L'homme politique Claude Ryan s'éteint à 79 ans

[Invité]

On parle souvent sur ce forum de l'indépendance du québec. J'aimerai avoir l'opinion des forumistes sur cette nouvelle que j'ai lu sur Yahoo canada.

Quel influence sur l'indépendance?

en général quand un leader politique décède, le parti recule. Qu'en pensez vous?

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L'homme politique Claude Ryan s'éteint à 79 ans

par François Guérard

MONTRÉAL (Reuters) - L'homme politique et intellectuel Claude Ryan, maître à penser de la promotion de l'unité canadienne au Québec, aura droit à des funérailles d'État après avoir succombé lundi aux suites d'un cancer de l'estomac, a indiqué sa famille. Il avait 79 ans.

Ancien chef du Parti libéral du Québec et ministre influent dans les gouvernements de Robert Bourassa et Daniel Johnson, Claude Ryan aura marqué l'orientation idéologique de son parti jusqu'à la fin de sa vie.

L'un de ses fils, Paul Ryan, a indiqué sur les ondes du réseau d'information RDI que le premier ministre québécois Jean Charest avait appelé la famille pour offrir des funérailles nationales, ce qu'elle a accepté.

"Il était en pleine possession de ses facultés jusqu'à la nuit de vendredi à samedi, lorsqu'il est tombé dans un coma léger", a dit Paul Ryan.

"Lorsqu'il a reçu le diagnostic (en décembre), il disait avoir beaucoup de projets, il travaillait sur quatre livres différents. Mais la maladie a rapidement sapé son énergie."

Les réactions au décès de Claude Ryan ont été nombreuses et unanimement dithyrambiques.

"Sa rigueur intellectuelle, sa curiosité naturelle et son érudition auront fait de lui un des hommes publics les plus marquants de son époque", a estimé le premier ministre canadien Paul Martin.

"La contribution de monsieur Claude Ryan à la vie publique et au progrès de la société québécoise est inestimable. Son action et sa vie constituent un exemple et une source d'inspiration pour tous ceux et celles qui oeuvrent à l'avancement de notre société", a renchéri Jean Charest.

SUCCES ET ECHECS

Malgré son influence, l'ex-directeur et éditorialiste de l'influent quotidien québécois Le Devoir, arrivé à la tête des libéraux dans une période d'impopularité pour le parti, n'a jamais réussi à se faire élire premier ministre.

Son plus grand succès politique aura été la victoire du camp du "Non" au référendum de 1980 sur la souveraineté du Québec -- 59,56% contre 40,44% -- alors qu'il dirigeait les troupes fédéralistes.

Recruté par Le Devoir comme éditorialiste en 1962, Claude Ryan y fait une brillante carrière, devenant directeur du quotidien montréalais l'année suivant son embauche et restant à sa barre pendant plus de 13 ans.

L'intellectuel autodidacte est de tous les débats à une époque où le Québec vit de grands bouleversements, notamment avec la "Crise d'Octobre" en 1970 -- où le Front de libération du Québec kidnappe le consul britannique à Montréal et assassine le ministre québécois des Transports de l'époque-- et l'élection d'un gouvernement souverainiste en 1976.

Surfant sur sa notoriété, Claude Ryan fait le saut en politique en 1978 et devient chef du Parti libéral du Québec et chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale un an plus tard après son élection comme député.

Le Parti québécois (PQ) de René Lévesque remporte toutefois les élections d'avril 1981, malgré sa défaite au référendum un an plus tôt. Claude Ryan, conspué par certains députés libéraux, se voit forcé de démissionner en 1982.

RETOUR EN FORCE

Il revient toutefois à la charge après l'élection du gouvernement libéral de Robert Bourassa en 1985. Il sera tour à tour ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science, ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française, ministre de la Sécurité publique et ministre des Affaires municipales.

Travailleur acharné et méthodique, il est reconnu pour connaître ses dossiers à fond et se fait un devoir de répondre de sa main à tout le courrier qui lui est adressé. Il tire sa révérence en 1994 après 16 années dans l'arène politique.

Né à Montréal le 26 janvier 1925, Claude Ryan a entrepris des études en service social à l'Université de Montréal sans jamais les terminer. Homme profondément religieux, il étudiera également l'histoire de l'Église comme auditeur libre à Rome. Il est nommé à 20 ans secrétaire national de l'Action catholique canadienne au Québec, une organisation militante laïque, première carrière qui durera près de 20 ans.

Auteur de nombreux ouvrages, dont "Regard sur le fédéralisme canadien" publié en 1995, Claude Ryan est resté jusqu'à la fin de sa vie la conscience du Parti libéral, signant le document de campagne "Les valeurs libérales et le Québec moderne" à l'aube des élections générales du 14 avril dernier

[Diego]

Claude Ryan, un peu comme René Lévesque, était le genre de politicien qu?à peu près tout le monde respectait, quelle que soit l?allégeance.

Doté d?un esprit d?analyse hors du commun. Comme mentionné dans l?article, sa rigueur intellectuelle et sa cohérence en ont fait quelqu?un de très respecté, malgré son côté très froid et calculateur. Il donnait l?impression d?être au-dessus de la mêlée, ce qui lui a sans doute nui en tant qu?aspirant Premier Ministre (il lui manquait une dose d?hystérie et un soupçon de démagogie! )

Le fait qu?il ne faisait qu?un avec l?Église catholique québécoise démontre qu?il appartenait à une autre génération de politiciens, qui agissaientt selon leur conscience et non leurs intérêts personnels du moment (décidément une autre époque). Un grand journaliste et un grand politicien !

[epervier]

Un intellectuel de 1er plan, un philosophe, un grand journaliste.....le Québec perd un autre grand homme.....j'étais pas toujours d'accord avec lui, mais il a mérité le respect de TOUS......une autre tranche de ma jeunesse qui part....çà fait bizarre

[Invité]

Alloooo

Je débarque un peu mais je demande à comprendre. Dans mon livre sur Montréal on y parle beaucoup d'histoire et des liens entre l'Eglise et le pouvoir au QC...

Quand on dit que quelqu'un au QC était politiquement très lié à l'Eglise est-ce que ça ne fait pas de lui un proche de ce Duplessis et ses 16 ans de "didacture" comme j'ai pu le lire ?

Quelles sont les relations à l'Eglise au QC aujourd'hui ?

Djool. consteuse repentie

[Invité]

merci les pur-laines pour vos commentaires.

Pareil que Ju pour la question (pis au passage je fais ascenceur

[JayJay]

Quelles sont les relations à l'Eglise au QC aujourd'hui

Euh... ben Djoolaya pour tout t'avouer, j'espère qu'il en est très proche aujourd'hui...

Je ne comprends pas cette phrase "Politiquement lié à l'Église"? Il était très indépendant de pensée, alors ça m'étonne un peu. Comme bien des gens de cette génération qui se sont impliqués dans les affaires publiques, son action a démarré au sein des Jeunesses ouvrières catholiques (JOC) et de l'Action catholique, un mouvement qui visait à favoriser l'intégration économique (c'était pendant la crise) mais qui s'est dissocier de l'Église à un moment donné.

Il ne faut vraiment pas penser en termes "français" qd on étudie l'histoire politique du Québec. Ici, le "fascisme" ne rime pas nécessairement (pas nécessairement je dis bien) avec l'Eglise catholique. Des gens comme Duplessis n'étaient pas, à ma connaissance, impliqués auprès de mouvements catholiques. Il fricotait avec le clergé, d'accord. D'autres qui étaient très impliqués auprès de tels mouvements n'étaient pas nécessairement "moins démocrates".

Je ne peux pas m'étendre ce matin et vous faire une dissert là-dessus mais perso, j'ai bien aimé un livre qui parle des politiciens de cette génération, il s'agit du "Parti québécois" de Graham Fraser; on n'y parle pas que du Parti québécois d'ailleurs, mais de tout ce qui l'entoure : les hommes (surtout des hommes hein) qui ont fait la campagne référendaire (la 1è), etc.

PS : Djoolaya, tu as bcp de potentiel, je trouve!!! (De l'autre "J", anti-consteuse à l'os)

[Invité]

ben en fait je rebondissais sur ce qu'avait dit Diego

Le fait qu?il ne faisait qu?un avec l?Église catholique québécoise démontre qu?il appartenait à une autre génération de politiciens, qui agissaientt selon leur conscience et non leurs intérêts personnels du moment (décidément une autre époque). Un grand journaliste et un grand politicien !

et ce que j'avais pu lire récemment sur mon guide Gallimard de Montréal...

je profiterai de mon passage à MTL en mars pour acheter un bouquin ou deux de socio et de politique histoire de mieux potasser tout ça avec un oeil québécois et pas français...

t'es pas mal non plus Juju

Djool.

[Diego]

Salut !

En fait, les rapports de Claude Ryan et Maurice Duplessis avec l?Église n?étaient pas les mêmes. Duplessis dirigeait la province avec le clergé, qui s?occupait d?administrer et diriger des secteurs de premier plan comme l?éducation et la santé, le tout avec une poigne de fer.

Ryan était très croyant, mais il a fait de la politique à une époque ou la séparation de l?Église et de l?État était plus délimitée, après la fameuse révolution tranquille. Il se targuait d?ailleurs souvent d?être un « esprit indépendant », slogan qui colle toujours au journal Le Devoir qu?il a longtemps dirigé. Pourtant, même si ça peut paraître prétentieux de sa part, il avait tendance à impliquer Dieu dans son processus de réflexion politique, tandis que Duplessis l?imposait. Ça peut paraître un paradoxe, mais c?est avant tout un aspect de la complexité de l?homme. Il a aussi longtemps affirmé qu?il croyait en une « action organisée des chrétiens imposée dans les milieux profanes ». Oui à la désacralisation des sphères politiques, mais dans une société chrétienne. Mais je me risque à affirmer que s?il n?y avait pas eu les réformes sociales de Jean Lesage et son équipe au début des années 60, Ryan aurait été plutôt à l?aise dans une société ou l?Église était dominante?Pas tyrannique, mais dominante.

Aujourd?hui, l?Église et l?État sont totalement indépendants. Il faut dire que les églises sont vides, les générations nées après les années 60 ne sont en général plus pratiquantes. Plusieurs affirment que c?est le résultat direct de l?obscurantisme duplessiste. Alors l?Église n?exerce plus aucune influence sur le Québec..Du moins, si on compare avec la télé-réalité

Mais tout ça c?est un point de vue très personnel, que d?autres Québécois ne partageront peut-être pas ..

[JayJay]

Je suis plutôt d'accord avec ton analyse, Diego.

Pour les Français, dont Djoo, qui s'intéressent à la question, le lien entre l'État québécois et le clergé est vraiment très complexe et ne se compare pas vraiment à d'autres pays qui ont connu cette voie aussi - il ne faut pas partir avec les mêmes "a priori", je veux dire. L'Eglise nous a fait bcp de tort... mais nous a "sauvés" également. Nous ressemblons tout de même un peu aux Basques qui sont très en colère contre l'Église. Avec le temps nous sommes devenus plus indifférents que colériques. Enfin je sais pas pourquoi je m'embarque là-dedans maintenant pq j'ai pas le temps!!! Au secours!!!