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Réforme de l’immigration : entrevue avec la ministre Kathleen Weil


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Le Québec doit «bien sélectionner» ses immigrants, dit la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion. Sa prospérité future en dépend. 5 fév. 2015

par 12

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Photo: Jacques Boissinot/La Presse Canadienne

Le Québec accueille environ 50 000 immigrants par année. Il lui en faudrait 60 000 pour éviter que sa population en âge de travailler ne décline de façon inquiétante au cours des prochaines décennies, selon les calculs de l’Institut de la statistique du Québec.

Kathleen Weil, la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, vient d’entreprendre une réforme majeure de la politique d’immigration du Québec. Rédigée il y a 25 ans, cette politique n’a jamais été dépoussiérée, mais les besoins du Québec ont changé.

Tout est donc sur la table : vision, volume d’immigration, pays de provenance, critères de sélection, intégration des personnes choisies…

L’exercice débute par une consultation publique. Jusqu’au 10 février, la ministre écoute la cinquantaine d’experts, d’organismes d’accueil, d’associations d’immigrants et de municipalités qui défilent à l’Assemblée nationale pour faire valoir leur point de vue.

Kathleen Weil nous a accordé une entrevue entre deux présentations.

* * *

Pourquoi une réforme de l’immigration vous apparaît-elle nécessaire ? Qu’est-ce qui a changé en 25 ans ?

À l’époque, le premier ministre, Robert Bourassa, se préoccupait surtout du poids relatif du Québec au sein de la fédération.

En 2015, les enjeux démographiques ont changé. Le nombre de personnes en âge de travailler est en décroissance, en raison du vieillissement de la population, alors que ce n’est pas le cas aux États-Unis, en Ontario et dans le reste du Canada. C’est la première fois qu’on voit ça et c’est un indicateur dont il faut s’occuper rapidement.

Emploi Québec a estimé à 725 000 le nombre d’emplois à combler entre 2013 et 2017. Il faut donc se mobiliser rapidement et bien sélectionner les immigrants, en travaillant main dans la main avec Emploi Québec pour aller chercher les métiers en demande.

Malgré ces emplois disponibles, le chômage demeure important dans la communauté originaire du Maghreb, le principal bassin d’immigration du Québec au cours de la dernière décennie. Il est de 16 % pour les hommes et de 19 % pour les femmes. Comment comptez-vous régler ce problème ?

Les groupes qui s’occupent de l’accueil des immigrants nous disent tous que l’emploi, ainsi que la reconnaissance des compétences et des diplômes, est le problème numéro 1. Ils sentent qu’il y a des préjugés de la part des employeurs. Au-delà de la formation de la personne, il y a un problème.

Le gouvernement a des programmes, comme PRIIME, qui accorde une subvention salariale aux employeurs qui embauchent des personnes faisant partie de groupes sous-représentés sur le marché du travail. Les maghrébins [arabe] font partie de la liste des minorités visibles nommées. Quand j’échange avec des collègues ailleurs au Canada, ils sont impressionnés par le fait qu’on nomme le problème et qu’on accorde une subvention salariale.

Il est fondamental que l’on continue à chercher des solutions. Je l’ai fait quand j’étais ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles [2010-2012]. Avec le nouveau nom donné au ministère — Immigration, Diversité et Inclusion —, il est temps de regarder à nouveau tout ce qu’on fait, en plus d’évaluer ce qui est bon et ce qui est moins bon.

La reconnaissance des diplômes semble un problème récurrent. Pouvez-vous faire quelque chose ?

Il faut voir comment les ordres professionnels pourraient simplifier la mécanique de reconnaissance. C’est un enjeu complexe, pas seulement ici, mais dans tous les pays. Je suis tout de même certaine qu’on peut faire mieux.

Quand j’étais ministre de la Justice [2009-2010], j’avais créé un commissaire aux plaintes, qui peut offrir un deuxième regard sur une décision.

La Commission des droits de la personne, qui s’est prononcée au cours de la présente consultation, recommande de lui accorder plus de pouvoirs.

On peut aussi travailler en amont, en aidant la personne immigrante à préparer son cheminement.

Allez-vous modifier les critères de sélection des immigrants ? Les bassins de provenance ?

Le Québec cherche la diversité. Évidemment, on accorde toujours une importance majeure à la connaissance du français. Ce pilier de la politique est toujours valide : on veut préserver une société francophone.

Mais il y a des gens parlant français qui viennent de partout dans le monde. Les sociétés qui présentent de la diversité sont des têtes de pont. Les entreprises aiment cela : elles peuvent embaucher des gens qui parlent plusieurs langues, ouverts sur le monde.

Il y a maintenant une compétition entre les pays d’accueil pour attirer des talents stratégiques, des jeunes qui peuvent choisir la société où ils s’installeront. Ils choisissent des sociétés accueillantes, où la diversité est perçue comme une valeur ajoutée. Il faut donc être compétitif à cet égard, en étant une société attrayante et inclusive.

Nous regardons les pratiques de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du reste du Canada, qui ont modifié leur système d’immigration en amont — la sélection y est plus rapide, il y a moins de délais d’attente. Je veux utiliser les meilleures pratiques de ces trois systèmes pour éviter que l’adéquation entre les compétences de ces personnes et nos besoins (les métiers en demande) ne fonctionne plus en raison de délais trop longs.

Est-ce que vous estimez que l’intégration par l’emploi est une façon de lutter contre la radicalisation, votre autre grosse responsabilité de cette année ?

Le comité qui travaille sur le plan d’action contre la radicalisation pourra en parler davantage quand le plan sera prêt [vers juin]. Mais ce que les experts nous disent, c’est de faire attention à la deuxième génération d’immigrants. Ils appellent cela le «phénomène du rêve brisé». Ça ne mène pas nécessairement à la radicalisation. Mais certains jeunes expriment la préoccupation de voir leurs parents, arrivés ici avec des compétences et un rêve, et qui ne réussissent pas à s’insérer. C’est une grande déception. Il faut s’assurer que l’intégration se fasse rapidement à l’arrivée. Pour ça, ça prend l’ouverture de toute la société.

* * *

Une réforme en quatre temps :

1. Consultation publique pour une nouvelle politique québécoise en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion — du 28 janvier au 10 février 2015.
(Les documents de consultation et un recueil de statistiques sont disponibles en ligne sur cette page)

2. Adoption d’une politique qui mettra en œuvre le modèle d’intégration choisi par le Québec, l’interculturalisme, différent du multiculturalisme (voir à ce sujet le billet de notre blogueur Jocelyn Maclure).

3. Planification pluriannuelle des volumes et de la composition de l’immigration, un exercice fait tous les quatre ans. Cette planification, réalisée à la fin du printemps et au cours de l’été, s’appuiera sur la nouvelle politique de l’immigration et fera aussi l’objet d’une consultation publique. Elle s’appliquera aux immigrants reçus à compter de 2016.

4. Avant la fin de l’année : réforme majeure de la loi sur l’immigration.

http://www.lactualite.com/actualites/politique/reforme-de-limmigration-entrevue-avec-la-ministre-kathleen-weil/

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Posté(e)

oui, c'est bien de modifier les lois au fil des années, surtout celle là qui datait de 25 ans..

  • Habitués
Posté(e)

oui, c'est bien de modifier les lois au fil des années, surtout celle là qui datait de 25 ans..

Je suis choqué par cela :blink2:

"Emploi Québec a estimé à 725 000 le nombre d’emplois à combler entre 2013 et 2017. Il faut donc se mobiliser rapidement et bien sélectionner les immigrants, en travaillant main dans la main avec Emploi Québec pour aller chercher les métiers en demande."

  • Habitués
Posté(e)

tant que les délais sont de l'ordre de 4 ans et plus, il y aura bcp plus de 725000 emploi à combler

Posté(e)

Une bonne chose pour les années a venir :)

  • Habitués
Posté(e)

Belle politique. Il ne manque plus qu'a passer a l'action. j’espère que sa politique aidera au moins 80% des nouveaux arrivants. quant aux restants beaucoup de pédagogie active. Le rejet es populations "25 ans de politique de rejets en France donne un exemple concret des conséquences ".

75% d'une immigration devrait passer par l'emploi. 25% pour la famille, parrainage etc. Car l'emploi 'responsabilise' l'immigrant dans toutes les spheres fortes de la societe. Tandis que les autres voies accordent plus de valeurs a un cercle intime bien defini qui est tout aussi important.

c'est une ministre vraiment active elle aurait due être première-ministre dommage.

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