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Transport routier: encore plus de chauffeurs affamés par les entreprises ontariennes


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MISE À JOUR 

Alors que des compagnies de transport québécoises dénoncent la « concurrence déloyale » de chauffeurs ontariens sous-payés sur nos routes, Le Journal est allé à la rencontre de ces travailleurs précaires qui payent souvent le prix de cette course aux profits. 

En mai dernier, Le Journal avait rapporté que ces « salariés déguisés » ontariens, qui coûtent jusqu’à 40 % moins cher, dérangent l’industrie.

Or, d’après Daniel Bérard, président de Systèmes Danfreight (DFS), dont les revenus dépassent les 100 millions de dollars, la situation s’est dégradée.

 

Ottawa « assis sur son steak » 

« Il y a une invasion des compagnies ontariennes », lance l’actionnaire de DFS. « Le gouvernement fédéral est assis sur son steak », soupire-t-il.

Ce qui choque Daniel Bérard, c’est que pendant qu’il paye un bon six millions par année d’avantages sociaux, ses compétiteurs ontariens recrutent des camionneurs au rabais, les « Chauffeurs inc. », pour éviter de payer les charges.

En gros, il y a ceux qui sont de vrais travailleurs autonomes et qui possèdent leur propre camion et les autres qui se disent « Chauffeurs inc. », mais qui travaillent en réalité pour une entreprise de transport.

« «Chauffeur inc." est un stratagème frauduleux qui dispense les entreprises de transport routier de l’obligation de payer leurs impôts et retenues à la source », estime l’Alliance canadienne du camionnage (ACC).

 
PHOTO FRANCIS HALIN
Amrik Singh Brainch, un camionneur québécois qui apporte des repas aux Chauffeurs inc. ontariens.

« Faciles à exploiter »

Congés de maladie, vacances payées, heures supplémentaires... non seulement les camionneurs sont pénalisés, mais « le stratagème détourne plus d’un milliard de dollars en recettes fiscales », selon l’ACC.

« Souvent, les nouveaux immigrants sont faciles à exploiter », observe Omar Burgan, directeur de la recherche chez Teamsters Canada, qui représente environ 50 000 chauffeurs professionnels au pays.

« Ils s’enrichissent sur le dos des travailleurs. Ça n’a ni queue ni tête », souffle Marcel Massé, assistant-directeur de la division des transports, du syndicat.

Ces derniers jours, Le Journal a rencontré le camionneur lavallois Amrik Singh Brainch, propriétaire de son camion, à Saint-Bernard-de-Lacolle, qui vient en aide chaque jour à ces chauffeurs ontariens sur nos routes.

Au Journal, il a raconté que lorsque lui et son fils mécanicien vont dépanner ces chauffeurs, ils tombent souvent face à des travailleurs qui ont le ventre creux. Pour les aider, ils leur préparent donc des plats gratuitement.

« Dans plus de 75 % des cas quand ils font appel à nous, ils n’ont pas de nourriture, alors je suis fier, je leur en amène. C’est une question d’humanité », confie Amrik Singh Brainch, les yeux humides.

« Il y a aussi le problème des toilettes. Beaucoup d’entreprises les empêchent même d’utiliser leurs toilettes », ajoute-t-il.

 

source et suite: https://www.journaldemontreal.com/2023/01/28/encore-plus-de-chauffeurs-au-rabais

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