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Le pari québécois de deux vignerons français


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OenoQuebec — Le pari québécois de deux vignerons françaispdf_button.pngprintButton.pngemailButton.pngDétente

Écrit par David Santerre Samedi, 15 janvier 2011 08:05Mise à jour le Samedi, 15 janvier 2011 22:11

Quiconque aspire à cultiver un jour quelques pieds de vignes et produire du vin rêve de pouvoir s'installer sur un noble terroir. Bordeaux, Bourgogne, Côte Rôtie, Napa…

ad8f650a2af9a37b319aea20c30e2c8a.jpgJérémie d'Hauteville et Richard Bastien ont laissé de côté la facilité française pour se lancer dans la folle aventure du vin québécois. Photos Luc LaforceImaginez alors avoir la chance de prendre en charge un domaine dans le mythique village bourguignon de Gevrey-Chambertin, et au final, décider de plutôt tenter votre chance au Québec...

C'est ce qu'a fait Richard Bastien. Et non, il ne semble pas avoir perdu la boule.

Issu d'une lignée de vignerons et vigneronnes exploitant le domaine Henri Richard (son grand-père), M. Bastien a fait des études en œnologie à Reims, capitale des vins de Champagne. Tout le destine à prendre un jour les rennes de la petite propriété familiale dirigée par sa mère, qui produit d'élégants Marsannay et Gevrey-Chambertin et un grandiose grand-cru Charmes-Chambertin (disponibles au Québec en importation privée).

Une destinée de rêve quoi.

Sur les traces de l'amour

Comme plusieurs, c'est l'amour qui l'a amené au Québec, où il s'est résigné à poursuivre sa carrière viticole. Tout un défi.

Son premier boulot, il l'a dégoté au Vignoble de la rivière du Chêne à Saint-Eustache. Il a alors rencontré Jérémie d'Hauteville, à qui il succédait. M. d'Hauteville, un Lyonnais, a déjà travaillé aux châteaux Beychevelle (St-Julien, Bordelais) et la Nerthe (Châteauneuf-du-Pape). Une belle feuille de route lui aussi. Il quittait alors Saint-Eustache pour se joindre au Château Ksara, au Liban.

Mais quelques années plus tard, ils allaient se retrouver, s'associer et fonderOenoQuebec.

«En France, tu donnes un coup de pied sur un arbre, et il tombe six œnologues», m'a déjà confié à la blague un ami du milieu viticole.

Mais au Québec, c'est une tout autre histoire, et les conseils de Jérémie et Richard tombaient à point pour la jeune industrie viticole québécoise en pleine croissance mais quasiment sans expertise œnologique.

Mais tout de même, pourquoi le Québec et pas Gevrey ?

«À Gevrey, au niveau de la viticulture, il n'y a plus rien à faire. Tout est implanté depuis longtemps. (…) Ici, il y a beaucoup à faire, à défricher, même si c'est un peu extrême. Pour nous, c'est trippant», raconte Richard.

Trouver la recette

Leur mission est d'aider leurs 40 clients vignerons et cidriculteurs à trouver la recette qui leur permettra de hausser la qualité de leurs produits.

Ils sont réalistes. Le Québec, avec son climat, ne produira jamais de grands-crus.

Mais tout de même, outre les Cantons-de-l'Est où est majoritairement implantée l'industrie québécoise du vin, ils identifient d'autres régions prometteuses, comme les plaines sablonneuses entre Varennes et Sorel, en Montérégie, ou l'île d'Orléans.

«C'est le seul endroit où on peut parler d'une notion de terroir, avec son sol de schiste, d'ardoise, qui procure une belle minéralité aux vins», explique Richard.

Ensuite, on devra toujours s'en remettre majoritairement aux cépages hybrides pour élaborer nos vins, sauf quelques marginales exceptions. Les hybrides, ce sont ces cépages comme le seyval, les frontenac blanc, gris et noir, le maréchal Foch ou le Baco Noir. Par opposition aux vitis vinifera, ces cépages internationaux comme le pinot noir, le chardonnay ou le cabernet sauvignon, ils sont rustiques et résistants à notre climat rigoureux.

Mais ces hybrides, bien maîtrisés, peuvent donner de très beaux vins. Quoi qu'en disent plusieurs consommateurs pleins de préjugés négatifs sur les vins québécois, justifiés par la navrante qualité de certains vins mis en marché dans le passé.

«Avec les rouges par exemple, c'est évidemment difficile de bien réussir ici. Mais ceux qui travaillent fort peuvent faire des choses extraordinaires», opine Jérémie, qui vante les mérites du frontenac noir qui, selon lui, est un des seuls à posséder des caractéristiques permettant de le vinifier seul. Lorsque bien fait, il est flatteur, tout de fruits noirs confits, avec un pourcentage d'alcool plus élevé que les autres, autour de 13 %.

«Le but, c'est de réussir à faire de bons vins de table qui donnent du plaisir. Un de nos défauts aussi, c'est de boire les vins québécois trop jeunes. Ils sont parfois mis en marché trop vite parce que les vignerons ne peuvent supporter de garder un stock important», renchérit Richard.

Le ministre déchu se débrouille plutôt bien

Étonnamment, pour cet élève de Reims, les bulles sont un des atouts que les vignerons québécois gagnent à développer.

« Quand je suis arrivé ici de Champagne, j'ai dégusté des blancs du Québec et je me suis dit qu'on a ici des vins qui feraient de beaux vins de base aux caractéristiques similaires à ceux de Champagne, avec une bonne acidité et des taux d'alcool bas », raconte Richard.

Il a convaincu quelques vignerons d'emprunter cette avenue. Dont le tristement célèbre ex-ministre Alfonso Gagliano, recyclé en vigneron du côté de Dunham. Richard et Jérémie connaissent un peu son histoire, qui remonte à bien avant leur venue au Québec. Mais pour eux, il est avant tout un vigneron passionné.

«Quand un propriétaire de domaine passe tout son temps dans la vigne, c'est bon signe», note Jérémie.

Ils m'ont fait déguster la première cuvée de mousseux (2008) du diplomate déchu, issue du cépage frontenac gris, et ma foi, avec son caractère très minéral, beurré et très vineux, cette bulle est en effet prometteuse!

Les deux œnologues m'ont ainsi fait goûter quelques vins de domaines auprès desquels ils interviennent, en précisant qu'ils n'avaient pas choisi leurs préférés, mais ceux qu'ils avaient à leur disposition au moment de ma visite.

Une très belle cuvée de frontenac noir 2009, toujours du domaine de l'ex-député de Saint-Léonard, élevée 12 mois en barriques, s'est ainsi révélée très prometteuse. Un nez libérant des arômes de poivron rouge, d'épices, de cassis et de violette. Et une bouche complexe, puissante et longue pour un Québécois, marquée par le fruit noir et des tanins fondus.

http://www.ruefronte...-bande-des-vins

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Enfin des bonnes nouvelles!

Pour la SAQ ???? :lol:

Plutôt pour les connaisseurs...en matière de vin (pas de système de santé ;) )

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