Aller au contenu

Olivier responsable informatique, 3 000 € par mois et 38 000 € de côté


Invité

Messages recommandés

Billet de Daisy Lorensy sur Rue89

Il aime les journées sans pause, « à 200% », se vit comme « une vache à lait » du fisc et rêve dexpatriation. En attendant, il épargne. Il nous ouvre son porte-monnaie.

A 24 ans, Olivier (le prénom a été changé) est à laise avec ses ambitions. Il parle finances et placements avec une facilité déconcertante :

« Ce sont les gens qui viennent de milieux modestes, comme moi, qui ont le plus de facilités à parler dargent sur mon lieu de travail. [...]

Je veux montrer quon peut être jeune, bien gagner sa vie grâce à son job, sans pour autant gagner des sommes astronomiques. »

Un groupe pharmaceutique « borderline » niveau légalité

Diplômé de son école dingénieur en septembre 2012, il est embauché par une grande entreprise du CAC 40 deux mois plus tard. Pas de piston, juste de lanticipation :

« Jai postulé quand jétais encore à lécole car cest un processus de recrutement très long. Jai pris contact par le site web, puis jai passé plusieurs entretiens, chaque fois plus haut dans la hiérarchie, pendant cinq mois. »

Celui qui a fait une classe préparatoire en informatique avant de se tourner vers le monde de la finance cultive cette double compétence :

« Jai été recruté sur mon profil plus que mon CV. Mon entreprise cherche à diversifier lorigine de ses collaborateurs, même si pour linstant, je reste entouré de gens sortant de Centrale et Polytechnique. »

Un bon profil mais aussi un CV solide pour quelquun qui na pas encore 25 ans. Après Dauphine et la Sorbonne, Olivier a fait le choix de lapprentissage. En octobre 2011, il intègre un grand groupe pharmaceutique où il passera plus dun an :

« Un monde froid, où lon utilise beaucoup dapprentis pour compenser les plans sociaux. Surtout, cest très borderline niveau légalité. Même si on ninvite plus les professionnels dans des voyages somptueux comme il y a trente ans, il y a encore beaucoup de lobbying. Et puis je me serais senti coupable de continuer à travailler là et de savoir que je pourrais vendre de potentiels scandales sanitaires. »

En comparaison, ce jeune responsable informatique fonctionnel nhésite pas à qualifier sa nouvelle entreprise d« humaine » avec un PDG aux accents « patriarches ».

« Emprisonné dans des classeurs géants en béton »

Olivier en tenue de travail (DR)

Le monde de La Défense le laisse de marbre :

« Je ne suis pas un adepte du costard-cravate et je nai pas daffinités avec le quartier de La Défense. Cest être emprisonné dans des classeurs géants en béton. Après, jai la chance davoir quand même une bonne ambiance de travail. »

Ses proches collaborateurs nont quune trentaine dannées. Mais en réunion, il faut parfois argumenter avec des personnes qui ont deux fois son âge :

« Cest impressionnant, mais je trouve ça stimulant. Jaime mon travail car il y a tous ces challenges. Il me faut parfois être à 200%. A certaines périodes, je dois gérer une plateforme de prise de commande qui reçoit entre 40 000 et 60 000 appels par jours. Cest un rythme en dents de scie et jaime ça. La routine mennuie. »

Cest sur lui que repose la fiabilité du système informatique dont il est en charge et son évolution financière. Un rôle dingénieur mais aussi dencadrant : Olivier rencontre beaucoup de sous-traitants pour assurer le bon fonctionnement du réseau.

« Le monde est en train de se faire en Inde, au Brésil... »

Olivier reconnaît quil a un bon poste autant quun bon salaire, mais il en veut plus. Employé en CDI depuis à peine six mois, il élabore déjà ses plans de carrière. Objectif dici ses 40 ans (en étant optimiste, prévient-il) : devenir « top manager », une sorte de « superdirecteur », la fonction ultime tout en haut de la pyramide... Et cela passe par linternational :

« Jai fait le sacrifice de lapprentissage et je nai donc pas eu loccasion de faire des stages à létranger. Or, pour atteindre mes objectifs, il faut que mon CV soit internationalisé. Jai envie daller là où le monde est en train de se faire : en Inde, au Brésil, aux Philippines ou au Cambodge. La Chine, cest déjà trop tard. »

Olivier se verrait bien à la tête dune petite équipe à lautre bout du monde, mais il est encore trop tôt pour discuter ouvertement de ses aspirations avec un gestionnaire de carrière :

« La norme dans ces grandes entreprises, cest de changer de poste tous les trois à quatre ans. Il y a une espèce dinertie et lévolution est lente. Jai aussi conscience quil est de moins en moins rentable denvoyer des expatriés dans dautres pays, car les gens sont de plus en plus formés sur place. »

Dans le pire des cas, Olivier à pensé au plan : il profitera du congé sabbatique dun an proposé au bout de cinq ans de carrière.

« Lindépendance à un coût démesuré en France »

Une envie de quitter la France qui est le résultat dun tas de petites choses : de lambition donc, pas dattaches (« Pas de copine, peu de famille ») mais aussi un ras-le-bol dêtre parmi les « vaches à lait » de la fiscalité française :

« Je suis dans la plus mauvaise posture. Célibataire et sans personne à charge, je fais partie de la tranche dont la ponction financière est particulièrement violente pour un jeune actif. Je fais partie de ces jeunes qui ont bossé à fond et qui nont pas de retour sur investissement. »

Malgré ses revenus confortables et son CDI, trouver un logement décent à proximité de La Défense lui a pris des mois. :

« Lindépendance en France à un coût démesuré. Mais beaucoup damis et moi-même sommes prêts à payer par simple soif dautonomie. »

Depuis quelques jours, il a emménagé dans un trois pièces avec un ancien ami détudes. Outre le loyer, ces deux génies de linformatique partagent un même rêve : sexpatrier.

Revenus : 3 041 euros par mois

Salaire : 2 400 euros net par mois

« Environ 10 à 15% de mon salaire brut [3 088 euros, ndlr] part dans des plans épargne. Le net doit être denviron 2 400 euros. »

Sa journée type est de 8h40 à 18h20. Une journée en « one shot », sans pause-cigarette ni café (la machine à expresso est dans son bureau) et avec 40 minutes de pause-déjeuner :

« Ça ne se fait pas darriver après 9 heures et de partir avant 18 heures. Par contre, quelquun qui va faire 8 heures-20 heures, on va lui dire stop, tu vas faire un burnout. »

Prime de treizième mois : 2 400 euros net par an, soit 200 euros par mois

Son treizième mois lui est payé en deux parties. Quant à déventuelles primes à la performance, il en ignore pour linstant le montant et les conditions.

Prise en charge de sa mutuelle par sa boîte : 40 euros par mois

Remboursement de la carte de transport : 55 euros par mois

Le pass Navigo dOlivier est remboursé à 65%. Ceux qui nutilisent pas les transports en commun bénéficient dune place de parking gratuite.

Chèques culture : 160 euros par an, soit 13 euros par mois

En sinscrivant à son comité dentreprise, il a reçu 160 euros de chèques culture. Pour le reste, cela prendrait « des heures de lister » ce que propose son CE. De toute manière, il nen profite pas :

« Cest avantageux pour les familles, pas pour les célibataires. Ils font de bons tarifs voyages, mais pour partir en voyage organisé avec des gens de mon entreprise, non merci. »

Dividendes : 400 euros par an, soit 33 euros par mois

Participation dans son entreprise précédente : 3 600 euros par an, soit 300 euros par mois

Son entreprise lui fournit aussi une carte de paiement American Express Corporate. Grâce au débit différé, les prélèvements de ses déplacements professionnels sont effectués au même moment que les remboursements de ses notes de frais, il na donc rien à avancer.

Dépenses fixes : 1 000 euros par mois

Loyer : 1 300 euros hors charges à deux, soit 650 euros par mois

Lui et son colocataire logent aujourdhui dans un trois pièces de 55 m2, dans un bel immeuble haussmannien du XVe arrondissement de Paris :

« On a deux copines à deux rues de là, qui paient le même loyer pour 10m2 de moins. Cela dit, leur appart est neuf. Le nôtre est un peu déglingué. »

Charges : 150 euros divisés par deux, soit 75 euros par mois

Les charges incluent leau froide, le gaz en chauffage collectif et les charges de copropriété de limmeuble.

Electricité : environ 80 euros divisés par deux, soit 40 euros par mois

Internet : 40 euros divisés par deux, soit 20 euros par mois

« On a trouvé un bon plan en se faisant parrainer, on a bénéficié dune réduction. Les frais dagence et la caution nous ont fait tellement mal quon essaie maintenant de rogner sur tout. »

Téléphone : 25 euros par mois

Olivier a pris labonnement le moins cher proposé par son opérateur. Il pourrait demander un téléphone de service, mais ne préfère pas :

« Mes collaborateurs ont mon numéro personnel et nhésitent pas à sen servir. Jai déjà un ordinateur portable pro que jévite de ramener le week-end, mais que je ramène malgré tout souvent chez moi. »

Impôts sur le revenu : 0 euro... pour linstant

En tant quapprenti, Olivier ne payait pas dimpôts et était jusquà présent sous le régime fiscal de sa mère. Il sait quà la fin de la prochaine année fiscale, « ça va faire mal » et pense payer un mois de salaire en impôts, puisquil ne bénéficie daucun abattement fiscal.

Taxe dhabitation : 0 euro pour linstant

Il na jamais payé de taxe dhabitation pour son précèdent logement, obtenu via le dispositif « 1% logement » de son ancienne entreprise.

Frais bancaires : 4 euros par mois

Olivier a su profiter dune offre avantageuse à louverture de son compte en banque :

« Je nai besoin que du minimum pour ma carte bancaire puisque jai le droit dutiliser ma carte American Express pour mes frais personnels. Elle comprend une super assurance et je ne paie aucun frais bancaire à létranger. »

Assurance habitation : 200 euros par an divisés par deux, soit 8 euros par mois

Son assurance inclut la responsabilité civile. Pour le reste, les colocataires ont préféré sen tenir aux garanties minimum :

« On nous a proposé tout un tas de contrats, comme assurer du mobilier à hauteur de 50 000 euros, ce qui nest pas vraiment nécessaire pour notre mobilier Ikea ! »

Assurance moto : environ 100 euros par mois

Ayant assuré tout risque sa grosse cylindrée, et avec moins de trois ans de permis, Olivier se considère dans la case « vache à lait » des assurances.

Essence : 20 euros par mois

Il nutilise sa moto que pour des déplacements occasionnels, surtout motivés par le beau temps.

« Cest une Yamaha increvable qui ne me coûte presque rien en dehors de la révision des 20 000. »

En été, il lutilise une fois par semaine et ne dépense donc pas beaucoup dargent en essence. Il possède également une carte de réduction sur le carburant et le péage.

Pass Navigo : 30 euros par mois

Il doit mettre 30 euros de sa poche pour payer le complément de son pass Navigo trois zones, qui coûte 84 euros par mois et qui est pris en charge à hauteur de 55 euros par son employeur.

Sport : 35 euros par mois

Pratiquant lescalade, Olivier est inscrit dans une salle de la banlieue sud de Paris, qui propose aussi du cardiotraining et dautres activités. A côté de ça, il profite sans rien dépenser de la piscine au sous-sol du bâtiment de son entreprise.

Dépenses variables : environ 1 000 euros par mois

Dépenses liées à lemménagement : 1 375 euros dun coup, soit 115 euros par mois

- Dépôt de garantie : 1 300 euros à deux, soit 650 euros

- Frais dagence : 1 450 euros à deux, soit 725 euros

Olivier a emménagé fin avril. Trouver un appartement, autre qu« une cage à hamster » en étant en concurrence « avec des gens dont la feuille dimposition frôle lassujettissement à lISF » a bien failli lui faire baisser les bras. Sans compter les exigences de certaines agences :

« On nous a demandé de justifier de trois à quatre fois le loyer. Nous sommes deux CDI sans garants, en plus deux jeunes hommes : les particuliers prennent peur. Mais on a fini par tomber sur une agence bizarrement assez humaine. »

Courses : 250 euros à deux, soit 125 euros par mois

« Je mange très rarement chez moi. Quand je fais les courses, il y a certains postes de dépenses sur lesquels je ne suis pas exigeant et je prends le premier prix. Par contre, pour la viande ou le fromage par exemple, je nhésite pas à mettre le prix. Avec mon coloc, on achète ça au marché pas loin de chez moi. »

Cantine : 4 euros par jour, soit environ 80 euros par mois

Restaurants : 0 euro

Quand il ne fait pas de repas chez ses amis, Olivier mange régulièrement au restaurant, tous les deux ou trois jours :

« Je suis au taquet sur les bons plans et je fait en général des petits restos à 15 euros en moyenne. Ma mère me donne encore des Tickets Restaurants, donc ça ne me coûte rien. »

Sorties : environ 140 euros par mois

Olivier est un « gros geek » mais « adore sortir le soir », régulièrement, du jeudi au samedi inclus, ce qui représente environ 30 euros par semaine :

« Le truc avec la pression du boulot, cest quon sort et on boit beaucoup. Après, on peut faire des soirées à 200 euros comme aller juste boire une bière puis rentrer. On va moins au bar maintenant quon a un bel appart et que le temps va permettre des apéros en bords de Seine. »

Avec ses fréquents voyages en Europe de lEst, Olivier en profite pour remplir le bar : en un an, il a dépensé environ 200 euros pour une quinzaine de bouteilles.

Films et musique : 5 euros par mois

« Je suis un anti-Hadopi et je télécharge beaucoup, mais sil y avait une licence globale, je serais le premier à payer pour pouvoir télécharger. On consomme beaucoup de numérique et je nai plus de CD ou DVD. Pour moi, avoir un lecteur Blu-ray, cest de la préhistoire. »

Pour la musique, Olivier bénéficie gracieusement des abonnements Spotify et Deezer de son colocataire. Habitant sur une zone couverte par la fibre optique, Olivier compte bien en profiter. Il a déjà pensé toute larchitecture dun système lui permettant de télécharger non-stop. Il ne lui manque que le VPN (un réseau privé virtuel), pour environ 5 euros par mois.

Frais de santé : 10 euros par mois

Olivier est couvert par une très bonne mutuelle et na généralement rien à avancer. Il achète en revanche des compléments alimentaires pour 10 euros par mois.

Voyages : 2 000 euros par an, soit environ 167 euros par mois

Pour ses voyages, Olivier est plutôt un adepte du sac-à-dos et de la débrouille. Lannée dernière, il a visité plusieurs pays dEurope de lEst. Des voyages de deux à trois semaines avec un budget réduit au minimum :

« Ça me permet de faire un clivage avec ma vie parisienne. Jévite tout ce qui est confort et luxe. Et puis dormir chez lhabitant me permet de rencontrer des gens, dentrer en contact direct avec la culture du pays. »

Dépenses exceptionnelles « plaisir et pro » : environ 4 000 euros dans lannée, soit 334 euros par mois

Récemment, Olivier a investi dans un smartphone neuf à 600 euros, un MacBook Air à 1 100 euros ainsi quun autre ordinateur de bureau pour environ 700 euros.

Niveau vêtements, le jeune cadre a profité de son dernier séjour à Las Vegas pour faire le plein à moindre prix mais en dépensant tout de même 1 000 euros. Le dernier casque moto quil vient de sacheter lui a coûté 500 euros :

« Je ne suis pas vraiment un fan de shopping, mes achats ne sont quasiment jamais impulsifs et je peux passer des jours à lire des avis et des critiques sur un produit qui me tente. En contrepartie, jachète des choses relativement chères mais je suis rarement déçu. »

Epargne et placements : environ 1 000 euros par mois

Il lui reste chaque mois plus de 1 000 euros quil met de côté. Les mois où de grosses dépenses personnelles sont occasionnées, il réussit malgré tout à épargner autour de 600 euros :

« Il y a une règle quon ma apprise : pour diminuer les risques, il faut multiplier les supports. »

Pour linstant, il a en tout 38 000 euros dépargne. Il possède actuellement 3 500 euros sur un livret A, 2 000 euros sur un livret jeune et la même somme sur un compte épargne.

Olivier possède aussi une assurance vie en actions, pour 10 500 euros placés essentiellement sur le marché indien :

« Cest de largent que ma mère avait mis de côté pour moi et quelle ma donné à ma majorité. Ce nest pas de largent dont jai besoin pour vivre, mais du bonus, alors je lai replacé sur plein de supports. Plutôt que de le laisser dans une banque, ce qui nest pas très judicieux actuellement, je préfère le placer sur des actions à risques, qui rapportent plus. »

Olivier possède 6 000 euros dobligations. Il a acheté pour 7 000 euros dactions « très compétitives » de sa précédente entreprise et 7 000 euros de sa nouvelle :

« Je les ai achetées à crédit, à taux zéro, et chaque mois 200 euros de mon salaire sont prélevés pour le remboursement. Jen ai la pleine jouissance dès maintenant mais je ne touche pas de dividendes pour linstant, vu que mon entreprise perd 7% cette année. »

Modifié par Jeremy971
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.


×
×
  • Créer...
Ouvrir un compte bancaire avant mon départ
© 2024 immigrer.com

Advertisement