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Pas facile de mourir « en bon musulman » au Québec


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Pas facile de mourir « en bon musulman » au Québec

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  • LE 7 OCTOBRE 2016

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  • MATHIEU-ROBERT SAUVÉ
Il n'y a actuellement que deux cimetières musulmans au Québec.
 

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À la mort d’un proche, les musulmans du Québec doivent choisir entre l’inhumation du corps dans le pays d’accueil et son rapatriement au lieu de naissance. Deux solutions qui heurtent les croyances.

Pas facile de mourir selon les rites musulmans au Québec, où l’on ne trouve que deux cimetières pour 250 000 personnes, tous deux à Laval : le Cimetière islamique et le Cimetière musulman de Montréal, ouvert il y a tout juste un an. « La plupart des corps sont rapatriés à grands frais dans le pays d’origine des défunts », indique Yanick Boucher, qui consacre une thèse de doctorat aux rites mortuaires des immigrants musulmans au Département d’anthropologie de l’Université de Montréal.

L’étudiant veut mieux comprendre l’expérience vécue par des individus à la mort d’un proche en situation d’immigration. « Chez les musulmans du Québec, c’est un phénomène complexe, car de nombreuses valeurs se bousculent », dit le jeune homme. Le rapatriement des corps pose plusieurs problèmes, dont le coût n’est pas le moindre. L’embaumement est aussi une pratique proscrite par l’islam… mais il faut bien s’y résoudre si l’on veut ramener le corps au lieu de naissance.

Cela dit, on assiste selon M. Boucher à un changement de mœurs tant du côté des imams que chez les fidèles. « La tendance est à l’inhumation au Québec; c’est pourquoi les cimetières sont nettement insuffisants », affirme le doctorant, qui a mené au cours des dernières années 35 entretiens formels et autant d’informels auprès d’imams, de leaders, de gens d’affaires et de membres de cette communauté religieuse. Il a effectué des centaines d’heures d’observation aux quatre coins du Québec. « L’enterrement dans le pays d’accueil présente des avantages non négligeables. D’abord, les frais sont moindres pour les familles qui, souvent, ne roulent pas sur l’or. Ensuite, ces rites ont une valeur symbolique. Ils lancent le message que leur pays, c’est ici. C’est très important pour les survivants. » 

58 groupes religieux à Saguenay

« J’ai été bien accueilli par les quelque 120 musulmans de la ville de Saguenay [appelée alors Chicoutimi], qui m’ont ouvert leurs portes avec chaleur », mentionne le jeune anthropologue. Pour le compte du Groupe de recherche diversité urbaine, de l’UdeM, il a recensé pas moins de 58 groupes religieux dans la ville, révélant ainsi, contrairement aux idées reçues, une grande diversité religieuse à Saguenay.

Il a déménagé dans la région avec sa femme pour se rapprocher de son terrain de recherche. Il y est resté six ans. « J’en suis reparti avec deux bébés : mon fils et un mémoire de maîtrise », résume-t-il. Ses recherches lui ont permis de « découvrir », en 2006, la mosquée de Chicoutimi, un lieu discret situé dans un immeuble commercial. « Ce n’était pas un lieu secret, mais peu de gens en avaient entendu parler jusque-là », commente le chercheur.

Il était présent à Chicoutimi lorsque, en 2013, du sang de porc a été lancé sur les murs du bâtiment abritant la mosquée. Dans la lettre accompagnant l’acte de vandalisme, on pouvait lire « Intégrez-vous ou rentrez chez vous » et « Non à l'islam ».

C’est durant son séjour qu’il prend connaissance de la délicate question des rites mortuaires musulmans. Le dilemme entre l’inhumation et le rapatriement est apparu lorsqu’un membre de la communauté est mort. Que faire avec le corps?

Revenu à Montréal, il est actuellement dans la phase de rédaction de cette première recherche au Québec à s’intéresser aux rites musulmans mortuaires et qu’il réalise sous la direction de Deirdre Meintel, spécialiste des liens entre religion et modernité. « Mon projet de recherche est en continuité avec un colloque international sur la mort musulmane en contexte d’immigration organisé à l’Université du Québec à Chicoutimi [UQAC] en 2010 », explique l’anthropologue, qui souligne le soutien du professeur Khadiyatoulah Fall, de l’UQAC, pendant son séjour au Lac-Saint-Jean de 2006 à 2012.

 

source: http://nouvelles.umontreal.ca/article/2016/10/07/pas-facile-de-mourir-en-bon-musulman-au-quebec/

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