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Chronique d'une job annoncée...


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20 octobre 2006 10h30 et une heure de retard, Paris CDG : « Mesdames et Messieurs bienvenue à bord du vol 871 dAir Canada » Ca y est ! Le fameux « voyage de reconnaissance débutait pour moi, 15 années de rêves, dinformations, et peut-être même parfois dutopies, mais en une semaine mon challenge était clair : quallais-je ressentir au retour de ce voyage tant attendu ?

Une déception ? Rien nest faisable pour moi là-bas, je nai construit quun long et pénible rêve qui ne se réalisera donc jamais, maintenant que jai vu la réalité des choses, sur le terrain, elles ont bien changé ces choses justement ! Loin de revoir ce que jai pu observer lors de mes premiers voyages il y a maintenant plus de 10 ans. Voici donc un rêve qui sécroule en une semaine tel un château de cartes.

Une chance ? Après tout, jy ai peut-être bien ma place moi aussi, ici Les paysages, les gens, laccueil sont agréables et les chances de trouver une job, ten fais quoi ? Ah oui, cest vrai, pas si évident que ça, mais si je me débrouilles bien, eh bien je commencerai par une jobine pour assurer la marmite tous les jours et on verra, cest pas ici que les évolutions de carrières se font rapidement ??? Oui, mais cest vrai que je veux « débarquer » avec une famille nombreuse le risque est grand, ne vaut-il mieux pas assurer ce que jai déjà en France, plutôt que de tenter une aventure peut-être trop folle ?

Une très bonne réalité ? Ah oui, ça les gens sont sympas et accueillants, oh oui ! les paysages sont splendides, lair (de la fin octobre sic !) est vivifiant, cest certain !!! Mais le boulot ? Ben le boulot, y a plus quà y a plus quà se relever les manches, et puisque jai lancé deux ou trois perches depuis lautre côté de la flaque, maintenant que je suis là, et puisque jai garanti à ma blonde que je reviendrai avec une job en poche y a plus quà !

Lundi 23 octobre, 9h00 (HE), Québec : « Bonjour, jai rendez-vous avec Madame ». Ca y est, après une petite fin de semaine de tourisme vert aux alentours de Québec, le premier moment de vérité est face à moi. Je me suis lancé dans ma première entrevue pour décrocher un emploi Comble de la chance, mon CV, envoyé 5 jours auparavant par courriel à différents chasseurs de têtes, a intéressé lune dentre eux 6.000 km et quelques jours plus tard, le C.V. ne suffisait plus à convaincre, cétait à moi de faire mes preuves.

Une entrevue pas plus longue quune grosse heure Aïe ! Lun de mes amis québécois, en maccompagnant en voiture sur Laurier, me disait quelques minutes avant « si ton entrevue dure plus dune heure, voire même deux, cest plutôt bon signe », mais quand ça dure à peine une heure, est-ce mauvais signe, alors ?

Pourtant le courant est bien passé avec mon interlocutrice, jeune, dynamique, nous avons pas mal échangé sur mes motivations à venir travailler au Québec, sur les travers des uns et des autres, mais surtout sur ce que jétais capable dapporter à un employeur québécois Mais oui, dans le fond, que puis-je donc apporter à un employeur québécois ? Pourquoi moi, petit français, aurais-je plus de « valeur ajoutée » quun résident du Québec ? Quels sont mes défauts, mes qualités, que diraient mes collègues (ou collaborateurs plutôt) sur ma façon dêtre à leur égard au bureau ? Et ma famille ? Combien denfants ? Que fait ma blonde dans la vie ? et quelle est ma personne de référence, et pourquoi « ce peut-être une personne connue ou pas connue » me dit-elle Ni une, ni deux, ma référence, ben justement cest ma blonde. Cest elle qui a toujours été là pour me sortir des pépins, quand jen ai croisés depuis 15 ans, cest elle qui ma donné 4 magnifiques enfants, qui font mon bonheur quotidien, cest elle que je connais et qui me connaît au point que nous savons que lun sans lautre cest un peu les pôles sans icebergs cest-à-dire rien.

Mais cest elle aussi qui ma retenu depuis des années pour ne pas faire ce grand saut mais elle avait sûrement encore une fois raison, ce nétait pas le bon moment, sans doute.

La réponse étonne mais intéresse ma « chasseuse » de têtes elle écrit 4 lignes sur sa feuille dentretien, aïe aïe, que navais-je pas dit ? Ca y est je suis démasqué, placé dans la case « trop proche de la famille et pas assez du travail », moi qui ai consacré 15 années de ma vie aux entreprises que je « montais » de 7h du matin à 22h le soir

Et pourtant javais limpression en ressortant de cette entrevue que les choses ne sétaient pas trop mal déroulées.

« Je contacte mon client, et lui fais part de notre entretien, peut-être voudra-t-il vous rencontrer sur Montréal ou sur Québec dans la semaine, puisque je crois que vous rentrez en France cette fin de semaine ».

Lattente commence, mais sans angoisse particulière, cest vrai quoi, je ne suis venu ici quen voyage de reconnaissance, pas pour trouver une job, et puis, dans le fond cétait ma première entrevue québécoise, et même ma première entrevue de ma vie professionnelle Eh oui cest ça dêtre un patron tout le temps, on ne sait même pas à quoi sont confrontés les employés !

Mercredi 25 octobre, 14h00 (HE), Montréal : Après une petite matinée à flâner dans les rues de Montréal, une deuxième entrevue mattendait dans un cabinet bien connu de la place. Ce rendez-vous mavait été fixé par un ami qui connaît la responsable recrutement de mon domaine dactivité. Ah oui, sacré réseautage, et voilà encore !

Le temps était pluvieux, mais pas catastrophique, jespérais beaucoup de cette entrevue, et en plus je savais quil y avait un poste vacant pour lequel je correspondais au profil

Un accueil dynamique et super chaleureux, « Nils, je suis content de vous voir, Pierre ma beaucoup parlé de vous » Ah bon ? Qua-t-il pu donc bien dire sur moi quai-je fait de si remarquable dans ma vie ???

1h30 dentrevue, ah oui là la durée était respectée pour fonder de très bons espoirs, une interlocutrice très enthousiaste, même pour me dire « your English is perfect » Ah bon ???

Mais les deux postes à pourvoir, pour lesquels il y a pénurie de main duvre locale requièrent un permis de travail de lAutorité des Marchés Financiers, et, malgré un appel à chacun des deux futurs employeurs, ma chère « chasseuse » de têtes na rien pu faire Patatra deux jobs qui méchappent à cause dun sésame dont je ne dispose pas !

Tant pis, jétais là pour voir, jai vu Et puis sil faut faire une jobine pour y arriver, après tout, je me débrouille en cuisine, quitte à bosser, autant faire quelque chose que je maîtrise un peu.

Jeudi 26 octobre, 11h30 (HE), Québec : Jouvre ma boîte de courriels, je sais que la chasseuse de têtes de Québec a tenté de me joindre chez mes amis hier, lorsque jétais à Montréal. Peut-être ma-t-elle adressé un courriel ?

« Bonjour, je vous invite à communiquer avec moi sans tarder »

Ouahhh! Quest-ce que ça veut dire ça ? Jinterroge mes amis qui me répondent quen général ça nest pas mauvais signe ce genre de demande

Ni une ni deux, je prends le téléphone et je me lance, je lappelle donc, et elle mapprend que son client souhaite me rencontrer très rapidement ok demain cest bon ? Non, pas demain, cet après-midi à 16h00 dans leurs bureaux. 16h00, je suis à 35 km de Québec sans aucun moyen de locomotion Aïe ! Mais je joue une carte fondamentale pour mon avenir, alors cest un grand « oui sans difficultés, je serai à vos bureaux à 16h00 » qui sort de ma bouche !

35 km, pas plus de 3 heures devant moi, et puis moi qui navais prévu que pour seule sortie du jour un tour sur les bords du Saint Laurent je nallais quand même pas me présenter en jean, t-shirt et pull, pas rasé du matin

Un taxi, la seule solution le taxi du village, vite un coup de fil, le temps presse quand même. Cest OK mais il passe me chercher dans vingt minutes, après il nest plus disponible! Vingt petites minutes pour se changer enfiler costume, cravate, se raser au préalable, se faire « beau » quoi !

20 minutes plus tard, le taxi attend dehors, je suis fin prêt à affronter peut-être mon avenir, cest comme des sensations dassurance et de crainte qui se croisent et se décroisent, mais après tout, ma vie entière nest pas liée à cette entrevue. Non, pas ma vie entière, mais un sacré pan quand même !

15h45 : « Bonjour, jai rendez-vous avec Madame X »

Lemployeur nest pas encore arrivé, jattends donc un petit quart dheure, en lisant des revues sur lemploi au Québec, histoire de me changer les idées ! 15 minutes plus tard, quasiment à la précision dune horloge suisse, on frappe à la porte Cest lui.

La cinquantaine, cheveux gris blanc, plutôt bonne allure, et avec de lentregent, il se dirige vers le comptoir daccueil et est accompagné ensuite dans le bureau de la recruteuse.

10 minutes sécoulent, mais que peuvent-ils bien se raconter ? Est-ce à mon sujet? Est-ce sur la question du contrat entre leurs deux compagnies ? Pas mal de questions tournent au-dessus de moi, virevoltant ici et là entre deux lectures sur le « port de la culotte et la tenue vestimentaire au bureau » (si si je vous assure que cétait bien le sujet dun long article dans un magazine dédié au travail au Québec !).

« Nils, vous pouvez venir? » Me voilà lancé dans larène ! Mais je reste calme, je salue mes interlocuteurs, plutôt sur un ton posé et souriant La première impression Foutue première impression, mais cest sur elle quune large partie de cette game se joue. Ca y est, cest parti pour plus d1h30 de dialogues, de questions / réponses, mais aussi déchanges de sentiments, et puisque nous faisons le même métier, jexpose du mieux possible ma façon de travailler. Je me « vends » en noubliant pas que je cherche à immigrer dans un pays qui nest pas le mien, mon intégration se fera automatiquement par lemploi que jobtiendrai, et ça ils ont besoin de le savoir. Je leur apporterai ce que je sais faire, mais japprendrai à être humble et à minsérer dans un système qui existe déjà et dans lequel je peux faire ma place si javance intelligemment.

Prétentions salariales, défauts, qualités, vues du métier et du domaine dans lequel nous oeuvrons, bref, beaucoup de sujets mis sur la table, et il acquiesce régulièrement. Mais est-ce une forme de politesse ? Ou bien est-ce sincère ? Le verdict à la fin de cette entrevue

« Pour moi cest tout bon » Rien dautre, voilà la formule magique quil ma servi sur un plateau dargent ! Ben si cest tout bon, ça veut dire que Oui, ça veut dire que jai encore des formalités à accomplir pour que vers la mi / fin novembre je sois en poste à Montréal, dans cette compagnie à rencontrer ceux avec lesquels je vais quotidiennement (peut-être) partager mes sentiments de cette immigration que jattendais tant !

Moins dune semaine pour obtenir un emploi, une efficacité de cette société de recrutement hors pair, et de la société québécoise en général quant au travail. Mais attention, jai découvert de nombreux travers de cette fameuse société québécoise dans le quotidien ! Le prochain « épisode » en fera état, ma « chronique dune visite annoncée », les rencontres, les promenades, les paysages, les gens

  • Habitués
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Formidable !!!! Félicitations, ça semble vraiment bien se passer pour vous.

Mais attention, jai découvert de nombreux travers de cette fameuse société québécoise dans le quotidien !

Des travers ? Nous, des travers ? Ben non voyons, nous sommes absolument parfaits. :angelus:

  • Habitués
Posté(e)

Ouah!!!! :gna:

Quel superbe récit et agréable lecture!!! :D

Merci pour ce moment que tu nous fait partager et bonne continuation pour ce premier job.

Je suis impatiente de lire la suite.

A bientôt.

Delphine

  • Habitués
Posté(e)

Waaaoooh, c'est très bien écrit tout çà ! Bravo ! :)

Et merci de nous donner cet aperçu ... très réaliste ! ;)

On attend la suite ...

Zémida :rolleyes:

  • Habitués
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Merci à tous, je vous promets la suite ou plutôt l'autre volet de cette semaine enthousiasmante d'ici à la fin de la semaine... je vais prendre "mon clavier" au lieu de "ma plume" et hop !

Eh non les québécois n'ont aucun tavers :angelus: , tout le monde le sait bien... d'ailleurs c'est pour cela qu'on veut tous venir vous embêter chez vous !

Excellente journée à ceux qui la débutent et bon après-midi aux autres...

Nils

  • Habitués
Posté(e)

Félicitations ! :)

Tu fais partie des plus chanceux : ceux qui décrochent une job avant même d'arriver. L'employeur s'occupe de ton visa de travail si je comprends bien.

Redflag

  • Habitués
Posté(e)

Félicitations ! :)

Tu fais partie des plus chanceux : ceux qui décrochent une job avant même d'arriver. L'employeur s'occupe de ton visa de travail si je comprends bien.

Redflag

Merci ! Oui en effet il gère le visa de travail avec les services RHDCC ou quelque chose comme ça, ensuite je ferai mon dossier visa RP depuis Mtl...

  • Habitués
Posté(e)

Félicitations ! :)

Tu fais partie des plus chanceux : ceux qui décrochent une job avant même d'arriver. L'employeur s'occupe de ton visa de travail si je comprends bien.

Redflag

Merci ! Oui en effet il gère le visa de travail avec les services RHDCC ou quelque chose comme ça, ensuite je ferai mon dossier visa RP depuis Mtl...

DRHC, Direction des ressources humaines Canada, renommé Ressources humaines et Développement social Canada.

Ton cas montre qu'un voyage de reconnaissance bien préparé peut être d,une grande utilité. Avoir un boulot rapidement quand ona rrive est ce qu'il y a de plus précieux, surtout quand on immigre en famille. Sans recherche d'emploi à faire, vous allez vraiment pouvoir profiter du meilleur de votre nouvelle vie dès le début. :)

Red

  • Habitués
Posté(e)

Félicitations ! :)

Tu fais partie des plus chanceux : ceux qui décrochent une job avant même d'arriver. L'employeur s'occupe de ton visa de travail si je comprends bien.

Redflag

Merci ! Oui en effet il gère le visa de travail avec les services RHDCC ou quelque chose comme ça, ensuite je ferai mon dossier visa RP depuis Mtl...

DRHC, Direction des ressources humaines Canada, renommé Ressources humaines et Développement social Canada.

Ton cas montre qu'un voyage de reconnaissance bien préparé peut être d,une grande utilité. Avoir un boulot rapidement quand ona rrive est ce qu'il y a de plus précieux, surtout quand on immigre en famille. Sans recherche d'emploi à faire, vous allez vraiment pouvoir profiter du meilleur de votre nouvelle vie dès le début. :)

Red

Merci pour la précision je me suis noyé dans les abréviations... même le KFC français devient PFK au Québec !!! Avis aux amateurs (prochaine chronique).

Oui c'est vrai que bien préparer sa venue est essentielle et c'est encore plus vrai que non seulement j'ai ma job, mais ma blonde en trouvera une en une semaine dixit les chasseurs de têtes rencontrés, donc c'est un soulagement, ne serait-ce que justement pour les fameux "fonds" nécessaires à la venue au Québec!

Dernier point, je persiste à dire que le Québec ne nous attend pas, montrons lui (et à ses habitants) que nous valons le coup d'être des leurs... Ne faisons pas de l'immigration au Québec une tache sombre, mais plutôt une force de cette province.

Et puis ma motivation et mon travail de (très) longue haleine ont fini par payer.

  • Habitués
Posté(e)

Wow! Félicitations! C'est de l'efficacité ça mon ami, d'un côté comme de l'autre! :D

Comme la souligné Redflag, tu es très chanceux d'avoir un job qui t'attend ici. Ça change bien des trucs et c'est un gros stress de moins. Et si ta blonde a droit au même résultat rapide, c'est parti mon kiki... ;)

  • Habitués
Posté(e)

J'espère juste pour toi, qu'ils seront fiables, que vaut un "oui" oral d'un employeur québecois?

PS: je ne fais que poser la question

  • Habitués
Posté(e)

J'espère juste pour toi, qu'ils seront fiables, que vaut un "oui" oral d'un employeur québecois?

PS: je ne fais que poser la question

Tu as raison de poser la question, je me la suis posée le moment venu, et de source presque sûre un "oui" québécois est bien différent d'un "oui" français, c'est à dire qu'au premier coup c'est un vrai OUI en trois lettres et sans arrière pensée... pas comme chez nous autres !

Posté(e)

Merci encore de ton message Nils. Nous allons le mettre en page d'accueil.

Bonne suite !

  • Habitués
Posté(e)

Merci encore de ton message Nils. Nous allons le mettre en page d'accueil.

Bonne suite !

Merci Laurent, c'est un vrai plaisir ! Je vais tenter un petit texte sur justement ce même voyage plus côté de la société québécoise... Lorsque j'aurai fini mes malles pour le début décembre (Galliéni passe le 20/11 les chercher...) !!!

Merci à Laurence et à toi (et tous ceux qui y travaillent) de nous offrir ce site qui m'a enrichi comme tant d'autres, certainement, nous qui nous posons tant de questions même parfois complètement stupides!!!

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