Histoire d'immigration : Un brésilien au Québec

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LE PETIT QUEBEC - Limmigration brésilienne au Québec: émotions, défis et détermination!

ÉCRIT PAR MARIE-ÈVE ABRAN

Immigrer consiste à réapprendre à vivre chez-soi et en société et présente de nombreux défis. Certaines personnes sont expatriées contre leur volonté et dautres le font de leur plein gré. Mais pourquoi vouloir sexpatrier ? Une envie, une idée, une opportunité ou une nécessité peut vous donner envie daller voir ailleurs ! Quels sont les défis et désirs des Brésiliens qui immigrent dans la province canadienne ? Lisez ces témoignages de futurs immigrants

Imaginez un instant quun pays qui vous passionne offre un programme dimmigration sélectif et que patience et persévérance pourraient vous y amener en tant dimmigrant qualifié. Que feriez-vous ? Prendriez-vous la chance de vivre cette expérience ou den rêver toute votre vie ? Lhyper-protectionnisme du Brésil naccorde que difficilement cette chance aux étrangers mais certains brésiliens bondissent sur des opportunités dimmigration telles que celles offertes au Québec. Selon son Ministère de lImmigration, environ 1000 brésiliens immigrent au Québec chaque année et le Brésil figure au 16e rang des pays de naissance des immigrants admis.

Portraits de candidats à limmigration

Bemjamin, dans la jeune vingtaine, quittera le Brésil avec sa femme pour la ville de Québec ayant déniché un emploi en informatique il y a quelques mois. "Ce qui ma motivé pour immigrer au Québec", explique le jeune homme originaire de lEtat du Sergipe, "fut en premier lieu le programme dimmigration et de francisation offert par le gouvernement du Québec. Des amis qui y vivent déjà mont aussi inspirés. Les infrastructures, le coût de la vie et léducation publique sont franchement meilleurs au Québec quau Brésil. Voilà pourquoi je veux quitter mon pays". Bemjamin ajoute quil croit que les Brésiliens sont résistants au changement et quil immigrera dans une société qui est tout à fait à lantipode. Et ça lui plaît !

Thiago, marié, père de deux enfants et fonctionnaire fédéral à Rio de Janeiro, émigrera à Sherbrooke avec sa famille en janvier prochain après plus de deux années dattente : "Jémigre au Québec pour une question de sécurité. Ici au Brésil, malgré la croissance économique, la question de sécurité est inquiétante. Jaime mon pays mais je suis extrêmement fatigué de la corruption et du manque de sûreté. Le système déducation public est mauvais, mes fils nont pas de sécurité dans la rue et ils nont conséquemment pas de loisirs à lextérieur. Au Québec, contrairement au Brésil, les lois sont respectées et les gens qui ne les respectent pas sont punis". Simone, mariée et mère dune fillette de 2 ans, appuie lopinion de ses confrères immigrants : "Ce qui ma motivé pour émigrer au Québec est la possibilité davoir une meilleure qualité de vie et de pouvoir faire ma part en tant que citoyenne. Nous quittons le Brésil car nous sommes en désaccord total avec les politiques et lattitude du gouvernement en tant que citoyens, travailleurs et contribuables" précise-t-elle.

Peurs et préoccupations

Linsatisfaction. La volonté de partir pour soi ou pour sa famille. Des raisons valables pour sexpatrier, certes, mais quen est-il du déracinement ? Quelles sont les plus grandes peurs des brésiliens qui émigrent de leur pays ? Pour Bemjamin, cest le froid et la langue : lhiver canadien nest pas de tout repos et ça lui donne "des sueurs froides" de penser quil devra louer un appartement, parler au téléphone et acheter ce quil aura besoin pour la maison dans une langue quil ne maîtrise pas à 100%. Thiago et Simone, eux, sont plutôt concernés par leurs enfants : "Jai deux fils de 13 et 2 ans", précise Thiago, "et je pense quil sera difficile pour mon fils de 13 ans de sintégrer à lécole à cause de la langue. Par contre, je crois que le processus sera plus facile pour le plus jeune car il va commencer sa vie là-bas". Simone ajoute que sa plus grande préoccupation est de perfectionner son français afin daider sa fille dans ses études.

Recommencer à zéro

Une autre réalité que les immigrants doivent parfois affronter est quil peut être difficile de trouver un emploi dans sa terre daccueil. Au Québec, par exemple, il est difficile dobtenir une équivalence de diplôme identique au niveau des études effectuées à létranger et plusieurs immigrants ne peuvent pas travailler dans leur domaine professionnel instantanément. Bemjamin immigrera à Québec emploi en main mais le diplôme de sa femme ne sera pas reconnu et elle devra peut-être changer de profession. Cela peut créer une certaine pression dans le couple mais Bemjamin assure quils trouveront une solution et quils réagiront positivement à cet obstacle. Thiago, lui, désire retourner aux études afin de changer de carrière et perçoit également ce défi dun bon il : "Je pense quen retournant aux études jaurai plus dopportunités de connaître et dentrer dans le marché du travail québécois" expose-t-il.

Mariana et Guilherme, un jeune couple nouvellement marié, ont déjà déposé leur demande déquivalence de diplôme : "Le diplôme de Mariana, qui est nutritionniste, sera reconnu au Québec, mais moi qui suis avocat je devrai travailler en tant que parajuriste en reprenant mes études" explique Guilherme. Simone, pour sa part, ne craint pas de changer de fonction car elle croit que "tout travail honnête est une possibilité de grandir en tant quindividu et professionnel". Ces candidats semblent donc ne rien regretter du processus dimmigration malgré sa lenteur : "Nous voulons vivre dans un endroit diversifié et juste, qui valorise les gens et où ces derniers se sentent heureux de fournir des services de qualité" affirme Guilherme.

Bemjamin, Thiago et dautres Brésiliens quitteront leur pays et défieront les préoccupations qui les habitent. Les raisons pour leur expatriation sont dans lensemble les mêmes pour tous et chacun, soit la recherche dune meilleure qualité de vie. Le Canada arrive toujours dans les premiers rangs des pays où il fait bon vivre dans le monde et nos témoins feront certainement leur chemin au Québec. Plusieurs dentre eux connaissent des Brésiliens qui y ont immigrés avant eux, limmigration des brésiliens au Québec se limitant principalement à de petits cercles de connaissances. Bonne chance à ces candidats qui utiliseront sans doute certains jurons québécois lorsquils découvriront lhiver canadien pour la première fois!

Marie-Ève ABRAN (www.lepetitjournal.com Brésil) mercredi 5 décembre 2012

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