Usages et coutumes, première rencontre au MICC

[shihiro]

Comme tout immigrant, à notre arrivée, il y a un an, nous eûmes droit à une convocation qui nous engagea à participer aux réunions dinformations préparées par le MICC (Ministère de limmigration et des communautés culturelles). Ce processus bien quétrange mais pourtant nécessaire apparut comme un rituel de passage, à mon regard néophyte encore embué par des insomnies exacerbées par le décalage horaire. Il semble permettre aux aventureux et audacieux étrangers, frais débarqués, emplis despoir, de rêves et dillusions, de s'éclairer sur la langue, les usages, les murs et les folklores de cette belle et surprenante planète, comme de ses étonnants habitants : le Québec.

Rendez-vous fut donc pris dans un immense édifice gouvernemental de couleur brune et daspect extérieur bien terne. Pourquoi les bâtiments officiels sont-ils si sombres ? pensai-je. Cette réflexion quoique peu profonde, fit resurgir de ma mémoire encore fragilisée par des volumes dinformations récemment ingurgités, les notions de pragmatisme, defficacité et de rendement propres à lAmérique du Nord où lesthétique est aussi appréciée que la cinquième roue dune Range Rover.

Dans la salle dattente, dautres aspirants à laventure québécoise, patientèrent, semblant préoccupés, un dossier longuement froissé dans les mains. Nous entrâmes, dans la pièce réservée au « rite initiatique » où nous vîmes dautres immigrants, arrivés en avance, poussés, peut-être, par la crainte de ne pas respecter la première règle du bon Québécois : la ponctualité.

Cest à cet instant quentra dans la salle, soudainement emplie dun respectueux silence, ce personnage haut en couleurs, actuellement à la retraite mais qui, cependant, inculqua durant trente longues années, avec patience, persévérance et truculence, les rudiments de la vie québécoise, à bons nombres de nouveaux venus, et qui se prénomme. Huguette.

Ah chère Huguette ! Comme nos curs étaient remplis dallégresse quand vous illustriez de manière compréhensible à nos cerveaux incultes, les pures expressions québécoises. Quand, afin de parfaire notre sens de lorientation, vous dessiniez sur le tableau blanc, devant nos yeux stupéfaits, la carte de Montréal, nous précisant que pour les Montréalais, le Nord nest pas le nord et le Sud nest pas le sud. Comme nous étions effarés quand vous nous avisiez que la majorité du groupe présent ce jour, qui se trouva être des médecins, des chimistes, des ingénieurs, devront repasser des diplômes. Effrayés, nous létions, à lannonce quune majorité dimmigrants divorceraient dans les deux ans. Et pourtant, comme votre regard pétillait, voyant que nous nétions toujours pas découragés de vous assaillir de nos questions intéressées.

Toutefois nous vîmes votre visage sémerveillé à linstant où vos collègues se présentèrent avec un superbe gâteau, et là de nous annoncer que ce fût votre dernier jour de travail au MICC. Quelle exultation dentendre cette douce et mélodieuse ritournelle fredonnée aussi lors des anniversaires, où, à cet instant, nous apprîmes lexistence de « lhymne Québécois ».

Cest ainsi que le cur léger, nous quittâmes le MICC, renforcés par cette expérience inhabituelle et lestomac comblé par une pâtisserie bien crémeuse, à la recherche dun bel appartement.

[petiboudange]

Wooow vous avez eu une belle rencontre du MICC chanceux!

Un beau souvenir, assurément, quelle que sera votre suite!

[shihiro]

En un an, il est vrai que nous avons eu quelques expériences truculentes qui ont laissé de bons souvenirs.

[Rony Blade]

:gokujr: Salut mon p'ti pit.

Moé lâ, j'crois c'est en plein ça:

Style surprenant mais bien vivant

[felixlechat]

J'adore la description que tu fais du personnage "Huguette" !

[Rony Blade]

:biohazar: