Laurent Posté(e) 19 mars 2012 Posté(e) 19 mars 2012 Publié le 18 mars 2012 à 07h29 | Mis à jour le 18 mars 2012 à 13h33 L'exploitation tranquille des travailleurs étrangers Taille du texteImprimerEnvoyer Agrandir ILLUSTRATION: VERONICA PÉREZ-TEJEDA, LA PRESSE La Presse Ils viennent du Mexique, du Guatemala, des Antilles, des Philippines. Longtemps cantonnés aux travaux agricoles, les travailleurs étrangers temporaires sont aujourd'hui recrutés notamment par les hôtels, restaurants, boucheries et abattoirs du Québec. Leur permis de travail, qui les lie exclusivement à un emploi, est le sésame qui leur donne le droit d'être au Canada. Pour lui, ils acceptent d'être au bas de l'échelle. Pour travailler au Canada, Antu (1), 35 ans, a consenti à bien des sacrifices. Partir loin de sa femme et de ses jeunes enfants, s'endetter pour verser 6000$ à une «agence» canadienne chargée de lui trouver un employeur. Accepter, enfin, de signer un contrat de travail en deçà des normes canadiennes. Une fois au Canada, il a toutefois dû se rendre à l'évidence. Ce n'était pas assez. Pendant près d'un an, Antu n'a eu aucun jour de congé. Il s'est échiné dans les cuisines d'un restaurant du nord de Montréal près de 50 heures par semaine. Le tout, pour un salaire hebdomadaire oscillant entre 225 et 275$. Son patron, qui l'a hébergé pendant plusieurs mois, lui a aussi imposé quelques travaux horticoles et ménagers dans sa résidence montréalaise. Il a été congédié pour insubordination, quand il s'est étonné de devoir verser 730$ au restaurateur pour renouveler son permis de travail, et qu'il a pris un seul jour de congé de maladie. Il a perdu son travail et son statut légal au Canada. Pendant ce temps, dans son Bangladesh natal, ceux à qui il a emprunté ses 6000$ réclament leur dû. Pas de tristesse ni d'amertume chez Antu. Mais le sentiment de s'être fait avoir, quelque part, sur la route de ce qu'il pensait être une vie meilleure. «Je suis dans le vide, et je n'ai rien sur quoi m'appuyer», constate-t-il. *** Les immigrants temporaires sont de plus en plus nombreux au Canada. Depuis quatre ans, ils dépassent même le nombre des immigrants permanents. Au Québec, le nombre de travailleurs temporaires arrivant chaque année a presque doublé au cours des 10 dernières années: ils sont maintenant près de 30 000. Parmi eux, 7000 sont des travailleurs «peu spécialisés»; ils occupent des emplois non qualifiés et peu rémunérés. Ottawa comme Québec ciblent, dans leur pays d'origine (Mexique, Honduras, Guatemala, Philippines), les travailleurs saisonniers agricoles ou les aides familiales résidantes. Aux côtés de ces deux catégories de travailleurs, émerge toutefois un nouveau groupe de travailleurs temporaires peu spécialisés. Ils sont recherchés dans l'hôtellerie, la restauration, le paysagisme, mais aussi dans les restaurants ou les abattoirs. Pour les employer, une entreprise doit prouver qu'elle a d'abord offert ce poste aux Québécois, mais qu'elle n'a pas trouvé preneur. Elle doit ensuite démontrer que le contrat de travail de sa recrue correspond aux normes québécoises. Ensuite, le travailleur reçoit un permis de travail pour une durée limitée, et pour cet emploi seulement. Pour tous, les chances d'obtenir la résidence permanente sont paradoxalement très minces: s'ils comblent un appétit du marché du travail, ils ne sont pas jugés assez qualifiés pour s'installer au Québec. *** Par ignorance, isolement, méconnaissance des lois ou par crainte d'être renvoyés dans leur pays, les travailleurs immigrants temporaires les moins spécialisés hésitent à se plaindre des mauvais traitements ou des arnaques dont ils sont victimes. Selon André Jacob, professeur associé de l'École de travail social et chercheur à la chaire de recherche en immigration de l'UQAM2, l'exploitation est patente. «Souvent, ça arrange l'employeur de faire venir des étrangers et d'avoir une main-d'oeuvre peu chère et captive. C'est une forme d'esclavage moderne», estime-t-il. La Commission des droits de la personne a dénoncé elle aussi à plusieurs reprises - et notamment dans un avis rendu en février dernier - la discrimination «systémique» dont sont victimes ces immigrés à durée déterminée. «Les normes des programmes qui les concernent, leur pays d'origine, leur travail, la loi les mettent en état de vulnérabilité», explique le président de la Commission, Gaétan Cousineau. Ainsi, les immigrés embauchés par des exploitations agricoles sont contraints de loger chez leur employeur. La frontière entre la vie privée et la vie professionnelle devient alors très poreuse. Bien évidemment, les Québécois ne sont pas soumis à une telle exigence. suite et source : http://www.cyberpresse.ca/actualites/201203/18/01-4506682-lexploitation-tranquille-des-travailleurs-etrangers.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4__1699331_section_POS1 Citer
Habitués tohonu Posté(e) 19 mars 2012 Habitués Posté(e) 19 mars 2012 Plusieurs avantages pour le Canada: ils viennent seuls ici donc on peut les loger plus facilement. Ils repartent dans leurs pays respectifs une fois la saison terminee. Cote retraite, ils ne toucheront rien. Et encore le Quebec n'a pas encore les futures mines du Plan Nord qui tournent. La aussi je pense que la cohorte des travailleurs temporaires va etre assez importante. Citer
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