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Lynda Thalie: le parcours d'une chanteuse algérienne


Tremblé

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Les youyous pure laine de Lynda Thalie

En arabe et en français, elle chante la liberté. Au rythme de son Algérie natale tout comme au son des cuillères néo-trad de ses nouveaux amis québécois. Les rêves de Lynda Thalie ont trouvé un pays.

par Barbara Vignaux

publié dans L'actualité de janvier 2007

Des décorations de saison accueillent le visiteur sur les marches menant au perron. La chevelure abondante, le sourire généreux, la voix chaude, la silhouette rehaussée par des talons vertigineux, Lynda Thalie ouvre la porte. Elle sert du café et du gâteau au chocolat, adopte un tutoiement immédiat, sexcuse de son goût pour les sucreries et finit par sasseoir. Au mur, des masques africains, un berimbau, instrument de musique acheté au Rwanda, des photos de vieilles femmes mutines prises au Maroc. Devant la baie vitrée, la route qui conduit de la Rive-Sud vers Montréal longe un petit étang quégaient des jets deau en été. Cest un décor à limage de cette jeune chanteuse pionnière, dont les rythmes et les sonorités arabisants, hérités de son enfance algérienne, rencontrent un succès croissant au Québec.

«De par ses origines différentes, Lynda est assez unique dans le paysage musical québécois», dit Laurent Saulnier, vice-président à la programmation des FrancoFolies. Bien sûr, des musiciens dorigine maghrébine font déjà partie de groupes québécois tels que Loco Locass ou Syncope. Mais si on en croit Monique Giroux, lexperte en chanson francophone de Radio-Canada, Lynda Thalie est, «parmi les artistes néo-québécois, celle qui a pris le plus de place et est la plus susceptible de conquérir un large public».

Au dernier Gala de lADISQ, en octobre, lauteure, compositrice et interprète de 28 ans était en nomination dans cinq catégories. Elle travaille actuellement à son troisième album, qui doit sortir au cours de lannée 2007. Son deuxième, paru il y a un an, sappelle, tout simplement, Lynda Thalie. Ce nest pas un hasard. Le choix des chansons est révélateur de son identité métissée: des reprises dEnrico Macias («Adieu mon pays») et de Dalida («Histoire dun amour»), une belle adaptation en arabe de Sade («Pearls», rebaptisée «Djouhar»), une chanson écrite pour elle par Michel Rivard («De neige ou de sable»)...

Par rapport à son premier disque Sablier, au son très électronique , il fait la part belle aux mélodies et aux rythmes arabes. Nick Carbone, producteur et directeur artistique, a soigneusement veillé à léquilibre de lensemble. «On a ajouté Histoire dun amour pour centrer le disque et séduire les auditeurs avec un son moins arabe, moins étrange, dit-il. On est au Québec, ici, pas en France. Il ne faut pas donner limpression dun tapis volant dArabie saoudite. Lynda nest pas Rachid Taha [star du métissage musical arabo-occidental].»

Son entourage nhésite pas à la comparer à deux monstres sacrés, Nana Mouskouri et Dalida. Elle-même se définit comme «une Québécoise dorigine algérienne». Ses deux disques sont issus, dit-elle, «dun métissage avec un dosage différent».

Cest précisément ce qui séduit Michèle, spectatrice rencontrée au centre culturel de Sainte-Thérèse, où venait de se produire Lynda Thalie. «La vraie musique arabe magresse. Lynda la vulgarise beaucoup et la rend agréable à écouter.» Un autre spectateur, qui croit savoir que Lynda Thalie est tunisienne, souligne quelle a bien gagné son titre de «semi-Québécoise».

En concert, la chanteuse enseigne au public le youyou chanté par les femmes arabes durant les festivités. Puis, elle interprète la chanson traditionnelle «Grain de mil», accompagnée par son percussionniste à la cuillère. «Jemmène partout cette chanson avec moi pour prouver mon acquis québécois.» La salle, chauffée à blanc, fait entendre de longues séries de youyous pure laine...

Le cercle professionnel, le mode de vie, le chum de Lynda Thalie (Patrick Cameron, son agent) sont étiquetés «Belle Province». Ses loisirs aussi. «Jadore pelleter la neige sur le lac en face de la maison. Après, je regarde les autres patiner en buvant un chocolat chaud.» La jeune femme a résolument opté pour lintégration. «Tu as choisi ce pays, tu ty adaptes. Si tu veux pratiquer ta religion, fais-le chez toi», dit-elle. La laïcité du pays dans lequel elle a choisi dhabiter est importante, assure-t-elle... avant dajouter du même souffle quelle ne voit aucune objection au port du foulard!

Le foulard, elle la porté en Algérie lorsquelle sortait de la maison. «Cétait cela ou risquer dêtre vitriolée», raconte Amina Remati, sa tante chérie et meilleure amie. En 1994, à lâge de 16 ans, Lynda fuit clandestinement lAlgérie avec sa mère et son frère. «Le Canada, cest blanc comme une nouvelle page, comme la neige, comme toutes les chances quon va avoir, comme un rêve qui se réalise», dit-elle.

Elle naurait sans doute pas pu devenir chanteuse dans lAlgérie des années 1990. «Quand nous sommes partis, les terroristes avaient assassiné beaucoup dintellectuels et commençaient à tuer les chanteurs», explique sa tante, aujourdhui professeure au Créca, une école de formation des adultes, à Montréal.

Mais reste que Lynda Thalie tient moins du «sapin» nord-américain que de «lolivier» méditerranéen, pour reprendre lexpression du multi-instrumentiste Nicolas Maranda, son réalisateur: «Cela se voit dans son souci de lesthétique et dans limportance quelle accorde à la nourriture, aux fleurs, aux odeurs, à une forme dart de vivre.» Lynda Thalie cite volontiers, en arabe, des proverbes algériens. Elle se déhanche comme une danseuse du ventre. Elle se languit de la mer, que sa mère lemmenait voir, et se résout parfois, faute de mieux, à jeter du sel dans leau de son bain... «Rien de tel que de se ressourcer dans leau salée», dit la jeune femme.

Lynda Thalie est très appréciée dans la communauté maghrébine. «Ni voilée ni en minijupe, à la bonne mesure, elle représente bien les jeunes Arabes dici», dit la rédactrice en chef du magazine Femmes arabes, Khadija Darid. Elle est lambassadrice de la culture algérienne, se félicite le consul général dAlgérie à Montréal, Abdelaziz Sebaa. Mais la principale intéressée nentend nullement être la porte-parole dun groupe. «Son engagement nest jamais religieux ni politique, mais simplement humain», dit sa tante Amina. Ainsi, lors de sa tournée en Algérie, en 2005, elle a versé les recettes du concert donné dans la capitale à S.O.S. Villages, une association daide aux orphelins.

Lun de ses défis est délargir et de fidéliser son public. Pour cela, elle mise sur un détour par létranger. «Le but suprême, cest la France, dit Patrick Cameron, son agent. Mais la France est saturée dartistes québécois et de chanteurs à voix, nous dit-on. On ira dabord ailleurs.» Cest cette stratégie qui, lan dernier, 11 ans après son exil, a amené Lynda Thalie à faire une première tournée en Algérie. La chanteuse est retournée à Alger, en novembre, à loccasion du voyage officiel en Afrique de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, quelle accompagnait.

Elle a représenté son pays dadoption lors de la Quinzaine de la Francophonie, au Rwanda, en mars 2005. Elle na pas été choisie au hasard. «Elle représente le Canada nouveau, elle vient dAlgérie, un pays blessé, comme le Rwanda», dit François Bugingo, journaliste montréalais dorigine rwandaise.

En 2007, une tournée est prévue au Maghreb et au Moyen-Orient avec le soutien de lassociation humanitaire néerlandaise Music in Me, qui organise des activités musicales dans les pays touchés par la guerre et la pauvreté. Ce sera loccasion, pour Lynda Thalie, de donner ses premiers concerts à Paris et à Amsterdam. Un album en anglais nest pas non plus exclu, pour conquérir le marché nord-américain.

Elle a pour elle son tempérament bien trempé. Charme, talent, charisme, détermination, courage, capacité de travail, discipline, maturité sont les termes les plus employés pour la définir. Elle sait mêler lémotion et la drôlerie. En concert, elle évoque son arrivée au Québec, à la fois chagrine et chargée despoir. «Cétait la première fois que je voyais les lumières de Montréal. Ah! les lettres rouges de Farine Five Roses!»

On la reconnaît dans la rue. «Jadore ça!» avoue-t-elle avec un large sourire. Elle cultive sa célébrité naissante. «Je réponds systématiquement à tous les courriels.»

Dans le fond, pourtant, Lynda Thalie reste secrète. «Personne ne peut laider dans sa loge, durant ce moment particulier qui précède un concert: elle shabille et se maquille seule. Elle est très pudique», explique sa tante Amina. Lartiste préserve sa famille des indiscrétions journalistiques. Elle a ainsi conservé son prénom et choisi un patronyme inspiré du nom de la muse de la comédie dans la mythologie grecque, Thalie.

La famille tient un rôle essentiel dans sa vie. Il faut dire quà cinq ans Lynda montrait déjà des dispositions pour la musique et le chant. «Elle avait loreille très juste, elle pleurait lorsquon faussait en chantant! Et elle répétait des chorégraphies devant le miroir, les concluait par des révérences», se rappelle sa tante Amina. Labandon du foyer familial par un père quelle na pas revu depuis ses 10 ans est une plaie «encore à guérir», reconnaît la jeune femme. Pour le reste, bouche cousue.

Lynda ne cultive guère les souvenirs denfance. «Ma mémoire séveille à Montréal. Jétais heureuse de faire table rase.» Sauf la très emblématique Grande Poste et les rues principales, Alger lui est devenu une ville étrangère. Elle ne connaît pas le travail des artistes algériens. «Nous ne sommes pas restés avec la tête en Algérie. Nous ne sommes pas intégrés dans un cercle damis algériens. Nous nous sommes vraiment installés ici», tranche sa tante Amina. Mais le pays dorigine de Lynda Thalie vit profondément en elle et se manifeste, parfois douloureusement, lorsquelle écrit ses textes. «Pour sortir le meilleur, il faut à un moment sortir le pire; ainsi va la vie, ainsi va lhumain», dit lauteure-compositrice.

«Après Lynda, tout est possible, senflamme François Bugingo. Avec son charme, sa sensualité, sa douceur, Lynda est un bras dhonneur à lextrémisme et aux idées reçues.» Le journaliste cite le succès du spectacle Arabe et cochonne, de lhumoriste dorigine tunisienne Nabila Ben Youssef, installée au Québec depuis 1996 et qui se produit régulièrement depuis 2003. On songe à Khalida Azzouza, qui chante en français, anglais, espagnol, berbère et arabe, et qui reconnaît volontiers que Lynda Thalie a ouvert les portes. Reprenant des classiques de Léo Ferré, de Leonard Cohen, ou encore des deux étoiles libanaises Marcel Khalifé et Fayrouz, Khalida prépare actuellement un album lui aussi très métissé. Lynda Thalie aura ainsi donné le coup denvoi dune vague musicale néo-québécoise bien prometteuse.

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Les youyous pure laine de Lynda Thalie

En arabe et en français, elle chante la liberté. Au rythme de son Algérie natale tout comme au son des cuillères néo-trad de ses nouveaux amis québécois. Les rêves de Lynda Thalie ont trouvé un pays.

par Barbara Vignaux

publié dans L'actualité de janvier 2007

Des décorations de saison accueillent le visiteur sur les marches menant au perron. La chevelure abondante, le sourire généreux, la voix chaude, la silhouette rehaussée par des talons vertigineux, Lynda Thalie ouvre la porte. Elle sert du café et du gâteau au chocolat, adopte un tutoiement immédiat, sexcuse de son goût pour les sucreries et finit par sasseoir. Au mur, des masques africains, un berimbau, instrument de musique acheté au Rwanda, des photos de vieilles femmes mutines prises au Maroc. Devant la baie vitrée, la route qui conduit de la Rive-Sud vers Montréal longe un petit étang quégaient des jets deau en été. Cest un décor à limage de cette jeune chanteuse pionnière, dont les rythmes et les sonorités arabisants, hérités de son enfance algérienne, rencontrent un succès croissant au Québec.

«De par ses origines différentes, Lynda est assez unique dans le paysage musical québécois», dit Laurent Saulnier, vice-président à la programmation des FrancoFolies. Bien sûr, des musiciens dorigine maghrébine font déjà partie de groupes québécois tels que Loco Locass ou Syncope. Mais si on en croit Monique Giroux, lexperte en chanson francophone de Radio-Canada, Lynda Thalie est, «parmi les artistes néo-québécois, celle qui a pris le plus de place et est la plus susceptible de conquérir un large public».

Au dernier Gala de lADISQ, en octobre, lauteure, compositrice et interprète de 28 ans était en nomination dans cinq catégories. Elle travaille actuellement à son troisième album, qui doit sortir au cours de lannée 2007. Son deuxième, paru il y a un an, sappelle, tout simplement, Lynda Thalie. Ce nest pas un hasard. Le choix des chansons est révélateur de son identité métissée: des reprises dEnrico Macias («Adieu mon pays») et de Dalida («Histoire dun amour»), une belle adaptation en arabe de Sade («Pearls», rebaptisée «Djouhar»), une chanson écrite pour elle par Michel Rivard («De neige ou de sable»)...

Par rapport à son premier disque Sablier, au son très électronique , il fait la part belle aux mélodies et aux rythmes arabes. Nick Carbone, producteur et directeur artistique, a soigneusement veillé à léquilibre de lensemble. «On a ajouté Histoire dun amour pour centrer le disque et séduire les auditeurs avec un son moins arabe, moins étrange, dit-il. On est au Québec, ici, pas en France. Il ne faut pas donner limpression dun tapis volant dArabie saoudite. Lynda nest pas Rachid Taha [star du métissage musical arabo-occidental].»

Son entourage nhésite pas à la comparer à deux monstres sacrés, Nana Mouskouri et Dalida. Elle-même se définit comme «une Québécoise dorigine algérienne». Ses deux disques sont issus, dit-elle, «dun métissage avec un dosage différent».

Cest précisément ce qui séduit Michèle, spectatrice rencontrée au centre culturel de Sainte-Thérèse, où venait de se produire Lynda Thalie. «La vraie musique arabe magresse. Lynda la vulgarise beaucoup et la rend agréable à écouter.» Un autre spectateur, qui croit savoir que Lynda Thalie est tunisienne, souligne quelle a bien gagné son titre de «semi-Québécoise».

En concert, la chanteuse enseigne au public le youyou chanté par les femmes arabes durant les festivités. Puis, elle interprète la chanson traditionnelle «Grain de mil», accompagnée par son percussionniste à la cuillère. «Jemmène partout cette chanson avec moi pour prouver mon acquis québécois.» La salle, chauffée à blanc, fait entendre de longues séries de youyous pure laine...

Le cercle professionnel, le mode de vie, le chum de Lynda Thalie (Patrick Cameron, son agent) sont étiquetés «Belle Province». Ses loisirs aussi. «Jadore pelleter la neige sur le lac en face de la maison. Après, je regarde les autres patiner en buvant un chocolat chaud.» La jeune femme a résolument opté pour lintégration. «Tu as choisi ce pays, tu ty adaptes. Si tu veux pratiquer ta religion, fais-le chez toi», dit-elle. La laïcité du pays dans lequel elle a choisi dhabiter est importante, assure-t-elle... avant dajouter du même souffle quelle ne voit aucune objection au port du foulard!

Le foulard, elle la porté en Algérie lorsquelle sortait de la maison. «Cétait cela ou risquer dêtre vitriolée», raconte Amina Remati, sa tante chérie et meilleure amie. En 1994, à lâge de 16 ans, Lynda fuit clandestinement lAlgérie avec sa mère et son frère. «Le Canada, cest blanc comme une nouvelle page, comme la neige, comme toutes les chances quon va avoir, comme un rêve qui se réalise», dit-elle.

Elle naurait sans doute pas pu devenir chanteuse dans lAlgérie des années 1990. «Quand nous sommes partis, les terroristes avaient assassiné beaucoup dintellectuels et commençaient à tuer les chanteurs», explique sa tante, aujourdhui professeure au Créca, une école de formation des adultes, à Montréal.

Mais reste que Lynda Thalie tient moins du «sapin» nord-américain que de «lolivier» méditerranéen, pour reprendre lexpression du multi-instrumentiste Nicolas Maranda, son réalisateur: «Cela se voit dans son souci de lesthétique et dans limportance quelle accorde à la nourriture, aux fleurs, aux odeurs, à une forme dart de vivre.» Lynda Thalie cite volontiers, en arabe, des proverbes algériens. Elle se déhanche comme une danseuse du ventre. Elle se languit de la mer, que sa mère lemmenait voir, et se résout parfois, faute de mieux, à jeter du sel dans leau de son bain... «Rien de tel que de se ressourcer dans leau salée», dit la jeune femme.

Lynda Thalie est très appréciée dans la communauté maghrébine. «Ni voilée ni en minijupe, à la bonne mesure, elle représente bien les jeunes Arabes dici», dit la rédactrice en chef du magazine Femmes arabes, Khadija Darid. Elle est lambassadrice de la culture algérienne, se félicite le consul général dAlgérie à Montréal, Abdelaziz Sebaa. Mais la principale intéressée nentend nullement être la porte-parole dun groupe. «Son engagement nest jamais religieux ni politique, mais simplement humain», dit sa tante Amina. Ainsi, lors de sa tournée en Algérie, en 2005, elle a versé les recettes du concert donné dans la capitale à S.O.S. Villages, une association daide aux orphelins.

Lun de ses défis est délargir et de fidéliser son public. Pour cela, elle mise sur un détour par létranger. «Le but suprême, cest la France, dit Patrick Cameron, son agent. Mais la France est saturée dartistes québécois et de chanteurs à voix, nous dit-on. On ira dabord ailleurs.» Cest cette stratégie qui, lan dernier, 11 ans après son exil, a amené Lynda Thalie à faire une première tournée en Algérie. La chanteuse est retournée à Alger, en novembre, à loccasion du voyage officiel en Afrique de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, quelle accompagnait.

Elle a représenté son pays dadoption lors de la Quinzaine de la Francophonie, au Rwanda, en mars 2005. Elle na pas été choisie au hasard. «Elle représente le Canada nouveau, elle vient dAlgérie, un pays blessé, comme le Rwanda», dit François Bugingo, journaliste montréalais dorigine rwandaise.

En 2007, une tournée est prévue au Maghreb et au Moyen-Orient avec le soutien de lassociation humanitaire néerlandaise Music in Me, qui organise des activités musicales dans les pays touchés par la guerre et la pauvreté. Ce sera loccasion, pour Lynda Thalie, de donner ses premiers concerts à Paris et à Amsterdam. Un album en anglais nest pas non plus exclu, pour conquérir le marché nord-américain.

Elle a pour elle son tempérament bien trempé. Charme, talent, charisme, détermination, courage, capacité de travail, discipline, maturité sont les termes les plus employés pour la définir. Elle sait mêler lémotion et la drôlerie. En concert, elle évoque son arrivée au Québec, à la fois chagrine et chargée despoir. «Cétait la première fois que je voyais les lumières de Montréal. Ah! les lettres rouges de Farine Five Roses!»

On la reconnaît dans la rue. «Jadore ça!» avoue-t-elle avec un large sourire. Elle cultive sa célébrité naissante. «Je réponds systématiquement à tous les courriels.»

Dans le fond, pourtant, Lynda Thalie reste secrète. «Personne ne peut laider dans sa loge, durant ce moment particulier qui précède un concert: elle shabille et se maquille seule. Elle est très pudique», explique sa tante Amina. Lartiste préserve sa famille des indiscrétions journalistiques. Elle a ainsi conservé son prénom et choisi un patronyme inspiré du nom de la muse de la comédie dans la mythologie grecque, Thalie.

La famille tient un rôle essentiel dans sa vie. Il faut dire quà cinq ans Lynda montrait déjà des dispositions pour la musique et le chant. «Elle avait loreille très juste, elle pleurait lorsquon faussait en chantant! Et elle répétait des chorégraphies devant le miroir, les concluait par des révérences», se rappelle sa tante Amina. Labandon du foyer familial par un père quelle na pas revu depuis ses 10 ans est une plaie «encore à guérir», reconnaît la jeune femme. Pour le reste, bouche cousue.

Lynda ne cultive guère les souvenirs denfance. «Ma mémoire séveille à Montréal. Jétais heureuse de faire table rase.» Sauf la très emblématique Grande Poste et les rues principales, Alger lui est devenu une ville étrangère. Elle ne connaît pas le travail des artistes algériens. «Nous ne sommes pas restés avec la tête en Algérie. Nous ne sommes pas intégrés dans un cercle damis algériens. Nous nous sommes vraiment installés ici», tranche sa tante Amina. Mais le pays dorigine de Lynda Thalie vit profondément en elle et se manifeste, parfois douloureusement, lorsquelle écrit ses textes. «Pour sortir le meilleur, il faut à un moment sortir le pire; ainsi va la vie, ainsi va lhumain», dit lauteure-compositrice.

«Après Lynda, tout est possible, senflamme François Bugingo. Avec son charme, sa sensualité, sa douceur, Lynda est un bras dhonneur à lextrémisme et aux idées reçues.» Le journaliste cite le succès du spectacle Arabe et cochonne, de lhumoriste dorigine tunisienne Nabila Ben Youssef, installée au Québec depuis 1996 et qui se produit régulièrement depuis 2003. On songe à Khalida Azzouza, qui chante en français, anglais, espagnol, berbère et arabe, et qui reconnaît volontiers que Lynda Thalie a ouvert les portes. Reprenant des classiques de Léo Ferré, de Leonard Cohen, ou encore des deux étoiles libanaises Marcel Khalifé et Fayrouz, Khalida prépare actuellement un album lui aussi très métissé. Lynda Thalie aura ainsi donné le coup denvoi dune vague musicale néo-québécoise bien prometteuse.

JE crois qu'elle est a DUBAI pendant quelques jours, elle merite plus de succes et de reconnaissance,

je vais tenter de voir le spectacle car elle a un art avec objectif superb :)

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:huh: J'en connais de super moches :yahoo: Une jeune " pure laine"Algérie qui décolle au Québec, c'est vraiment une prodigieuse intégration. Dommage, moi , j'ai cassé ma voix :cray: mais je me fais encore entendre.

jrmd : j'espère que tu iras la voir le 10 de ce mois. Tiens, je m'en vais l'écouter illico presto. :ravi:

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:huh: J'en connais de super moches :yahoo: Une jeune " pure laine"Algérie qui décolle au Québec, c'est vraiment une prodigieuse intégration. Dommage, moi , j'ai cassé ma voix :cray: mais je me fais encore entendre.

jrmd : j'espère que tu iras la voir le 10 de ce mois. Tiens, je m'en vais l'écouter illico presto. :ravi:

oui ; j'irai la découvrir et peut être m'approcher d'elle pour glaner quelque conseils afin de mener a bien mon intégration :P elle se produira a la salle ibn zeydoune :)

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