MANIFESTE CONTRE LE RACISME COLONIAL AU QUÉBEC

[SuperTrooper]

Le racisme envers les immigrants au Québec n’est pas une opinion. C’est un refus de la réalité historique.

 

Il faut le dire clairement : le Québec est une société issue de l’immigration coloniale, établie sur des terres autochtones par la dépossession, la violence et l’effacement. Toute tentative de présenter les immigrants actuels comme des « envahisseurs » est une falsification morale de l’histoire.

 

Il n’existe aucune légitimité historique à la peur de l’Autre dans une société construite par l’arrivée d’Européens sur un continent déjà habité.

Le discours raciste québécois repose sur une amnésie volontaire, une mémoire sélective, un mensonge confortable.

 

On invoque la survie culturelle quand il s’agit de refuser l’autre, mais on oublie la culture détruite des peuples autochtones quand il s’agit de reconnaître d’où l’on vient.

On dénonce (à juste titre) la domination anglophone, mais on reproduit les mêmes logiques d’exclusion, de soupçon et de hiérarchisation humaine envers les immigrants.

Ce n’est pas de la protection identitaire. C’est une transmission de la violence.

 

Le racisme québécois n’est pas une dérive marginale. C’est un héritage colonial non digéré, recyclé sous des mots respectables : « intégration », « valeurs », « menace », « nous ».

Mais il n’y a pas de « nous » pur, immobile, originel. Il n’y a que des histoires de déplacements, de domination, de résistances et des choix à faire aujourd’hui.

 

« Je me souviens » n’est pas un slogan décoratif.
C’est une responsabilité.

Se souvenir, ce n’est pas se déclarer éternellement victime.
Se souvenir, c’est reconnaître que l’on a été opprimé et refuser de devenir oppresseur.
Se souvenir, c’est comprendre que la peur de l’immigrant est le dernier refuge de ceux qui refusent d’assumer leur propre origine coloniale.

 

Traiter les immigrants comme des intrus quand on vit sur une terre volée n’est pas de l’ignorance. C’est une faillite morale.

L’histoire regarde toujours ceux qui parlent au nom de l’identité pour justifier l’exclusion.
Et elle ne les absout jamais.