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  • Habitués
Posté(e)

Ça s'est passé à Montréal, dans un quartier près de chez vous. Soraya* a encaissé les gifles, les coups et les injures. Son mari, d'origine algérienne, vivait au Canada. Il se cherchait une femme, algérienne. Le mariage a été arrangé par les familles. Soraya a quitté Alger le coeur léger. Elle ne se doutait pas qu'elle serait enchaînée à un mari violent pendant des années. Jamais la communauté algérienne n'a levé le petit doigt pour l'aider. Elle s'en est sortie seule, ou presque.

La première fois qu'il l'a battue, elle venait d'arriver au Canada. Son mari vivait à Banff, où il était chef pâtissier dans un hôtel.

Même s'ils étaient mariés depuis deux ans, Soraya n'avait jamais mis les pieds au Canada. Ils avaient vécu ensemble pendant huit mois en Algérie, leur pays natal. Ils avaient eu un fils.

Son mari n'avait rien préparé pour leur arrivée à Banff. Il n'y avait qu'une poussette et quelques jouets dans le petit appartement. Le premier soir, Soraya a couché son fils près de son lit, sur des coussins posés par terre. Quand il s'est réveillé au milieu de la nuit, elle l'a pris doucement dans ses bras en murmurant: «Viens, mon bébé.»

Son mari a aussitôt explosé: «Laisse-moi dormir, je travaille! Vache! Putain!»

Puis, il l'a frappée même si elle donnait le sein.

Jamais son mari n'avait osé la toucher avant. Lorsqu'il l'a giflée, elle a compris qu'elle était condamnée à passer sa vie auprès d'un homme violent.

«C'est à partir de cette nuit-là que tout a dérapé, dit Soraya. On faisait chambre à part. Je dormais dans le salon pour ne pas réveiller mon mari. Quand il voulait coucher avec moi, je devais obéir, sinon il me battait. Je ne voulais pas d'autres enfants. J'avais l'impression que j'étais là juste pour le sexe et le ménage.»

Elle pleure, sa voix tremble. Elle s'essuie les yeux avec ses mains. Remuer ces souvenirs la chavire. «Ça me fait mal», dit-elle.

Soraya n'a rien de la femme musulmane voilée de la tête aux pieds. Cheveux blonds, yeux maquillés, rouge à lèvres, chandail moulant et décolleté. Elle n'a jamais porté le voile, même si elle est très croyante.

«On fait tout ce que Dieu veut», explique-t-elle dans un français hésitant.

Pendant trois heures, Soraya, 29 ans, mère de trois enfants, me raconte sa vie ponctuée de coups, de gifles et d'insultes. Elle ne touche pas aux pâtisseries ni au café corsé qu'elle a déposés sur la table du salon, au milieu de son petit logement du Plateau-Mont-Royal.

Son mari la battait chaque jour. Avec ses mains et ses pieds ou avec des objets: jouets, vaisselle. Soraya vivait coupée du monde, elle, l'étrangère qui ne parlait ni français ni anglais. Elle était incapable de prendre l'autobus ou de lire les noms des rues. Seule, loin de sa famille et de ses amis, perdue dans un pays qu'elle ne connaissait pas.

Pendant six ans, elle a tout accepté. Mais plus le temps passait, plus son mari devenait violent. Le jour où il a failli l'étrangler sous le regard affolé de ses fils, elle a décidé qu'elle en avait assez. C'était le 10 mars 2008. Elle vivait à Montréal depuis deux ans, dans un appartement miteux. Jamais elle n'avait imaginé qu'elle oserait, un jour, faire un geste tout simple: décrocher le téléphone et appeler le 911.

Le 10 mars 2008, elle a osé.

***

Pourtant, tout avait bien commencé. La première fois que Soraya a vu son mari, c'était à Alger, en octobre 2000, dans le salon de ses parents. Elle avait 19 ans; lui, 36. Il était calme, gentil, presque timide. Il vivait au Canada depuis une dizaine d'années. Il voulait épouser une femme de son pays.

La belle-mère et la mère vivaient dans le même quartier à Alger. Les deux femmes ont organisé une rencontre entre leurs enfants. Le fils est venu du Canada exprès pour rencontrer Soraya.

«Je voulais connaître son caractère, raconte Soraya. Je lui ai posé toutes sortes de questions: "Est-ce qu'une femme peut sortir seule? Peut-elle choisir ses vêtements?" Il m'a avoué qu'il était un peu jaloux. Je trouvais ça normal. C'était la preuve qu'il aimait beaucoup sa femme.»

Ils se sont mariés deux semaines plus tard. Une noce toute simple, sans flafla. Puis, Soraya a mis au monde son premier enfant, un fils. C'est son mari qui a choisi le nom, sans la consulter.

Elle détestait sa belle-mère, qui essayait de la dominer. Soraya ne se gênait pas pour la rembarrer. «Je lui ai dit: "Je suis mariée avec votre fils, pas avec vous!"» En décembre 2002, deux ans après son mariage, Soraya émigre au Canada, trop heureuse de se débarrasser enfin d'une belle-mère acariâtre. Elle ne se doute pas de ce qui l'attend.

***

Après avoir passé quatre ans à Banff, la famille s'installe à Montréal. Soraya a déjà trois enfants, trois garçons. Ils atterrissent dans un minuscule appartement près du Stade olympique. Un endroit sale, envahi par la vermine et les champignons. Il n'y a pas de meubles. Soraya et les deux plus vieux couchent par terre, enroulés dans une couette.

Son mari la bat. À chaque coup, Soraya crie et les enfants hurlent. Les murs sont en carton, les voisins entendent tout, mais personne n'intervient. Pourtant, ils voient le visage tuméfié de Soraya quand ils la croisent dans l'escalier.

Les scènes sont terribles. «Il me donnait des coups de poing et il me frappait au visage avec ses genoux. J'avais des bleus partout.»

Quand il rentre au milieu de la nuit, il la réveille en lui donnant des coups de pied ou en lui jetant de l'eau au visage. Il lui crie: «Debout! Fais-moi à manger!»

Il la menace et la dénigre. Il lui hurle: «Tu ne peux pas vivre seule, tu ne sais même pas écrire ton nom!»

Soraya n'ose pas se révolter. «J'ai demandé à mon mari: "Pourquoi fais-tu ça?" Il m'a répondu: "Parce que c'est comme ça!" En Algérie, j'entendais les gens dire qu'on était mieux traité à l'étranger. Mais moi, je vivais au Canada et je souffrais, mes enfants aussi.»

Son mari commence à s'en prendre à ses fils, surtout au plus vieux, qui essaie de défendre sa mère. À chaque gifle, chaque coup, il se précipite entre ses parents dans une vaine tentative de les séparer.

Soraya ne peut pas compter sur l'aide de la communauté algérienne, qui lui tourne le dos. Une femme doit obéir à son mari.

En 2007, Soraya supplie sa voisine de l'aider. Elle est algérienne et médecin. «Je voulais appeler la police. Je lui ai demandé de traduire de l'arabe au français. Elle a refusé. La seule personne qui m'a aidée, c'est mon cousin.» Les parents de Soraya sont inquiets. Ils vivent à Alger et ils se sentent impuissants. Ils demandent à un cousin qui vit à Montréal de veiller sur leur fille.

Le cousin prend sa mission au sérieux. Il explique à Soraya que son mari ne se calmera pas, que les coups vont redoubler et qu'il finira par la tuer. Il lui explique qu'elle peut appeler la police et porter plainte, qu'il existe des lois au Québec qui protègent les femmes contre leur mari. Il lui montre comment composer le 911. Le 8 mars 2008, les choses dérapent encore une fois mais, cette fois, elles prennent un tour dramatique. Le mari profère des menaces de mort contre Soraya et les enfants, puis il la prend à la gorge et tente de l'étouffer. Elle perd le souffle. Son fils hurle, il est déchaîné. Soraya tombe par terre, les enfants pleurent et crient, affolés.

Son mari quitte la maison, furieux. Soraya a peur. Jamais elle n'a eu aussi peur. Elle craint pour sa vie et celle de ses enfants. La nuit, elle pousse un meuble contre la porte et se couche avec ses fils, qu'elle serre contre elle. Elle attend deux jours avant de demander de l'aide. Deux jours à trembler et à fixer la porte, de peur que son mari revienne. Elle trouve finalement le courage d'appeler le 911.

Deux policiers débarquent chez elle. En voyant les marques sur le visage et le cou de Soraya, ils comprennent que c'est grave. Soraya raconte son histoire. Elle dit tout, en vrac: les coups, les menaces, sa peur. Son fils traduit. Quinze minutes plus tard, la clé tourne dans la serrure. C'est le mari qui revient.

Les policiers lui passent les menottes et l'emmènent au poste. «Mon mari m'a regardée et il m'a dit: "Tu vas le regretter!" J'avais tellement peur...»

Soraya et les enfants sont hébergés dans un centre pour femmes battues. C'est là qu'elle apprend le français et qu'on lui montre comment prendre l'autobus. Elle peut enfin déchiffrer les noms des rues.

***

Septembre 2010, Soraya est dans une salle d'audience au palais de justice. Devant elle, un juge et douze jurés. Son mari est accusé de voies de fait graves, de menaces de mort et d'agression sexuelle. Deux ans et demi se sont écoulés depuis que Soraya a trouvé le courage d'appeler le 911. La machine judiciaire s'est mise en marche. Soraya a obtenu la garde de ses enfants, et son ex-mari a été formellement accusé.

Ses parents sont venus d'Algérie pour l'épauler. Elle ne peut pas s'occuper des enfants pendant le procès, elle est trop stressée, trop angoissée.

Pendant son témoignage, elle baisse la tête. Sa voix n'est qu'un murmure à peine audible. Un interprète l'aide. Elle ne regarde jamais son mari, qui est là, à quelques mètres, dans le box des accusés. Il la fixe. Son regard est dur, son visage fermé.

Soraya craque pendant son témoignage. La salle est évacuée. Elle sort, allongée sur une civière. Deux jours plus tard, le procès reprend. Elle s'évanouit de nouveau.

Fin septembre, le verdict tombe: coupable. Soraya n'en revient pas. «J'ai crié: "Wow!" Je me suis mise à genoux et j'ai pleuré, pleuré. Ça m'a secouée.»

Décembre 2010, Soraya me raconte son histoire. Le café a refroidi et elle n'a pas touché aux pâtisseries.

Quand elle pense à toutes ces années perdues, un pli amer creuse sa bouche. «J'ai passé ma vingtaine sans amour, sans personne pour s'occuper de moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai vécu cette vie-là.»

Aujourd'hui, «cette vie-là» est terminée, son ex-mari est en prison. Soraya se débrouille bien en français, elle vit dans un appartement propre et ses fils vont à l'école.

Une psychologue aide Soraya et son aîné à exorciser le passé. Elle est encore démolie par toute cette violence qui a rythmé son existence pendant huit ans, mais elle reprend sa vie en main. Lentement, un jour à la fois. Elle peut enfin respirer sans crainte de recevoir une gifle ou un coup de poing.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/201103/07/01-4377033-le-supplice-de-soraya.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS1

  • Habitués
Posté(e)

allo cherrybee

wow, j'ai presque pleuré en lisant l'article...

c'est trop dur mais c'est la verité

mais ca arrive partout ca

avec les québecois, les algeriens, les latinos, :P

juste que j'évite à chaque fois de lire les articles !!

mais cette fois il s'est retrouvé ici sur le forum

merci quand même de nous partager cette info

irlish

  • Habitués
Posté(e)

Ses parents à elle, auraient-ils reçu facilement un visa pour venir l'aider? Je doute un peu de l'histoire...

Posté(e)

Ça s'est passé à Montréal, dans un quartier près de chez vous. Soraya* a encaissé les gifles, les coups et les injures. Son mari, d'origine algérienne, vivait au Canada. Il se cherchait une femme, algérienne. Le mariage a été arrangé par les familles. Soraya a quitté Alger le coeur léger. Elle ne se doutait pas qu'elle serait enchaînée à un mari violent pendant des années. Jamais la communauté algérienne n'a levé le petit doigt pour l'aider. Elle s'en est sortie seule, ou presque.

La première fois qu'il l'a battue, elle venait d'arriver au Canada. Son mari vivait à Banff, où il était chef pâtissier dans un hôtel.

Même s'ils étaient mariés depuis deux ans, Soraya n'avait jamais mis les pieds au Canada. Ils avaient vécu ensemble pendant huit mois en Algérie, leur pays natal. Ils avaient eu un fils.

Son mari n'avait rien préparé pour leur arrivée à Banff. Il n'y avait qu'une poussette et quelques jouets dans le petit appartement. Le premier soir, Soraya a couché son fils près de son lit, sur des coussins posés par terre. Quand il s'est réveillé au milieu de la nuit, elle l'a pris doucement dans ses bras en murmurant: «Viens, mon bébé.»

Son mari a aussitôt explosé: «Laisse-moi dormir, je travaille! Vache! Putain!»

Puis, il l'a frappée même si elle donnait le sein.

Jamais son mari n'avait osé la toucher avant. Lorsqu'il l'a giflée, elle a compris qu'elle était condamnée à passer sa vie auprès d'un homme violent.

«C'est à partir de cette nuit-là que tout a dérapé, dit Soraya. On faisait chambre à part. Je dormais dans le salon pour ne pas réveiller mon mari. Quand il voulait coucher avec moi, je devais obéir, sinon il me battait. Je ne voulais pas d'autres enfants. J'avais l'impression que j'étais là juste pour le sexe et le ménage.»

Elle pleure, sa voix tremble. Elle s'essuie les yeux avec ses mains. Remuer ces souvenirs la chavire. «Ça me fait mal», dit-elle.

Soraya n'a rien de la femme musulmane voilée de la tête aux pieds. Cheveux blonds, yeux maquillés, rouge à lèvres, chandail moulant et décolleté. Elle n'a jamais porté le voile, même si elle est très croyante.

«On fait tout ce que Dieu veut», explique-t-elle dans un français hésitant.

Pendant trois heures, Soraya, 29 ans, mère de trois enfants, me raconte sa vie ponctuée de coups, de gifles et d'insultes. Elle ne touche pas aux pâtisseries ni au café corsé qu'elle a déposés sur la table du salon, au milieu de son petit logement du Plateau-Mont-Royal.

Son mari la battait chaque jour. Avec ses mains et ses pieds ou avec des objets: jouets, vaisselle. Soraya vivait coupée du monde, elle, l'étrangère qui ne parlait ni français ni anglais. Elle était incapable de prendre l'autobus ou de lire les noms des rues. Seule, loin de sa famille et de ses amis, perdue dans un pays qu'elle ne connaissait pas.

Pendant six ans, elle a tout accepté. Mais plus le temps passait, plus son mari devenait violent. Le jour où il a failli l'étrangler sous le regard affolé de ses fils, elle a décidé qu'elle en avait assez. C'était le 10 mars 2008. Elle vivait à Montréal depuis deux ans, dans un appartement miteux. Jamais elle n'avait imaginé qu'elle oserait, un jour, faire un geste tout simple: décrocher le téléphone et appeler le 911.

Le 10 mars 2008, elle a osé.

***

Pourtant, tout avait bien commencé. La première fois que Soraya a vu son mari, c'était à Alger, en octobre 2000, dans le salon de ses parents. Elle avait 19 ans; lui, 36. Il était calme, gentil, presque timide. Il vivait au Canada depuis une dizaine d'années. Il voulait épouser une femme de son pays.

La belle-mère et la mère vivaient dans le même quartier à Alger. Les deux femmes ont organisé une rencontre entre leurs enfants. Le fils est venu du Canada exprès pour rencontrer Soraya.

«Je voulais connaître son caractère, raconte Soraya. Je lui ai posé toutes sortes de questions: "Est-ce qu'une femme peut sortir seule? Peut-elle choisir ses vêtements?" Il m'a avoué qu'il était un peu jaloux. Je trouvais ça normal. C'était la preuve qu'il aimait beaucoup sa femme.»

Ils se sont mariés deux semaines plus tard. Une noce toute simple, sans flafla. Puis, Soraya a mis au monde son premier enfant, un fils. C'est son mari qui a choisi le nom, sans la consulter.

Elle détestait sa belle-mère, qui essayait de la dominer. Soraya ne se gênait pas pour la rembarrer. «Je lui ai dit: "Je suis mariée avec votre fils, pas avec vous!"» En décembre 2002, deux ans après son mariage, Soraya émigre au Canada, trop heureuse de se débarrasser enfin d'une belle-mère acariâtre. Elle ne se doute pas de ce qui l'attend.

***

Après avoir passé quatre ans à Banff, la famille s'installe à Montréal. Soraya a déjà trois enfants, trois garçons. Ils atterrissent dans un minuscule appartement près du Stade olympique. Un endroit sale, envahi par la vermine et les champignons. Il n'y a pas de meubles. Soraya et les deux plus vieux couchent par terre, enroulés dans une couette.

Son mari la bat. À chaque coup, Soraya crie et les enfants hurlent. Les murs sont en carton, les voisins entendent tout, mais personne n'intervient. Pourtant, ils voient le visage tuméfié de Soraya quand ils la croisent dans l'escalier.

Les scènes sont terribles. «Il me donnait des coups de poing et il me frappait au visage avec ses genoux. J'avais des bleus partout.»

Quand il rentre au milieu de la nuit, il la réveille en lui donnant des coups de pied ou en lui jetant de l'eau au visage. Il lui crie: «Debout! Fais-moi à manger!»

Il la menace et la dénigre. Il lui hurle: «Tu ne peux pas vivre seule, tu ne sais même pas écrire ton nom!»

Soraya n'ose pas se révolter. «J'ai demandé à mon mari: "Pourquoi fais-tu ça?" Il m'a répondu: "Parce que c'est comme ça!" En Algérie, j'entendais les gens dire qu'on était mieux traité à l'étranger. Mais moi, je vivais au Canada et je souffrais, mes enfants aussi.»

Son mari commence à s'en prendre à ses fils, surtout au plus vieux, qui essaie de défendre sa mère. À chaque gifle, chaque coup, il se précipite entre ses parents dans une vaine tentative de les séparer.

Soraya ne peut pas compter sur l'aide de la communauté algérienne, qui lui tourne le dos. Une femme doit obéir à son mari.

En 2007, Soraya supplie sa voisine de l'aider. Elle est algérienne et médecin. «Je voulais appeler la police. Je lui ai demandé de traduire de l'arabe au français. Elle a refusé. La seule personne qui m'a aidée, c'est mon cousin.» Les parents de Soraya sont inquiets. Ils vivent à Alger et ils se sentent impuissants. Ils demandent à un cousin qui vit à Montréal de veiller sur leur fille.

Le cousin prend sa mission au sérieux. Il explique à Soraya que son mari ne se calmera pas, que les coups vont redoubler et qu'il finira par la tuer. Il lui explique qu'elle peut appeler la police et porter plainte, qu'il existe des lois au Québec qui protègent les femmes contre leur mari. Il lui montre comment composer le 911. Le 8 mars 2008, les choses dérapent encore une fois mais, cette fois, elles prennent un tour dramatique. Le mari profère des menaces de mort contre Soraya et les enfants, puis il la prend à la gorge et tente de l'étouffer. Elle perd le souffle. Son fils hurle, il est déchaîné. Soraya tombe par terre, les enfants pleurent et crient, affolés.

Son mari quitte la maison, furieux. Soraya a peur. Jamais elle n'a eu aussi peur. Elle craint pour sa vie et celle de ses enfants. La nuit, elle pousse un meuble contre la porte et se couche avec ses fils, qu'elle serre contre elle. Elle attend deux jours avant de demander de l'aide. Deux jours à trembler et à fixer la porte, de peur que son mari revienne. Elle trouve finalement le courage d'appeler le 911.

Deux policiers débarquent chez elle. En voyant les marques sur le visage et le cou de Soraya, ils comprennent que c'est grave. Soraya raconte son histoire. Elle dit tout, en vrac: les coups, les menaces, sa peur. Son fils traduit. Quinze minutes plus tard, la clé tourne dans la serrure. C'est le mari qui revient.

Les policiers lui passent les menottes et l'emmènent au poste. «Mon mari m'a regardée et il m'a dit: "Tu vas le regretter!" J'avais tellement peur...»

Soraya et les enfants sont hébergés dans un centre pour femmes battues. C'est là qu'elle apprend le français et qu'on lui montre comment prendre l'autobus. Elle peut enfin déchiffrer les noms des rues.

***

Septembre 2010, Soraya est dans une salle d'audience au palais de justice. Devant elle, un juge et douze jurés. Son mari est accusé de voies de fait graves, de menaces de mort et d'agression sexuelle. Deux ans et demi se sont écoulés depuis que Soraya a trouvé le courage d'appeler le 911. La machine judiciaire s'est mise en marche. Soraya a obtenu la garde de ses enfants, et son ex-mari a été formellement accusé.

Ses parents sont venus d'Algérie pour l'épauler. Elle ne peut pas s'occuper des enfants pendant le procès, elle est trop stressée, trop angoissée.

Pendant son témoignage, elle baisse la tête. Sa voix n'est qu'un murmure à peine audible. Un interprète l'aide. Elle ne regarde jamais son mari, qui est là, à quelques mètres, dans le box des accusés. Il la fixe. Son regard est dur, son visage fermé.

Soraya craque pendant son témoignage. La salle est évacuée. Elle sort, allongée sur une civière. Deux jours plus tard, le procès reprend. Elle s'évanouit de nouveau.

Fin septembre, le verdict tombe: coupable. Soraya n'en revient pas. «J'ai crié: "Wow!" Je me suis mise à genoux et j'ai pleuré, pleuré. Ça m'a secouée.»

Décembre 2010, Soraya me raconte son histoire. Le café a refroidi et elle n'a pas touché aux pâtisseries.

Quand elle pense à toutes ces années perdues, un pli amer creuse sa bouche. «J'ai passé ma vingtaine sans amour, sans personne pour s'occuper de moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai vécu cette vie-là.»

Aujourd'hui, «cette vie-là» est terminée, son ex-mari est en prison. Soraya se débrouille bien en français, elle vit dans un appartement propre et ses fils vont à l'école.

Une psychologue aide Soraya et son aîné à exorciser le passé. Elle est encore démolie par toute cette violence qui a rythmé son existence pendant huit ans, mais elle reprend sa vie en main. Lentement, un jour à la fois. Elle peut enfin respirer sans crainte de recevoir une gifle ou un coup de poing.

http://www.cyberpres...78_accueil_POS1

wouaw cette histoire est bien triste quel cruauté .

mais je me pose aussi la même question que avanti

un visa pour ses parents en si peu de temps ?

eh bien peu importe... l'histoire est douloureuse j'ai failli pleuré.

Posté(e)

Bien sûr que c'est une histoire triste. Toute violence est inacceptable. Que ce soit envers les femmes, les enfants, les hommes et même les animaux.

Mais il ne faudrait pas ostracisé une communauté.

Je ne suis pas sure que si c'était un québécois qui aurait traité sa femme de tel sorte qu'il se serait trouvé en 1ière page de la Presse. D'un petit journal à sensations, peut-être....même encore.

La violence est partout. Nos québécois pure laine ne sont pas en reste du côté de la violence. De 1977 à 1996, 1525 épouses ont été tuées par leur mari au Canada.....et la plupart du temps par des "vrais de vrais" Canadiens.

Et que penser de notre DPJ qui regorge d'enfants battus et maltraités.

On devrait se regarder le nombrils avant de se scandaliser.

Pas sure qu'on vaut mieux que les autres.

  • Habitués
Posté(e)

Ses parents à elle, auraient-ils reçu facilement un visa pour venir l'aider? Je doute un peu de l'histoire...

oui, pourquoi pas, les visas pour parents sont souvent accordées, ce n'est pas comme les jeunes, d'autant plus qu'elle a de bonnes raisons d'assistance de se parents.

Pour l'histoire, c'est tellement triste et incompréhensible. Ceci dit ce ne sont pas tous les algériens qui sont comme ça et je sais que vous êtes intelligents pour faire la part des choses.

niceamn

Posté(e)

Histoire horrible, certes ... et elle n'est pas seule dans son cas. Je rejoins le commentaire des Amoureux. On a également notre lot de violence et de détresse ici. Et je pense aussi que les gens sauront faire la part des choses.

Posté(e)

woww une histoire tres triste!!!!!!!

cherry bee,c'est un forum de parrainages tu pense pas,on se demande qu'elle est votre attention pour ce sujet

dans ce forum!!! c'est vraiment bizard!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Habitués
Posté(e)

Triste histoire en effet, comme des milliers d'autres de par le monde....

Mais je suis dubitative sur le rapport du sujet avec le parrainage et mariage :blink:, je n'en vois aucun!

  • Habitués
Posté(e)

allo

je supose que le mr a parrainé sa femme pour la faire venir ici

et cherrybee voulait nous faire comprendre que non seulement les parrains sont arnaqués

mais des fois on peut aussi se faire avoir en épousant un parrain

  • Habitués
Posté(e)

allo

je supose que le mr a parrainé sa femme pour la faire venir ici

et cherrybee voulait nous faire comprendre que non seulement les parrains sont arnaqués

mais des fois on peut aussi se faire avoir en épousant un parrain

Vu comme ça, j'avoue que c'est plus clair :biggrin:. En effet, ça illustre que parfois ce sont les parrainé(e)s qui sont arnaqués...

  • Habitués
Posté(e)

Ses parents à elle, auraient-ils reçu facilement un visa pour venir l'aider? Je doute un peu de l'histoire...

Juste pour te dire que les parents qui visite leur enfant ont un visa presque instantané.. Ce sont les jeunes qui ne peuvent pas avoir de visa car il est facile pour eu de trouver du travail au noir. Alors que les parents ne prendront pas le risque de ne pas retourner chez eux de peur de ne plus pouvoir revoir leur enfant..

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