comédien québécois louangé

[epervier]

Yves Jacques enthousiasme la critique parisienne

Michel Dolbec

Presse Canadienne

Paris

«Magnifique», «formidable», «bouleversant»... Manifestant une rare unanimité, l'ensemble de l'exigeante critique parisienne s'enthousiasme pour la performance du comédien Yves Jacques, à l'affiche du Théâtre de Chaillot, dans La Face cachée la lune, de Robert Lepage.

Mercredi, le quotidien Libération, l'influent hebdomadaire culturel Télérama et l'incontournable Figaroscope ont ajouté leurs voix à un concert d'éloges qui sans eux serait demeuré incomplet. Succès public, succès critique: Yves Jacques, seul en scène pendant deux heures, réalise une partie parfaite, un «sans faute», comme on dit en France.

«C'est inouï. Je ne m'attendais pas à ça, a déclaré le comédien, venu s'installer dans la capitale française il y a une douzaines d'années. J'ai l'impression d'arriver enfin à Paris, d'être reconnu, et c'est à Robert Lepage que je le dois. La Face cachée, c'est un peu la pièce qui manquait au puzzle de ma carrière française.»

Il est vrai que le ton de la critique est dithyrambique. Télérama, par exemple, a trouvé Yves Jacques «formidable» et «magnifique de présence et de retenue».

«Constamment en scène et dans tous les rôles, il réussit l'exploit d'être avec modestie et grandeur toujours le même et un autre, a écrit le magazine. Simple, banal, et homme de tous les possibles, de tous les drames. Incarnant dans son art même tout le génie de Robert Lepage. Phénoménal et familier, évident et cosmique, très américain et totalement québécois, capable toujours des rêves les plus insensés.»

Le Figaroscope n'a pas été moins enthousiaste. «Yves Jacques, a écrit le supplément culturel du Figaro, est exceptionnel. Pudique, dans l'intimité profonde de ses personnages, toujours proche d'une enfance à jamais perdue et inconsolable. (...) S'abandonnant à la poésie de l'instant, bouleversant lorsqu'il disparaît à la fin dans l'espace, le corps perdu dans le cosmos.»

Le ton est le même du côté du journal Le Monde: «Cette Face cachée de la lune, a résumé le quotidien, est portée par un formidable comédien, Yves Jacques, qui joue à lui seul tous les rôles de cette histoire et déploie une étonnante variété de registres.»

Conquis par cette «Face cachée riche en illusions», Libération a salué lui aussi «l'impeccable retenue» du comédien, dont «tout l'être, a dit de son côté Le Figaro, n'est que délicatesse et tact».

La «finesse» du jeu d'Yves Jacques a également frappé le journal Les Échos, qui a souligné qu'il parvenait à incarner tous ses personnages «sans jamais forcer le trait, sautant avec naturel et humour du coq à l'âne, de la gaucherie à l'assurance un peu beauf, de la trivialité à la poésie, du réalisme à la féerie».

Dans La Face cachée la lune, Yves Jacques interprète à la fois Philippe, éternel étudiant fasciné par les premières conquêtes spatiales, et son frère cadet André, rivaux troublés par la mort de leur mère.

C'est la première fois qu'une pièce de théâtre de Robert Lepage est programmée par un grand théâtre parisien. La critique, qui suit depuis longtemps le travail du Québécois, l'a retrouvé avec bonheur, Le Figaro évoquant, par exemple, une «proposition inoubliable qui, des années après sa création, n'a rien perdu ni de sa puissance ni de sa pertinence».

Pour le Figaroscope, la Face cachée est du «théâtre à l'état pur», un spectacle «tendre, pénétré d'un humour des plus ravageurs, toujours pertinent dans l'analyse des sentiments.»

«C'est un théâtre de bricoleur ultra-sophistiqué, qui utilise toutes les ressources actuelles du multimédia pour une narration simple et fluide, qui se joue de l'espace et du temps», a ajouté Le Monde, selon lequel «toute la poésie de Robert Lepage est là, dans cette simplicité qui tutoie les étoiles, dans cette façon de faire un monde avec trois cailloux et une orange».

[Nicolas]

Y'a un bunch de journalistes qui veulent se faire offrir des vacances au Québec cet été