L'Acadie vole la vedette

[Petit-Prince]

L'Acadie vole la vedette au Festival interceltique de Lorient

Michel Dolbec

Presse Canadienne

Paris

Pratiquement inconnue du grand public, l'Acadie jouit en ce moment en France d'une visibilité sans précédent.

Depuis vendredi et jusqu'à dimanche, ce «pays virtuel», comme on le présente parfois dans les journaux français, est l'invité d'honneur du Festival interceltique de Lorient, en Bretagne. Avec ses 650 000 spectateurs, ce grand rendez-vous estival revendique le titre de plus grande manifestation culturelle de France, du moins pour la fréquentation.

Cette invitation faite à l'Acadie est l'occasion de retrouvailles très chaleureuses entre la mère-patrie des premiers colons français arrivés en Acadie il y a quatre siècles, et leurs descendants.

«L'accueil est merveilleux et l'émotion est très forte. On flotte sur un nuage. On n'en revient juste pas», résume Denis LaPlante, le directeur général de la Société nationale de l'Acadie, venu à Lorient avec une délégation de 70 personnes, dont une vingtaine de chanteurs, musiciens, plasticiens, cinéastes et écrivains.

Pour la SNA, cette «Année de l'Acadie et du Canada atlantique» est d'ores et déjà une réussite. «Le succès de l'opération dépasse de loin toutes nos attentes», résume Denis LaPlante.

Les retombées médiatiques de l'événement sont considérables. La presse régionale et nationale a consacré plusieurs dizaines de pages à la présence acadienne à Lorient, mais aussi au Congrès mondial acadien qui vient de se tenir en Nouvelle-Écosse et, plus globalement, au 400 ans de l'Acadie et à son histoire.

Depuis quelques jours, à la radio et à la télévision, entrevues et reportages se suivent par ailleurs «à un rythme effarant», raconte le président de la SNA.

Sur place, l'accueil réservé aux Acadiens, ces «celtes» qui parlent français, eux aussi, tient du triomphe. La ville est tapissée de drapeaux acadiens et le Pavillon de l'Acadie, visité par près de 15 000 personnes depuis son ouverture, est devenu un «lieu de rencontre incontournable». On peut notamment y déguster des «baguettes au homard» qui s'arrachent comme des petits pains: on en vend chaque jour environ 600, indique-t-on.

«On a un peu volé la vedette, confesse Denis LaPlante. Les Acadiens ouvraient la Grande parade dimanche aux côtés des Bretons. Sur tout le parcours, les gens ovationnaient et envoyaient des baisers à nos six représentants portant la tenue traditionnelle. Ils en avaient les larmes aux yeux.»

Les artistes ne sont pas en reste et reçoivent un «accueil hallucinant». Les premiers spectacles, ceux de La Virée et de Fayo notamment, ont fait salle comble, confirme-t-on. Retenus au Congrès mondial acadien, la plupart des chanteurs et musiciens sont arrivés lundi à Lorient. Mercredi soir, ils participent à un grand «Gala acadien», présenté comme le temps fort de cette fête acadienne.

Parmi les artistes présents figurent les groupes Vishten et Suroît, Roland Gauvin, Lennie Gallant, Bernard Felix, Angèle Arsenault et la jeune «violoneuse» Dominique Dupuis, révélation annoncée de cette 34e édition du Festival interceltique.

Environ 2500 artistes celtes venus des quatre coins du monde participent cette année à cette manifestation.

[Nicolas]

Sur place, l'accueil réservé aux Acadiens, ces «celtes» qui parlent français, eux aussi, tient du triomphe.

Justement, dans le reportage que la chaîne France2 leur a consacré, celui qui dirige la troupe, à ma surprise (?), parlait anglais. Il avait d'ailleurs un nom anglais. Je me serai attendu à ce qu'il parle en Français

[Invité]

Ils en parlent dans Le Monde aussi :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,[email protected],0.html

Le gaélique fait partie des langues protégées dans les Maritimes, dont un village récemment classé patrimoine mondial par l'UNESCO où tout se passe en gaélique, ou presque...

S

[Invité]

Et un autre lien sur l'origine du peuplement en « Acadie » :

http://www.francogene.com/acadie/index.php

S

[Zogu]

Justement, dans le reportage que la chaîne France2 leur a consacré, celui qui dirige la troupe, à ma surprise (?), parlait anglais.

Faut pas se faire d'illusions sur la destinée du peuple acadien: ils ont été déportés, dépossédés de leurs terres, dispersés (hommes et femmes envoyés dans des bateaux différents), bannis, etc., par les conquérants anglais.

Il ne reste que leur fantôme et quelques noms de lieux en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard (qu'ils avaient baptisée île Saint-Jean).

Heureusement, la francophonie est encore vivante au Nouveau-Brunswick, au Québec, au Manitoba et dans l'est de l'Ontario.

J'ai visité la moitié sud de la Nouvelle-Écosse en 1997 à la recherche des acadiens; j'ai visité minutieusement TOUS les villages où il y avait eu des familles acadiennes; un itinéraire qui m'a mené du sud de Halifax jusqu'au fond de la baie de Fundy (en passant par Annapolis, autrefois Port-Royal), en faisant le tour de la pointe sud de cette province. Eh bien, j'y ai rencontré quelques vieux qui étaient pauvres et qui parlaient un français très bâtard. Et des jeunes qui avaient volontiers appris l'anglais pour se sortir de la pauvreté et de l'isolation. Eux parlent quelques mots de français, surtout s'ils travaillent dans le tourisme ou en restauration.

Le plus curieux c'est qu'il n'y a plus d'animosité des anglophones envers les francophones en Nouvelle-Écosse; c'est qu'il n'y a plus guère de francophones pour nourrir le conflit.

Au Nouveau-Brunswick, à Moncton par exemple, il y a de nombreux conflits sociaux naissant de la coexistance parfois difficile des deux groupes linguistiques. Mais les francophones sont bien représentés et la qualité du français est en augmentation, surtout depuis l'établissement d'universités de langue française.