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Voci un article du monde d'hier. Son auteur est en professeur à Laval

Sans commentaire de ma part.

'Si le combat des Québécois pour la défense du français est connu, on connaît moins leur division sur le type de français qu'ils désirent employer. La majorité veut parler une langue proche de celle des autres francophones. Mais certains, les "aménagistes", considèrent le français standard comme un modèle linguistique étranger et prônent la création d'une "norme québécoise".

Cet objectif est en rapport avec l'attitude ambiguë de certains Québécois à l'égard de la France. Ils considèrent qu'ils sont ou ont été colonisés par ce pays, alors que le Québec n'a plus de lien juridique avec lui depuis 1763 ! Ainsi, Line Beauchamp, ministre de la culture, a déclaré : "Les différents Etats qui ont été colonisés par des sociétés européennes se sont tous donné leur propre dictionnaire. Il est assez particulier de voir que le Québec ne s'était pas encore donné un tel ouvrage."

En fait, les colonisés sont les Amérindiens et les Inuits. Quant aux colonisateurs, ce sont... les ancêtres des Québécois d'aujourd'hui et les Anglais.

Un sentiment antifrançais et anti-langue française de France est ancré dans une partie de la population. Un journaliste critiquait ainsi la décision du gouvernement québécois de choisir la chanson La Langue de chez nous, d'Yves Duteil, pour commémorer l'adoption de la Charte de la langue française : "La langue que Duteil y célèbre n'est pas celle de chez nous, mais celle de chez lui."

Cette distinction entre "nous autres" et "eux autres" (les Français) est caractéristique de ce courant. Certains vont jusqu'à considérer comme des "colonisés" les Québécois qui franchissent cette limite ethnique et optent pour le français standard. Denise Bombardier se disait récemment "troublée par l'impossibilité de discuter raisonnablement de la qualité de la langue parlée chez nous. La réaction épidermique consiste à discréditer quiconque s'y hasarde en le traitant (...) de vendu. Le fait que, parmi les jeunes, on -en- trouve tant qui expriment un dédain, pour ne pas dire une haine de la France et des "maudits Français", en dit long sur notre libération collective."

Pour les aménagistes, le "dictionnaire national" représente l'objet symbolique qui marquera la libération du peuple de l'impérialisme français. "Après s'être affranchis des Français dans la littérature, le film, la chanson, les Québécois s'apprêtent à affirmer leur identité par le dictionnaire", a écrit le linguiste Claude Poirier. Si cet affranchissement s'était fait en faveur, par exemple, du film québécois, il y aurait de quoi se réjouir. Mais l'"expansion" des films québécois (13 % du marché) a été favorisée par... l'effondrement des films français (9 %) face au rouleau compresseur américain (78 %). Est-ce un "affranchissement" ou une autre "colonisation"?

Les aménagistes ont investi les lieux de pouvoir : secrétariat à la politique linguistique, Conseil et Office de la langue française, ministère de l'éducation... On peut mesurer leur progrès en comparant deux définitions officielles à vingt-cinq ans de distance : "La norme qui, au Québec, doit régir le français dans l'administration, l'enseignement, les tribunaux, le culte et la presse, déclarait l'Office de la langue française en 1965, doit, pour l'essentiel, coïncider à peu près entièrement avec celle qui prévaut à Paris, Genève, Bruxelles, Dakar..." En 1990, le Conseil de la langue française affirmait qu'il y a maintenant "consensus au Québec quant à l'existence d'un français standard d'ici dont la description constitue la prochaine étape obligée du projet collectif québécois d'aménagement de la langue". En réalité, il n'y a pas de consensus. Le Conseil n'a écouté que ceux d'ac- cord avec la création d'une "norme québécoise".

La rédaction d'un Dictionnaire normatif du français québécois est en cours. L'ouvrage sera dans la ligne politico-linguistiquement correcte (aménagiste, nationaliste, féministe). Sa conception repose sur un principe erroné. Selon son initiateur, Pierre Martel, le français québécois doit se concevoir "comme la langue d'une communauté linguistique pour laquelle il n'existe pas de variété témoin". Ce séparatisme linguistique va à contre-courant de la tendance à l'homogénéisation du marché linguistique francophone international. Le français du Québec en fait partie intégrante. En interaction constante avec la variété hexagonale, il se distingue de moins en moins du français des autres francophones.

Cette idéologie masque le désir d'un groupe d'universitaires et de fonctionnaires d'imposer à la société sa conception de la norme. "L'Etat doit exiger le respect de la norme du français québécois", dit Martel. Se reflète ainsi la volonté d'une partie de la petite bourgeoisie intellectuelle de se créer un créneau politique et économique en se positionnant comme intermédiaire obligé entre les Québécois et le reste de la francophonie. Les aménagistes pensent avoir trouvé, avec leur "français québécois standard", la formule qui établira leur domination.

L'enjeu est de taille : il s'agit, en créant une mesure protectionniste, de s'assurer le monopole du marché du livre scolaire et des industries de la langue et de la culture. Comme quoi idéologie linguistique et intérêts économiques font bon ménage. Les victimes de ce séparatisme linguistique seront les Québécois, confinés à un marché de 6 millions de personnes, ghetto linguistique et culturel ni anglais ni français, première étape vers l'anglicisation complète.

Lionel Meney est ancien professeur à l'université Laval de Montréal et auteur du Dictionnaire québécois-français'

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Ce qui me fait ch... dans cet article publié dans le journal Le Monde (!), c'est qu'un Québécois, ancien professeur d'université de surcroît (titre qui sert sa pseudo-crédibilité), parle au nom de TOUS les Québécois, comme s'il possédait la vérité infuse. mad.gif

Qu'il corporte des clichés sur le rapport entre les Québécois et les Français, qu'il agite le spectre de la disparition de la langue française parce qu'un banal dictionnaire de la langue québécoise -projet dont je n'ai jamais entendu parler- est en train de se rédiger, qu'il établisse un lien facile entre notre situation d'ancienne colonie et la rédaction de ce fameux dictionnaire, qu'il rejette du revers de la main l'aspect intéressant de l'exercice (c'est vrai, pourquoi pas...?), qu'il fasse ça par en arrière en publiant ses réflexions dans un journal français plutôt que d'ouvrir le débat ici, ça démontre une malhonnêteté intellectuelle qui me fait vomir. heyho.gif

Avez-vous remarqué que ce cher monsieur est lui-même l'auteur d'un dictionnaire québécois-français? Pour moi, il est clair que son égo a été blessé et qu'il a peur que le dictionnaire tant honni dans son article fasse de l'ombre au sien. Cet article n'est rien d'autre qu'un réglement de compte en bonne et due forme, une guéguerre entre différents spécialistes de la langue.

Et si ça peut vous calmer, la très grande majorité des Québécois apprécient les Français (j'en suis). Et ce fameux dictionnaire ne changera strictement rien dans notre façon d'écrire ou de parler, encore moins dans notre rapport avec les maudits Français. wink.gif

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Nous sommes ici confrontés à un problème de même nature: "le créole".

Certains voudraient qu'ils devienne La Langue de réfernce pour s'affranchir de l'esclavagisme qui l'aurait créé.

Or le constat est que, en France comme ,qui plus est, ici, le Français se meurt de n'être plus appris. Le niveau d'élocution comme l'art de l'écriture est au plus mal malgré une hausse théorique du niveau scolaire (certains BACS ne passeraient pas en seconde d'il y a 20 ans pour leur niveau !) .

Mon idée est que l'apprentissage d'une "autre" langue n'est garante d'aucune compétence ou droit d'existence en dehors des esprits qui veulent par là valoriser leur appartenance à un groupe social. Pire: le Français a des bases: latin ... et le bricoler à la manière des "dévédés" (pour DVD) c'est l'amputer de ses raisons d'être. Au mieux c'est comique, au pire c'est dramatique. Hélas les deux vont fréquemment de pair...

Vive Duteil et ses mots qui dessinent si bien les choses !

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Comme toujours dans ce journal: partial, mal renseigné, agressif. Et de plus, les vrais enjeux du français au Québec sont escamotés au profit d'une problématique marginale et qui intéresse peu de gens.

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Le titre de l'article aurait pu être : "Comment créer un problème là où il n'y en a pas !"

Comme vous le savez, depuis le temps que je le dis, je suis un grand défenseur de la langue québécoise. Oui ! La langue québécoise, langue dérivée de la langue française, qui a évolué de son côté, loin... très loin de la France durant près de 250 ans.

De la même manière, le français (de France), a évolué depuis 1763 !

La langue d'ici fait intégralement partie de l'identité québécoise... d'abord parce qu'il s'agit du français, mais aussi parce que cette langue s'est adapté à son environnement, au clivage linguistique (avec les anglophones), et même au climat ("poudrerie", "bordée de neige"...)... Bref, elle s'est adaptée en créant des termes qui restent méconnus, voire totalement inconnus pour le commun des mortels en France.

Une langue, un vocabulaire qui s'est forgé sur son histoire, sur ses influences, qui, depuis plus de deux siècles ne sont pas européennes, mais nord-américaines ! Que ça vous plaise ou non.

Certes, quand on y regarde de plus près, il y a différents niveaux de langage... on peut trouver l'amateur de joual qui, pour peu qu'il puisse avoir un fort accent sera presque incompréhensible, jusqu'au journaliste de Radio-Canada qui, parfois, s'efforce de parler le français qualifié "d'international". Mais dans le fond, n'est-ce pas pareil en France ? En Belgique ? et ailleurs ?

Où est donc le problème ? Pourquoi faudrait-il choisir entre un français "international" et un français "d'ici" ? Les deux coexistent très bien et personne ne s'en plaint !

Puis, le nivellement linguistique renie les identités... Voyez les dégâts qu'à causé la "grande république" sur la langue bretonne par exemple. Que serait la langue bretonne si les Bretons n'avaient pas le pire caractère possible sur cette Terre ? (juste avant les Normands laugh.gif ) ... et s'ils ne s'étaient pas rebellé pour éviter de passer sous le rouleau-compresseur de l'uniformisation !

Personnellement, je veux pouvoir profiter des accents, des vocabulaires variés disponibles dans la francophonie. Non pas pour créer une "barrière", mais, au contraire, pour former une des multiples diversités de la langue française.

Ça m'énerve déjà de devoir regarder un film étatsunien doublé en France alors que je vis au Québec, je n'ai pas envie de voir disparaître un fondement entier de l'identité québécoise : SA langue !

En tout cas, je ne suis pas étonné de voir cet article publié par l'égocentrique "Le Monde"...

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Ce qui est moche, c'est que l'auteur ridiculise en quelque sorte l'affirmation que le Québec (Nouvelle-France) ait été une colonie français / que les québécois de l'époque coloniale française aient été des colonisés.

Eh bien...

On joue sur le vocabulaire de manière très subtile, pour ne pas dire perfide.

Les français qui ont immigré vers la Nouvelle-France durant la période coloniale savaient ce qu'ils faisaient, d'accord -- on ne leur a pas tordu un bras. Mais ceux qui sont nés sur le continent nord-américain, en terre coloniale française, les nord-américains de seconde génération, ceux-là étaient des colonisés. Ils vivaient dans une colonie, ils étaient dirigés par un gouverneur qui lui-même recevait ses ordre du roi. Ils ne se disaient pas Français (et les écrits de l'époque attestent de cette identité). Leur contrée n'était qu'une extension d'un empire, un pion sur l'échiquier stratégique. Pour preuve: les gouverneurs, dirigeants et grands marchands ne pouvaient venir que de la France continentale. Pas des enfants des colonies.

Si les québécois/néofranciens/canadiens d'avant 1763 avaient (comme leurs voisins américains plus tard) lancé une guerre d'indépendance contre leurs maîtres coloniaux, qui imposaient des taxes coloniales et des directives coloniales sur l'utilisation du territoire colonial, en plus de prendre des décisions sur tout et sur rien à 6000 km de distance, nos ancêtres auraient-ils eu le droit de se dire "colonisés"? Faut-il vraiment se révolter pour avoir droit à une identité ou même à une légitimité?

La séparation entre maîtres (colonisateurs) et colonisés est devenue évidente lors de la guerre de 1759-1763. Cette méfiance des généraux français envers les "canadiens", leurs alliés hurons et leurs tactiques de guerre "non européenne" a provoqué la perte de Québec. Lisez le récit de cette bataille, vous verrez la mésentante incroyable qui régnait chez les défenseurs de la ville.

D'un côté, le concept de guerre "à l'européenne" (prôné par Montcalm, un marquis-général pédant et sans imagination), avec les soldats bien ordonnés en rang et qui tirent tous en même temps; de l'autre, le point de vue canadien (prôné par Vaudreuil, premier et dernier gouverneur né en Nouvelle-France) avec les troupes irrégulières et les tactiques de repli stratégique. Bref, le clivage entre les élites françaises et les coloniaux canadiens était déjà bien installé dès 1759.

Non, franchement, il y a un certain discours réducteur, destiné à plaire aux oreilles complaisantes (et révisionnistes?) de certains lecteurs de journaux...

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Pour partie, je rejoins l'idée avancée par le prof cité dans l'article: peu importe le degré générationnel, les français étaient des colonisateurs et les amérindiens les colonisés. Dans ce sens, j'aurai du mal à percevoir les français d'algérie, même après qqes générations, comme des colonisés mais bien le peuple arabe qui l'y précédaient. Et pourtant cela reposait sur les mêmes principes même si d'une autre époque. Maintenant je sais que le sujet provoque des réactions épidermiques chez les québécois au travers par exemple des relations entre les deux communautés parfois tendues mais disons que c'est la vision d'une personne de l'extérieur.

Que le gouverneur vienne de France reposait sur le simple fait qu'à cette époque, les dirigeants plaçaient des hommes en reconnaissance de telle ou telle chose ou encore dans un soucis stratégique de part l'influence de ce dernier ou de sa famille en France. Il en a été de même dans les régions de France qui ont été rattachées au territoire au fil de l'histoire. Le but avoué était que l'État conserve la mainmise sur ses territoires lointains pour les enjeux que l'on connaît. Maintenant, je suis absolument pour l'émancipation du peuple québécois en tant que Nation propre et qqe part, les anglais ont peut être contribué à cela sans le savoir: qui sait ce qu'aurait été le Québec sans cela.

Pour ce qui est de la question linguistique je reste mitigé: vouloir à tout crin se particulariser dans une langue déjà déclinante de part le monde (hormis en Afrique qui est dernier lieu où le français continue de croître) pourrait être source d'"isolationnisme" et je pense, pas nécessairement l'outil qui fera que le français d'ici survivra à tout. D'un autre côté, je trouve important de cultiver ses petites différences dans la langue qui donnent une identité aux "gens du pays".

Bref, j'ai le sentiment qu'il n'existe pas réellement de bonne réponse à tout cela et me satisfait pour ma part pleinement de l'état des choses à l'heure actuelle, la question de l'anglais mis de côté. Je trouve plutôt intéressant que coexiste des expressions francophones disons "internationales" et d'autres "locales" et que les deux soient reconnues et se côtoient. Il me semble que vouloir se priver de l'une ou de l'autre revient à apauvrir notre langue alors que c'est justement tout le plaisir de la langue française; pouvoir dire les choses de tant de manières différentes. smile.gif

  • Habitués
Posté(e)

Pour partie, je rejoins l'idée avancée par le prof cité dans l'article: peu importe le degré générationnel, les français étaient des colonisateurs et les amérindiens les colonisés.

Je voulais juste ajouter que cela ne retire rien au côté injuste de certaines mesures par rapport aux gens établis là-bas mais dans une moindre mesure, on retrouvait ce genre de principes sur le sol français, derniers stigmates du féodalisme et d'un type de concentration du pouvoir à l'époque.

Je maintiens toutefois qu'à mon sens la colonisation survient après, sous l'égémonie anglaise car un peuple différent qui impose des lois et un mode de vie différents. Difficile sinon pour un "colonisé" de reprocher ensuite que la france les ait lâché face aux anglais s'il ne se sentait pas appartenir à cette nation malgré tout. Ce qui se passait auparavant ne restait qu'une extention de ce qui se passait sur le sol français, la particularité du statut en plus et cela a amené qqes années plus tard, face à de nombreuses injustices, une révolution.

  • Habitués
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Si nous commençons à vouloir créer notre propre langue, nous allons nous replier encore davantage sur nous-mêmes.

Biscuit.

Posté(e)

C'est bien de connaitre l'histoire,de si référer qquefois mais quand meme cela fait presque 250 ans,nous n'y etions pas meme si il y a des ecrits.

Se servir de l'histoire pour argumenter ces discussions est "bidon".

C'est comme si quand on rencontrait un allemand d'une trentaine d'années on lui reprochait la seconde guerre mondiale.

Nissart

  • Habitués
Posté(e)

Et pourtant l'histoire aide grandement à comprendre la société actuelle et la provenance de certaines idées ou encore dans le cas qui nous intéresse, l'évolution de la langue au fil du temps et ce qu'elle symbolise pour les gens.

Ici la langue est et a toujours été bien plus qu'un moyen d'expression, c'est une revendication et le fer de lance de l'identité québécoise. La dégager d'un regard historique revient à se priver d'une bonne part de compréhension de la société québécoise actuelle.

Bon... après il y a les différentes perceptions historiques mais même la dedans, on trouve qqe chose de très actuel et intéressant dans l'optique précédemment citée.

Posté(e)

Bien sur ,il ne faut pas ignorer l'histoire,c'est vrai ça aide a comprendre mais ça peut aussi servir a faire croire des chodses ou appuyer des theories d'un autre age.Je ne parle pas de la preservation du Français au quebec mais de l'utilisation de ces faits politico-historiques pour promouvoir une ou des idées disons "Nationaliste"(attention a l'interpretation de ce mot).

Posté(e)

Pour faire plus clair :

Si des "Quebecois" traite des Français de maudit par rapport a l'histoire (il y a 240 ans quand meme) c'est ridicule , aprés si c'est par rapport a un comportement typique de certain ce n'est pas la meme chose(pas mieux mais different).

J'en reviens a l'exemple des Allemands

Nissart

  • Habitués
Posté(e) (modifié)
Si des "Quebecois" traite des Français de maudit par rapport a l'histoire (il y a 240 ans quand meme) c'est ridicule

Hé ho! Faut pas charrier. Personne n'a traité les Français de "maudit" dans cette conversation. Les seules personnes à avoir été écorchées ici sont: l'auteur de l'article du Monde, et Montcalm. wink.gif

Mais il y avait un système colonial à l'époque. Que l'on voit les canadiens-français de souche comme colonisés (mon point de vue) ou comme féodalisés (selon PoM), il n'en demeure pas moins que le peuple de Nouvelle-France n'a jamais vraiment eu son mot à dire sur son avenir. Cela a été vrai lors de la période coloniale française, cela s'est poursuivi lors de la période coloniale anglaise et ensuite dans le Commonwealth britannique; au Canada d'aujourd'hui, nous sommes une minorité en lent déclin.

C'est déjà beau qu'on parle encore français aujourd'hui. Et avec (soit dit en passant) une sonorité plus riche que bien des dialectes; c'est du moins ce que les linguistes ont mesuré au niveau des prononciations de mots tels:

- "pâte" versus "patte"

- "brin" versus "brun"

- "j'irai" versus "j'irais"

S'il y a richesse dans le parler québécois, c'est dans les apports linguistiques (le verbe "abrier", les mots tels "maskinongé" ou "draveur") et dans notre succès à préserver une prononciation riche: des voyelles longues ("â" prononcé comme "âââ"), des diphtongues (fête = "faète"), l'affricottement (durer="dzurer", tirer="tsirer"), etc.

Il y a sûrement moyen d'arrêter de se battre pour savoir "qui possède la langue française" et essayer d'intégrer la richesse des divers dialecte dans une vraie langue française internationale.

L'Académie Française et le pouvoir centralisateur (aux époques royales et impériales) ont longtemps ignoré les parlers régionaux de la France. Byebye langue d'Oc, faut parler comme le Roé! Les médias font souvent de même aujourd'hui. J'ai vu un reportage sur un paysan de Dordogne... qui était sous-titré! Pourtant, on comprenait tout ce qu'il disait... mais il avait un accent. Impérialisme linguistique par les médias? Ou bien, certains auditeurs auraient-ils l'oreille paresseuse?

Si la Francophonie est autre chose qu'une coquille vide, il faudra bien s'en servir pour intégrer les différents parlers pour:

1- Éviter la fragmentation linguistique des régions périphérique (le Québec, l'Afrique francophone, qui ont longtemps été en dérive). Il y a danger de créolisation ou même de dispartion. Qu'on écoute comment parlent les francophones de Nouvelle-Écosse ou de Louisiane (du moins, ceux qui restent!)

2- Éviter l'appauvrissement phonétique du Français (tel que constaté, par exemple, dans le bassin parisien et en Algérie; une diminution de 7 sonorités en moyenne). Cette situation provoque une diminution de la capacité à différencier certains mots ("j'irai" versus "j'irais").

3- Intégrer les parlers régionaux afin d'enrichir la langue commune, le français, qui nous appartient tous

Modifié par Zogu
  • Habitués
Posté(e)
Si nous commençons à vouloir créer notre propre langue, nous allons nous replier encore davantage sur nous-mêmes.

La rédaction de ce dictionnaire n'implique en rien la création de notre propre langue. On écrit et on parle déjà en québécois. Ce dictionnaire ne va qu'officialiser la chose, point. En gros, plutôt que de se battre pendant des années avec la pompeuse Académie française pour faire accepter des canadianismes, la féminisation des fonctions, des nouveaux mots tels que courriel ou pourriel, on va rendre nos expressions et nos inventions officielles en l'écrivant noir sur blanc dans notre propre dictionnaire. Ça n'a rien à voir avec un sentiment anti-Français, c'est seulement un moyen de plus de nous affirmer.

À lire l'article de ce monsieur, on ne trouvera dans cet ouvrage que des expressions en joual et des anglicismes. On se calme! À ce que je sache, on parle encore français et l'Office de la langue française a à coeur qu'on continue à le parler. Les Québécois ne subiront pas un lavage de cerveau parce qu'un banal dictionnaire a été rédigé, faut pas charrier. closedeyes.gif

  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Tout à fait d'accord avec toi, Cherry!

Ça fait des années qu'on dit ici "Madame LA juge"... et pendant ce temps, l'Académie Française légifère sur l'acceptation de mots tels "fiftyfifty" (accepté en 2005) ou sur l'élimination de l'accent circonflexe.

Ah et puis... c'est sûr que "mél" est mieux que "courriel" blink.gif

Modifié par Zogu
  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Tiens, encore Yves Duteil ! poilant.gif

L'enjeu est de taille : il s'agit, en créant une mesure protectionniste, de s'assurer le monopole du marché du livre scolaire et des industries de la langue et de la culture. Comme quoi idéologie linguistique et intérêts économiques font bon ménage. Les victimes de ce séparatisme linguistique seront les Québécois, confinés à un marché de 6 millions de personnes, ghetto linguistique et culturel ni anglais ni français, première étape vers l'anglicisation complète.

Sur ce point, l'auteur est à côté de la plaque. Le marché du livre scolaire est déjà complètement fermé aux éditeurs français, ne serait-ce que parce que les programmes n'ont rien à voir, mais sans doute l'auteur l'ignore-t-il. Le cliché du « maudit français » révèle aussi une certaine ignorance de la société québécoise. Quant aux industries de la langue et de la culture d'ici, elles non plus n'ont pas trop à souffrir de la concurrence de la France. Côté chansons, ce serait plutôt le contraire.

Denise Bombardier a raison quand elle dit que les Québécois qui font l'effort de bien parler, de bien écrire, sont assez mal vus du reste de la population. On les traite facilement de colonisés, de complexés vis-à-vis de la France, le tout avec des mines de cul-de-poule. La culture populaire du Québec est assez uniforme, et il est mal vu de vouloir s'en éloigner. Michel Tremblay décrit très bien l'origine historique de ce fatalisme : quand, chez un marchand d'instruments de musique, le petit Marcel révèle son don prodigieux pour le piano, sa mère, furieuse, le sort du magasin. « Ce n'est pas possible chez nous, une chose pareille. Mais qu'est-ce qu'on va faire de lui? ». Marcel ne jouera plus jamais du piano et il gardera pour lui sa passion de la peinture. La méfiance du peuple vis-à-vis de la culture est bien présente. Il n'est pas rare qu'un québécois le moindrement instruit ne fasse dire par ses chums « ben oui tu penses pas comme nous, toi, tu lis des livres! »

Si le québécois doit se mettre à diverger du français standard, et a fortiori du français de France, comment va-t-on définir l'orthographe, la grammaire et le vocabulaire du québécois? en décrétant que la parlure des garagistes et des humoristes de télé, c'est le bon québécois? Démagogie.

Les Québécois se sont battus pendant 200 ans (tout seuls...) pour la défense du « fait français » en Amérique du Nord. Pas la race québécoise, pas la religion catholique, pas la culture, non, juste le « fait français », c'est-à-dire la possibilité de vivre en français. Je crois que le jour où les 8 millions d'Américains qui parlent français ne seront plus que 8 millions dans le monde à se comprendre, et non 80 ou 100 milllions, alors leur langue sera bien plus en danger de disparition.

Question : comment définira-t-on « éventuellement », dans un dictionnaire québécois indépendant ? suivant le modèle du français colonisateur, ou suivant l'anglicisme fautif que 90 % des Québécois commettent ?

Choisissez votre colonisateur.

Modifié par Petit-Lion
  • Habitués
Posté(e)
Les médias font souvent de même aujourd'hui. J'ai vu un reportage sur un paysan de Dordogne... qui était sous-titré!

mad.gif

C'était sur France 3, non ? C'est leur spécialité ! Le journaliste parisien muté en province contre son gré et qui va y faire de l'ethnographie... pfff ! quel manque de respect ! C'est le genre de chose qui me fout en rogne chaque fois que je remets les pieds en France !

  • Habitués
Posté(e) (modifié)

Petit-Lion, tu proposes deux voies comme s'il n'y avait pas d'autre choix.

Dans l'un des cas, le Québec francophone se créolise et disparaît, noyé dans l'océan anglophone.

Dans l'autre cas, le Québec accepte une TUTELLE et remet à l'Académie Française tout pouvoir décisionnaire sur l'avenir de la langue.

Ces deux solutions sont inacceptables.

Il existe pourtant une troisième voie: celle de la concertation, voire de l'intégration.

Nous vivons à une époque où les communications sont facilitées. Nous n'avons plus l'excuse de l'isolement géographique (ou impérial) pour justifier les dérives linguistiques. Nous devrions saisir cette occasion pour donner aux différents organismes de normalisation de la langue (Académie Française, OLF-Québec, etc.) un forum de concertation. A moins que l'Académie Française n'accepte pas de partager le pouvoir avec les ex-colonies? Il me semble qu'il est totalement injuste que cette Académie soit une institution NATIONALE chargée de diriger une langue qui a une portée INTERNATIONALE. C'est un facteur de division important.

Chaque fois que l'Académie Française annonce de nouvelles normes, c'est la surprise (voir la stupeur!) à l'OLF. Ils ne sont pas consultés, ils ne sont pas avertis d'avance, bref, on leur édicte les nouvelles règles. De plus, les propositions et innovations de l'OLF sont systématiquement ignorées.

Modifié par Zogu
  • Habitués
Posté(e)

Zogu, il y a deux voies : l'isolement et la créolisation, ou la concertation et l'intégration avec tous les autres francophones.

La voie de l'Académie française... hmm... tu surestimes cette honorable institution. Elle n'a guère d'autorité et fait davantage sourire qu'autre chose. D'ailleurs il n'y a pas vraiment d'autorité normative comparable à l'OLF, en France. Le gouvernement n'est pas vraiment écouté. La bonne orthographe, la belle langue, on l'apprend dans le petit Larousse et dans les livres. Ce sont les intellectuels, écrivains, certains journalistes (ceux du Monde, hein, pas ceux de TF1 !) qui nous servent de référence.

Je crois que les différentes communautés francophones doivent collaborer et non s'isoler. L'OLF fait un travail magnifique et oui, je regrette qu'il ne soit pas davantage écouté... en France ! smile.gif

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