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L'économie ou la culture par O'Hana


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Posté(e)

Notre chronique de Sherbrooke discute cette semaine de l'importance de l'économie versus la culture au Québec.

À lire en page d'accueil.

  • Habitués
Posté(e)

Et vlan! Maître O' vient encore de nous faire retomber sur le plancher des vaches avec son excellence. C'est sans doute la chronique la plus pertinente en ce moment ...

En voici un extrait intéressant:

Choisir léconomie, ce nest pas rejeter la culture. Au contraire : cest prioriser la culture à léconomie. Pourquoi ? Car je vois très difficilement comment une politique culturelle très forte cest-à-dire jouant sur le nationalisme au point de freiner la croissance économique peut assurer la pérennité de la société québécoise aujourdhui. Que ferait limmigrant dune forte et riche culture québécoise si cette dernière ne lui met pas trois repas par jour sur sa table ? Par contre, en travaillant à lui mettre dabord ces repas sur sa table, on augmente nos chances quil reste ici. Pour quil sachète une maison, fonde une famille, écoute la télévision et la radio dici.

Malheureusement, il me semble de plus en plus que l'économie agit au détriment de la culture. Sauf exception, chaque poste le moindrement intéressant exige une connaissance de l'anglais. Ce qui accentue l'attrait des cégeps et université anglophones, alors que les cégeps et universités francophones rament pour recruter ... Même le gouvernement du Québec ne recrute que des employés bilingues, alors ...

Tu fais une autre allusion au développement des régions comme facteur de maintien de l'équilibre culture-économie. C'est peut-être parce que je n'habite pas à Montréal, mais la "démontréalisation" de l'économie québécoise et de l'immigration me semblent incontournable. Le débat sur la survie du français aurait zéro pertinence si les immigrants pouvaient se répartir équitablement entre Val-d'or et Gaspé ...

  • Habitués
Posté(e)

Belle chronique comme sait le faire OHana, que je résume en ces terme, je le cite:

" cest en créant un environnement économique plus compétitif quon va rendre le français et la culture québécoise plus attrayants auprès des immigrants. Cest un peu le principe des externalités : crée de la richesse et cela peut avoir des retombées positives à terme dans dautres sphères de la société. Comme la culture, la langue et ultimement, lidentité."

Certainement ce message sera compris

  • Habitués
Posté(e)

Bon ben , je pars chez le docteur tout de suite , j'espère que vous me reverrai , mais quand je vais lui dire que je suis d'accord entièrement avec O'hana , j'ai bien peur qu'il me garde en observation . :damned:

M'en vais l'imprimer tiens !

  • Habitués
Posté(e)

Humm, si Nanuk est d'accord avec toi, ca va mal O'Hana ! :P

jimmy

Posté(e)

Merci à tous pour vos bons mots :)

Malheureusement, il me semble de plus en plus que l'économie agit au détriment de la culture. Sauf exception, chaque poste le moindrement intéressant exige une connaissance de l'anglais (...) Même le gouvernement du Québec ne recrute que des employés bilingues, alors ...

En effet, cet élément économique est nuisible à la culture mais en partie seulement. Là où on pourrait y voir une contradiction/incohérence, j'y vois personnellement une cohérence : l'environnement québécois est nord-américain anglophone et les québécois eux-mêmes sont nord-américains. Ainsi, s'il est tout à fait normal et souhaitable de maintenir un cadre législatif assurant la dominance du français au Québec (Loi 101), de l'autre côté, il est tout aussi normal et souhaitable de maintenir une perméabilité linguistique au Québec pour des raisons culturelles, historiques et économiques.

Ainsi, l'anglais a une place légitime au Québec et doit la garder car le Québec d'aujourd'hui ne serait pas ce qu'il est sans la contribution de l'anglais notamment. Par conséquent, l'anglais en tant qu'élément contributif ne nuit pas - au contraire - à la culture québécoise jusqu'à une certaine mesure.

Une francisation totale du Québec est donc ni réalisable ni souhaitable comme je l'écris dans mon papier. Mon idée est simplement de trouver les moyens pour que le français atteigne ce plateau maximisant sa prédominance culturelle sans constituer une nuisance économique pour la société québécoise.

Par maximisation de prédominance culturelle, j'entends grosso modo la situation où l'immigrant allophone attribuera une fonctionnalité linguistique plus élevée au français par rapport à l'anglais. Cela signifiera qu'il n'y aura plus d'ambiguïté pour lui : c'est en français que ça se passe au Québec sur le plan culturel. Et pour cela, cela prend évidemment l'effort de tout le monde (québécois de souche, immigrant, État) et pas d'un de ces trois en particulier.

Et par absence de nuisance sur le plan économique, j'entends le fait qu'il reconnaîtra, après le français, une fonctionnalité linguistique à l'anglais à titre de travailleur dans un environnement nord-américain.

Et cette hiérarchisation linguistique se complétant avec sa langue maternelle en première place pour des raisons affectives évidentes. Cette hiérarchie linguistique est donc comme un sorte de trépied qui, je crois, respecte autant l'immigrant dans son identitaire (langue maternelle) que sa société d'accueil (français) ainsi que l'environnement dans lequel tous deux s'inscrivent nécessairement (anglais).

Alors c'est relatif : il y a trente ans, l'anglais était effectivement très nuisible sur les plans culturel et économique pour le Québec. Aujourd'hui, c'est plus nuancé tant la mondialisation a élargi nos perspectives individuelles qu'elle a intégré quasiment toutes les économies. Et c'est justement parce que la réalité d'aujourd'hui est nuancé et comporte beaucoup plus de subtilités qu'une prédominance culturelle du français est plus que nécessaire sans que cela ne devienne jamais une domination.

Tu fais une autre allusion au développement des régions comme facteur de maintien de l'équilibre culture-économie. C'est peut-être parce que je n'habite pas à Montréal, mais la "démontréalisation" de l'économie québécoise et de l'immigration me semblent incontournable. Le débat sur la survie du français aurait zéro pertinence si les immigrants pouvaient se répartir équitablement entre Val-d'or et Gaspé ...

Vaste débat. En janvier 2008, avec un taux de chômage à 6.8%, un taux d'activité à 65.8% et un taux d'emploi à 61.3%, l'économie québécoise ne doit pas créer des emplois mais créer des travailleurs. Car la notion de pénurie est ambivalente avec de telles statistiques : certains domaines n'ont pas besoin d'emplois car ils sont en mutation (forestier, manufacturier) et d'autres sont en manque de travailleurs car ils sont en pleine croissance (services).

La mutation va se faire mais ce sont surtout des mentalités à changer en région où le primaire et le secondaire - en déclin - dominent encore. Et même si l'intensité capitalistique est généralement moins élevé pour le tertiaire, ça prend quand même des infrastructures minimales et de l'éducation. Et tout ça, ça prend évidemment de l'argent mais aussi du temps.

Finalement, il est ironique de voir combien le gouvernement Charest se bouge depuis qu'il est minoritaire : le français, les démarches de libre échange avec l'Europe, la reconnaissance des diplômes.

Pis Nanuk, qu'en dit ton médecin ?? ;)

- O'Hana -

  • Habitués
Posté(e)
Pis Nanuk, qu'en dit ton médecin ?? ;)

- O'Hana -

J'ai honte , il m'a dit qu'a force de fréquenter des souverainistes ça devait arriver ! mais bon , ça se soigne ,ouf !

Sérieusement , l'économie est un facteur aussi déterminant que l'aspect culturel dans la démarche d'immigration vers le Québec . N'en déplaise au intégristes de la pensée unique , vous pouvez être en osmose avec eux , il n'en reste pas moins l'importance N°1 de tout immigrant : La sécurité matérielle .

Attention , quand je parle de matérialisme , je n'occulte aucunement les bien fait des valeurs Québécoises , mais tu as souligner mieux que je ne le ferai en établissant un équilibre entre ces deux monde que sont le Social et le Libéral , encore une fois BRAVO ! et félicitation de cette analyse .

Et puis pour terminer ma pensée , je me place en tant qu'étranger première génération , je n'ai aucune notion du combat qu'ont menés les Québécois contre la langue anglaise , la préservation de la langue Française est pour moi pas assez concrète pour pouvoir me positionner radicalement vers l'un ou l'autre camp . Je prend l'anglais comme un outil , j'ai grandi dans un milieu deja bi-culturel , alors cette loi 101 , ça peux vexer , mais c'est une évidence ! le combat pour la francophonie est bizarrement au second plan (mais néanmoins présent) , d'abord Manger , s'habiller , avoir un toit , se soigner , travailler ensuite parlons culture .

Ne vous leurrer pas , si les gens choisissent le Québec , c'est parce qu'on y parle Français , donc de suite beaucoup demandent une accessibilité à l'économie Canadienne , ce rendent ils compte qu'ils négligent l'histoire Québécoise , ça c'est une autre question .

Posté(e)
Et puis pour terminer ma pensée , je me place en tant qu'étranger première génération , je n'ai aucune notion du combat qu'ont menés les Québécois contre la langue anglaise , la préservation de la langue Française est pour moi pas assez concrète pour pouvoir me positionner radicalement vers l'un ou l'autre camp . Je prend l'anglais comme un outil , j'ai grandi dans un milieu deja bi-culturel , alors cette loi 101 , ça peux vexer , mais c'est une évidence ! le combat pour la francophonie est bizarrement au second plan (mais néanmoins présent) , d'abord Manger , s'habiller , avoir un toit , se soigner , travailler ensuite parlons culture .

Tu soulèves un point pertinent : l'aspect très symbolique à plusieurs égards du discours nationaliste québécois (et souverainiste en particulier) n'est pas en mesure de rencontrer les attentes très concrètes de l'immigrant au début de son intégration.

C'est là une limite que le discours souverainiste - qui fût le principal porteur de la défense de l'identitaire québécois ces quatre dernières décennies en gros - frappera toujours je pense car certaines de ses motivations fondamentales ne reposent pas sur le pragmatisme. On l'a très bien vu récemment dans la dernière sortie de Jacques Parizeau quand il dénonçait le peu d'action de la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec (CDPQ) à protéger les intérêts québécois, selon lui. Or, de manière très pratique, le patron de la CDPQ rappelle régulièrement que sa job est de faire d'abord dans le rendement, pas dans le nationalisme économique.

De l'autre côté, ce symbolisme inhérent au discours nationaliste est loin d'être dénué d'inutilité : il rappelle que la société québécoise, bien que nord-américaine, ne s'est pas définie et ne se définit pas essentiellement autour d'une idéologie économique. Cela est évident dans l'argumentaire du PQ, encore plus dans celui de QS mais aussi dans celui de l'ADQ qui a réussi à faire sa place au soleil l'an dernier non pas sur ses propositions économiques mais sur un sujet bien culturel et identitaire : le débat sur les accommodements raisonnables.

Alors oui, j'abonde dans davantage dans "rééquilibrer le social et le libéral" comme tu l'écris mais en gardant justement un équilibre : rester vigilant à ne pas tout instrumentaliser en justifiant tout - ou presque - au nom d'impératifs économiques (vieillissement de la population, système de santé, etc) qui ne manquerait pas de diluer à terme le caractère culturellement distinctif du Québec. C'est-à-dire tout ce sur quoi se justifie précisément le discours nationaliste au Québec.

- O'Hana -

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