Aller au contenu

Avant Sophie Aram, il y avait Katherine Levac


BisounoursCanada

Messages recommandés

  • Habitués

https://www.youtube.com/watch?v=rHUch2yc8Yc

Levac_c_Karine_Dufour_LR.jpg

Katherine Levac

Franco-ontarienne, Katherine Levac est imperturbable sur scène, où elle sert un humour authentique avec un bagout déconcertant. Issue de la cuvée 2013 de l’École nationale de l’humour, son ascension rapide laisse présager un avenir prometteur à la jeune humoriste. Dans la dernière année, en plus de la scène, on peut apprécier sa plume décalée sur le blogue Les Populaires. À la télévision, elle est de l’équipe de comédiens maison de SNL Québec à Télé-Québec.

J’ai grandi dans un milieu francophone de l’est de l’Ontario, à St-Bernardin, un petit village agricole d’environ 300 personnes.

Quand j’étais petite, en revenant de l’école, tous mes amis regardaient Barney & Friends. Un dinosaure mauve sympathique, des chansons entrainantes qui parlent d’amitié, qui peinture des colliers en pâtes alimentaires : tout pour me plaire.

Hélas, mon père, fier défenseur de cette langue qu’est le français, n’aimait pas qu’on regarde la télé en anglais. Faque on regardait TFO, la télé franco-ontarienne. J’aimais TFO, mais, Barney c’était en anglais, c’était plus cool.

Au secondaire, on organisait des danses le vendredi soir. On était frustré parce que l’école empêchait le DJ de mettre de la musique en anglais. On était une école francophone, tout devait donc se faire en français. Le problème, c’est que quand t’as 15 ans, tu veux danser sur du Rihanna, pas sur du Marie-Chantal Toupin. On aimait la musique francophone, mais Rihanna c’était en anglais, c’était plus cool.

À l’université, j’ai commencé à donner des formations d’improvisation pour les plus jeunes dans les écoles francophones en Ontario. En général, l’impro sert à développer sa créativité, une écoute artistique, et une vivacité d’esprit, le tout, en s’amusant.

Aux yeux des enseignants, en Ontario, l’impro sert surtout à promouvoir la langue française. On avait reçu l’instruction de donner des punitions aux jeunes qui utilisaient des mots anglais durant les joutes. Je trouvais ça ridicule. Comme si l’emploi du mot toaster donnerait lieu au déclin de notre identité culturelle un mardi matin dans un local de théâtre de Cornwall.

Et c’est lors de ma tournée des écoles que je les ai vu pour la première fois. Ces jeunes dits « francophones ». Des jeunes d’une autre génération, d’une autre réalité.

Des jeunes qui semblent étouffés par le français, qui attendent impatiemment la fin du cours pour parler anglais dans les corridors avec leurs amis, à grands coups de OMG et de check it out guys.

Des jeunes qui ne communiquent pas dans la même langue que leurs grands-parents. Des ados qui s’appellent Lalonde, Gauthier, Blais, Rochette, avec comme prénom Amber, Luke, Kyle et Brett, signe d’une belle débarque identitaire, inoffensive, mais débarque pareil. Est-ce que c’est ça, l’évolution?

Des jeunes à qui on n’a jamais pris la peine d’enseigner qu’au-delà du moyen de communication, la langue représente surtout une partie de notre identité. Naïvement, j’avais cru que tous les papas franco-ontariens avaient Barney & Friends en horreur.

J’avais pris le français pour acquis. On fait tous des erreurs de jeunesse, et soudainement, l’Ontario français m’a semblé tellement plus beau. Plus fragile, certes, mais tellement riche, animé et essentiel.

C’est pour ça que j’aime l’Ontario français. Parce que je suis fière de ce que mes ancêtres ont accompli, de l’héritage et de l’éducation que j’ai pu recevoir. Parce que les Franco-Ontariens sont accueillants, persévérants et fiers.

Parce que les villages francophones en Ontario, en plus des paysages à couper le souffle, sont comme de petites mines d’or de culture, d’histoire, de découvertes et de chaleur humaine.

Parce qu’aujourd’hui, je gagne et fait ma vie en français, une langue vraiment cool.

400_ans_de_presence.jpg

http://www.northernontario.travel/fr/direction-ontario/grandir-en-ontario-francais-cest-cool-ou-pas

Modifié par BisounoursCanada
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Extrait de son spectacle : "T'es tellement mélangée que t'en viens à penser que la France c'est sans doute un bon pays d'accueil".

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • Habitués

Elle est drôle !

"Là où j'ai grandi en Ontario, on a pas ça des CEGEP. Ce qui a fait que ma vie a toujours eu un sens."

J'aime beaucoup :biggrin2:

Modifié par BisounoursCanada
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.


×
×
  • Créer...
Ouvrir un compte bancaire avant mon départ
© 2024 immigrer.com

Advertisement