Le Québec recrute-t-il à outrance ?

[Ungeduld]

Bref, ne débarquez pas ici comme si vous étiez en terrain connu - ou pire, en terrain conquis. Nous ne sommes pas vos « petits cousins d'Amérique », encore moins de sympathiques coloniaux issus du vieux terroirs français. Nous avons notre histoire propre,distincte de la vôtre, nous avons nos propres codes culturels. Nous avons subit l'influence de nos voisins. Nous sommes par bien des côtés des Américains parlant français. Ne l'oubliez pas.

En même temps, nous avons développé une culture distincte. Par certains côtés très intéressante. Ça se manifeste par un fort dynamisme culturel. À travers notre cinéma, notre littérature, une vie culturelle très intense.Vous venez d'une très belle et grande culture, dont je suis un admirateur - j'ai étudié la littérature française à l'université - mais il y a ici aussi une belle culture. Même le joual, que vous trouvez ridicule et « campagnard », a sa beauté, sa musique particulière, que j'aime beaucoup personnellement, et qui a donné lieu à de belles oeuvres littéraires. Lisez Ducharme, lisez Tremblay, vous comprendrez ce que je veux dire si vous savez être perceptifs.

Forcément, certaines choses vous sembleront, au départ, étranges. Évitez de tomber dans un travers bien gaulois, illustré par Obélix disant « ils sont fous ces Romains » chaque fois qu'il ne comprend pas les coutumes des Romains... Ben non, ils ne sont pas fous ou cons, ces Québécois, ils sont différents de vous. Au lieu de tout critiquer, essayer de comprendre au départ.

Ben oui, les Québécois savent très bien que leur système de santé est merdique. Inutile de le leur rappeler. On cherche des solutions. Il faut comprendre que les gouvernements successifs ont cherché à faire des économies, et que nous dépensons beaucoup moins d'argent qu'en France pour notre système de santé alors, forcément...

Notre système d'éducation est différent du vôtre. Le nôtre est axé sur l'acquisition de « compétences », c'est pour ça qu'il est bien coté dans les test internationaux comme le PISA - alors que le vôtre mise plus sur l'acquisition d'une culture générale. Peut-être nous rapprochons-nous plus de Montaigne, qui disait qu'une tête bien faire vaut mieux qu'une tête bien pleine. En même temps, il faut reconnaître que l'approche québécoise a ses défauts, et que les petits québécois ont souvent un vocabulaire et une culture générale plus pauvres. Cependant, ils sont plus créatifs dans la recherche de solutions. Les deux systèmes ont leurs forces et leurs faiblesses. Bref, c'est prétentieux de débarquer et de dire que notre système d'éducation est moins bon que le vôtre.

Laissez donc de côté votre sentiment de supériorité, et essayez plutôt de vous ouvrir à une culture différente de la vôtre. Au lieu de vouloir nous faire la leçon, essayez d'apprendre quelque chose. Vous serez peut-être surpris de découvrir que ce sera le cas. Vous découvrirez alors que les Québécois seront beaucoup plus réceptifs et qu'ils accepteront beaucoup mieux vos critiques, si vous décidez d'en faire alors. Parce qu'ils vont vous considérer comme l'un d'eux,

Les Québécois ne sont nullement repliés sur eux-mêmes, comme on le lit trop souvent ici. Ils se préservent. Il faut comprendre qu'on a tout fait pour nous assimiler. On a essayer de nous ensevelir sous le nombre en faisant venir des vagues d'immigrants irlandais, puis en anglicisant les nouveaux arrivants. On nous a inculqué le mépris de nous-mêmes, nous traitant de peuple sans histoire, sans littérature, sans avenir, de peuple né pour un petit pain auquel le meilleur service qu'on pourrait lui rendre serait de le « convertir » à la civilisation anglaise - c'est écrit en toutes lettres dans le rapport Durham.

Le Québec est, malgré tout, une terre d'immigration. J'ai moi-même de proches ancêtres irlandais, un oncle anglophone - que j'aime beaucoup d'ailleurs. Nous sommes ouverts, mais pas envers ceux qui débarquent en conquérants. Nous avons assez subit le paternalisme de nos conquérants pour accepter le vôtre. Depuis les années 60, nous nous sommes progressivement pris en main. Notre identité est encore jeune et fragile. Nous apprenons encore à être des « Québécois », et pas seulement des Canadiens français, minorité déclassée et méprisée plus ou moins ouvertement par une majorité imbue d'elle-même, réalité qui n'a commencé vraiment à changer qu'à partir des années 70. Qui persiste encore un peu d'ailleurs. Situation qu'il vous est sans doute un peu difficile de comprendre. C'est peut-être pour cette raison que nous avons autant d'affinités avec les Irlandais: eux comprennent...

Modifié 29 août 2012 par Ungeduld

[Puda]

Dommage que l'article ait titré le Canada mais n'en parle quasiment pas car à peu de choses près (la santé est mieux quand même), on retrouve les mêmes problèmes.

Effectivement je n'avais pas remarqué que l'article datait de 2004 donc j'allais dire qu'il était un peu à côté de la plaque concernant l'Australie (Les États c'est bien simple, on ne peut PAS y aller) où la plupart des gens reviennent très rapidement car ils sont très déçus. De toute façon on ne peut être que PVT en Australie ou avoir une offre d'emploi, ce qui n'est pas facile. Je soupire en voyant chaque année plein de jeunes voulant immigrer là-bas en pensant devenir les rois du pétrole et revenir la queue entre les jambes car ils sont bossé dans des champs !

Intéressant aussi de voir que sur ce fil, tout le monde s'entend à dire que l'article a raison... Comme quoi hein... Il y a donc un problème.