Laurent Posté(e) 15 décembre 2006 Posté(e) 15 décembre 2006 Christian Rioux correspondant au Devoir à Paris depuis plus de 10 ans fait un article à propos de la nation québécois et des comparaisons avec d'autres nations.Ce débat a finalement du bon en ce qu'il aura forcé tout le monde à prendre position sur un sujet essentiel. Je m'étonne pourtant qu'un argument ait été escamoté. Cela peut paraître prétentieux, mais j'aurais envie de dire que la nation québécoise n'est pas seulement ouverte à tous ceux qui habitent le territoire du Québec, elle est aussi en quelque sorte plus qu'une nation. En effet, le Québec est le seul État dans le monde qui soit garant de la survie d'une civilisation française en Amérique. Au-delà des pays et des gouvernements, le continent américain s'est décliné dans l'histoire sur les modes amérindien, anglo-saxon, hispanique, lusophone et français. Les Français ont créé sur ce continent une façon qui leur est propre d'entrer en contact avec ses habitants, d'y vivre et d'y appréhender le monde. Or le Québec est à cette Amérique française ce qu'Israël est aux Juifs et à leur héritage, l'Arménie aux Arméniens, le Kurdistan irakien aux Kurdes, l'Irlande aux Irlandais et l'Écosse à l'immense diaspora écossaise. Le Québec est porteur non seulement de sa propre destinée mais aussi d'un héritage historique qui le dépasse. Il traîne derrière lui le poids historique de toutes les communautés françaises d'Amérique qui, nulle part ailleurs, ne jouissent, pour perpétuer leur mémoire, d'un État où elles sont majoritaires. Vous noterez d'ailleurs que les peuples que j'ai mentionnés, qui ne sont pas encore indépendants, sont tous plus ou moins tentés par l'idée. Beaucoup plus, à tout le moins, que les Hongrois de Slovaquie ou les francophones de Belgique, par exemple. C'est qu'ils portent sur leurs épaules une responsabilité historique particulière. On pourrait dire que le Canada est lui aussi garant de cet héritage. C'est probablement ce qu'ont cru nos ancêtres qui se sont engagés de bonne foi dans la fédération canadienne en 1867. Presque un siècle et demi plus tard, on peut malheureusement imaginer le jour où le Québec ne représentera plus que 20 %, 15 % ou 10 % de la population canadienne. Comme le répète souvent le collègue Jean-François Lisée, les tendances démographiques canadiennes tendent de façon apparemment irréversible à minoriser toujours un peu plus le Québec. Ce que d'aucuns appellent le misérabilisme des Québécois ne vient pas de nulle part. Il est même en quelque sorte inscrit dans la structure du Canada depuis ses débuts. Lorsque Stéphane Dion s'étonne naïvement qu'un Québécois puisse devenir chef d'un grand parti canadien sans parler parfaitement l'anglais, il oublie que ses ancêtres ne réclamaient pas le droit à un accent mais bien à un pays où la pérennité de cette Amérique française serait assurée. Les Juifs n'ont pas fondé Israël uniquement pour ceux qui y vivent mais aussi pour tous les Juifs du monde qui savent que, même si un jour ils ne parlent plus hébreu, existera dans l'univers un État dont ce sera la langue officielle et qui sera surtout porteur de cette mémoire. Les Irlandais perçoivent l'Irlande ainsi, comme la patrie d'une gigantesque diaspora et le témoignage d'une culture dont la survie et le développement dépassent de loin le sort de ceux qui y habitent. Au-delà des débats abstraits, c'est aussi cela, le Québec. On dira que ce n'est qu'affaire de symboles. Mais les nations sont-elles faites d'autre chose? http://www.ledevoir.com/2006/12/15/124981.html Citer
Habitués scanlolo Posté(e) 15 décembre 2006 Habitués Posté(e) 15 décembre 2006 Merci pour l'article LaurentComme d'autre, avant de me plonger dans le Québec, je faisais l'amalgame entre Québec et canada comme beaucoup de francais.Comme le dit justement le journaliste, le Québec représente un symbole de l'histoire (ou de sa grandeur )de la France, il n'y a qu'à voir le succés des livres ou articles sur l'Amérique FrancaiseBonne réception Citer
JFL13 Posté(e) 15 décembre 2006 Posté(e) 15 décembre 2006 Je ne vois qu'un petit problème : le Québec est bien une nation, il n'est pas un État. Et c'est là la source de toutes les dissensions.Quant le journaliste indique que le Québec est le seul État dans le monde qui soit le garant d'une civilisation française en Amérique, il confère à cette nation une stature officielle et juridique qui n'existe pas. Indirectement, le seul État à défendre le français en Amérique, c'est le Canada, aussi incongru que cela puisse sembler.Le fait que le Québec dispose de structures politiques et diplomatiques propres n'en fait pas pour autant un "Israël du Nord".Les politiciens fédéralistes ne sont pas fous. Le combat ne porte pas vraiment sur le concept de nation proprement dit. Il porte sur l'accession de cette nation à la stature d'État. Et c'est bien là la pomme de discorde... Citer
Habitués Zogu Posté(e) 15 décembre 2006 Habitués Posté(e) 15 décembre 2006 Je ne vois qu'un petit problème : le Québec est bien une nation, il n'est pas un État. Et c'est là la source de toutes les dissensions.Avant d'être un état, l'Arménie n'était qu'une "région" occupée par les Arméniens, sous domination Russe (puis Soviétique). Une partie de la population quittait le pays, en une grande hémorragie de talent et de richesse... quant aux Arméniens de la diaspora, ils se faisaient absorber par leurs peuples-hôtes, en particulier les Turcs, les Iraniens et les Russes.Aujourd'hui l'Arménie est le foyer national des Arméniens et elle rayonne; elle aide aussi les communautés de diaspora dans les pays voisins. Quant aux diasporas établies dans les pays plus riches d'Occident, elles aident en retour l'Arménie. Citer
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