en ajoutant que j’emporte de cette réunion inouïe de Montréal, un souvenir inoubliable, la France entière sait, croit, entend ce qui se passe ici, et je puis vous dire qu’elle en vaudra mieux. Vive Montréal, Vive le Québec... Vive le Québec libre... vive le Canada-français et vive la France. »

(tout est d'origine, y compris les fautes et les espaces ;) ).

Perso, je suis heureuse d'être au Québec en 2007 pour deux événements que je n'aurai pas pu louper:

40 ans de la déclaration de de gaulle et les 30 ans de la loi 101 !

Sur ce je retourne à la question identitaire des québécois ;)

Modifié par petiboudange
  • Habitués
Posté(e)

Moi aussi je serais heureux d'être au québec en 2007 pour ces 2 évènements: :D

40 ans de la déclaration de de gaulle et les 30 ans de la loi 101 :excl:

  • Habitués
Posté(e)

Moi aussi je serais heureux d'être au québec en 2007 pour ces 2 évènements: :D

40 ans de la déclaration de de gaulle et les 30 ans de la loi 101 :excl:

:lol:

Bon je t'invite pas à te joindre à moi, ou tu vas te faire traiter de noms d'oiseaux ;)

Mais on verra si on peut se regrouper pour fêter ;)

Chhhhhhhut, j'ai rien dit, je suis même plus là.

Fantomas, c'est moi . :ph34r:

  • Habitués
Posté(e)

Ça me rappelle la parodie de Rock et Belles Oreilles (un groupe d'humoristes québécois):

Bourassa (paniqué): "Mais qu'est-ce qui vous a pris? Vous allez provoquer des émeutes!"

De Gaulle: "Mais c'est qu'ils ne m'ont pas laissé finir ma phrase. Je parle... trop... lentement. Je voulais dire: Vive le Québec libre... de vivre en tant que société distincte dans un Canada uni et multiculturel."

:heu2: :wacko: :poilant:

  • Habitués
Posté(e)

Puisqu'on en était à parler de 1967, je me permets de vous faire partager ma dernière trouvaille: la rétrospective virtuelle de l'expo 67, dont le Globe and Mail dira que le Canada devint adulte le 28 octobre 1967(à 100 ans, il fut temps :P).

Image IPB

(cliquer sur l'image pour vous rendre au site ;)

  • Habitués
Posté(e)

L'expo ? J'étais la...gnan gnan :P

jimmy

  • Habitués
Posté(e)

L'expo ? J'étais la...gnan gnan :P

jimmy

M'en fiche, moi j'ai la plaque d'immatriculation (celle en photo :P)

Pis je serai là en 2007 ;)

  • Habitués
Posté(e)

Tiens, une tite tounne kétaine pour toi....et Zogu :B) :

Beau Dommage

Le blues d'la metropole

Paroles: Pierre Huet. Musique: Beau Dommage

--------------------------------------------------------------------------------

En soixante-sept tout était beau

C'était l'année d'l'amour, c'était l'année d'l'Expo

Chacun son beau passeport avec une belle photo

J'avais des fleurs d'in cheveux faillait tu être niaiseux

:flowers:

jimmy

  • Habitués
Posté(e)

Tiens, une tite tounne kétaine pour toi....et Zogu :B) :

Beau Dommage

Le blues d'la metropole

Paroles: Pierre Huet. Musique: Beau Dommage

--------------------------------------------------------------------------------

En soixante-sept tout était beau

C'était l'année d'l'amour, c'était l'année d'l'Expo

Chacun son beau passeport avec une belle photo

J'avais des fleurs d'in cheveux faillait tu être niaiseux

:flowers:

jimmy

Ouh, celle de l'ouverture de l'expo l'est encore plus :P

Ah ce Stéphane Venne :lol: !

REFRAIN

Un jour, un jour, quand tu viendras

Nous t'en ferons voir de grands espaces.

Un jour, un jour, quand tu viendras,

Pour toi nous retiendrons le temps qui passe.

  • Habitués
Posté(e)

Je crois que De gaulle a fait voir au reste du monde qu'il y avait une petite province,(enfin 3 fois la france..)qui etait francophone et qui voulait s'émanciper dans la grande Amérique du nord . :biohazar:

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