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Québec. L'art de séduire les talents français

10 mars 2013 - Depuis plu sieurs années déjà, les autorités québécoises encouragent les jeunes Français à immigrer dans la Belle province. D'ici quelques jours, le Premier ministre Jean-Mac Ayrault fera étape sur ce territoire qui a su mettre sur pied une redoutable machine de guerre à recruter les talents français.

De notre correspondant au Québec. Tout au long de l'année, les agents de la Délégation du Québec à Paris (NDLR : la mission diplomatique du Québec) organisent des conférences dans les grandes villes de l'Hexagone afin d'inviter les immigrants potentiels à venir s'établir dans la Belle Province. Les Québécois se transforment en VRP terriblement efficaces pour vanter les avantages du Québec lors de leurs présentations destinées aux candidats à l'immigration. Si ces conférences déboulonnent quelques mythes sur le Québec, elles encouragent surtout les Français à venir s'y installer. Yann Hairaud, le directeur de Citim (Clef pour l'intégration au travail des immigrants), le principal organisme montréalais d'aide à la recherche d'emploi pour les nouveaux arrivants, notamment français, confie : « En 2012, nous avons reçu 37 % de candidats français en plus que l'année précédente. Cela devrait continuer et s'accroître. Pour les deux premiers mois de l'année, nous avons déjà dépassé nos chiffres de l'an dernier ».

Une immigration planifiée

Avant de pouvoir s'installer dans la Belle Province, les immigrants doivent obtenir un certificat de sélection du Québec et, par la suite, un visa canadien. Le Québec planifie son immigration et évalue les dossiers en fonction d'une grille basée sur les besoins du marché de travail et la capacité du candidat à trouver un emploi. Si les autorités québécoises « draguent » les Français, c'est pour pallier une démographie défaillante. Le gouvernement veut aussi maintenir la langue française, menacée à la fois par les États-unis et surtout par un Canada francophobe qui aimerait de tout coeur en finir avec la langue française en Amérique du Nord.

Un business rentable

L'immigration est aussi devenue un business rentable. Les coûts des visas de résidence permanente sont élevés et les Français qui sont déçus de leur séjour auront souvent injecté beaucoup d'argent dans l'économie canadienne avant de quitter le pays. Enfin, la plupart des provinces du pays souffrent d'un déficit de main-d'oeuvre et font appel à de plus en plus d'immigrants pour combler le départ à la retraite des baby-boomers. « Compte tenu de la croissance du PIB réel prévue pour les prochains trimestres, le marché du travail canadien devrait bénéficier de la création d'environ 18.000 emplois par mois en moyenne en 2013 », confie François Dupuis, vice-président et économiste en chef du Mouvement Desjardins, la « banque des Québécois ».

Les conditions de la réussite

Le président de l'association Accueil Français de Québec, Georges Mosser, note aussi « une augmentation sensible des artisans ou des petits entrepreneurs français qui font un voyage d'étude avant de faire le grand saut ». Une démarche préparatoire est nécessaire car, lors d'une recherche d'emploi, ce n'est pas un euphémisme de dire qu'un océan sépare l'Europe du Québec. Non seulement les CV sont différents, les entrevues sont moins formelles et les employeurs de la Belle Province privilégient l'expérience de travail nord-américaine, tout comme les diplômes locaux. Certaines spécialités techniques, notamment en ingénierie, n'existent pas au Québec. Il y a donc parfois un certain désenchantement pour des Français qui émigrent, munis d'un solide bagage professionnel. Malgré cela, Yann Hairaud conclut : « Il se prépare une fuite massive de Français. Autrefois, c'était la maison au Canada, les grands espaces qui attiraient. Aujourd'hui, c'est le manque de perspectives en France ».

• Ludovic Hirtzmann

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