On recherche un organisateur de festival !

[Petit-Prince]

À qui le festival de films de Montréal?

Stéphanie Bérubé

La Presse

Recherchée: personne capable d'organiser un festival de films à Montréal. L'événement devra être original, rassembleur pour les professionnels du cinéma, sympathique pour le grand public et, préférablement, compétitif. Et il devra être le fruit du travail d'experts en organisation qui n'ont pas peur d'ouvrir leurs livres de comptabilité.

«On s'adresse à des professionnels, qui ont du métier, concède Charles Bélanger, le président de Téléfilm Canada. Personne n'est exclu, mais je ne crois pas que cela s'adresse à des néophytes.»

L'appel de propositions lancé hier par Téléfilm Canada et la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles du Québec) fait suite aux conclusions d'une étude de la firme Secor, très critique envers le Festival des films du monde de Montréal (FFM) et sa direction. Les deux sociétés d'État, qui avaient commandé la fameuse étude, ont décidé d'offrir dorénavant leur appui à l'organisation qui présentera le projet répondant le mieux à leurs nombreux critères. Que ce soit la direction du FFM ou non.

«Les proposeurs devront être en mesure de démontrer de façon claire leur capacité d'organiser et de gérer adéquatement un événement d'envergure ainsi que leur volonté et leur approche pour assurer une gouvernance de qualité, assurant transparence et imputabilité», peut-on lire dans les documents officiels. Plus encore: on demande de déposer dès le départ un plan d'action de trois ans qui comporte des dates de présentation, des informations sur la programmation et sur les activités qui se dérouleraient autour du festival. Et tout cela, avant le 8 octobre!

Un tout petit mois pour préparer un grand festival de cinéma? «Je reconnais que les délais sont très serrés», concède le président de la SODEC, Pierre Lafleur, qui dit que des organismes intéressés à prendre le relais du FFM ont déjà pris contact avec lui.

Charles Bélanger, de Téléfilm, avoue qu'il a aussi déjà discuté «de manière informelle» avec des personnes ou des groupes qui pourraient être intéressés par la succession du FFM. Qui? Quand? Pourquoi? «Je ne ferai pas de commentaires sur ces conversations, tranche-t-il. Maintenant, nous sommes dans un processus de sélection officiel.»

À la SODEC, on ne s'attend pas à recevoir une pluie de propositions. Deux ou trois, dit le président de l'organisme, en précisant qu'il s'agit de pure spéculation.

L'une d'elles pourrait venir du président du FFM, Serge Losique lui-même, seul ou avec un nouveau partenaire. La semaine dernière, Alain Simard, président de l'Équipe Spectra, spécialiste en organisation de festivals (Jazz, FrancoFolies), tendait publiquement la main à Serge Losique en rappelant qu'il avait toujours souhaité travailler en partenariat avec lui. Le président du FFM n'a pas commenté devant les médias l'offre de son collègue, mais a rappelé, dans les coulisses, que Simard était un vieil ami.

Dans le cas où une collaboration Losique-Simard serait impossible, les organismes publics pourraient recevoir une proposition de Spectra avec un autre partenaire, bien implanté dans le milieu du cinéma: Daniel Langlois, propriétaire des salles du complexe Ex-Centris et du cinéma du Parc. Langlois est très respecté dans le milieu du cinéma québécois et collabore déjà avec Spectra sur un projet de complexe culturel autour de la salle de spectacle Spectrum.

Un autre acteur sérieux est dans la course: le groupe Rozon, organisateur du Festival Juste pour rire qui compte déjà le volet cinéma Comédia, a annoncé son intention de déposer un projet. Pour le reste, tant à Téléfilm qu'à la SODEC, on avouait hier qu'il est peu probable de voir arriver un acteur-surprise. Les exigences sont lourdes et s'adressent clairement à une organisation qui a les reins solides et un puissant réseau de contacts.

Réplique de Serge Losique

Pour la première fois depuis le dépôt de l'étude Secor, qui critiquait sévèrement sa gestion du FFM, Serge Losique est sorti de son mutisme, hier, en marge de la clôture du Festival du film de Québec, qu'il préside également. En remettant en question l'existence même du Festival des films du monde de Montréal, «Téléfilm Canada et la SODEC s'arrogent des droits qu'ils n'ont pas», a estimé hier Serge Losique.

Selon lui, «la SODEC et Téléfilm ne sont pas seuls pour décider de l'avenir d'une création comme le FFM. Ils s'arrogent des droits qu'ils n'ont pas. Téléfilm ne finance que 7 % de notre budget, la SODEC sensiblement la même chose. On ne peut pas s'arroger tous les droits. Il y a d'autres gens qui vont se prononcer. Il y a un débat sur le FFM. On le souhaite».

Le festival peut-il survivre sans l'aide de Téléfilm et de la SODEC? «On ne peut dire qu'il n'y aura pas de subventions, dit-il. Le soutien de la SODEC et de Téléfilm va se discuter à tous les niveaux. Ils ne sont pas seuls. Ce ne sont pas eux qui vont décider de l'avenir du festival.»

Loin de jeter l'éponge, Serge Losique s'accroche. «On a plus de partisans qu'on le pense.»

Le président du FFM a de plus reçu une lettre d'appui inespérée de la Suisse envoyée le 24 août dernier par une représentante du Centre suisse du cinéma, Francine Brücher. Le nom de Mme Brücher se trouve dans la liste des personnes consultées pour réaliser l'étude Secor. La dame écrit pourtant ceci à Serge Losique: «Je n'ai jamais été contactée pour une telle enquête et je n'ai jamais eu un entretien quelconque à ce sujet avec un représentant de cette agence (Secor). Je suis scandalisée que mon nom soit utilisé de la sorte.» Mme Brücher, qui se décrit comme une fidèle participante du FFM, ajoute que les cinéastes suisses ont toujours été ravis par l'accueil reçu à Montréal et assure être là l'année prochaine.

Le problème, c'est que chez Secor, on a en mains toutes les preuves d'une conversation avec cette dame que la personne qui l'a interviewée décrit même comme «charmante» et «coopérative». L'alliée suisse du FFM devra certainement fournir des explications...

Source : La Presse (Montréal)

[Petit-Prince]

Pendant ce temps, le festival du film de Toronto s'apprête à ouvrir ses portes...

Toronto Film Festival

[Diego]

Quoiqu'on en dise, la formule actuelle du Festival des Films du Monde de Montréal est très intéressante....

Je veux voir des films d'Argentine, du Mexique, du Portugal, etc...

Toronto attire son lot de vedettes, soit, mais c'est une pâle copie de bon nombre d'autres événements du genre : infopub d'Hollywood et ses films spectaculaires mais drabes, sans substance pour la plupart, mais ayant beaucoup d'explosions !

J'aime le FFM dans sa formule actuelle, je ne comprends tout simplement pas l'acharnement médiatique à ce sujet. C'est un festival de cinéma d'auteur, *vraiment* international, que demander de plus ...

Mais bon, c'est vrai qu'on a pas assez de Brad Pitt et J-Lo sur nos tapis rouges...