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Le Canada a beaucoup de chemin à faire en matière de pauvreté


palmeto

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De passage à Moncton la semaine dernière, à l'invitation du Front commun pour la justice sociale pour livrer une conférence sur la pauvreté au Canada, le directeur général de l'organisme Canada sans pauvreté, Rob Rainer, est d'avis que le pays a beaucoup de travail à faire en matière de lutte à la pauvreté

L'Étoile : Que pensez-vous de la situation actuelle au Canada en matière de pauvreté?

Rob Rainer : Sur le plan national, on ne voit pas beaucoup de progrès, même que dans les quelques dernières années, la situation a empiré. Par exemple, l'utilisation des banques alimentaires a grimpé de façon considérable entre 2008 et 2010. On note une augmentation d'environ 28 % durant cette période, qui correspond à la récession et la post-récession, avant le début d'une reprise économique. Le sans-abrisme demeure également un problème profond, alors qu'on voit de plus en plus de personnes qui ont un emploi rémunéré utiliser des refuges. Ce n'est pas l'image qu'on se fait habituellement des sans-abris. Il y a encore beaucoup de personnes inquiètes qui pensent que la situation n'ira pas en s'améliorant, au plan fédéral, parce que le gouvernement n'a pas montré beaucoup d'intérêt face à cet enjeu.

L'Étoile : Comment pensez-vous que la présence d'un gouvernement majoritaire conservateur affectera la situation?

R.R. : Nous avions un bon appui pour nos demandes par rapport à cet enjeu avant l'élection. Nous pensions être sur le point de faire des avancées, autant du côté politique que législatif. Cependant, avec ce nouveau gouvernement, le mur qui se trouve devant nous vient de s'agrandir. Le premier ministre croit, à tort, que la pauvreté est surtout de juridiction provinciale, alors que le gouvernement fédéral a un rôle immense à jouer dans la sécurité du revenu. Il a aussi eu un grand rôle à jouer historiquement dans la question du logement et pourrait jouer un grand rôle dans le dossier de l'aide à l'enfance. Aussi longtemps que le premier ministre, qui a une grosse influence sur son caucus, est de cet avis, ce sera un gros défi pour nous.

L'Étoile : Pensez-vous que la population canadienne est sensibilisée à la situation de la pauvreté?

R.R. : Absolument pas. Elle est peut-être au courant de la présence visible de sans-abris dans les grandes villes, même s'il y a des sans-abris dans les communautés de toutes tailles. Ici à Moncton, on les remarque peut-être moins qu'à Toronto, à Montréal ou à Vancouver, mais il y a tout de même entre 400 et 600 personnes qui utilisent les refuges. Une grosse partie de la pauvreté est plus cachée. On est souvent trompés par la technologie de la société moderne. Il reste beaucoup de gens dans la misère qui ne sont pas capables de joindre les deux bouts. J'ai rencontré une dame ce matin qui a plusieurs problèmes de santé et qui ne peut se permettre qu'un seul repas par jour. Elle figure parmi les pires cas au Nouveau-Brunswick, et même au Canada. De dire qu'elle est dans la misère ne fait même pas justice à sa situation. C'est un sentiment de désespoir qui anime les personnes dans cette situation tous les jours. Et il y a des centaines de milliers de personnes qui ressentent ce désespoir.

L'Étoile : Quel est l'impact du salaire minimum sur la pauvreté?

R.R. : Le salaire minimum est un élément très important, et il devrait être plus haut. Nous réalisons que de petites entreprises pourraient avoir de la difficulté, mais nous aimerions que ces petites entreprises soient appuyées afin de pouvoir offrir un salaire minimum plus élevé. Uniformément, à travers le pays, le salaire minimum est environ aux deux tiers de ce que les gens ont besoin pour subvenir à leurs besoins fondamentaux. On parle de plus en plus du concept d'un salaire suffisant, qui est le salaire nécessaire pour subvenir à ses besoins de logement, de nourriture, d'électricité et tous les besoins fondamentaux. Ce salaire suffisant serait dans la plupart des villes canadiennes aux environs de 15 ou 16 dollars de l'heure. Le salaire minimum est décidément beaucoup plus bas qu'il devrait être, mais il y a beaucoup d'autres politiques publiques qui sont plus importantes pour contrer la pauvreté.

L'Étoile : Qu'est-ce qui doit être fait?

R.R. : Plusieurs choses doivent être faites, mais une chose que nous pourrions faire avec la volonté publique et politique est une réforme sérieuse de notre système de taxation. Les réformes, au courant des dernières années, avaient tendance à profiter aux riches et à désavantager les pauvres encore plus. Notre système de taxation devient moins progressiste qu'il l'était, et l'écart entre la minorité de personnes qui se débrouillent très bien financièrement et le nombre grandissant de personnes qui sont dans la pauvreté devient de plus en plus grand. Une réforme de la taxation serait une grosse partie de la solution. Malheureusement, nous vivons à une époque où il est très difficile de parler de ces choses. Les personnes qui demandent moins de taxation ont eu une très grosse voix au courant des dernières années. On constate cependant que les pays qui ont eu de plus hauts taux de taxation et des systèmes de taxation plus justes ont un niveau de qualité de vie beaucoup plus élevé.

L'Étoile : Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de la situation au Nouveau-Brunswick?

R.R. : Le Nouveau-Brunswick a des gros défis devant lui, en partie en raison de changements au niveau de la taxation qui rendent la situation encore pire pour les personnes en difficulté. Une bonne chose est arrivée quand le gouvernement Graham a reconnu le problème et a mis en place un processus pour développer un plan provincial, qui se poursuit sous le gouvernement conservateur. Il y a une reconnaissance du problème de la part du gouvernement provincial, qui s'assure au moins d'avoir un bon dialogue de ce côté. Le Nouveau-Brunswick a un assez bon plan en place, bien qu'il n'aille pas aussi loin que nous voudrions. Il reste cependant beaucoup de chemin à faire, alors que le Nouveau-Brunswick a l'un des taux d'assurance sociale les plus bas au pays. On rencontre encore des gens dont la santé est compromise en raison du niveau de soutien qu'ils reçoivent, qui est franchement inhumain. Ces personnes ont réellement besoin d'aide. J'ai un membre de ma famille qui reçoit de l'aide gouvernementale en Ontario en raison d'un handicap et ce montant est inadéquat. Les Néo-Brunswickois ne reçoivent quant à eux que 60 % du montant que reçoivent les Ontariens.

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