Je me rappelle ce qu'on disait lors du premier choc pétrolier de 1973. C'était la panique, on allait manquer de pétrole, à l'époque on estimait les réserves à 20 ans, on se voyait déjà se chauffer au bois... Mais depuis, l'Occident a inventé la prospection et a appris à exploiter les gisements de la mer du Nord, le pétrole lourd du Venezuela, les schistes bitumineux de l'Alberta... Et c'est pas fini, le pétrole, plus on en cherche, plus on en trouve. Donc pas de panique, l'épuisement du pétrole, on a le temps de voir venir. Moi je dirais une centaine d'années, au moins. Le deuxième choc pétrolier, c'était en 1979, avec la guerre Iran-Irak. Le cours est monté jusqu'à 40 dollars le baril. Déjà, les économies ont beaucoup mieux résisté qu'en 1973. Quelques années plus tard, il y a eu un contre-choc pétrolier : vers la fin des années 1980, le cours est tombé en dessous de 10 dollars le baril, en raison de la surproduction de tous les nouveaux gisements mis en exploitation et de la baisse de consommation due aux mesures d'économie d'énergie. Aujourd'hui, ce qui est nouveau, c'est que les économies occidentales se sont accommodées du prix élevé du pétrole. On ne peut plus parler de choc pétrolier, tellement on l'encaisse bien. Je suis sûr que les compagnies pétrolières ne se presseront pas trop pour réparer les raffineries, quand on voit à quel point la sous-production actuelle fait leur affaire. Malheureusement, l'essence n'est pas encore assez chère pour qu'on se donne la peine de l'économiser. Nous sommes devenus trop riches. Quand on a une baleine sur quatre roues de 2500 kg et de 60000 dollars, que le plein coûte 100 ou 200 dollars, peu importe. Il pourrait même coûter 300 ou 400 dollars, ça ne changerait pas grand-chose au train de vie de son propriétaire. C'est ça, la nouveauté : si le prétendu choc pétrolier ne provoque pas une diminution de la consommation, comme avant, on ne risque plus de revenir à un cycle de surproduction. Donc l'essence à 2 dollars le litre, c'est pour bientôt, pour longtemps, mais rassurez-vous, il y en aura autant qu'on voudra