Poids politique des provinces

[Invité]

Bonjour ,

Est-ce que les (certaines) provinces du Canada jouissent , implicitement , d'un "quota ministeriel" dans le cabinet du PM ? Je repose la question a l'envers ; est-ce un PM du Canada oserait ne pas "choisir" un seul ministre , disons quebecois , pour son cabinet ? Merci.

enayat

[epervier]

L'Ontario et le Québec détiennent presque tout le pouvoir à Ottawa. Pour répondre à ta question, il serait impensable qu'un premier ministre canadien ne nomme aucun Québécois comme ministre. Les élections fédérales auront lieu sans doute le 28 juin qui vient et actuellement, le parti libéral fédéral met le paquet au Québec, puisque les sondages indiquent que le Bloc Québécois obtiendrait 46% des votes contre 31% au parti libéral. Le parti, libéral prendrait comme une gifle s'il faisait élire moins de députés au Québec que le Bloc Québécois. À l'échelle nationale, les sondages donnent quand même un gouvernement libéral majoritaire aux prochaines élections, mais gouverner sans représentation significative au Québec serait considéré par eux comme un échec.......mais ce ne sont que des chiffres, on verra bien le soir du 28 juin, si.............

[Petit-Prince]

Salut !

Chaque premier ministre est libre de constituer son cabinet. Cela doit s'apparenter avec ce qu'il se passe en France ou ailleurs, il nomme :

- ses proches collaborateurs, avec qui il a travaillé sur certains dossiers. Par exemple, un spécialiste des questions internationales du PLC ferait un bon ministre des relations étrangères.

- des personnes d'influence qui pourront faire peser leur autorité sur un secteur donné. Par exemple, nommer un ancien juge reconnu à la justice pourra rassurer l'ensemble de la profession.

- des représentants de certains courants de pensée. Afin de calmer les ardeurs de certains courants politiques d'un même parti, il est parfois bon de nommer un de leurs représentants dans un ministère... de cette façon, difficile pour eux de critiquer certaines décisions du premier ministre vu qu'ils sont représentés dans son cabinet. Le PS français a souvent été très habile dans ce genre de stratégie.

Maintenant, le Canada a cette particularité d'être un état fédéral, donc, composé de plusieurs provinces relativement autonomes (sous certains aspects). Le poids démographique et linguistique joue, encore une fois, un grand rôle.

Aujourd'hui, tous les partis politiques fédéraux (Parti Libéral, Parti Conservateur, Nouveau Parti Démocrate...), savent bien qu'il serait très difficile de gagner une élection sans obtenir de bons résultats au Québec... Le Québec étant la deuxième province la plus peuplée du Canada, donc, a la plus grande représentation de députés fédéraux après l'Ontario.

Ainsi, lorsque l'on voit un représentant anglophone en vue apprendre le français et lorsqu'il prend de plus en plus l'habitude de faire des interventions en français, il est très facile d'en conclure qu'il a une ambition fédérale. Bref, en clair, qu'il aimerait bien devenir un jour premier ministre du Canada... ou en tout cas, jouer un rôle important dans l'avenir.

C'est d'ailleurs aussi pourquoi il y a souvent des premiers ministres francophones au Canada... P-E Trudeau, J. Chrétien, P. Martin... un parti qui met en avant un chef francophone, s'assure un bon score dans la province du Québec. Ils y sont connus et même souvent, ils sont déjà des députés fédéraux du Québec. Ils connaissent donc bien les spécificités locales. Ça peut aussi faire baisser l'influence du Bloc Québécois, un parti fédéral représentant les indépendantistes du Québec, ne se présentant donc que dans les circonsriptions du Québec.

De la même manière, un premier ministre canadien a tout intérêt à nommer des ministres francophones histoire de faire passer le messages aux Québécois : "vous êtes bien représentés !"... ce qui n'est pas vraiment le cas du cabinet Martin. En tout cas, on a vu mieux au niveau de la représentation québécoise. Faut dire que la plupart des anciens ministres francophones étaient des fidèles de Jean Chrétien, ça doit être un peu pour cela que Paul Martin a hésité à les renommer. La rivalité Chrétien/Martin, c'est un peu comme la rivalité Mitterrand/Jospin ou Chirac/Balladur...

Voilà...

À plus !

Jean-Philippe

[Invité]

epervier,

Je te crois un vieil independantiste. ca sent de l'autre bout des oceans. J'espere que ta formation politique preferee gagne les elections.

Petit-Prince,

Tres bien explique. Les comparaisons avec la France m'aident beucoup a comprendre la situation canadienne. Merci.

enayat