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L'immigration ratée (je suis tombé dessus par has)


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Courrier international, no. 765

Amériques, jeudi 30 juin 2005, p. 23

CANADA

Les grands déçus du rêve canadien

Clifford Krauss

The New York Times (New York)

Bien que le Canada connaisse une pénurie de professionnels, près du quart des immigrés qualifiés finissent vigiles ou chauffeurs de taxi. Pour beaucoup, ce pays importateur de main-d'oeuvre ne tient pas ses promesses.

DE VANCOUVER (COLOMBIE-BRITANNIQUE)

Gian S. Sangha avait tellement besoin de travailler qu'il a fait l'impensable pour un sikh : il s'est coupé les cheveux et a renoncé à son turban pour se présenter à un entretien d'embauche. Il a également envoyé des centaines de CV, prié de toute sa ferveur et a même fini par se procurer une statue du Bouddha pour qu'il lui porte chance.

Mais, à 55 ans, ce chercheur en écologie originaire d'Inde semblait condamné à rester au chômage dans son pays d'adoption, le Canada, malgré un doctorat d'une université allemande, deux ouvrages publiés et une expérience d'enseignant dans une université américaine. "Ici, au Canada, la discrimination est sournoise", assure-t-il autour d'une tasse de thé et de pakoras [beignets de légumes indiens] épicés dans la salle à manger de son domicile de Surrey, dans la banlieue de Vancouver. Pour joindre les deux bouts, il a un temps tondu des pelouses ; maintenant, il fait des petits boulots de secrétariat et partage sa maison avec des parents éloignés.

Ce n'était pas le scénario que promettait le Canada quand, il y a bien longtemps déjà, il a ouvert grand ses portes aux professionnels issus du monde en développement. Avec un taux de natalité à la baisse, une population vieillissante et une pénurie de main-d'oeuvre dans bien des secteurs, ce pays sous-peuplé s'efforce en effet depuis des décennies d'attirer chez lui ingénieurs, professionnels de la santé, concepteurs de logiciels et électriciens étrangers.

Mais cette politique a donné des résultats mitigés, autant pour le Canada que pour ses immigrés. Des études statistiques et des recherches universitaires récentes indiquent que les perspectives d'emploi et de revenus des immigrés ne cessent de se détériorer. Les spécialistes soulignent que de plus en plus d'immigrés en sont réduits à survivre avec l'assurance-chômage et l'aide sociale ; certains sont même rentrés dans leur pays d'origine ou ont émigré aux Etats-Unis.

Selon les données officielles, près de 25 % des nouveaux venus diplômés de l'enseignement supérieur occupent des postes pour lesquels le bac, voire moins, suffirait. "Les travailleurs les plus mobiles du monde affluent au Canada et se retrouvent paralysés", explique Faviola Fernandez, qui était professeur à Singapour et s'est lancée dans la défense des droits des immigrés après avoir renoncé à faire homologuer son diplôme d'enseignante tant la procédure était compliquée et dissuasive. Sur les dix dernières années, le pays a accueilli entre 200 000 et 250 000 immigrés par an (ce qui, proportionnellement à sa population, représente un pourcentage trois fois supérieur à celui des Etats-Unis).

Les principales villes canadiennes sont des mosaïques ethniques. Au Canada, un habitant sur six est issu de l'immigration, ce qui fait du pays la deuxième destination mondiale des migrations après l'Australie. Depuis peu, l'Afrique du Sud et d'autres pays ont même protesté auprès des autorités canadiennes, car la fuite des cerveaux est telle qu'ils perdent de précieux talents formés dans leurs propres universités. Or, parmi les immigrés les plus qualifiés, soit la moitié de ceux qui choisissent de s'exiler au Canada, bon nombre finissent chauffeurs de taxi ou de camion, travaillent en usine ou comme vigiles, avec pour toute consolation l'espoir que leurs enfants se débrouilleront mieux qu'eux.

L'opinion canadienne n'en continue pas moins de soutenir la politique d'immigration du gouvernement, et les différents groupes ethniques entretiennent de bonnes relations, bien que l'on assiste à l'apparition d'une forme de ségrégation dans quelques quartiers de grandes villes. Certains craignent que le manque de débouchés offerts aux immigrés ne menace la cohésion sociale.

Le problème tiendrait aussi à la discrimination

"Le système actuel est grippé", estime Jeffrey G. Reitz, un sociologue de l'université de Toronto qui s'intéresse aux questions d'immigration. "Au vu de la détérioration de la situation de l'emploi, le Canada ne sera peut-être pas en mesure de poursuivre son programme d'immigration expansionniste dans l'environnement positif et politiquement volontaire que nous avons connu par le passé." Les travailleurs qualifiés immigrés au Canada, poursuit-il, ont des revenus de plus en plus faibles, qui correspondent aux niveaux les plus bas enregistrés aux Etats-Unis, où les immigrés ont généralement de moins bonnes compétences.

Si l'on en croit les chercheurs et les défenseurs des droits des immigrés, l'une des nombreuses raisons de ce problème tiendrait à la discrimination. D'autres spécialistes relèvent par ailleurs que les Canadiens d'origine ont maintenant une meilleure formation qu'il y a vingt-cinq ans et que les immigrés sont donc exposés à davantage de concurrence. Mais tous s'accordent à dire que les organisations professionnelles et les agences provinciales délivrant des permis de travail ont mis du temps à reconnaître les qualifications professionnelles étrangères. Ils soulignent au demeurant que les enfants d'immigrés qui entrent sur le marché du travail avec des références canadiennes ont généralement moins de mal à décrocher des emplois mieux rémunérés. "Notre infrastructure d'organisations professionnelles est tellement compliquée qu'elle dessert plus qu'elle ne favorise l'intégration immédiate des immigrés très qualifiés", admettait récemment dans une interview Joe Volpe, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration canadien. "Il est inadmissible que nous n'ayons pas suffisamment de médecins, alors qu'il y en a dans le pays des milliers formés à l'étranger, dont nous ne reconnaissons pas les diplômes. Le fait est que nous n'avons pas encore trouvé le moyen d'évaluer facilement leurs qualifications", ajoutait-il.

"Le Canada clame haut et fort qu'il n'y a pas d'étrangers ici, que tout le monde est chez lui dans ce rêve multiculturel", rappelle avec une pointe d'amertume Farid A. Hadi, un gynécologue de 40 ans qui est arrivé d'Egypte l'année dernière avec sa femme et ses trois enfants et est toujours au chômage. Il figure parmi les 1 200 candidats aux 200 places proposées par l'Ontario dans le cadre d'un programme d'évaluation et d'agrément des médecins étrangers souhaitant exercer dans la province. Mais, pour l'heure, ses économies fondent à vue d'oeil et il cherche un emploi dans un laboratoire. "Je suis prêt à faire n'importe quoi pour faire vivre ma famille", conclut-il.

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  • Habitués
Posté(e)

J'ai lu ce message avec grand intérêt........voilà donc comment çà se passe dans le ROC........mais est-ce bien différent au Québec????......Je me demande d,ailleurs pourquoi ce message se retrouve dans le ROC plutôt que dans le Lounge?......Dans le message on parle de villes canadiennes.........or le Québec fait toujours parti du Canada et Montréal, ville ethnique, fait bien parti du Québec......

Je crois sincèrement que ce mail doit se retrouver dans le Lounge, parce que la situation décrite s,applique aussi au Québec.....Quels sont les critères pour qu'un mail qui parle aussi du Québec sans le nommer soit déplacé dans le ROC.....Merci

  • Habitués
Posté(e)

Bonjour,

Tu veux dire dans le forum général, c'est là où il a été posté au départ. Mais comme l'article était écrit de Vancouver, on l'a mis dans le Roc. Il aurait pu être aussi mis dans l'autre forum.

A+

Laurence

  • Habitués
Posté(e)

Oui je crois qu'on devrait le mettre dans l'autre Forum pour que plus de gens le lisent.....çà touche tout le Canada, y compris le Québec....c'est un problème qui touche aussi le Québec et à ce compte là je crois qu'il devrait figurer dans l,autre Forum

  • Habitués
Posté(e)

Merci beaucoup Laurence....je crois que c'est un article important qui touche tous les immigrants partout au Canada, y compris au Québec smile.gif

Posté(e)

Beau sujet que voila en effet. J'avais vu un reportage diffusé sur canal Vox qui présentait un peu la même situation.

En effet on peut comprendre que les statistiques d'emploi et de départ à la retraite ne font qu'augmenter mais ce n'est pas pour autant que l'on arrive à trouver un job dans son metier d'origine.

Moi j'ai trouvé un petit job mais c'est à 1000 lieux de ma formation informatique et de mes 7 années d'experience qui pour le moment ne servent pas à grand chose.

Peut être également, cela vient d'une méconnaissance du marché du travail. Le fait peut être également de ne pas avoir une première experience québecoise dans son domaine cela n'aide pas.

Enfin on peut supposer énormement de choses. Tout ce que j'en sais c'est qu'il faut avoir les bonnes cartes en main au bon moment.

Xavier

  • Habitués
Posté(e)

Il y avait eu aussi un article sur le Québec, du même tonneau autant que je m'en souvienne.

De toute façon on sait bien que La Chose qui peut coincer lors d'une immigration c'est le travail et son accessoire : le salaire. C'est ça qui influe sur la qualité de vie et le sentiment d'adaptation...

  • Habitués
Posté(e)

ils doivent repenser la politique d'immigration et surtout les critères de selection.Il ne sert à rien de mettre la barre si haut alors que les réalités du terrain en decident autrement.

pourquoi avec un BAC+5 doit on reprendre encore un DEC ou un AEC avant de trouver un emploi ?

il vaut mieux instaurer des politiques de stages d' insertion systematiques en entreprises pour les nouveaux arrivants d' un an par exemple afin de leur permettre d'avoir l'experience quebecoise. Un Medecin qui vient peut ainsi beneficier d'un stage en laboratoire, en medecine generale etc... On aura ainsi donc le temps de juger de sa competence.

Ceci apporterait beaucoup à l' integration......

Posté(e) (modifié)

Salut la gang,

C'est un constat à demi-surprenant et qui reflète bien la mentalité du pays ...

À ma connaissance, le Canada est encore un pays tout jeune dans l'immigration telle qu'elle est opérationnalisée depuis quelques années : c'est-à-dire sélectionner des immigrants sur la base de critères socio-démographiques et professionnels.

Ceci pour répondre à une nouvelle urgence démographique et professionnelle que les autorités ont mis du temps à réaliser. Ils ont donc mis en place une stratégie à un rythme que le marché du travail canadien, dans ses mentalités, n'a pas encore accepté complètement. Il y a donc un décalage de plus en plus marquée entre ce qui est prôné officiellement et ce qui est culturellement intégré localement.

Loin des grandes zones d'immigration qu'est l'Europe par exemple, le Canada me semble avoir le sentiment d'être encore relativement à l'abri des remises en question de ses pratiques professionnelles (en particulier le corporatisme de ses ordres professionnelles ou encore de ses exigences de qualifications). Il existe donc encore de grands espaces professionnels fermés - ou, au mieux, fortement contrôlés - qui ne tiennent pas compte des réalités en besoin de main-d'oeuvre présents et à venir.

Par ailleurs, Amérique du Nord oblige, son pragmatisme véhicule encore beaucoup l'idée du "self-made-man" qui s'est fait tout seul sans l'aide publique, et ce, malgré le caractère très social des institutions gouvernementales du pays. Arme à double tranchant.

J'aime beaucoup les idées qu'amène B52 : cela permettrait de réduire le fossé entre l'immigrant et le monde du travail d'un point de vue pratique (et donc culturel).

smile.gif

O'Hana

Modifié par O'Hana
Posté(e)

Oui, Nicolas

Si on décide de chambouler sa vie au point de changer de continent et laisser derrière soi tout ce qu?on à construit depuis des années c?est pour prétendre à une amélioration. Le cas contraire l?immigration serait unilatéral et sans fondement. Je sais que le fait de participer à un problème de déséquilibre démographique est une tache noble des deux cotés et que le Canada offre par sa position socioéconomique plus d?opportunités, a condition qu?on puisse y accéder (aux opportunités je veux dire).

Anyway , j?imagine que le Canada est jeune et que l?expérience en politiques d?immigrations s?acquière elle aussi avec le temps.

  • Habitués
Posté(e)

C EST MALHEUREUX MAIS CELA EST LA DURE REALITE...... biggrin.gif

  • Habitués
Posté(e)

malheureusement, l'échec est une possibilité a ne pas négliger en cas d'immigration.

on n'est a l'abri de rien

christophe

  • Habitués
Posté(e)

L'essentiel, c'est que le Canada et le Québec aient un besoin vital de ces immigrants. Le pays ne pourra pas accepter cette situation et mettra en place les actions pour faciliter l'intégration (sensibilisation des employeurs et des canadiens, reconnaissance des ordres (il me semble que ce sujet est récurrent sur le forum),etc...).

Autre question : Sont ce de réels échecs, ou les journalistes ont ils juste identifiés, la période d'intégration de tout immigrant ?

  • Habitués
Posté(e)

comme dit yams, un échec est toujours possible mais il ne faut pas oublier que l'on change vraiment d'horizon.

autant se poser les bonnes questions, pourquoi immigre t-on ??

pour avoir la mm vie que dans son pays d'origine ???

ce qui arrive est prévisible , bon nombre d'articles nous préviennent .

il ne faut pas arriver en conquérant , il y a toujours des possibilités pour détourner "ces problêmes".

et apparement les immigrants ne manquent pas de courage.

et puis le travail , c'est pour nous permettre de vivre, c'est pas la vie.

Posté(e)

Tout à fait d?accord avec toi yam

C?est pour cela que les gens qui ont fait le pas avant nous sont à admirer.

Parce que dans certains pays dont les taux de chômage et de pauvreté sont très importants, quitter un messagee de travail et une situation confortable pour immigrer relève de l?héroïsme. D?autant plus qu?ils amènent avec eaux touts ses rêves et toutes ses économies. Un échec au Canada supposerait le retour à leurs pays dans de conditions peu réjouissantes et souvent dramatiques.

Posté(e)

salut a tous

Je suis nouveau sur ce site et je viens de recevoir mon visa de resident permanent. Je pars pour montreal mi septembre. Depuis qq temps je m'interesse de plus en plus aux réalités du monde du travail et j'avoue que je suis de moins en moins rassuré, surtout que je pars avec ma copine. En effet en lisant des magazines sur le quebec et en discutant avec des gens qui ont immigrés, on peut s'apercevoir de la difficulté à trouver un travail equivalent à celui qu'on avait en france. Jouer le jeu, a savoir prendre un emploi moins qualifié, moins payé au début pour "s'intégrer" peut etre envisagable, mais de là à galérer des mois et des mois pour trouver un emploi décent peut vite devenir un enfer. Quand bien meme qu'au quebec le cout de la vie est inferieur à celui de la france, il y a toujours des factures à payer et l'envie de se payer des loisirs. Pour finir le gouvernement du quebec devrait peut etre reviser ses critères de reconnaissances de diplomes non canadiens et/ou faire davantage "confiance" aux nouveaux arrivants

Pasteur

  • Habitués
Posté(e)

Comme tu peux le constater en lisant l,articl, Pasteur, le même problème se pose partout au Canada et pas seulement au Québec....mais bon comme tu viens t'installer au Québec, faut pas croire que les employeurs déroulent le tapis rouge pour les nouveaux arrivants....mais tu finiras par trouver biggrin.gif

Posté(e)

L'article reflete bien la realite. Je vis a Toronto depuis un an.

Je suis bien diplome. J'ai fini par faire des petits boulots pour

survivre. Une fois j'etais ds une usine pour travailler a la chaine.

J'etais surpris tout les 'collegues' etaient immigres depuis

au moin 3 ans et ils sont aussi bien diplome ( ingenieurs etc..).

Et j'ai plein d'histoire comme ca, parfois c'est demoralisant. A la

fin je suis arrive a la conclusion que le Canada veut seulement des

gens pour faire tourner les usines et des familles pour faire des enfants

C'est la realite...

magneto Serge

Juha

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