Habitués Boudebouchon Posté(e) 3 octobre 2006 Habitués Posté(e) 3 octobre 2006 La chronique de Michèle OuimetMichèle OuimetLa PresseIl n'a pas dormi du week-end. Il est très nerveux. Tout le Québec a les yeux tournés vers lui.Lui, c'est "l'inspecteur" du ministère des Transports du Québec qui aurait "inspecté" le viaduc du boulevard de la Concorde, samedi, une trentaine de minutes avant son effondrement.Mais "l'inspecteur" n'a rien inspecté car il ignore tout des ponts et des viaducs. C'est un simple patrouilleur, un ouvrier, un homme dans la cinquantaine. Il ne veut pas parler aux médias. Il est trop bouleversé et il a le moral dans les talons. Ses collègues aussi.Reprenons la séquence des événements. Samedi, à 11h20, un automobiliste, Dave Ferrara, appelle le 911. Un morceau de béton gros comme une valise gît sur l'autoroute, prévient-il. L'appel est transmis à la Sûreté du Québec, qui contacte le ministère des Transports.Le Ministère envoie un homme "inspecter" le viaduc. Mais cet homme n'est ni inspecteur, ni ingénieur, ni même technicien. À 11h55, le patrouilleur ramasse le morceau de béton, le balance dans son camion, fait son rapport, puis quitte les lieux. On le rappelle peu de temps après pour lui dire que d'autres morceaux sont tombés. Il se dirige de nouveau vers le viaduc mais il est trop tard : l'ouvrage s'est déjà effondré, tuant cinq personnes.Le patrouilleur aurait demandé que le viaduc soit inspecté. C'est du moins ce qu'a déclaré, hier, la sous-ministre Anne-Marie Leclerc, lors d'un point de presse.Au cours du week-end fatidique, il n'y avait que deux patrouilleurs pour couvrir Laval et Montréal. Chacun dans son camion. Ils recevaient des appels et se promenaient sur la route pour enlever des débris, des vieux matelas ou des mouffettes écrasées qui nuisent à la circulation. Rien de plus.À peu près n'importe qui peut devenir patrouilleur. Il s'agit de détenir un permis de conduire et d'avoir réussi un cours de secourisme. Salaire : 16,40 de l'heure. Moyenne d'âge des patrouilleurs : 52 ans.Le patrouilleur qui a été dépêché au viaduc de la Concorde n'avait pas les connaissances requises pour détecter un problème de structure. Il avait encore moins l'autorité de décréter la fermeture du viaduc et de l'autoroute. Le problème, ce n'est pas l'homme mais le système.La surveillance de première ligne pour éviter les catastrophes ne fonctionne pas. C'est comme si un blessé grave arrivait à l'hôpital et était examiné par la femme de ménage plutôt que par un médecin ou une infirmière.Et le problème est connu au ministère des Transports. Les patrouilleurs se sont souvent plaints à leurs patrons, affirmant qu'ils n'étaient pas compétents pour évaluer la solidité d'une structure.Si les ingénieurs en perdent leur latin et ne comprennent pas pourquoi un viaduc qui a seulement 35 ans s'est écrasé, comment un ouvrier, même expérimenté, peut-il détecter un danger imminent d'effondrement?Il n'y a pas que la première ligne qui fonctionne mal au ministère des Transports. J'ai relu le rapport 2002-2003 de la vérificatrice générale sur les ponts. Brrr."Carences" dans l'information sur les ponts inspectés, écrit-elle; dans certains cas, le Ministère n'a pas fait les inspections annuelles requises; dans d'autres, il ne sait pas si elles ont été effectuées. Et il n'y a pas de stratégie globale.Sans oublier les données du Ministère : seulement 65% des structures au Québec sont en bon état. Dans le lot, figurait le viaduc du boulevard de la Concorde. Comment est-ce possible?Les ponts et viaducs se dégradent à un rythme accéléré. Le sel ronge les armatures métalliques ancrées dans le béton armé. La corrosion est invisible mais cause des dégâts importants. Le nombre d'autos empruntant les viaducs a explosé au cours des dernières années et les camions transportent des charges de plus en plus lourdes. Dur, dur pour les viaducs.Il faut aussi se poser des questions sur nos choix : faut-il se lancer dans la construction de routes et d'autoroutes ou investir l'argent pour rafistoler un réseau qui en a drôlement besoin? Hier, deux sous-ministres du ministère des Transports affichaient un optimiste déconcertant. Dix-huit viaducs qui ressemblent à celui de la Concorde ont été examinés. Conclusion partielle : tout est beau.C'est le même ministère qui affirmait, en mai 2005, que le viaduc de la Concorde, inspecté de A à Z, était sécuritaire. Comment les croire aujourd'hui?Source Citer
Habitués steph56 Posté(e) 3 octobre 2006 Auteur Habitués Posté(e) 3 octobre 2006 Je suis daccord avec la petit-prince et zogu. Ce nest pas un rapport de 500 ou 1000 pages qui va sortir une fois que tout le monde aura oublié lincident qui est réellement important. Puis, tous les coupables (gouvernement, entreprises de BTP) sen sortent bien.Ok, il y a un viaduc qui sest écroulé. Mais ce qui nous intéresse, cest de revoir lensemble des pratiques en matière dentretien du réseau. Ce qui nous intéresse, cest létat de tous les autres ponts du Québec, quest-ce qui va être fait pour réparer ceux qui sont endommagés, etc ?Dès demain, un autre pont peut sécroulerIl faut y penser. Citer
Habitués Petit-Prince Posté(e) 4 octobre 2006 Habitués Posté(e) 4 octobre 2006 J'ai adoré le petit mot de Daniel Rondeau sur son blog :"Mal intégré à la société québécoise...Un viaduc s'effondre à Laval!" Citer
lory_paris Posté(e) 13 octobre 2006 Posté(e) 13 octobre 2006 Ouaouh, on vient de tomber sur cet article qui analyse l'effondrement du viaduc sous un angle étonnant :Un mea-culpa collectifVenant d'un économiste ça remoue pas mal de choses...Qu'en pensez-vous ? Citer
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