Réflexions sur l'immigration par FrenchPeg

[Laurence Nadeau]

Bonjour,

Notre chroniqueuse montréalaise cogite pas mal cette semaine sur l'immigration et le fait d'être immigrant.

À lire en page d'accueil.

Laurence

[Monikebek]

Hou, a cogite fort, la tite FrenchPeg! Est-ce que tu as vécu des choses dernièrement qui t'ont inspiré ces interrogations ? Je ne sens pas ton enthousiasme, ton optimisme habituels. Je sens de la déception même entre tes lignes, de la tristesse, et je me demande comment tu vas, TOI ?

Non, moi pas super fort ce soir... ma Grand-Mère est décédée à l'âge de 92 ans aujourd'hui... bon, c'est fait, je l'ai dit!

Par contre, je ne me pose pas de question par rapport à mon état d'immigrante. Je sais qu'on le sera toute notre vie, nous la première génération, et même celle de nos enfants encore. Et ici, je rencontre beaucoup de gens avec des noms typiquement allemands ou néerlandais et qui ne parlent plus un traitre mot de leur langue d'origine parce que parfois, je me trouve face à une personne de la 3e ou 4e génération... et avec le nom de famille, on sait qu'un jour quelqu'un de la famille est venu d'ailleurs. Le Canada entier est composé ainsi: les immigrants et les autochtones. Et j'inclus les premiers Français et Anglais dans les immigrants.

Donc, il n'y a aucun mal à dire qu'on est immigrant : la majorité de la population d'aujourd'hui est issue de l'immigration!

Et moi, je suis fière d'être la première génération, na!

Gros becs !

Monika

[Petit-Lion]

Ce que je remarque, c'est que chaque chronique rapproche notre Frenchpeg de la maternité

[mfera]

Bonjour,

Merci pour la chronique !

C'est beau quand on sait ce que l'on veut dans la vie.

ALORS CA C'EST BIEN DIS, ON SE RECONNAIT FACILEMENT DANS CES ECRIS!

<<.......un bon groupe de prйcieux amis, des gens biens, sains, qui savent ce qu?ils veulent, qui y ont rйflйchi, qui ont fait des choix, qui essaient de vivre au mieux ces choix et lorsque vraiment зa devient impossible, ils restent sincиres et prennent d?autres directions pour rester fidиles а leurs convictions, а leurs rкves de vie. L?un de leur point commun est qu?ils cherchent le bonheur en respectant les autres et j?avoue aussi, trait commun intйressant, que ce sont des gens qui aiment travailler, s?occuper. C?est vrai que зa йvite de se tourner trop vers soi-mкme, de cogiter, de se noyer dans des considйrations purement mйtaphysiques et existentielles qui ne servent pas а grand-chose au bout d?un moment, mкme s?il est important de savoir s?arrкter pour voir oщ l?on va?.>>>

Amclt.

Ing.Charlemagne

[Bouh]

Ce que je remarque, c'est que chaque chronique rapproche notre Frenchpeg de la maternité

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mdr !

Vraiment sympa ta chronique

A bientôt j'espère

Katy

[Invité]

Etre immigrant ...

J'ai compris assez vite qu'être immigrant n'est pas toujours facile quelque soit le pays dans lequel on immigre. Mes parents sont eux-même immigrants et j'ai vécu toute mon enfance avec la réaction des autres: le rejet, l'intolérance, la semi-acceptation ou l'entière intégration.

Ils auront eu beau faire tous les efforts qu'ils ont peuvent, ils ne peuvent pas effacer leur culture. Ils ont vécu plus de temps en France que dans leur pays d'origine et ne seront jamais vus comme des francais en France même s'ils choissaient un jour de demander la citoyenneté Francaise. Il y en aura toujours pour rejeter les particularité.

Comme Peggy, je pense qu'il est trop demandé aux gens qui immigrent de tout perdre de leur particularité juste pour se fondre dans la masse. S'adapter à la culture et vivre en harmonie avec le pays d'acceuil : Certes. Mais essayer de nous lobotiser le cerveau pour penser comme la majorité pensante : Hors de question.

Ca me fait rire que certains québécois, mais surtout de beaucoup de Montréalais, se gargarisent parceque Montréal est une ville intéressante parceque cosmopolite. Une belle bande d'hypocrites. Pour beaucoup ca gène et on aimerait, finalement, que tout le monde se fonde et s'assimilent intégralement.

Ce qui est drôle c'est que l'intolérante par rapport à la différence se fait de la part de gens qui n'ont aucune idée de ce que c'est que d'être immigrant. Des personnes qui jugent sans savoir ce que ca peut-être de se retrouver dans un pays "qui n'est pas le sien".

Pour être à même de comprendre les difficultées d'un immigrant, peut-être faut-il, finalement, avoir un esprit très ouvert ou avoir vécu soi-même la situation.

Je peux comprendre que la différence et le nouveau fasse peur mais il est bien trop facile de blâmer les immigrants quand le pays en demande encore. Soyez logiques avec vous même.

Comme dit Peggy, tout se complique lorsque l'on parle de particularité culturelle. J'irai plus loin en disant que tout se complique lorsque l'on parle d'identité.

Qui suis-je moi?

Nés de parents étrangers en France, et francaise de nationalité, j'étais considérée comme une étrangère en France.

A Montréal, parceque j'ai vécu la plus grande partie de ma vie en France, je suis vue comme une Francaise.

Que c'est drôle!

Moi, ce qui me hérise le poil c'est que même les médias ont parfois un caractère sectaire. Lorsqu'un journaliste de Radio canada se permette d'aller dans le quartier portugais ou italien (je ne me souviens pas) et ose demander à une personne immigrante de 50 ans qui est ici depuis ses 15 ans si il se sent Québécois c'est que fondamentalement il y a un problème....

Carine qui espère que ses futurs enfants seront moins "étrangers" qu'elle ne l'a jamais été.

[O'Hana]

Salut la gang,

Je partage en grande partie les mêmes sentiments qu'Hicoune : immigrant et fils d'immigrants, j'ai toujours senti une certaine différence (pas toujours négative soit dit en passant) où que j'aille.

Je crois que c'est une tendance que l'humain a développé à chercher à catégoriser absolument toute personne qu'il rencontre : essayer en effet de lui attribuer une identité, une racine, une origine de départ afin de pouvoir se rassurer et savoir comment interagir avec, je ne sais pas.

Ce que je trouve passionnant par contre, c'est de vivre dans une nation elle-même encore engagée dans son processus d'identité québécoise. Cela m'a permis de vivre des échanges et des expériences très riches autant négativement que positivement.

Je pense qu'il y a des croûtes à manger d'un bord comme de l'autre et c'est ben correct de même.

O'Hana

[peanut]

Si je prends l'exemple de mon ami français qui est ici depuis plus de 3 ans, il ne se considère pas du tout comme québécois...il est français avant tout et il le sera toujours...ça ne le dérange pas du tout de dire qu'il est français...il trouverait ça bizarre qu'on dise de lui qu'il est québécois!

Tout ça pour dire que certains immigrants préfèrent ce statut...ils ne veulent pas être considérés comme québécois, et c'est leur droit!

peanut

[Invité]

Allo !

Je vais me permettre d'être le mouton noir de la conversation...

Pour commencer, il y a une remarque dans la chronique qui me dérange quelque peu, rien de grave, mais je ne la saisi pas.

<<<L?un de leur point commun est qu?ils cherchent le bonheur en respectant les autres et j?avoue aussi, trait commun intéressant, que ce sont des gens qui aiment travailler, s?occuper. C?est vrai que ca évite de se tourner trop vers soi-même, de cogiter, de se noyer dans des considérations purement métaphysiques et existentielles qui ne servent pas а grand-chose au bout d?un moment, même s?il est important de savoir s?arreter pour voir ou l?on va?.>>>

Il me semble que se tourner vers soi-même est un processus inhérent à la maturité. Il est impossible d'évoluer si on ne fait pas un peu d'introspection quotidiennement. S'abandonner dans le travail et l'occupation pour faire fit de ce besoin ne me semble pas être un point très positif, sauf si le dit travail touche à des sphères sociales et non purement à une quette de production et de profit (ce qui est, malheureusement, majoritairement le cas).

Les considérations existentielles et métaphysiques permettent justement de pouvoir se positionner face aux autres en nous permettant d'établir qui nous sommes et quelles sont nos valeurs face à la société dans laquelle nous vivons.

Ma remarque n'est pas à prendre au négatif, je suis juste curieux, ayant une opinion quelque peu divergente, et j'essaye de comprendre la remarque.

Je ne ferais pas de remarque sur le bonheur, nous avons tous nos propres moyens

Pour aller plus dans le vif du sujet maintenant, concernant les rapports entre québécois et immigrants.

Celà fait 7 ans que je suis au Québec, autant la première année d'intégration a pu présenter quelques difficultés (adaptation à l'environnement, rencontre, etc), autant les suivantes n'ont posées aucun problème. (je ne peux que parler d'expérience personnelle et non généraliser).

Le point est que oui, vous êtes un étranger, les gens le savent, l'entendent ou le percoivent physiquement, que celà fasse 1 mois, 1 an, 10 ans, 80 ans, vous serez toujours un étranger (entendons nous, pour un immigrant ayant fait le saut avec une certaine maturité...donc excluons les enfants ) de par l'éducation, les valeurs morales etc... reçues à la base.

(Quand je vais fêter la St Jean, je n'ai pas l'esprit à la fête comme eux peuvent l'avoir, demandez à un espagnol de fêter le 14 Juillet, il peut boire avec vous, mais les fondements même de la chose ne l'atteindrons pas, quand bien même il vivrait dans le pays depuis 20 ans.)

Quand on me demande si je me sens québécois...je me sens proche des québécois, de leurs intérêts, de leurs inquiétudes car

Cette différence est une chose indissociable de nos personnes, et même si elle évolue avec le temps, elle sera toujours quelque peu différente de ce que les autres ont vécus...et souvent même dans notre propre pays :S

Mais il me semble qu'en portant un jugement sur les gens qui n'aiment pas les immigrants, on en vient à perdre de vue l'immense majorité des gens qui pense autrement.

Oui les Québécois sont nationalistes, ils aiment leur pays et sont inquiet de voir la proportion anglophone prendre le dessus. En marchant dans certains quartiers de Montréal, en posant une question en Français, il est courant que je me fasse répondre en Anglais (je reste personnellement à Québec, mon expérience de Montréal est quelque peu limitée), ca, ca fait ch**r les Québécois. On crie haut et fort au bilinguisme, mais la réalité est que progressivement l'anglais vient supplanter le francais.

Alors oui, les Québécois deviennent quelque peu protectionnistes et peuvent avoir des réactions négatives face à de nombreux immigrants qui n'ont aucune volonté d'intégration.

Pour tous les autres, qui acceptent leur différence et vivent sans se poser de question, et bien pour les québécois, au bout d'un moment, vous devenez comme eux.

Même après 7 ans, je me fais encore taquiner avec un maudit francais, oui on se fout de ma gueule quand je calice et tabarnak à tour de bras, mais l'important c'est que moi, je me sens chez moi

Ceux qui me méprise parceque je suis français, qui me regarde croche parceque je ne parle pas comme eux...et bien, entre la pitié et l'indifférence, la marche n'est pas haute. Ils restent généralement chez eux à regarder TQS et maudire la première personne qui a un teint légèrement plus basané que les autres.

Grand bien leur fasse, ces gens là ne comprennent rien à la vie et au moment ou tout finit, peut être qu'une petite étincelle de conscience viendra leur faire réaliser de tout ce qu'ils ont gachés.

Se soucier de ce qu'ils pensent et de la vision qu'ils ont de nous, les immigrants, c'est leur donner bien plus d'importance qu'ils n'ont vraiment.

J'ai autant honte pour eux, que j'ai honte du francais tapis dans sa maison qui crie à l'injustice chaque fois qu'il voit un Africain, un Asiatique ou tout autre venir lui voler sa job....et la honte est telle qu'au final, c'est gens la ne finisse par ne même plus exister dans mon environnement.

Le mépris qu'ils nous portent est une arme tout aussi efficace quand nous l'utilisons nous même.

Toutes les personnes que je fréquente, du collègue de bureau au commis du dépanneur, tous connaissent mes origines mais me parle d'égal à égal, peu importe que je sois québécois ou non. Si la neige me met en criss quand une bordée de 20 centimètres vient de tomber, si je m'en câlisse, si je me met en tabarnak, tout est ok.

On me reproche même de perdre mon identité, je ne sais même plus insulter proprement en français.

Vous connaissez des gens qui vous méprisent parceque vous êtes étrangers ?

Êtes-vous vraiment certains que ces gens la vaillent la peine de faire partir de votre entourage ?

La beauté d'être un humain c'est que rien ne nous force à communiquer quand nous ne le souhaitons pas

Voilà, mes deux cennes...c'est long, ptet chiant à lire, mais j'espère que ca vaut au moins un ptit quelque chose !

Jerry...Maudit Français

[O'Hana]

Salut Silly_Jerry,

Très intéressante ta réflexion, je vais tenter d'adopter le même ton que toi

Il me semble que se tourner vers soi-même est un processus inhérent à la maturité. Il est impossible d'évoluer si on ne fait pas un peu d'introspection quotidiennement.

Je suis un peu biaisé dans ma réponse car je connais assez bien FrenchPeg, je ne suis donc pas totalement objectif. Je pense que ce qu'elle voulait dire par là c'est que parfois, il est bon de retomber dans le pratico-concret et redevenir terre-à-terre pour se reconnecter avec la réalité car cela fait du bien tout simplement, de ne plus se poser de question sur tout et n'importe quoi. Question d'équilibre finalement

(Quand je vais fêter la St Jean, je n'ai pas l'esprit à la fête comme eux peuvent l'avoir, demandez à un espagnol de fêter le 14 Juillet, il peut boire avec vous, mais les fondements même de la chose ne l'atteindrons pas, quand bien même il vivrait dans le pays depuis 20 ans.)

Je partage tout à fait le même sentiment que toi comme immigrant face aux québécois à l'occasion de la St-Jean ici en l'occurence. Je n'ai pas ce vécu expérientiel que mes chums québécois ont et ma connaissance du référendum de 95 par exemple est purement tirée de ce que j'ai pu en lire, en discuter et en écouter à la TV. Cela crée définitivement une différence dans la conviction que l'immigrant que je suis et celle que peut avoir mon ami(e) québécois(e).

Alors oui, les Québécois deviennent quelque peu protectionnistes et peuvent avoir des réactions négatives face à de nombreux immigrants qui n'ont aucune volonté d'intégration.

Il est vrai qu'à titre d'immigrant, on peut avoir une certaine difficulté à comprendre ce désir si fort des québécois à être si protectionnistes. Le mieux dans ce cas-là, à mon avis, est de se documenter au maximum pour, à tout le moins, comprendre d'où vient ce protectionnisme. Pour pouvoir ensuite avoir le droit de tirer les conclusions qu'on estime nécessaire de faire. Voire, par la suite, prendre position (pour ou contre la souveraineté du Québec pour ne pas le dire).

Je rajouterai que dans le bout de terre d'où je viens, la dynamique d'indépendance est présente aussi dans la vie politique, culturelle et économique. Cela a pour conséquence que tout arrivant dans mon île natale est souvent perçu comme un "voleur de job" et la protection de l'emploi local est donc très exacerbé. On peut donc reprendre cet exemple et le transposer au Québec dans la mesure où un immigrant allophone au Québec qui préférera apprendre l'anglais plutôt que le français pourrait s'attendre à une réaction aussi exacerbé considérant la société où il vit.

J'ai autant honte pour eux, que j'ai honte du francais tapis dans sa maison qui crie à l'injustice chaque fois qu'il voit un Africain, un Asiatique ou tout autre venir lui voler sa job....et la honte est telle qu'au final, c'est gens la ne finisse par ne même plus exister dans mon environnement.

Ces immigrants ne "voleraient" pas ces jobs si les gouvernements de ces mêmes pays occidentaux assumaient efficacement leurs devoirs d'aide au développement aux pays en voie de développement d'où viennent une partie de ces immigrants. Mais je m'éloigne du sujet là.

Vous connaissez des gens qui vous méprisent parceque vous êtes étrangers ?

Êtes-vous vraiment certains que ces gens la vaillent la peine de faire partir de votre entourage ?

La beauté d'être un humain c'est que rien ne nous force à communiquer quand nous ne le souhaitons pas

Dans mon entourage, oui, j'en connais et le plus absurde, c'est qu'il s'y trouve des personnes elles-mêmes immigrantes !

Dans un certain sens, je n'ai pas le choix de les rencontrer car c'est dans le cadre de mon travail. Pour ce qui est de la communication, je ne serai pas prêt à partager ton avis : la xénophobie et le racisme originent, souvent, d'un manque de connaissance, d'ignorance et donc, d'un manque de communication selon moi. Bon après, chacun gère cela comme il peut et surtout comme il veut

O'Hana

Modifié 9 mars 2005 par O'Hana

[FrenchPeg]

Merci de vos contributions les zamis.

Oui je sais bien qu'il faut s'en foutre et faire ce qu'on peut pour être des gens biens et compréhensifs et respectueux et tout... mais y'a des fois où ça fait un peu mal quand même...

Mais bon... j'aime la Petite Vie et Pôpa me manque terriblement et j'ai trouvé totalement ABSURDE et INSUPPORTABLE et ÉCOEURANT qu'il y ait du foot sur les écrans du Dundees mardi dernier et plus de hockey! Je vais demander qu'on me rembourse mon immgiration à force ;-)