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"Ce que je dirais à un immigrant" du Québec, Boucar Diouf


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BOUCAR DIOUF

L'auteur est humoriste, conteur, biologiste et animateur. Il collabore régulièrement à la section Débats.

Ce que je dirais à un immigrant

Avant de partir du Sénégal pour le Québec, en 1991, on m'avait parlé de choc culturel, de température, de liberté, d'ouverture, d'humour et de bien d'autres aspects de l'identité et de la culture des gens d'ici. Mais personne ne m'a informé de cette singulière relation que la majorité des Québécois entretiennent avec la religion. Pourtant, à mon avis, il est plus qu'important de mentionner aux gens qui veulent venir ici que s'expatrier au Québec n'est pas la même chose que de s'installer dans le reste du Canada. Le Québec a un rapport avec la religion, et l'égalité des sexes, que même l'Ouest du pays peine à comprendre. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler comment la mort du docteur Henry Morgentaler a endeuillé les gens d'ici alors que chez certains de nos voisins de l'Ouest, on entendait presque soupirer «bon débarras!»

Publié le 22 février 2014 à 05h00 | Mis à jour le 22 février 2014 à 05h00

Ce débat autour de la charte m'amène à penser que cet exercice est plus qu'indispensable. L'extrémisme religieux ne peut en aucun cas s'amalgamer avec la culture québécoise francophone. En fait, si je devais entretenir un candidat à l'immigration sur le sujet, je lui dirais ceci:

«Monsieur, avant de partir, vous devez savoir que depuis la désertion massive des églises, provoquée par la Révolution tranquille, les Québécois ont majoritairement un rapport particulier avec la religion. Le Québec afficherait peut-être même le plus haut taux de citoyens agnostiques en Amérique du Nord. Si bien qu'aujourd'hui, ce sont des missionnaires du Sud, principalement de l'Amérique latine et de l'Afrique, qui tentent timidement de rallumer la foi dans certaines contrées de la belle province.

«Autrefois très pieuse, cette nation est devenue le territoire des plus grands blasphémateurs de la galaxie. Ici, non content d'avoir transformé des églises en condos, on a aussi recyclé les accessoires liturgiques en autant de jurons et sacres qui rythment le langage populaire et font le bonheur des humoristes, qui sont les champions toutes catégories de la profanation religieuse sans distinction de cabale.

«Vous vous préparez à aller dans la nation la plus ouverte et pacifique de l'Amérique du Nord. Vous allez dans la nation où les femmes sont parmi les plus affirmées et égalitaristes du monde occidental; où la simple évocation de la droite religieuse provoque une crise générale d'urticaire; où le droit à l'avortement est un acquis non négociable; où les hommes ont droit à des congés de paternité; où le mariage n'est plus une institution sacrée et un couple sur deux divorce quand ça ne marche plus; où les adolescents, à la puberté, sont autorisés à s'embrasser et à se fréquenter; où gais et lesbiennes manifestent ostensiblement leur identité et ont le droit de se marier; où changer de sexe pour retrouver son homéostasie existentielle est aussi bien accepté.

suite et source : http://www.lapresse.ca/debats/nos-collaborateurs/boucar-diouf/201402/21/01-4741330-ce-que-je-dirais-a-un-immigrant.php

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BOUCAR DIOUF

L'auteur est humoriste, conteur, biologiste et animateur. Il collabore régulièrement à la section Débats.

Ce que je dirais à un immigrant

Avant de partir du Sénégal pour le Québec, en 1991, on m'avait parlé de choc culturel, de température, de liberté, d'ouverture, d'humour et de bien d'autres aspects de l'identité et de la culture des gens d'ici. Mais personne ne m'a informé de cette singulière relation que la majorité des Québécois entretiennent avec la religion. Pourtant, à mon avis, il est plus qu'important de mentionner aux gens qui veulent venir ici que s'expatrier au Québec n'est pas la même chose que de s'installer dans le reste du Canada. Le Québec a un rapport avec la religion, et l'égalité des sexes, que même l'Ouest du pays peine à comprendre. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler comment la mort du docteur Henry Morgentaler a endeuillé les gens d'ici alors que chez certains de nos voisins de l'Ouest, on entendait presque soupirer «bon débarras!»

Publié le 22 février 2014 à 05h00 | Mis à jour le 22 février 2014 à 05h00

Ce débat autour de la charte m'amène à penser que cet exercice est plus qu'indispensable. L'extrémisme religieux ne peut en aucun cas s'amalgamer avec la culture québécoise francophone. En fait, si je devais entretenir un candidat à l'immigration sur le sujet, je lui dirais ceci:

«Monsieur, avant de partir, vous devez savoir que depuis la désertion massive des églises, provoquée par la Révolution tranquille, les Québécois ont majoritairement un rapport particulier avec la religion. Le Québec afficherait peut-être même le plus haut taux de citoyens agnostiques en Amérique du Nord. Si bien qu'aujourd'hui, ce sont des missionnaires du Sud, principalement de l'Amérique latine et de l'Afrique, qui tentent timidement de rallumer la foi dans certaines contrées de la belle province.

«Autrefois très pieuse, cette nation est devenue le territoire des plus grands blasphémateurs de la galaxie. Ici, non content d'avoir transformé des églises en condos, on a aussi recyclé les accessoires liturgiques en autant de jurons et sacres qui rythment le langage populaire et font le bonheur des humoristes, qui sont les champions toutes catégories de la profanation religieuse sans distinction de cabale.

«Vous vous préparez à aller dans la nation la plus ouverte et pacifique de l'Amérique du Nord. Vous allez dans la nation où les femmes sont parmi les plus affirmées et égalitaristes du monde occidental; où la simple évocation de la droite religieuse provoque une crise générale d'urticaire; où le droit à l'avortement est un acquis non négociable; où les hommes ont droit à des congés de paternité; où le mariage n'est plus une institution sacrée et un couple sur deux divorce quand ça ne marche plus; où les adolescents, à la puberté, sont autorisés à s'embrasser et à se fréquenter; où gais et lesbiennes manifestent ostensiblement leur identité et ont le droit de se marier; où changer de sexe pour retrouver son homéostasie existentielle est aussi bien accepté.

suite et source : http://www.lapresse.ca/debats/nos-collaborateurs/boucar-diouf/201402/21/01-4741330-ce-que-je-dirais-a-un-immigrant.php

Très bonne analyse de Boucar Diouf.

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