Le deuil

[semago]

Voilà...

Hier j'ai appris, via courriel, que la mère de l'ami de ma mère est décédée. Femme que je ne connaissais pas, je pense à ma famille qui vit çà. Et là, je me sens un peu en dehors de tout çà.

Aujourd'hui, mon frère m'envoit un mail : c'est une ex-collègue qui a écrit à mon frère pour me dire qu'une de mes meilleures amies, Agnès, (une autre ex-collègue) est décédée.

Agnès était beaucoup pour moi. Femme ayant beaucoup vécu, beaucoup souffert aussi, femme qui a élevé ses 3 enfants seule, elle a été pour moi un soutien de tout instant à travers les étapes quion été le divorce de mes parents puis le mien...

Quand j'ai quitté mon entreprise en juillet, je me souviens comment elle m'a serré dans ses bras, m'a fait un au-revoir, le dernier.

Moi aussi j'en avais gros sur le coeur. Elle revenait d'un "congé" d'un an. Un cancer. Elle avait mauvaise mine, beaucoup maigri, perdu ses cheveux. Elle était passée à côté de la mort 2 fois au cours de cette année. Année pendant laquelle elle répondait très peu à nos appels, disait que tout va bien même quand çà allait pas.

Quand elle est revenue au bureau, elle n'avait ni bureau, ni PC, même plus sa ligne téléphonique. Elle a eu du mal à le digérer, moi aussi d'ailleurs...

Quand je suis arrivée ici, je lui ai écrit, comme à beaucoup, en septembre. Elle n'a pas répondu à mon mail commun où je lui mettait malgré tout un petit message perso (t'inquiète pas, tout ira bien...).

Pour la bonne année, pas de nouvelles non plus; j'ai pas appelé non plus. Puis hier, je me dis en moi-même : "pas géant Manue, t'as même pas appelé Agnès pour son anniversaire!"... Mais bon, trop tard c'était le 17...

Et puis ce matin, mon frère me forward çà :

"...Pourriez-vous lui transmettre cette nouvelle ca je ne sais comment la joindre si elle est déjà partie au Canada. Agnès XXX est décédée Samedi 3 février."

Des larmes pleins les yeux, des images plein la tête, des regrets, des remords. Aujourd'hui c'est jour de deuil. Aujourd'hui, je me sens loin, très loin de ceux que j'aime. Et je me sens coupable de ne pas avoir vu... de ne pas avoir su...

Semago

[FranceLiègeoise]

Semago ...

Poignant ... et les mots ne viennent pas, ou difficilement ...

Que te dire ? Difficile ! Quoique j'aimerais te dire, mais il est peut-être encore trop tôt, que tu ne dois pas te sentir coupable ...

Ne pas avoir vu, ne pas avoir su ... Il devait peut-être en être ainsi ... La vie est ainsi faite que les chemins qui se sont croisés se séparent ... et tu n'as abandonné personne ... Ce coup de téléphone que tu n'as pas donné, celui que tu n'as pas reçu ... Personne ne pouvait prévoir ....

Essaie de penser plutôt à ce que les personnes disparues t'ont apporté, mais aussi à ce que TOI tu leur as donné ... Ce sont des cadeaux qui ont été échangés dont la valeur est inestimable ...

Là, je cale, tu vois ... Je ne trouve pas les mots ... Vis ton deuil, mais pas le remord ... C'est ainsi ...

[bencoudonc]

Semago, c'est très dur ce que tu vis et j'en ai les larmes aux yeux en te lisant. Mais tu sais, même avec une lettre de plus ou de moins ou un appel de plus ou de moins, en quelque part ton amie savait que tu l'aimais et c'est ça l'important.

[tilda]

Des larmes pleins les yeux, des images plein la tête, des regrets, des remords. Aujourd'hui c'est jour de deuil. Aujourd'hui, je me sens loin, très loin de ceux que j'aime. Et je me sens coupable de ne pas avoir vu... de ne pas avoir su...

Semago

Salut à toi,

Je compatis à ta peine.

Ayant vécu une expérience assez similaire, et les regrets ne servant à rien, je m'étais juste promise de faire plus attention aux vivants. En étant ainsi plus vigileante, j'ai pu accompagner pendant sa maladie une personne très proche. Cela s'est fait à distance avec la chance de pouvoir passer une fin de semaine avec elle. Le jour de son décés, j'étais cette fois très en paix avec elle et avec moi-même.

Ces expériences douloureuses nous enseignent beaucoup de choses, nous font "grandir". Ne culpabilise pas s'il te plaît, on ne peut tout savoir, tout prévoir... On avance, on apprend...

Bon courage

[Invité]

Tu as toute ma sympathie, je t'offre mes condoléances.

C'est difficile. Très difficile. J'ai perdu moi aussi quelqu'un de significatif alors que cela ne faisais peu de temps que nous étions arrivés. J'ai eu beaucoup de mal à encaisser le fait que je n'ai pas pu lui dire aurevoir ni pu assister à ses obsèques. Et puis j'ai suivi les conseils qu'on ma donné ici. Je me suis trouvée une façon à moi de lui dire aurevoir et je lui ai écris une longue lettre pour lui dire combien elle était importante dans ma vie et dans mon coeur et la remercier pour toutes les attentions qu'elle avait eu pour moi et ma famille.

Si tu veux parler plus, tu peux me joindre par mp

Courage, je pense à toi.

[Jade]

Ouais ... Situation délicate. J'aurai dû, j'aurai pu, si ... que de questions et d'interrogations dans ces cas-là. Le film des dernières années, les anecdotes, les fou-rire, les coups de blues ... repassent dans notre tête. Et puis, on se culpabilise, on regrette, on s'interroge ... Pas facile !

Mais Semago, loin des yeux ne veut pas forcément dire, loin du coeur. Ton amie le savait. Et, toi aussi.

Et, comme chacun est différent, avec son vécu et sa sensibilité, je voudrai tout simplement, te faire de gros bisous ...

Véro

Prend soin de toi

[semago]

Merci pour votre soutien, çà fait du bien de vider son sac des jours comme çà, surtout en ce moment (mon chéri travaillant à 250 kms d'ici, je me sens isolée...).

Je me sens vidée...

[semago]

Tu as toute ma sympathie, je t'offre mes condoléances.

C'est difficile. Très difficile. J'ai perdu moi aussi quelqu'un de significatif alors que cela ne faisais peu de temps que nous étions arrivés. J'ai eu beaucoup de mal à encaisser le fait que je n'ai pas pu lui dire aurevoir ni pu assister à ses obsèques. Et puis j'ai suivi les conseils qu'on ma donné ici. Je me suis trouvée une façon à moi de lui dire aurevoir et je lui ai écris une longue lettre pour lui dire combien elle était importante dans ma vie et dans mon coeur et la remercier pour toutes les attentions qu'elle avait eu pour moi et ma famille.

Si tu veux parler plus, tu peux me joindre par mp

Courage, je pense à toi.

Merci Zelda,

j'apprécie vraiment ton geste. J'ai l'impression que le ciel m'est tombé sur la tête et à revivre notre dernier au-revoir, je me rends compte que j'ai été naïve de ne pas voir que c'était un adieu. Elle me disait que tout était bon, qu'elle allait bien. Même si je lui trouvais une mauvaise mine, les yeux tirés, le teint jaune. Ella a su effacer mes doutes en un tour de main.

Elle était comme çà, entière et discrète à la fois... Un peu la mère que je n'ai pas eue... Elles avaient le même âge d'ailleurs.

Mais comment ais-je pu être si bête...

Emmanuelle

[FranceLiègeoise]

Sémago,

Tu dis "Ella a su effacer mes doutes en un tour de main" ... C'était ce qu'elle voulait ... Pense-y ... crois-tu que je me trompe ?

Si tu ressasses, tu vas de rendre malade et te faire encore plus mal ... Tu l'a aimée, elle l'a su ... c'est important !

[Opal]

Courage Semago,

Dis-toi qu'elle est liberee maintenant, et sois sure que de la ou elle est elle ressent toute ta compassion et ta detresse. Mais surtout ne culpabilise pas, qu'aurais-tu pu y faire? Elle aurait prefere que tu suives ton chemin et ta vie, et si tu avais sacrifie ton propre parcours pour elle, c'est elle qui culpabiliserait maintenant.

Fais un gros calin a tes enfants, parles avec ton chum, et consoles-toi avec un bon litre de glace au chocolat. Dans quelques jours ca ira mieux. Courage.

[Invité]

ça doit pas être facile à vivre tout ça...

en décembre mon grand-père est décédé.je lui avais parlé au téléphone peu de temps auparavant,il était heureux pour moi....il était assez âgé,mais j'avais la chienne quand je parlais de loin à ma famille et que j'étais pas auprès de ma grand-mère et ma mère...

heureusement mes amis québécois m'ont soutenue et réconfortée,et ça,c'est le bon côté dans ces moments là.même loin,avoir une épaule,une écoute ici,puisque notre vie est ici maintenant,ça n'a pas de prix.

[simou_07]

Bonsoir semago

J'ai vécu quelque chose de semblable le 24 juin 06. Mon pere père est décédé et j'ai appris la nouvelle par téléphone à mon bureau, oufffffffff, je n ai pas besoin de te dire comment c'était dure et surtout l'éloignement et sans pouvoir assister.

Mon cher, je te dis de tenir bon, oui, c'est difficile masi tu finiras pas sortir de cette mauvaise situation. les remords ne sevent à rien sauf gruger nos énergies.

Courage, tu n'es pas seul, on est avec toi

simou

[Lachtite]

Je n'ai pas les mots qu'il faut, je pense que le deuil est encore plus difficle à faire quand on est isolé comme ça... Tu sais elle savait qu'elle comptait pour toi, et c'est ça le principal...

Je t'envoie mes plus douces pensées.... Tu n'es pas seule, ce deuil tu vas le vivre... Ici ou là-bas, ça ne change rien.. Ce qui compte c'est la place que tu lui laisses...

Courage....

[AugustClo]

ma grand mere est morte d'un suicide et je trouve ca tellement proche de la situation que tu vis: je l'ai vu la veille, lui ai dis au-revoir sans me rendre compte que c'etait un adieu, elle m'a laisse penser qu'on se reverrait le mercredi suivant comme prevu,,, je lui ai dit au revoir car le defile du carnaval avancait et que je ne voulait pas en manquer la fin.... si tu savais ce que j'ai pu m'en vouloir d'avoir suivi ce maudit carnaval au lieu de passer du temps avec elle ce jour la! Lui parler, peut etre lui faire changer d'avis, lui faire sentir que je l'aimais...

Moi j'ai suivi le chemin du carnaval, toi tu as suivi le chemin du canada... je sais au combien ce que tu peux ressentir... En ce qui me concerne, je ne suis toujours pas capable d'y penser sans avoir des regrets, sans en pleurer...7ans apres...mais au moins j'ai accepte que les choses soient ce qu'elles soient et qu'il est trop tard pour changer quelque chose et mon quotidien est redevenu "normal"

Ce sera long, mais tu le feras ton deuil... peut etre auras tu toujours des remords comme les miens, mais ta vie se poursuivras et tu realiseras d'autres reves... Ce sera une force dans les moments difficiles de repenser a cette collegue, de repenser a la douleur qu'elle a voulu t'epargner en te cachant la verite et de te dire que tu lui dois d'etre heureuse...

je te souhaite beaucoup de courage en tout cas, et comme les autres je suis la par MP, n'hesite pas

[semago]

Merci beaucoup à tous. çà fait vraiment du bien de vous savoir là, juste là. J'ai appelé ma mère aujourd'hui qui me connais si bien, qu'elle n'a pas eu un seul mot de réconfort. Par contre, j'ai eu le détail de ses petits problèmes perso et de sa vie, qu'elle aime très peu, mais où elle ne fait rien pour en changer...

Bref. Je crois que le plus dur, c'est de ne pas pouvoir partager cette douleur là. Vous voyez, en ce moment, j'aurais juste voulu serrer dans mes bras, la collègue qui m'a avertie. Non pas qu'on soit proches l'une de l'autre (elle a mis 2 semaines à me retrouver...) plutôt qu'on aimait toutes les deux Agnès. Pas de la même façon mais on la connaissait bien toutes les 2.

Même mon chouchou ne peut rien y faire. D'une part parce qu'il est à 250 kms et le téléphone reste le téléphone... Mais aussi parce qu'il ne ressent pas ce que je ressens envers cette personne.

La vie est faite de hauts et de bas.

Quand on a décidé d'émigrer, je pensais que c'était pour la vie ici. Je ne suis pas très famille; je suis proche seulement de mon père (qui était déjà à 500 kms de chez moi) et de mon frère. Mon mari a ses parents qu'il adore mais qui habitaient à 800 kms de Paris.

Nos relations familiales s'arrêtent là.

Des amis? oui quelques uns. Mais il faut dire que nous vivions plutôt en clan. On est comme çà. On a des amis très très proches, peu mais des vrais. des amis de toujours, de ceux qui ne vous jugeront pas quoique vous fassiez.

Au fils des années et des aléas de la vie, j'ai beaucoup changé. A 30 ans, je suis mariée pour la deuxième fois, maman à 22 ans puis j'ai déjà bougé plusieurs fois. Enfin, bon, de quoi traumatiser pas mal de monde... J'ai adopté pleins de look différents. Mais là, je suis plutôt dans ma période "rien". pas de style, rien.

Je me déçois même parfois, moi qui était une dingo de fringues et de coiffeur. Pas envie. Juste envie d'être authentique. Moi-même. Juste envie de me retrouver. Enfin.

J'aime toujours les fringues, aller chez le coiffeur, choquer par mon apparence mais juste pas envie.

Aujourd'hui, je me sens libre. Libre de faire comme çà me chante. Avant aussi, je le faisais mais j'étais prisonnière de certaines obligations psychologiques notamment téléphoner à ma mère et essuyer ses critiques sans tomber dans la crise d'hystérie, éviter le scandale car quand on se disputait fort elle et moi, elle en était malade, vraiment malade.

Je crois que c'est çà le plus fort pour moi. Savoir que j'aime suffisamment ma mère pour ne pas la faire souffrir et essayer de comprendre que je suis SA maladie, qu'elle me hait autant qu'elle m'aime ou l'inverse si çà vous chante...

Mais aujourd'hui, je paie aussi le revers de la médaille. Ma liberté a un prix et quel prix.

Pour ceux qui pensent qu'on a "bien de la chance d'avoir le privilège d'avoir les mêmes droits que les VRAIS québécois", je vous dit oui. Oui on a de la chance. Oui nos enfants ont de la chance d'avoir Vos droits mais aussi ceux de notre patrie de naissance.

Oui. Oui pour tout.

Mais il y a une chose que NOUS n'avons pas. Et cette chose là est une des bases de la vie : serrer ceux qu'on aime dans nos bras quand bon nous chante.

Aujourd'hui, 6 mois 1/2 après mon arrivée (merci Lachtite!), je sais au fond de moi que je n'ai pas envie de passer ma vie ici. Ou en tous cas, je ne veux pas me l'imposer.

Demain, je vivrais à Québec avec mari et enfant. J'y achèterais une maison (ou plutôt "on" sinon je vais me faire remonter les bretelles...). Je me fixe 4 années, le temps que mon amour de petit bonhomme finisse son primaire. Après, on verra.

Et, pour ceux qui se posent la question : oui, je suis bien ici, oui, j'ai trouvé ce que je suis venue chercher. Mais j'ai aussi trouvé ce que je ne suis pas venue cherché ou plutôt, au fur et à mesure du temps qui passe, j'entre en période de manque... de ce que j'avais avant et dont je ne réalisais pas la valeur...

Encore merci pour vos petits mots et vos témoignages.

Semago

[Zemida]

Je comprends tout à fait ce que tu peux ressentir et je te présente toutes mes condoléances !

En octobre dernier, j'ai perdu la seule amie d'enfance que j'avais, elle s'est suicidée, elle s'est pendue !! çà a été très dur pour moi, çà m'a fait un choc !! Surtout que c'est sa fille qui m'a prévenue 1 mois après, en retrouvant mon adresse dans les papiers de sa mère ! Ils ne m'avaient pas prévenu car ils me croyaient déjà partie au Québec !!!!!!!!!

Entre les coups de fil et les courriers, je l'avais revue au printemps dernier, elle allait bien, et nous avions parlé de mon projet de départ, elle se faisait une joie de venir nous voir !! Et puis, là, elle était tombée dans une forte dépression, elle a mis fin à ses jours brutalement !!

J'étais très en colère quand j'ai appris la nouvelle, mais c'est ainsi, on n'y peux rien !! Et je me suis dit que si même ses enfants qu'elle adorait n'ont rien pu faire pour l'en empêcher, je n'aurais rien pu faire non plus !! C'était son choix, et je dois l'accepter, même si çà fait mal, très mal !

Comme toi, je m'apprêtais à lui écrire, à prendre des nouvelles et je n'ai pas eu le temps, il était déjà trop tard !!

Tu ne dois pas culpabiliser, c'est comme çà, la maladie a été la plus forte et rien ne pouvait empêcher le destin de faire son oeuvre ! Rappelle-toi cette dernière fois où tu l'a serrée dans tes bras, rappelle-toi vos bons moments passés ensemble !

Tu peux lui parler, lui expliquer ce que tu ressens aujourd'hui, où qu'elle soit elle t'entendra !

Mais la vie continue, avec ou sans elle, tu dois accepter son départ et vivre ta vie ! Elle restera toujours au fond de ton coeur avec tous les bons souvenirs ...

[semago]

Merci du plus profond de mon coeur.