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"Le Québec, une nation dominée" dixit ex-pm Bernard Landry


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Un autre article de Libé sur la situation politique du Québec.

L'ex-premier ministre du Québec et ex-chef du parti québécois, Bernard Landry, accorde une entrevue à Libé.

Bernard Landry, ex-président du Parti québécois, dix ans après l'échec du référendum sur l'indépendance:

«Le Québec, une nation dominée»

par Francois SERGENT

QUOTIDIEN : samedi 29 octobre 2005

Il y a dix ans, le référendum sur l'indépendance du Québec échouait à 1 % près, avec une participation record de 94 %. Bernard Landry, 68 ans, ex-Premier ministre de la province et président du Parti québécois (indépendantiste) jusqu'à cet été, ne renonce pas au combat de sa vie.

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Vers un troisième référendum?

Pensez-vous vraiment que le Québec sera indépendant dans trois à quatre ans ?

C'est ce que je pense. Parce que l'argumentation souverainiste développée depuis les années 60 est solide, fondée sur des réalités. Une nation doit être libre, elle doit contrôler son destin. Il est imprudent de laisser son destin à la majorité d'une autre nation, même si celle-ci n'est pas hostile.

Pourquoi un troisième référendum serait-il le bon après deux échecs ?

Les peuples évoluent lentement, surtout s'ils choisissent un cheminement strictement démocratique. Il faut parler, convaincre. Le mouvement indépendantiste était marginal dans les années 60. En 1980, il avait l'appui de 40 % des électeurs et en 1995 de 50 %. Il était difficile pour les Québécois des générations antérieures de quitter le Canada, parce que dans leur esprit ils avaient fondé ce pays. Ils se décrivaient comme des Canadiens français, les autres c'étaient des Anglais. Ce changement culturel a pris plusieurs générations. On ne change pas de nom, d'identité comme cela.

Souverainistes, ça fait moins peur qu'indépendantistes ?

Le mot n'est pas employé ici dans le même contexte qu'en France. Pour moi, il est synonyme d'indépendance nationale, mais en parlant de souverainisme on veut marquer que l'indépendance se fera dans l'interdépendance. Comme la France, qui a choisi de remettre une partie de ses compétences dans un espace plus vaste mais reste une nation, membre des Nations unies. On compare parfois l'Europe à l'espace canadien, mais ce n'est pas la même chose : 3 % de vos impôts vont à l'Europe, pour moi c'est la moitié qui va à Ottawa. C'est ça une nation dominée par une autre.

Est-il normal de faire des référendums jusqu'à ce qu'on gagne ?

La démocratie, c'est la démocratie. Terre-Neuve a voté trois fois avant de devenir une province, l'Irlande deux fois avant de dire oui à Maastricht.

Vous ne vous sentez pas du tout Canadien ?

Pas du tout. Je n'ai pas d'animosité non plus. Si je voulais brasser le passé, la période coloniale, je pourrais en avoir. Je me sens Québécois, sans ressentiment. Nos frères issus de l'immigration deviennent aussi Québécois. Quand ils arrivent, ils ignorent tout du Québec. Ils sont reconnaissants au Canada qui les a accueillis. Mais, au fur à mesure qu'ils vivent au Québec, ils comprennent le mouvement souverainiste. En 1995, des allophones avaient voté oui. De 15 à 20 %. Aujourd'hui, on est à 35 %. Suivant leur histoire, les immigrés d'origine latine par exemple, les Maghrébins, les Africains, on est à 50 %. Chez les Québécois immigrés de France, c'est presque 100 % d'adhésion au Québec.

Pour vous, le référendum a été volé, il y a dix ans ?

Le gouvernement canadien s'est déshonoré. Le Québec a des lois et traditions démocratiques très strictes. Notamment sur le financement des partis et des campagnes. Les dépenses sont transparentes et d'un montant limité, mais le gouvernement fédéral a dépensé des millions de dollars qui ont déséquilibré la campagne. Il a aussi accéléré les procédures d'immigration pour des raisons purement politiques (donnant la citoyenneté et le droit de vote à des immigrés réputés antisouverainistes, ndlr), alors que c'est une grande responsabilité d'accorder la citoyenneté.

Cette idée souverainiste est-elle conciliable avec des projets économiques ou politiques autres qu'indépendantistes ?

On a concilié les deux. On a fait mentir la formule. Avec nous, le Québec s'est transformé en économie de haute technologie, à haute valeur ajoutée. Avant, on exportait des lingots d'aluminium, du minerai de fer, du bois. Aujourd'hui, on exporte des médicaments, des avions, des ordinateurs, des effets spéciaux. Il y a plus de travailleurs dans l'aérospatiale à Montréal qu'à Toulouse.

Si ça marche aussi bien, pourquoi quitter le Canada ?

Ça marcherait mieux. Cela dit, les indépendances nationales ne sont pas des questions matérielles. Si on disait à Jacques Chirac «je te garantis 10 % de richesses en plus si ton pays devient un Land allemand», que répondrait-il ?

Qu'attendez-vous de la France dans cette marche à l'indépendance ?

La France nous a toujours accompagnés d'une façon impeccable. «Sans ingérence, sans indifférence», comme on dit. Mais ce n'est pas la France qui fera l'indépendance pour nous. Quand même, je me souviens qu'en 1995 un sondage avait été organisé en France sur la souveraineté du Québec et le oui avait gagné.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=334733

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bon résumé,

j'attend de voir de l'autre bord, le discours de notre premier ministre au parlement Québécois. C'est délicat la doctrine pas d'ingérence, mais pas d'indifférence. En plus en plein scandale des commandites, difficile de faire celui qui n'est pas au courant...

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Posté(e)

bon résumé,

j'attend de voir de l'autre bord, le discours de notre premier ministre au parlement Québécois. C'est délicat la doctrine pas d'ingérence, mais pas d'indifférence. En plus en plein scandale des commandites, difficile de faire celui qui n'est pas au courant...

Tout à fait, sans oublier aussi que le gouvernement en place n'est pas souverainiste. De Villepin n'a pas intérêt à froisser les susceptibilités libérales... alors qu'il aurait eu un peu plus d'espace d'expression avec le PQ au pouvoir. Malgré tout, le PM français pourra tout de même parler de société distincte, terme qui est repris autant par les libéraux du Québec que par les souverainistes et, effectivement, peut-être faire des allusions au scandale des commandites. De Villepin reste un gaulliste, et pour un gaulliste, l'indépendance nationale est très importante à ses yeux... même si ce thème s'est dillué dans de petites théories zéropéennes...

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