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Posté(e)

A la différence de certains d'entre-vous, je ne suis pas venu au Canada, au Québec, et plus spécifiquement à Montréal pour immigrer, mais bien pour une expatriation de moyen à long terme (entre 4 et 6 ans) alors que je trouvais l'opportunité de faire un doctorat rémunéré inexistante dans ma sous-discipline. Après un échange de courriels, une promesse de bourse, des perspectives offertes, j'ai entrepris les démarches nécessaires jusqu'à être l'heureux possesseur d'un visa étudiant de plus de trois ans (celui devra être renouvelé en son temps).

Ainsi, je suis parti de France sans vraiment d'appréhension, ni excessivement d'enthousiasme, sur ma vie à venir. Je suis venu pour mon projet de recherche, et pour celui-ci exclusivement. Comme tout bon chercheur, je me suis documenter pour préparer mon séjour, sur ce forum et ailleurs. A quelques semaines du départ, j'ai salué les amis et j'ai fait le tour de la famille. Puis, finalement, je suis arrivé à Montréal le mois dernier, avec deux valises et un toit qui m'attendait dans les résidences de l'UQAM-Ouest (solution pour laquelle j'ai opté, redoutant la rigueur de l'hiver et la recherche d'un appartement à la vieille - ou presque - du nouvel an).

Une semaine après avoir posé le pied en terre canadienne et une centaine de photographies plus tard, je rencontrais l'un mon directeur de thèse et la rentrée pouvait débuter. Après ce petit mois passé à Montréal, je vais surtout vous livrer mes observations sur la ville, la société québécoise, le petit monde des expatriés et le système universitaire.

Montréal

Pour ceux d'entre vous qui n'ont jamais voyagé en Amérique du Nord, ne vous attendez pas à autre chose qu'une ville nord-américaine du type East Coast. Evidemment, Montréal est une ville immense et la diversité des "environnements" l'est tout autant, mais il en va de même pour New-York ou Boston. Par ville "nord-américaine du type East Coast", j'entends ayant une étendue d'eau pour point de perspective descendant, construite sur un plan en damier, avec des quartiers fonctionnels (affaires/résidentiels/culturels/industriels) et/ou ethniques. Certains sur ce forum et ailleurs vous diront qu'ils n'aiment pas Montréal, mais je dois bien admettre que c'est une ville qui rentre aisément dans mon top 50 (j'ai beaucoup voyagé). Je ne l'aime pas pour les mêmes caractéristiques que j'aime Prague, Strasbourg ou Istanbul, mais je dois bien admettre que les différences de perspectives, la compréhension de l'aménagement urbain, la diversités des environnements, sont d'autant de traits qui font que je lui trouve une certaine beauté. Et puis Montréal, c'est la ville des possibles par son caractère fonctionnel/ethnique. L'univers - comme l'humeur - peut changer à mesure de la marche ou de la station de métro.

La société québécoise

Je suis dans une université très "québécoise" (UQAM), ce qui me permet une observation quasi-anthropologique de cette petite société francophone dans le Nouveau Monde. Mais au-delà de considérations scientifiques (l'anthropologie n'étant pas mon domaine, je risque de paraître ridicule), la société québécoise m'apparaît comme une société nord-américaine normale. Horreur et damnation, j'ai employé l'adjectif "normal" alors que nos amis Québécois se sentent si particuliers - culturellement parlant - dans un environnement anglophone majoritaire. Oui, je persiste : elle est normal dans sa mesure de penser la "communauté". Et la communauté québécoise, c'est avant tout celle des "Québécois de souche". Aux autres, le politiquement correct ne donne pas d'adjectif, mais j'ai tout de même surpris mes interlocuteurs de parler de : "haïtien-Québécois". Et lorsque l'on est Français de France, et bien on appartient à une autre communauté : celle qui vit sur le Plateau, qui achète un Canada Goose et à qui on dit : "Tu dois être déçu par la qualité du vin et du fromage". J'ai mené un petite expérience en me disant : Alsacien. Cette fois-ci, on savait pas trop où me classer... Pour répéter l'expérience dans mon centre de recherche, on parle désormais du "doctorant alsacien". Si certains sur ce forum se plaignent de pas avoir d'amis "Québécois de souche", c'est bien parce que le réflexe communautaire est le premier de tous. Les Québécois voyageant peu hors Québec, hors Amérique, ne savent pas trop quoi faire de l'altérité. Donc, ils la mettent de côté, dans une case chaleureuse, laissant au temps le soin d'entrevoir vos qualités autre que nationales, régionales, confessionnelles, ethniques, etc. Du moins, c'est ainsi que je le comprends pour en avoir parler avec des étrangers - non Français - vivant à Montréal depuis plus longtemps. Le phénomène de ville cosmopolite doit également influencer ce genre d'attitude... Alors, personnellement, je patiente et j'attends de voir (les Alsaciens étant aussi assez distant, on se regarde un peu en chien de faïence).

Les expatriés/immigrés Français

Un Québécois vous pardonnera d'être un stéréotype de "maudit Français", si bien entendu vous vous en excusez et vous prenez certaines précautions d'usage (personnellement, j'emploie l'auto-dérision). L'expatrié ou l'immigré Français - de la catégorie "Ma cabane au Canada" - non. Bien au contraire, il vous expliquera qu'avec votre attitude de m**** vous allez rater votre intégration, que vous faites du tort à la France et aux Français, qu'à cause de vous les Québécois ont la vision du "maudit Français" et, si par malheur vous rétorquez que vous vous foutez bien ce que Québécois X pense de vous car vous ne le croiserez certainement plus jamais - vous êtes socialement mort. Ce genre d'expatriés et d'immigrés prennent un peu trop à coeur l'intégration québécoise, à la limite de l'assimilation, quand vous - pauvre être - vous souhaitez seulement un peu vous accommoder, sans prétention, aux uns et autres. J'ai essayé de fréquenter ces expatriés/immigrés, et personnellement ça m'a rappelé la même mentalité de certains compatriotes. On change de disque, mais la musique est la même. Un conseil : restez-vous même, car les Québécois feront pareil. Jouez en, et vous vous accommoderez avec plus de facilité qu'un type qui essaye d'avoir l'accent, se force à manger de la poutine, et devient un partisan de la loi 101 alors qu'il n'a même pas élu les gens cessés l'exécuter. Résultat, ces expatriés/immigrés finissent qu'avec des Français, un ami Québécois pour l'exemple. Personnellement, en un petit mois, j'ai des débuts d'amitiés (mais comme je suis distant, je ne les entretiens pas à l'excès) qui viennent du monde entier... Montréal le permet, le reste du Québec je n'en sais rien (et foncièrement, je ne veux pas le savoir).

Le système universitaire

Ce dernier thème s'adresse plus particulièrement aux étudiants, mais je pense qu'il reflète assez bien la société montréalaise. Je fréquente deux universités : McGill et l'UQAM. Je suis rattaché à l'UQAM. McGill est une université réputée, avec de beaux locaux, etc. Mais je trouve qu'elle est élitiste (socialement) et produit des idiots à la chaîne. Evidemment, les professeurs y sont très réputés et leur qualité d'enseignement est certaine, mais la politique de notation de l'université (et ça vaut pour l'UQAM) est très basse. En d'autres mots, dans le système québécois, je trouve le niveau faible, voire même faiblard. Ca ne dira rien probablement rien pour celui qui a étudié les sciences politiques, mais j'ai été surpris que, dans mon séminaire à McGill, seules 3 personnes sur 10 avaient lu Max Weber (un auteur incontournable dans la discipline). De même, les étudiants n'y lisent jamais aucun classique de la discipline. N'essayaient même pas de faire des références littéraires, vous n'obtiendrai qu'un "what ?" Et pourtant, la référence était Shakespeare... "La communauté universitaire a tendance à tourner sur elle-même, à se replier sur l'hexagone" dit-on en France, mais j'ai la sensation que j'ai lu une somme astronomique d'auteurs non-Français à côté de mes petits camarades de McGill. La situation est meilleure à l'UQAM, mais une fois encore le niveau n'est pas au rendez-vous. Bref, on note assez gentil ici et là, sous condition que vous soyez assidu et que vous faites le minimum exigé.

Sur le système d'enseignement en lui-même, attendez vous à un choc culturel immense. Encore une fois, ça ne vaut que pour mon domaine (science politique), mais dans les séminaires (niveau maîtrise), vous avez un avis, vous devez lire (beaucoup, même si une fois les sources ne sont pas trop celles auxquelles vous vous attendez - sources secondaires, et non primaires - ou que vous relisez les lectures effectués en L3 lorsqu'il s'agit des classiques) et participez très activement en classe. Aucun cours magistral à ce niveau là. Mais ces séminaires ne constituant qu'une infime part de mon programme doctoral, je dois bien admettre que je ne suis pas le mieux placer pour en parler.

Sinon, le monde universitaire abonde d'opportunités et, le pire, c'est que vous vous sentez tout d'un coup super-sexy : on vous propose de vous donner un financement pour un colloque, on vous propose d'obtenir X bourses en plus de celle que vous avez déjà, on vous encourage à enseigner... Par rapport à mes amis qui font leur doctorat en France, je me sens riche et considéré (chose qui ne me donne pas une envie folle de retourner dans le milieu universitaire français, où le doctorant est entre la machine à café et le post-it qui traîne quelque part).

Conclusion

Le Québec, la société québécoise, le système universitaire, etc. sont loin d'être parfaits. Mais, un peu comme partout, tout dépend de votre univers et ce que vous cherchez à l'extérieur, tout dépend de la part de rêve et de réalité qui vous anime. Je me force à recréer mon petit monde cosmopolito-intellectuel et à relativiser même quand je bouillonne de rage. Personnellement, ces petites imperfections m'agacent mais, au final, je ne me sens bien moins à l'étroit qu'en France. Alors oui, le cellulaire (mobile, en traduction Française de France) est à l'âge des cavernes, je ne comprends pas pourquoi l'eau de source est si chère, la couleur des légumes me rend aveugle et je me force parfois à être sourd en entendant les facilités linguistiques que prennent nos "cousins d'Amérique" avec la langue française. Un rien ne m'agace, et c'était déjà le cas en France. Ca sera certainement la même dans la ville X, du pays Y. J'avais un seul mot d'ordre avant de partir : "je veux continuer à moi, mais ailleurs". Pour le moment, cet "ailleurs" me convient. Sera-t-il un jour "chez moi" ? Personnellement, j'en doute, mais la réflexion ne se pose pas encore. A l'heure du choix, je pèserai le pour et le contre, et je choisirai la décision la plus rationnelle (car j'agis toujours ainsi devant l'incertitude) ou la plus irrationnelle (mais là, ce sera conditionné par l'Amour, avec le grand A, qui vous fait apprécier même ces petites imperfections).

  • Habitués
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A la différence de certains d'entre-vous, je ne suis pas venu au Canada, au Québec, et plus spécifiquement à Montréal pour immigrer, mais bien pour une expatriation de moyen à long terme (entre 4 et 6 ans) alors que je trouvais l'opportunité de faire un doctorat rémunéré inexistante dans ma sous-discipline. Après un échange de courriels, une promesse de bourse, des perspectives offertes, j'ai entrepris les démarches nécessaires jusqu'à être l'heureux possesseur d'un visa étudiant de plus de trois ans (celui devra être renouvelé en son temps).

Ainsi, je suis parti de France sans vraiment d'appréhension, ni excessivement d'enthousiasme, sur ma vie à venir. Je suis venu pour mon projet de recherche, et pour celui-ci exclusivement. Comme tout bon chercheur, je me suis documenter pour préparer mon séjour, sur ce forum et ailleurs. A quelques semaines du départ, j'ai salué les amis et j'ai fait le tour de la famille. Puis, finalement, je suis arrivé à Montréal le mois dernier, avec deux valises et un toit qui m'attendait dans les résidences de l'UQAM-Ouest (solution pour laquelle j'ai opté, redoutant la rigueur de l'hiver et la recherche d'un appartement à la vieille - ou presque - du nouvel an).

Une semaine après avoir posé le pied en terre canadienne et une centaine de photographies plus tard, je rencontrais l'un mon directeur de thèse et la rentrée pouvait débuter. Après ce petit mois passé à Montréal, je vais surtout vous livrer mes observations sur la ville, la société québécoise, le petit monde des expatriés et le système universitaire.

Montréal

Pour ceux d'entre vous qui n'ont jamais voyagé en Amérique du Nord, ne vous attendez pas à autre chose qu'une ville nord-américaine du type East Coast. Evidemment, Montréal est une ville immense et la diversité des "environnements" l'est tout autant, mais il en va de même pour New-York ou Boston. Par ville "nord-américaine du type East Coast", j'entends ayant une étendue d'eau pour point de perspective descendant, construite sur un plan en damier, avec des quartiers fonctionnels (affaires/résidentiels/culturels/industriels) et/ou ethniques. Certains sur ce forum et ailleurs vous diront qu'ils n'aiment pas Montréal, mais je dois bien admettre que c'est une ville qui rentre aisément dans mon top 50 (j'ai beaucoup voyagé). Je ne l'aime pas pour les mêmes caractéristiques que j'aime Prague, Strasbourg ou Istanbul, mais je dois bien admettre que les différences de perspectives, la compréhension de l'aménagement urbain, la diversités des environnements, sont d'autant de traits qui font que je lui trouve une certaine beauté. Et puis Montréal, c'est la ville des possibles par son caractère fonctionnel/ethnique. L'univers - comme l'humeur - peut changer à mesure de la marche ou de la station de métro.

La société québécoise

Je suis dans une université très "québécoise" (UQAM), ce qui me permet une observation quasi-anthropologique de cette petite société francophone dans le Nouveau Monde. Mais au-delà de considérations scientifiques (l'anthropologie n'étant pas mon domaine, je risque de paraître ridicule), la société québécoise m'apparaît comme une société nord-américaine normale. Horreur et damnation, j'ai employé l'adjectif "normal" alors que nos amis Québécois se sentent si particuliers - culturellement parlant - dans un environnement anglophone majoritaire. Oui, je persiste : elle est normal dans sa mesure de penser la "communauté". Et la communauté québécoise, c'est avant tout celle des "Québécois de souche". Aux autres, le politiquement correct ne donne pas d'adjectif, mais j'ai tout de même surpris mes interlocuteurs de parler de : "haïtien-Québécois". Et lorsque l'on est Français de France, et bien on appartient à une autre communauté : celle qui vit sur le Plateau, qui achète un Canada Goose et à qui on dit : "Tu dois être déçu par la qualité du vin et du fromage". J'ai mené un petite expérience en me disant : Alsacien. Cette fois-ci, on savait pas trop où me classer... Pour répéter l'expérience dans mon centre de recherche, on parle désormais du "doctorant alsacien". Si certains sur ce forum se plaignent de pas avoir d'amis "Québécois de souche", c'est bien parce que le réflexe communautaire est le premier de tous. Les Québécois voyageant peu hors Québec, hors Amérique, ne savent pas trop quoi faire de l'altérité. Donc, ils la mettent de côté, dans une case chaleureuse, laissant au temps le soin d'entrevoir vos qualités autre que nationales, régionales, confessionnelles, ethniques, etc. Du moins, c'est ainsi que je le comprends pour en avoir parler avec des étrangers - non Français - vivant à Montréal depuis plus longtemps. Le phénomène de ville cosmopolite doit également influencer ce genre d'attitude... Alors, personnellement, je patiente et j'attends de voir (les Alsaciens étant aussi assez distant, on se regarde un peu en chien de faïence).

Les expatriés/immigrés Français

Un Québécois vous pardonnera d'être un stéréotype de "maudit Français", si bien entendu vous vous en excusez et vous prenez certaines précautions d'usage (personnellement, j'emploie l'auto-dérision). L'expatrié ou l'immigré Français - de la catégorie "Ma cabane au Canada" - non. Bien au contraire, il vous expliquera qu'avec votre attitude de m**** vous allez rater votre intégration, que vous faites du tort à la France et aux Français, qu'à cause de vous les Québécois ont la vision du "maudit Français" et, si par malheur vous rétorquez que vous vous foutez bien ce que Québécois X pense de vous car vous ne le croiserez certainement plus jamais - vous êtes socialement mort. Ce genre d'expatriés et d'immigrés prennent un peu trop à coeur l'intégration québécoise, à la limite de l'assimilation, quand vous - pauvre être - vous souhaitez seulement un peu vous accommoder, sans prétention, aux uns et autres. J'ai essayé de fréquenter ces expatriés/immigrés, et personnellement ça m'a rappelé la même mentalité de certains compatriotes. On change de disque, mais la musique est la même. Un conseil : restez-vous même, car les Québécois feront pareil. Jouez en, et vous vous accommoderez avec plus de facilité qu'un type qui essaye d'avoir l'accent, se force à manger de la poutine, et devient un partisan de la loi 101 alors qu'il n'a même pas élu les gens cessés l'exécuter. Résultat, ces expatriés/immigrés finissent qu'avec des Français, un ami Québécois pour l'exemple. Personnellement, en un petit mois, j'ai des débuts d'amitiés (mais comme je suis distant, je ne les entretiens pas à l'excès) qui viennent du monde entier... Montréal le permet, le reste du Québec je n'en sais rien (et foncièrement, je ne veux pas le savoir).

Le système universitaire

Ce dernier thème s'adresse plus particulièrement aux étudiants, mais je pense qu'il reflète assez bien la société montréalaise. Je fréquente deux universités : McGill et l'UQAM. Je suis rattaché à l'UQAM. McGill est une université réputée, avec de beaux locaux, etc. Mais je trouve qu'elle est élitiste (socialement) et produit des idiots à la chaîne. Evidemment, les professeurs y sont très réputés et leur qualité d'enseignement est certaine, mais la politique de notation de l'université (et ça vaut pour l'UQAM) est très basse. En d'autres mots, dans le système québécois, je trouve le niveau faible, voire même faiblard. Ca ne dira rien probablement rien pour celui qui a étudié les sciences politiques, mais j'ai été surpris que, dans mon séminaire à McGill, seules 3 personnes sur 10 avaient lu Max Weber (un auteur incontournable dans la discipline). De même, les étudiants n'y lisent jamais aucun classique de la discipline. N'essayaient même pas de faire des références littéraires, vous n'obtiendrai qu'un "what ?" Et pourtant, la référence était Shakespeare... "La communauté universitaire a tendance à tourner sur elle-même, à se replier sur l'hexagone" dit-on en France, mais j'ai la sensation que j'ai lu une somme astronomique d'auteurs non-Français à côté de mes petits camarades de McGill. La situation est meilleure à l'UQAM, mais une fois encore le niveau n'est pas au rendez-vous. Bref, on note assez gentil ici et là, sous condition que vous soyez assidu et que vous faites le minimum exigé.

Sur le système d'enseignement en lui-même, attendez vous à un choc culturel immense. Encore une fois, ça ne vaut que pour mon domaine (science politique), mais dans les séminaires (niveau maîtrise), vous avez un avis, vous devez lire (beaucoup, même si une fois les sources ne sont pas trop celles auxquelles vous vous attendez - sources secondaires, et non primaires - ou que vous relisez les lectures effectués en L3 lorsqu'il s'agit des classiques) et participez très activement en classe. Aucun cours magistral à ce niveau là. Mais ces séminaires ne constituant qu'une infime part de mon programme doctoral, je dois bien admettre que je ne suis pas le mieux placer pour en parler.

Sinon, le monde universitaire abonde d'opportunités et, le pire, c'est que vous vous sentez tout d'un coup super-sexy : on vous propose de vous donner un financement pour un colloque, on vous propose d'obtenir X bourses en plus de celle que vous avez déjà, on vous encourage à enseigner... Par rapport à mes amis qui font leur doctorat en France, je me sens riche et considéré (chose qui ne me donne pas une envie folle de retourner dans le milieu universitaire français, où le doctorant est entre la machine à café et le post-it qui traîne quelque part).

Conclusion

Le Québec, la société québécoise, le système universitaire, etc. sont loin d'être parfaits. Mais, un peu comme partout, tout dépend de votre univers et ce que vous cherchez à l'extérieur, tout dépend de la part de rêve et de réalité qui vous anime. Je me force à recréer mon petit monde cosmopolito-intellectuel et à relativiser même quand je bouillonne de rage. Personnellement, ces petites imperfections m'agacent mais, au final, je ne me sens bien moins à l'étroit qu'en France. Alors oui, le cellulaire (mobile, en traduction Française de France) est à l'âge des cavernes, je ne comprends pas pourquoi l'eau de source est si chère, la couleur des légumes me rend aveugle et je me force parfois à être sourd en entendant les facilités linguistiques que prennent nos "cousins d'Amérique" avec la langue française. Un rien ne m'agace, et c'était déjà le cas en France. Ca sera certainement la même dans la ville X, du pays Y. J'avais un seul mot d'ordre avant de partir : "je veux continuer à moi, mais ailleurs". Pour le moment, cet "ailleurs" me convient. Sera-t-il un jour "chez moi" ? Personnellement, j'en doute, mais la réflexion ne se pose pas encore. A l'heure du choix, je pèserai le pour et le contre, et je choisirai la décision la plus rationnelle (car j'agis toujours ainsi devant l'incertitude) ou la plus irrationnelle (mais là, ce sera conditionné par l'Amour, avec le grand A, qui vous fait apprécier même ces petites imperfections).

En meme temps tu es en science politique.., un domaine de formation qui n'offre pratiquement aucun d/bouch/, les meilleurs /tudiants ne vont pas dans ce domaine de formation. Je suis sur que si tu allais dans une facult/ de droit ta perception du systeme changerait.

  • Habitués
Posté(e)

McGill est une université réputée, avec de beaux locaux, etc. Mais je trouve qu'elle est élitiste (socialement) et produit des idiots à la chaîne.

Peremptoire et insultant comme reflexion. Rassure nous, c'est seulement en sciences politiques ou bien dans tout, y compris en medecine ?

  • Habitués
Posté(e)

McGill est une université réputée, avec de beaux locaux, etc. Mais je trouve qu'elle est élitiste (socialement) et produit des idiots à la chaîne.

Peremptoire et insultant comme reflexion. Rassure nous, c'est seulement en sciences politiques ou bien dans tout, y compris en medecine ?

Effectivement, McGill est une des université les plus réputés au monde en médecine, mais les médecins qui sortent de là ne sont bons à rien...

Posté(e)

En meme temps tu es en science politique.., un domaine de formation qui n'offre pratiquement aucun d/bouch/, les meilleurs /tudiants ne vont pas dans ce domaine de formation. Je suis sur que si tu allais dans une facult/ de droit ta perception du systeme changerait.

Oui, on m'a déjà fait le "Ah ? Science politique..." avec de l'étonnement mêlé au dégoût, m'expliquant que le droit c'est bien mieux (entre nous, je ne vois pas quel est l'intérêt pour un Français que d'apprendre le droit canadien mais il doit en avoir un...). Maintenant, je maintiens que le niveau est très bas dans ma discipline. Une fois encore, ce n'est pas de la faute du corps professoral, mais bien de cette asymétrie entre une bourgeoise qui vient payer une université pas chère pour avoir la carte de visite et l'esprit académique qui n'est pas au rendez-vous.

Peremptoire et insultant comme reflexion. Rassure nous, c'est seulement en sciences politiques ou bien dans tout, y compris en medecine ?

Je peux soigner un bobo de ma nièce avec un bisous sur le genoux, ça ne fait pas de moi un médecin. Et je ne sais pas ce qui se passe non plus en anthropologie ou en mathématique. Je fais une constatation selon mon expérience de la chose.

  • Habitués
Posté(e)

Je peux soigner un bobo de ma nièce avec un bisous sur le genoux, ça ne fait pas de moi un médecin. Et je ne sais pas ce qui se passe non plus en anthropologie ou en mathématique. Je fais une constatation selon mon expérience de la chose.

Donc ils sont seulement "idiots" en sciences politiques, c'est ca? J'ai tique parce que ta reponse semblait un peu generalisee a tous les domaines ...

Posté(e)

Donc ils sont seulement "idiots" en sciences politiques, c'est ca? J'ai tique parce que ta reponse semblait un peu generalisee a tous les domaines ...

Et encore, seulement ceux que j'ai pu côtoyer... Mais parfois, à prendre des pincettes, on ressemble plus à un taxidermiste de la pensée. Je parle de mon expérience, de mon point de vue, et de ma discipline (à ton avis, un ingénieur peut juger du niveau d'un politologue ? C'est la même de l'autre côté...). Si tu n'avais pas "tiquer" mais lu distinctement le paragraphe tu auras compris que c'était le cas. D'ailleurs, si tu tiques sur le mot "idiot", associé à une université élitiste, je te conseille de te boucher les oreilles si tu rencontres un étudiant de l'UQAM qui va te déverser son fiel ordinaire sur la prestigieuse institution. A bon entendeur...

  • Habitués
Posté(e)

La réputation de McGill en Sciences Po n'est effectivement pas fameuse, soit dit en passant...

  • Habitués
Posté(e)

J'ai bien compris qu'il s'agisait de ton point de vue, et rassure toi j'ai bien lu ta prose. Mais, tu sais, il y aussi des gens qui generalisent a outrance (i.e dans les domaines ou ils ne sont pas competents). On en rencontre dans ce forum. Il y a seulement un probleme de chronologie dans ta section "systeme universitaire" : si tu avais ecrit explicitement, au debut, que ton jugement s'appliquait a ta discipline, cela aurait leve la confusion. Et puis on va pas faire non plus un roman sur ce probleme.

Quant a ce que pensent les etudiants de l'UQAM vis-a-vis de McGill, ben, je m'en moque comme de ma premiere chemise. Le probleme se pose aussi en France. Pour etre issu de la plus grande universite de sciences en France, j'en ai aussi entendu des vertes et des pas mures de la part d'amis docteurs ou postdoc vis-a-vis de facs de province, ce qui n'enleve en rien les competences que les etudiants de ces dernieres peuvent avoir. Ca fait partie des petites gueguerres entre universites. Idem aux US.

Posté(e)

En meme temps tu es en science politique.., un domaine de formation qui n'offre pratiquement aucun d/bouch/, les meilleurs /tudiants ne vont pas dans ce domaine de formation. Je suis sur que si tu allais dans une facult/ de droit ta perception du systeme changerait.

Oui, on m'a déjà fait le "Ah ? Science politique..." avec de l'étonnement mêlé au dégoût, m'expliquant que le droit c'est bien mieux (entre nous, je ne vois pas quel est l'intérêt pour un Français que d'apprendre le droit canadien mais il doit en avoir un...). Maintenant, je maintiens que le niveau est très bas dans ma discipline. Une fois encore, ce n'est pas de la faute du corps professoral, mais bien de cette asymétrie entre une bourgeoise qui vient payer une université pas chère pour avoir la carte de visite et l'esprit académique qui n'est pas au rendez-vous.

Peremptoire et insultant comme reflexion. Rassure nous, c'est seulement en sciences politiques ou bien dans tout, y compris en medecine ?

Je peux soigner un bobo de ma nièce avec un bisous sur le genoux, ça ne fait pas de moi un médecin. Et je ne sais pas ce qui se passe non plus en anthropologie ou en mathématique. Je fais une constatation selon mon expérience de la chose.

Que diriez-vous des universités françaises accusées de ventre des diplômes aux chinois ?
  • Habitués
Posté(e) (modifié)

En meme temps tu es en science politique.., un domaine de formation qui n'offre pratiquement aucun d/bouch/, les meilleurs /tudiants ne vont pas dans ce domaine de formation. Je suis sur que si tu allais dans une facult/ de droit ta perception du systeme changerait.

Oui, on m'a déjà fait le "Ah ? Science politique..." avec de l'étonnement mêlé au dégoût, m'expliquant que le droit c'est bien mieux (entre nous, je ne vois pas quel est l'intérêt pour un Français que d'apprendre le droit canadien mais il doit en avoir un...). Maintenant, je maintiens que le niveau est très bas dans ma discipline. Une fois encore, ce n'est pas de la faute du corps professoral, mais bien de cette asymétrie entre une bourgeoise qui vient payer une université pas chère pour avoir la carte de visite et l'esprit académique qui n'est pas au rendez-vous.

Peremptoire et insultant comme reflexion. Rassure nous, c'est seulement en sciences politiques ou bien dans tout, y compris en medecine ?

Je peux soigner un bobo de ma nièce avec un bisous sur le genoux, ça ne fait pas de moi un médecin. Et je ne sais pas ce qui se passe non plus en anthropologie ou en mathématique. Je fais une constatation selon mon expérience de la chose.

Ce que j'essaie de t'expliquer c'est que les bons étudiants au collégial n'appliquent pas pour aller en science politique, il est donc normal que le niveau soit bas. Ici, les étudiants brillant du collégial vont dans les facultés de gestion, de droit, de médecine, de génie, d'architecture ... (ces programmes sont contingentés). Or, l'admission au programme de science politique est pas contingenté, ce qui veut dire qu'il accepte n'importe qui tant qu'il a un DEC jusqu'à la capacité maximale des classes. C'est pourquoi les facultés de sciences politiques ont un niveau faible.

La cote de rendement au collégial, aussi appelée Cote R, est une méthode statistique utilisée au Québec visant à mesurer la performance des étudiants de niveau collégial en vue de leur admission dans un programme contingenté à l'université.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cote_R

Modifié par Tline250
Posté(e)

Les bilans concernant l'expatriation sont rares. J'aime bien ta façon de voir les choses et de te situer. :flowers:

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