Les Français de Québec ne sont pas prêts à condamner Dominique Strauss

[Laurent]

Tout le monde en parle.

Ian Bussières

Le Soleil

(Québec) Faisant preuve de retenue et disant vouloir respecter la présomption d'innocence, les Français de la région de Québec contactés par Le Soleil ne sont pas prêts à condamner sur-le-champ le président du Fonds monétaire international et politicien socialiste Dominique Strauss-Kahn, accusé d'agression sexuelle à New York.

«Oui, je suis surprise. Je sais que c'est un monsieur qui aime les femmes, mais ça me surprend un peu. Est-ce que c'est quelque chose qui a été monté parce qu'il était en tête des sondages en vue des élections de 2012? Je crois que je vais écouter beaucoup d'émissions de télé pour y voir plus clair», affirme Sophie Bernard, vice-présidente de l'Association des universitaires français de la région de Québec (AUFREQ).

De retour de France samedi, Mme Bernard a appris la nouvelle tôt dimanche matin, «pendant que mes compatriotes dormaient», et fait remarquer que plusieurs partisans de la gauche reprochaient aussi à DSK son train de vie somptuaire.

Marianne Bonnard, vice-présidente de la section Québec du groupe Français dans le monde, une association internationale de Français de gauche, insistait aussi sur l'importance de laisser les enquêteurs faire leur travail.

«Il y a une règle importante en droit français et ici aussi au Québec, et c'est la présomption d'innocence. Si ce dont il est accusé s'avère être vrai, c'est extrêmement répréhensible et il faut qu'il soit condamné. Cependant, si c'est faux, il faudra faire une enquête plus approfondie», déclare Mme Bonnard, concédant cependant que dans un cas comme dans l'autre, c'est probablement la fin de la carrière politique de DSK.

«Il faisait partie des gens capables de battre Sarkozy, mais avec ce qui est arrivé, même si c'est faux, ça lui prendra beaucoup d'énergie pour s'en remettre. Il ne faut pas oublier que la clôture des candidatures pour les primaires socialistes est à la mi-juin. Ça ne laisse pas beaucoup de temps!», poursuit-elle.

Jean-Marc Bass, un résidant de Lévis originaire d'Alsace, n'écarte pas lui non plus la thèse du complot. «Comme d'habitude, les partis politiques essaient de s'attaquer l'un l'autre et les coups bas existent dans tous les domaines», souligne-t-il. «C'était un gros morceau à la présidence, il volait très, très haut. C'est pour ça que ça m'a surpris de la part d'un homme de ce calibre-là. Il faudra attendre le dénouement avant de le juger», résume M. Bass.

«Ça secoue tous les Français!», souligne pour sa part Michel Tailleux, qui suit de près la politique de l'Hexagone même s'il est établi à Québec depuis 50 ans. «On ne sait pas encore ce qui s'est passé. C'est peut-être une combine! Personne ne sait si c'est vrai ou pas, ça semble être la parole d'une personne contre celle d'une autre.»

M. Tailleux considère toutefois que si Dominique Strauss-Kahn est innocent, il n'a pas aidé sa cause en tentant de s'enfuir en France par avion peu après les événements allégués. «Peut-être qu'il n'aurait pas fallu qu'il se sauve!» conclut-il.

source : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201105/15/01-4399735-les-francais-de-quebec-ne-sont-pas-prets-a-condamner-dominique-strauss-kahn.php