Habitués Jérémy Allemand Posté(e) 10 juillet 2013 Habitués Posté(e) 10 juillet 2013 La Francophonie rassemble actuellement 220 millions de locuteurs à travers le monde. Ils seront probablement 700 millions à l'horizon 2050. Pour Benjamin Boutin, lauréat du concours "Inventez 2020!" du Cercle des Economistes, la priorité doit être de transformer cette chance linguistique, culturelle et politique en réalité économique... Le postulat de départ est simple : dans la mondialisation, les Francophones seront plus forts ensemble, plus forts ensemble économiquement. États et gouvernements, blocs régionaux et organisations communautaires, acteurs institutionnels et financiers, collectivités locales et entreprises, doivent unir leurs efforts pour définir le périmètre d'une "Aire économique francophone" (AEF). L'enjeu serait de mettre en réseau les différents opérateurs économiques ayant la langue française en partage et de leur fournir un cadre conceptuel pour faciliter leurs échanges. Une économie-monde en devenir Ce cadre conceptuel existe déjà. Il a été élaboré par un immense intellectuel français, grammairien des civilisations, penseur de la "dynamique du capitalisme". En 1979, dans son ouvrage Civilisation matérielle, Economie et Capitalisme, Fernand Braudel forge le concept d' "économie-monde", "fragment de l'univers, morceau de la planète économiquement autonome, capable pour l'essentiel de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité organique" . La Francophonie représente une économie-monde en devenir. Les critères de distinction braudéliens sont réunis : elle forme une aire géoéconomique aux limites stables, un écosystème politique, économique, linguistique et culturel, comme la Méditerranée à l'époque de Philippe II. Un réseau de "métropoles économiques francophones" Le monde francophone est polarisé autour d'une "ville-monde", Paris, 12 millions d'habitants, de plusieurs métropoles économiques régionales comme Kinshasa (9,7 millions d'habitants), Alger (6,4), Hanoï (6,3), Abidjan (6,1), Montréal (3,9), Dakar (3,2), Bruxelles (2,1) et de métropoles économiques sous-régionale comme Tunis, Lyon, Beyrouth, Rabat ou Marseille, peuplées chacune environ de 2 millions d'habitants. A leur échelle, ces centres urbains centralisent et répartissent "les informations, les marchandises, les capitaux, les crédits, les hommes, les ordres", comme l'écrivait Fernand Braudel. Carrefours d'échanges commerciaux, intellectuels et médiatiques (produisant des informations en français et les distribuant via différents canaux dans leur sphère d'influence), ces métropoles économiques francophones (MEF) devraient être mieux reliées entre elles par des liaisons aéroportuaires et numériques densifiées, de façon à optimiser la circulation des hommes, des biens, des services et des capitaux dans l'Aire économique francophone. Des espaces continentaux et ultramarins en dialogue La Francophonie ne forme pas un bloc géographiquement uni à l'échelle de la planète. Ses composantes sont, pourrait-on dire, dessoudées. Le français est parlé (comme langue maternelle, administrative ou mineure) dans plusieurs zones continentales : la zone "Europe", la zone "Afrique centrale de l'Ouest", la zone "Amérique du Nord" et la zone "Asie-Pacifique", auxquelles s'ajoutent les collectivités françaises ultramarines. Ce sont ces zones qui, impliquées dans un projet de coopération macroéconomique global, pourraient former une véritable économie-monde francophone. Tous les leviers de coopération devraient être actionnés : co-localisation de projets productifs, mutualisations de ressources, création des sociétés d'investissements à l'échelle de la Francophonie, agrégation de PME francophones innovantes, montage de circuits performants d'import/export, Erasmus francophone, passeport de la Francophonie économique, etc.. Selon Adam Smith, c'est la division du travail qui, en décuplant la force productive, est la cause de la richesse des nations . L'interdépendance économique entre les différentes zones continentales et ultramarines francophones "productivement spécialisées" est de nature à générer de la valeur économique partagée. La langue française comme liant Le liant de ce grand dessein francophone de prospérité commune est naturellement la langue française, langue de culture et de diplomatie, mais aussi langue entrepreneuriale d'avenir, parlée par 60% par des jeunes de moins de trente ans, apprise par 100 millions d'élèves chaque jour et troisième langue la plus utilisée sur Internet. Partager une langue est un facilitateur transactionnel puissant. La langue française, magnifique monnaie-d'échange humains, pourrait devenir l'axe fluide et lumineux d'une interdépendance économique solidaire entre ses centaines de millions de locuteurs. L'Aire économique francophone, démographiquement très dynamique, espace coopératif d'une économie-monde en devenir, pourrait être doté d'une "Organisation de coopération économique francophone" (OCEF), ainsi que d'une monnaie virtuelle facilitant les échanges et d'un corpus de normes juridiques et techniques communes. Une aubaine économique pour la France Cette démarche constructive pourrait faire de la Francophonie une terre de croissance où les Francophones africains, européens, asiatiques, américains et océaniens uvreraient à un développement mutuel bien compris pour améliorer la compétitivité des régions économiques francophones avancées et lutter contre la pauvreté des régions francophones moins avancées. Ce pacte "gagnant-gagnant" réveillerait les "énergies dormantes" de la Francophonie qu'exaltait Léopold Sédar Senghor, et lui donnerait un nouveau souffle. Emploi, croissance, innovation, démographie : la Francophonie est une aubaine économique pour la France. Elle est peut-être même l'une de ses bouées de sauvetage. apache a réagi à ceci 1 Citer
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