Habitués Denisovan Posté(e) 12 juillet 2022 Habitués Posté(e) 12 juillet 2022 La nouvelle est passée pratiquement inaperçue au Québec, mais elle a certainement retenu l’attention du premier ministre François Legault et de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Publié à 9h00 JOCELYN COULONL’AUTEUR EST CHERCHEUR AU CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES INTERNATIONALES DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL (CERIUM).* Le Français Roland Lescure a été nommé ministre de l’Industrie par le président Emmanuel Macron. Or, Lescure est plus qu’un ami du Québec, on peut même dire qu’il est un peu Québécois. Lors des élections législatives de 2017, Lescure a rejoint le parti du président et a été élu député des Français d’Amérique du Nord. Il connaît bien le Québec. Avant de faire le saut en politique française, il a été pendant une dizaine d’années vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’une des grandes institutions financières de la province. La vie à Montréal et son expérience à la Caisse l’ont beaucoup marqué au point où, dans un livre publié l’an dernier, Nos totems et nos tabous : dépassons-les !, consacré aux blocages de la société française, il s’est inspiré de son expérience québécoise pour promouvoir certaines réformes dans son pays. J’ai rencontré Lescure à Paris en février dernier dans le cadre de la rédaction d’un livre sur la France. Il m’a raconté comment le Québec inspirait son action politique. « J’ai découvert au Québec une société moderne, en marche, prête à débattre de tout, ouverte sur l’expérimentation et où les interdits sont peu nombreux, dit-il. Cela lui donne une formidable capacité à s’adapter, à se renouveler et même à corriger ses erreurs et ses travers. Sur certains aspects, le Québec est une référence. » La France, au contraire, « est encore prisonnière de totems et tabous qui bloquent son développement économique, social, humain et même international ». Il en parle dans son livre où à l’aide d’anecdotes, de cas vécus, d’analyses fouillées, il porte un regard critique sur son pays et offre des pistes de solution souvent inspirées de son séjour au Québec. Cette expérience lui a permis de juger l’efficacité de l’administration québécoise et d’en tirer des idées afin de les appliquer à l’administration française. Celle-ci est caractérisée depuis des décennies par le temps d’attente interminable et le nombre de documents à fournir pour une simple formalité. Il raconte une anecdote dans son livre. « À mon arrivée à Montréal, j’ai dû me rendre à la Société de l’assurance automobile du Québec pour refaire mon permis de conduire, écrit-il. Un fonctionnaire m’a placé devant un panneau bleu, a pris une photo, m’a demandé d’attendre : en trente minutes, il est revenu, mon permis à la main. » Dix ans plus tard, une tout autre expérience l’attendait à son retour en France. Il devait refaire son permis et se présenter à la préfecture où l’attendait une longue file. Il a présenté tous les documents nécessaires, mais n’a reçu son permis que trois mois plus tard. Roland Lescure en a assez de cette façon de travailler, d’autant plus que les histoires d’horreur sur l’administration française s’accumulent. Après la crise des gilets jaunes de 2018-2019, le gouvernement a organisé un grand débat de société un peu partout dans le pays. Des milliers de Français sont venus s’exprimer, parfois en présence du président Macron. Lescure était présent. « Je les ai écoutés avec intérêt, je me souviens des mots avec lesquels était qualifiée l’administration : inaccessible, centralisée, lente, tentaculaire, technocratique, mais surtout et avant tout, complexe », écrit-il. Une consultation sur l’internet a permis de constater que 86 % des participants considèrent qu’il y a trop d’échelons administratifs en France, tandis que près de la moitié des répondants assure avoir déjà renoncé à des droits et à des allocations en raison de démarches administratives trop complexes. Fort de son expérience chez nous, Lescure a suggéré au président, à l’occasion d’une rencontre avec les députés de son parti, « de prendre exemple sur l’organisation canadienne, où toute l’action publique est rassemblée en un seul service : Service Canada », écrit-il. Ce modèle éviterait d’être renvoyé de guichet en guichet, d’administration en administration. Une vingtaine de jours plus tard, Lescure apprenait à la radio que le gouvernement lançait une réforme de l’administration. Elle s’incarnait dans le déploiement de 2000 structures, baptisées « France services ». Ce guichet unique donnera accès aux principaux organismes de services publics. Lescure en tire un grand sentiment de satisfaction personnelle. La politique internationale du gouvernement Legault publiée en 2019 met l’accent sur le commerce, la diversification des marchés et la capacité à attirer des investissements. La France est le cinquième partenaire commercial du Québec, mais le commerce entre les deux recèle un potentiel inexploité, souligne une note du ministère québécois de l’Économie publiée l’an dernier. Profitons du fait d’avoir un ami en haut lieu à Paris pour approfondir une relation politique, économique et culturelle aussi exceptionnelle que féconde. https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-07-12/notre-ami-roland-lescure.php?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=algofb&fbclid=IwAR2ECPN_G8W2dI1a_aVUvTnLUoYgMVP4BkgyefhyFhA2K1huSncXJJLMoMo jimmy et immigrer.com ont réagi à ceci 2 Citer
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