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Friponneau

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Messages posté(e)s par Friponneau

  1. Le 2019-02-23 à 09:02, kuroczyd a dit :

    C’est vrai que j’ai du mal à savoir côté revenu (salaire). J’ai une proposition à 60000 $ canadien. 

     

    La "portée" d'un salaire dépend surtout de deux facteurs: ta frugalité (bagnole? maison? restos? voyages? gadgets? école privée pour les enfants? rien de tout ça?) et ton objectif d'épargne (indépendance financière à 45, 65 ou "après moi le déluge" ?).

     

    Le revenu moyen familial canadien tourne autour de $70k. Au Québec c'est environ $10k de moins.

     

    En bas de $40k de revenu familial pour une famille de 4 c'est pas facile.  Faut vivre sur un budget drôlement serré, bénéficier de tout ce qui est gratuit et courir les spéciaux. L'épargne est quasiment impossible. Environ 70% des kebs gagnent moins de $50k.

    À $60k, c'est un peu plus facile, mais y'a pas trop de folies à faire. L'épargne demande une discipline de fer.

    Entre $60 et $80k on peut se payer des p'tits plaisirs et épargner un peu, mais des trucs plus majeurs comme des voyages familiaux en avion ou l'école privée ne sont pas évidents à gérer et doivent être planifiés à l'avance.

    Entre $80k et $100k, ça va beaucoup mieux, le p'tit voyage familial occasionnel dans le sud devient possible sans qu'il faille se couper un bras.

    Au dessus de $100k il n'y a plus vraiment de casse-tête, à moins de trainer beaucoup de dettes, ou d'être particulièrement dépensier. Tu fais alors partie du top 5%, bravo!

    À partir de $150k tu fais partie de la haute classe moyenne.

     

  2. L'approche au travail est très différente entre la France et le Canada.  Il y a certes des variations provinciales, mais en général, si c'est plus facile de se faire engager au Canada qu'en France, c'est aussi plus facile de se faire remercier.  La tactique de s'asseoir sur ses lauriers une fois engagé ne fonctionne pas, sauf lorsqu'on est syndiqué pour un des multiples paliers de gouvernement.  Dans le privé et sans syndicat, un employeur a environ un ou deux ans, peu importe la longueur de la période de probation, pour remercier quelqu'un qui ne fait pas l'affaire, sans y mettre de façon.  Ensuite, il faut un dossier constitué d'évaluations négatives répétées. En général, pour faire passer la pilule de renvoi plus facilement, un employeur va offrir un "package" d'un certain nombre de semaines de travail (jusqu'à un an dans les milieux les plus généreux et dépendant de votre niveau) pour vous faire signer une lettre disant que vous acceptez les conditions.  C'est justement pour ça que c'est facile de se trouver de l'emploi! Les employeurs n'ont pas peur de se lier par la hanche jusqu'à la troisième génération avec quelqu'un qui ne fait plus rien ou décide de foutre  la merde une fois qu'ils ont passé le pas de la porte.  Seulement, ça demande aux employés une certaine diligence et de ne jamais jouer la carte du bras de fer légal.  De toute façon, quand on en est rendu là, vaut mieux s'en aller.  Être employé est une relation à relativement long terme et il n'est jamais bon (sauf en cas d'erreur de bonne foi) de jouer sur les subtilités contractuelles pour forcer la partie patronale à faire quelque chose.

     

    Le positif là-dedans est qu'il est possible pour un employé reconnu comme productif d'avoir une progression salariale intéressante indépendante des autres.  Et dans un créneau propice, quitter un emploi après quelques bonnes réalisations dans le CV permet de mieux monnayer ses services.  De plus, un bon employé qui grince va attire l'attention de l'employeur, la conséquence d'ignorer étant de voir la personne aller travailler pour le concurrent.  "Squeeky wheel gets the grease".  Bien sûr, ce n'est pas pareil dans tous les milieux ni dans tous les endroits: dans ceux où il y a moins de demande pour un certain type de compétences, les effets sont moins importants pour les gens qui en dépendent.  Dans les domaines technologiques ou connexe, c'est plus facile.  Mais enfin, l'idée générale est là.  

     

    Attention : lorsqu'un syndicat est présent ce que j'écris ne s'applique probablement pas.  Dans ce cas je crois que vous pouvez comme en France brandir le règlement au visage de votre employeur une fois le contrat signé sans grande conséquence. Le seul milieu que je connaisse est le non-syndiqué...

     

  3. Friponneau,

    Je ne fais que répliquer à tes propres pointes envers moi. Si tu veux échanger avec politesse et cordialité, je n'ai aucun problème à m'ajuster.

    Et stp, ne m'interpelle pas avec un "fille". C'est paternaliste et j'ai l'âge d'être ta mère! ;-)

    N'importe qui aurait la patience de relire le présent thread pas à pas ne trouvera de ma part que quelques remarques humoristiques dans le genre de "sherlockette", qui sont tout ce que j'oppose à des insultes très dures et une agressivité surprenante. Je n'invente rien: tout est là, en toutes lettres.

    J'ai essayé tant bien que mal de garder le focus sur le sujet initial. Dans ta toute première intervention, sans avoir lu les écrits et leurs réponses, tu modifies immédiatement le fil de la discussion pour en faire un débat centré étrangement sur moi dans le but de discréditer mes propos. Tu sais pourtant que, sur ce genre de forum, il est stérile d'essayer de déterminer ce que les gens ne sont pas. La seule chose à faire est de juger des mérites des opinions uniquement sur la base de ce qui est écrit. Est-ce que les mots "combattre les préjugés et l'ignorance" font nécéssairement de toi quelqu'un de juste? Ou est-ce que c'est ton comportement qui devrait plutôt s'en porter garant?

    En fait, je me suis rendu compte que MacKenzie et toi considérez de toute évidence ce forum comme votre petit royaume, patrouillant sans relâche afin d'y faire régner l'ordre dans les esprits et étouffer à grand bruit toute idée que vous considérez comme indigne d'y figurer. Vous avez décidé quelle était la conception correcte que les immigrants français devaient avoir du Québec et vous comptez y mettre bon ordre, coûte que coûte. Et comme dans le format actuel des forums, il est très facile de faire complètement déraper les discussions, vous avez les coudées franches pour y aller à fond la caisse. Comme vous êtes de toute évidence chez vous ici, vous pouvez agir comme il vous plait.

    Ce comportement démontre, de façon beaucoup plus éloquente que je n'aurait pu le faire, le passage où il est question de la grande suceptibilité des Québécois, qui ne se révèle pas lors des soupers arrosés entre amis mais lors des divergence d'opinions. Je me dis que si une personne est en mesure de juger que je n'ai manifestement pas tort sur ce point, ça lui permet peut-être de supposer également que le reste n'est pas nécéssairement aussi éloigné de la réalité que vous vous acharnez à le faire croire.

  4. Vous avez raison, bien sur. Mon image, qui ne se voulait pas un cours d'histoire et que j'avoue un peu provocante, est effectivement simpliste et ne prend pas en compte les facteurs religieux qu'Éric et toi mentionnez. L'important de la chose pour moi c'est que, peu importe leur source, les attitudes résultantes de tout ça causent une partie du problème avec l'intégration des français. Mais j'admet qu'il aurait été mieux d'inclure ces facteurs.

    Merci de le reconnaître. Je n'ai pas vu dans ton image de la provoc, seulement de la faiblesse intellectuelle et de l'ignorance.

    Par ailleurs, je cherche toujours le lien direct au point de vue des difficultés d'intégration des Français et de l'origine du "Maudit Français" qui, sois dit en passant, n'est pas toujours une insulte.

    Ok, fille! Je capitule devant tes pointes répétées. J'ai pas la patience pour ça. Si tu démontres autant de courage lorsque tu es nez-à-nez avec quelqu'un, tu dois être quelqu'un de vachement... redoutable.

    Si des gens veulent me contacter pour jaser de ma vison des choses, comme certains l'ont déjà fait envoyez-moi simplement un message personnel...

    Pour ceux qui se posent encore l'apparemment vitale Question, je viens en fait de l'Ile Maurice (Maurice, c'est mon oncle).

    Ciao!

  5. Salut Éric,

    Je partage tes observations. Il amène des thèmes récurrents et chers aux immigrants mais son traitement de l'information est souvent complètement décalée. C'est pour cela que j'ai parlé d'un ramassis de lieux communs. Je viens de relire son long passage sur notre passé coureurs des bois/bûcherons pour expliquer nos suspicions passées envers l'érudition et de ce que l'on peut percevoir des relents qui en subsiste encore aujourd'hui (taux de diplomation inférieur ou attitude "fait pas ton snob qui sait tout")

    Son passage:

    Il n'y a pas si longtemps, les Québécois étaient un peuple de bucherons, de défricheurs, de chasseurs-cueilleurs et de coureurs des bois dont la dynamique est un peu différente des peuples provenant d'une souche d'agriculteurs/paysans. Si on ne les contraint pas, les paysans produisent éventuellement plus qu'ils ne peuvent consommer, fabriquent des produits transformés qu'ils raffinent au cours du temps, et se constituent peu à peu un terroir. Il sont amenés à faire commerce de leurs produits et à trouver les moyens d'accroitre leur production. Certains d'entre eux deviennent bourgeois et commerçants. L'éducation est une valeur souhaitable dans une telle communauté, car elle permet de faire de meilleures affaires et d'optimiser la production. Dans des conditions similaires, un paysan aux connaissances plus grandes aura plus de succès que les autres. Les paysans vont admirer un commerçant influent qui a réussi, le maire ou un législateur qui invente des lois pour régir les échanges et les rendre plus sécuritaire ou efficace. Le fait d'avoir accédé à un poste important, ou d'avoir un diplôme prestigieux, parle de la valeur de cette personne. En revanche, ceux qui n'ont pas réussi à obtenir de telles marques de reconnaissance sont en général moins considérés.

    À l'opposé, un bucheron se rend à un endroit, abat les arbres qui sont là, et les vend à quelqu'un qui les transforme en quelque chose d'autre. Lorsqu'il n'y a plus d'arbre où il est, il va couper plus loin. Lorsqu'il n'y a plus d'arbres où il peut aller, il exploite une autre ressource ou meurt de faim. L'éducation n'est pas une valeur très importante, parce que pas vraiment utile. Seule compte la débrouillardise sur le terrain et l'esprit d'initiative: un bucheron débrouillard survit mieux qu'un autre. Le bucheron respectera donc un bucheron plus costaud qui abat son arbre en moins de temps. Il a le culte du héros, de l'homme fort du village et de l'athlète, peu importe l'utilité réelle de ce dernier pour sa communauté.

    Une conséquence de ce qui précède est qu'il circule encore au Québec une vague mentalité que des valeurs comme l'éducation et l'érudition sont inutiles, un peu suspectes et tenues comme légèrement équivalentes à de la prétention.

    Fin de la citation

    Cette explication est complètement tordue et à contre-sens des réalité historiques. Il oublie tant d'éléments et créer tant de liens qui sont sans rapport les uns avec les autres qu'on se demande s'il n'a jamais suivi un cours d'histoire du Québec. C'est bien "cute" le mythe des coureurs des bois mais ils étaient effectivement très peu nombreux et ce ne sont pas eux, par définition des aventuriers non-sédentaires, qui défrichaient et labouraient les champs! Ils ne sont pas à l'origine des villes et villages du Québec.

    Son opposition société paysanne// société de bûcherons/coureurs des bois pour expliquer certaines différences fondamentales (les paysans deviennent marchands et bourgeois tandis que les bûcherons continuent à bûcher) est sans aucun fondement. Quelle totale méconnaissance!Le Québec d'autrefois était une société paysanne et agraire comme toutes les autres sociétés paysannes et agraires, la seule différence étant que le Québec était une colonie britannique, soit un peuple dominé qui n'avait pas accès aux postes et fonctions supérieures de la société réservés à l'élite anglophone. Le Québec est demeuré une société agraire plus longtemps que plusieurs autres sociétés (révolution industrielle tardive) précisément à cause de cette domination économique. Les Québécois n'ont pas volontairement continuer à bûcher parce qu'ils aimaient couper des arbres,ou plus exactement, ils ne se sont pas contenter de planter leur choux par plaisir mais bien parce qu'ils n'avaient pas d'autres choix pour survivre.

    Au plan social et idéologique, le clergé catholique a servi de relais à cette domination en favorisant le retranchement des Québécois à la campagne. Ces idiots de curés estimaient que c'était le meilleur moyen de conserver la Foi et la "pureté de la race" (la langue,gardienne de la foi) vis-à-vis des Anglos-protestants. Un autre relent des guerres franco-britanniques du vieux continent.

    Ne pas comprendre l'importance fondamentale de l'emprise du discours religieux dans toutes les sphères de la société québécoise, équivaut à ne rien comprendre. Surprenant de la part d'un Québécois...

    Vous avez raison, bien sur. Mon image, qui ne se voulait pas un cours d'histoire et que j'avoue un peu provocante, est effectivement simpliste et ne prend pas en compte les facteurs religieux qu'Éric et toi mentionnez. L'important de la chose pour moi c'est que, peu importe leur source, les attitudes résultantes de tout ça causent une partie du problème avec l'intégration des français. Mais j'admet qu'il aurait été mieux d'inclure ces facteurs.

  6. @kobico

    C'est autre chose, oui, mais quoi? Parce que je sais qu'il y a des indépendantistes en Corse? Quand il y a une bombe qui pète, c'est dans tous les journaux. Par ma connaissance des locutions françaises? Come on! N'importe quel crétin qui a ouvert deux ou trois San Antonio dans sa vie en fait tout autant. Ok, j'avoue, je les trouve intéressantes, les locutions françaises pis quand on parle aux français, ça permet de mieux se faire comprendre. Parce que j'ai le sens de la répartie et de l'ironie? Ouais, là, j'avoue, tu me prend les culottes baissées: Comment un simple Keb pourrait-il arriver à faire ça sans se péter une veine dans le front? Impossible.

    Les journalistes québécois qui écrivent font d'ailleurs bien attention à toujours parsemer leur textes d'ostie de calisse pour être sur de ne pas se faire lyncher par la foule en colère. Des idées simples, avec des mots simples.

    Français, je vous l'ai dit: afin de comprendre comment c'est, au Québec, le plus important de faire parler les Québécois, les faire s'avancer, pour découvrir leur attitude, comment ils font pour démonter leur point de vue. Parce que c'est ça que vous allez vivre au travail et dans la rue, ici. Bon, c'est vrai que l'anonymat de l'internet amplifie certainement le phénomène mais, si vous voulez me passer l'expression, y'a comme une certaine saveur qui se dégage. Vous trouvez le sujet un peu sensible? C'est vrai, mais y'a des choses qui ne sortent pas quand tout le monde est d'accord. Vous n'avez qu'à parcourir rapidement ce thread depuis le début pour avoir un embryon d'idée de tout ce qui peut sortir des gens d'ici lors d'un débat, même si vous restez poli. Je suis sincèrement convaincu que ceux qui sont agressifs ne sont pas des caractériels: ce sont des Québécois instruits et intelligents en parfaite possession de leur moyens. Et je trouve leur attitude dans tout ça très représentative.

  7. @bencoudonc et al

    Attend une minute-- un Oncle Tom c'est un esclave nègre qui vit parmi les blancs, right? T'as donc raison: la perfidie de ceux-là n'est tellement plus à démontrer...

    Un traitre, rien de moins? J'imagine que c'est une chance pour moi qu'il n'y ait pas la peine de mort au Québec, que je mérite probablement vingt fois?

    Ces propos ne me surprennent pas et je sais qu'on est sur Internet, mais je commence à avoir un peu honte.

    Sérieusement, je peux vous garantir que je suis Québécois tout ce qui a de pure laine, né au Québec de parents Québécois il y a plus de 30 ans (j'ai vu Gilles Vigneault au Patriote de Ste-Agathe dans le temps). C'est vrai que je ne viens pas de mtl centre sud. Oui, je voyage pas mal, j'aime comprendre et j'aime lire (faut bien quelqu'un pour faire vivre Renaud Bray). J'ai des oncles qui viennent de France. Et je suis rigoureusement honnête. Si je ne l'étais pas, je ne prendrait pas le temps d'écrire comme ça (ça a l'air de rien, mais ça prend du temps en chien). Je pourrais dissiper ça rapidement en postant une preuve mais, pour dire le vrai, j'ai comme pas le goût de voir une gang d'ados saouls débarquer pour venir crisser le feu à mon appart pendant que je dors.

    D'accord, tout ça ne rend pas en soi mes écrits plus convaincants, mais c'est juste la simple vérité. Et de dire que des gens comme moi sont rares au Québec, c'est aussi assez vrai je pense. Mais j'espère que tu te rends compte que ça n'enlève rien à mes arguments.

    Aux Français qui sont en phase exploratoire: je ne vous demande pas de vous tatouer tout ça sur le coeur ni d'en faire une religion. Je vous lance juste mon avis pour que vous le gardiez en tête dans un mini-endroit, au cas où. Si ça vous sert éventuellement, tant mieux. Sinon, ben, tant mieux aussi!

    (Hey, ça serait vraiment drôle si tout le monde ici incluant moi était Suisse!)

  8. @kobico

    Beau raisonnement, Sherlockette! Déduire de mon écriture que je ne suis pas Québécois, c'est vraiment brillant comme argument. J'avoue que si t'avais été française, j'aurais été un peu insulté. Comme ça, mon : "pomper le mandrin" te dérange? Est-ce que le "pomper le dard" de Black Tabou te dérange aussi? Peut-être qu'ils sont français eux aussi?

    Ça fait référence à quelque chose que j'ai écrit, et ça s'applique pas juste aux politiciens, mais à n'importe qui qui ose parler publiquement au Québec: dès que tu parles "bizarre", que tu utilises des expressions un peu étranges, tu deviens automatiquement louche et malhonnête. Parce qu'un vrai québécois, ça parle pas comme ça. Non madame, un vrai québécois, ça sort pas de ses expressions régionales, ça lit rien d'autre qui vienne des "vieux piyis" et ça n'est influencé par personne!

    Bon, ben, comme c'est certain que je ne vais pas te poster mon baptistère ici, va falloir en rester là (avant que ton oeil de lynx relève ça, oui, je suis assez vieux pour avoir un baptistère).

    Bravo championne!

  9. @MacKenzie & qui veut bien lire...

    Wow, c'est toute une réponse, difficile à gérer. Bon, c'est vrai, je m'attendais un peu à quelque chose comme ça, avec toutes ces pages... Je vais essayer de te répondre dans le style point-par-point plus bas, mais tu comprend que je n'aurai pas le temps de jouer au "oui!--non!--oui!--non!" avec toi sur chacune de tes très nombreuses objections.

    Vois-tu McKenzie, nous pourrions débattre ensemble sans fin des détails, mais il reste que ce texte ne t'était pas destiné. Je le destinais aux Français qui s'apprêtent à faire le saut, afin de leur permettre de réfléchir avec autre chose que des "icitte c'est hot en crisse, fa que si tu pense que t'es assez champion viens-t'en, sinon reste donc chez vous maudit frança". En fait, je dirais même plus: pas _tous_ les Français! Non, mon texte s'adresse à ces "losers" que tu méprise tant. Les superkings, je te les laisse, ils n'auront aucun problème à s'intégrer et il sont déjà convaincu mordicus de la justesse de tes propos. Le sort des losers, peut-être parce que j'en ai connu, me touche un peu plus. C'est con, hein? Ça fait peut-être de moi un loser aussi. Mais peu importe, ce que je peux te dire c'est que, lorsque qu'on prend la peine d'arrêter de rire deux minutes pour lire vraiment ce que tous ces losers écrivent, et il y en a un maudit paquet, on réalises que les thèmes qui leur restent dans la gorge se retrouvent parfois dans le texte que j'ai écrit, et qu'ils sont tout surpris que personne n'ait pris la peine de leur en toucher un mot avant.

    Tel que dit au début, ce texte représente mon avis, l'avis d'un non-spécialiste de la question qui en vaut d'autres, mais sans plus. Maintenant, si tout le monde est du même avis que toi et trouve que tout ce qui y est écrit est inexact, soit! Sautez dans un avion et nous en reparlerons dans pas longtemps. Dans le cas contraire, je crois que des recherches sur Internet pour consulter la une des journaux sur une bonne période de temps, voir des extrait de vie des gens et des questions habiles et précises posées à des personnes de confiance vont permettre de confirmer l'impression générale que j'essaye de laisser, qui n'est pas nécessairement négative, ni pire ni meilleure qu'ailleurs. C'est juste là, et ça ne fait aucun doute que ceux qui peuvent s'en accomoder ou qui n'en ont rien à cirer vont très bien pouvoir tirer leur épingle du jeu.

    Allons-y pour la réponse. Désolé, je ne suis pas un maitre du formatage des belles citations et tout, mais je vais essayer d'y aller dans l'ordre:

    - Tout d'abord, une généralité: Pour tous tes arguments qui sont exclusivement basé sur une variation "Vas donc voir au Libéria si c'est mieux", je te dirais que mon but n'est pas de faire des études comparatives entre le Québec et un pays pire, mais d'illustrer comment je perçois la situation générale ici.

    - Concernant la proportion d'insatisfaits: Effectivement le Gouvernement du Québec se garde bien de ne pas diffuser de statistique là-dessus, ce qui pourtant pourrait jouer en leur faveur si elles étaient favorables. Mais sur ce même forum, on parle d'un chiffre allant jusqu'à 80% en 10 ans je crois? Pour ma part, dans mes connaissances directes au travail et ailleurs, c'est environ 40%. Et pas des crève-la-faim, tous de bons salariés, entre 70K et 100K. Par ailleurs, j'en ai vu qui restent parce qu'ils ont des enfants et pas suffisamment d'argent pour retourner-- ils restent, mais amers. Y'a aussi tous ceux qui repartent en laissant des critiques qui sont parfois fort bien formulées qui valent la peine d'être lues (toujours d'après moi, bien sur).

    - Ceux qui retournent n'auraient qu'eux-même à blamer? Peut-être, je vais te laisser seul juge de ça. Mais ce n'est pas ce que je veux dire. Ce que je dis, c'est que je ne crois pas que ces gens, dans leur évaluation de ce qu'ils ont vécu, se trompent. De la même manière, je crois que si on leur avait présenté certains angles de notre province, après vérifications ils ne seraient peut-être tout simplement pas venus.

    - Sur les bucherons et tout ça: Tu te rappelle sûrement de tes cours d'histoire, où on rebâche aux enfants les aventure des coureurs des bois et des colons et des indiens et de tout ça. Tout ce que je dis, c'est que la période stable d'agriculture en France a été forcément beaucoup plus longue qu'ici et que là bas, ben, y'en a un de terroir, et même plusieurs. Sur ce chapitre, ici y'a pas grand chose en comparaison.

    - Sur Richard Desjardins et l'attitude des Québécois face à l'érudition: J'espère que tu avais compris que mon but n'était pas de faire la promotion de Desjardins, n'est-ce-pas? Mais je vais quand même le relever, parce que sans le vouloir tu apportes de l'eau à mon moulin. Desjardins, un médiocre, vraiment? D'après moi, c'est un excellent chansonnier/poête Québécois qui écrit des textes très beaux et forts. C'est facile de s'en rendre compte en prenant la peine de les lire. Rigole tant que tu veux, mais pour ma part j'aimerais beaucoup avoir une plume aussi médiocre que la sienne: http://en.lyrics-copy.com/richard-desjardins/lomer-a-la-frenchie-villon.htm

    - La remarque sur l'extrème droite en France tombe sur le coup de la première réponse.

    - Concernant Jacques Demers: Je ne sais pas si le Sénat devrait être aboli et je ne suis pas aussi au courant que toi des intrigues gouvernementales. Je crois qu'on peut dire sans trop se tromper que Demers est un personnage très populaire et aimé au Québec. Mais ce qui est remarquable, c'est que pour faire plaisir au Québec, on nomme un analphabète à un poste politique et qu'une bonne partie de la population Québécoise applaudit la décision (consulte les journaux du temps).

    - Sur le NPD: Les Québécois ont voté pour Jack Layton, le gentil monsieur au sourire si sympatique qui allait nous protéger du méchant Harper et de son pétrole de l'Ouest. On aura en temps et lieu l'occasion de constater tout l'effet de ce choix intelligent. Comme je l'ai écrit, les Québécois ont souvent eu des soubresauts de révoltes, mais ça n'a jamais rien donné, parce que peut-être, comme l'implique Foglia dans un de ces articles, au Québec on aime ça rêver de toutes les grandes choses qu'on pourrait faire si nous n'étions pas pas si occupé à débattre de choses sans importance.

    - Sur la corruption: Décidément, t'as le "Faux!" facile, toi. T'as juste à aller demander aux beaucerons ce qu'ils pensent de Maxime Bernier, le ministre des affaires étrangères qui s'est fait siffler ses documents par une fille des Hells alors qu'elle lui pompait le mandrin: ils l'adorent et l'ont réelu depuis. Va voir dans la région de Québec combien ils aiment les gens/voitures/idées/animaux qui viennent de Montréal. Des exemples illustrant l'esprit de clocher, il y en a des masses. Et _tous_ les Québécois savent que les libéraux sont corrompus depuis l'affaire des commandites qui date de 1997 environ. Depuis, les libéraux amassent les scandales. Toutefois, pour une inexplicable raison, ils sont réelus encore et encore, et pas qu'à Montréal pleine de vilain immigrants, même les régions s'y mettent à bras racourcis. Si je ne me trompe pas, on est à leur troisième mandat et, à mon avis, pas en si mauvaise posture pour le quatrième, nous verrons celà... Ce que la petite et sous-financée escouade anti-corruption est en train de se rendre compte, c'est que la corruption au Québec, c'est pas juste un phénomène exceptionnel de une ou deux personnes. Ça ressemble plus à une règle qui touche plusieurs municipalités. Et encore, ils n'ont pas commencé à passer au crible les vrais gros morceaux comme Québec, Laval (une ville de banlieue de 500,000 habitants) et Montréal, qui vont prendre des années à examiner. Penses-y, le maire de Laval, Vaillancourt, est au pouvoir depuis quasiment 35 ans avec entre autres des gros travaux de voiries faits pratiquement tous, depuis 35 ans, par la même compagnie. Des dénonciation de pots de vins dans les journaux. Pour en rajouter, la commission Charbonneau qui enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction. Même une revue canadienne, le MacLeans, a mis le Québec en première page comme "La province la plus corrompue du Canada!"... Y'a qu'a consulter le journal de montréal des deux dernières années et de regarder les abus et les scandales. Remarque, je ne prends aucun un de ces faits comme étant significatif outre mesure. Mais quand on considère la somme de tout ça, qui ne représente forcément qu'une partie du tout? Ouf!

    - Sur les campagnes politiques: Voir la première réponse (je me fous qu'en Boursoulavie, ce soit 103 fois pire) . Mais je suis sur qu'au Québec, un premier ministre visionnaire qui apporte des solutions complexes aux problèmes complexes ne sera jamais élu. Tous ceux qui promettaient dans ce domaine ont été éventuellement descendus en flammes.

    - Sur Jean Chrétien: Non, ce n'est pas essentiel. Le problème n'est pas de savoir si lorsque le Canada Anglais décide quelque chose, ils sont capable de nous l'enfoncer bien profond, la réponse c'est évidemment oui. Le problème n'est pas de savoir est-ce que c'est la exclusivement la faute du Québec si Chrétien a été élu, la réponse c'est évidemment non. La question c'est: est-ce que les Québécois ont l'habitude de voter massivement pour des politiciens d'envergure? La réponse, eh ben, c'est non. À un point où les gens d'envergure délaissent la politique pour aller faire autre chose. Est-ce que c'est pas Parizeau qui avait dit quelque chose à cet effet, comme quoi que la politique au Québec était extrèmement difficile? C'est peut-être quelqu'un d'autre, mais l'idée est là.

    - Sur les élus qui distribuent les faveurs: Eh bien, je suis heureux que tu sois d'accord avec moi. Le fait que c'est, d'après toi, partout ailleurs ne change rien à l'affaire, mais ça fixe les gens qui espéreraient mieux et ceux-là feraient mieux d'aller en Norvège.

    - Sur les manif étudiantes: Écoute, sais-tu, je veux bien te croire. Assumons pour l'instant que les manifs étudiantes sont finalement le signe d'un ras-le-bol durable de la population et que la commission Charbonneau va réussir à purifier l'air dans l'industrie de la construction. Maintenant, je te propose d'attendre quelques temps pour voir comment ça va se dérouler. Y'a tellement de monde sur la ligne de mire de Charbonneau qu'on pourrait remplir des salles de spectacle avec. Politiquement, là dedans, y'a des syndicats tout puissants et des magnats qui ont quasiment plus de fric que le gouvernement lui-même. Et la mafia. Alors donc, mon cher MacKenzie, j'ai très hâte de voir tout le résultat de ce magnifique travail. Pour ma part, tu m'excuseras de ne pas retenir ma respiration, parce que je m'attends à une fin en queue de poisson comme les autres commissions précédentes: dans le filet, du menu fretin qu'on écrabouille bien comme il faut. Les gros poissons, eux, restent et continuent à faire ce qu'ils ont toujours fait, mais plus intelligemment. Mais si je me trompe, je te jure que je vais lever mon verre à ta santé.

    - Sur les statistiques sur l'éducation: J'ai pas à courir après les stats, car j'en donne une évaluation subjective qu'ils est facile de vérifier en faisant une recherche facile sur internet. Y'a plein d'infos sur le sujet, par exemple: http://www.ledevoir.com/societe/education/310244/etude-de-statistique-canada-le-quebec-cancre-du-canada-pour-le-taux-de-diplomation

    - Sur la qualité du système d'enseignement: Ah, ben là, tu m'en bouche un coin. L'OCDE, rien de moins? Moi, j'ai deux enfants, dont un au CEGEP et je t'assure que j'ai suivi ça de très près. J'ai déjà enseigné à l'université et, pour fins de comparaison, dans un lycée français niveaux première et terminales pendant deux ans. Ton OCDE machin peut bien hurler qu'on est les meilleurs de la galaxie, je m'en bat l'oeil. Je peux assurer (pour l'avoir constaté avec des copains) que beaucoup de Français ont comme un choc quand ils voient le niveau du système pré-universitaire ici. Pas de blague. T'as juste à aller faire un tour dans une classe de français ou d'histoire dans un établissement du système français, pis je peux te garantir que même un gars aussi renseigné que toi vas apprendre beaucoup de choses intéressantes. Un élève moyen venant du système Québécois aurait besoin d'énormément de rattrapage pour s'y mettre. Maintenant, comme je l'ai écrit, il y a toujours moyen de trouver de bonnes écoles. Mais ça demande de l'effort, et c'est généralement dans le privé. Pas parce que ça n'existe pas dans le public, mais les écoles de quartier acceptent en priorité justement les élèves du quartier. Une école publique exceptionnelle (et il y en a peu) peut avoir une liste d'attente (au cas où des gens déménageraient) de 500 élèves. Inutile de dire que lorsque malheureusement vous avez dans votre quartier des écoles publiques qui ne correspondent pas à vos standards, il vous reste le choix entre des écoles spécialisées (comme l'école internationale) et le privé.

    - Sur la bouffe: De deux choses l'une: ou tu n'as jamais mis les pieds en France, ou alors le gars qui t'as vendu ton billet d'avion en rigole encore. Ben oui, à Montréal ou Québec (dans une moindre mesure) ou des villages pour touristes, y'a moyen de bien manger, mais dès que tu sors des centres pour les vacances, c'est burger city (sauf les exceptions qu'il faut dénicher que j'ai mentionné plus haut). J'avoue encore une fois que mon jugement est personnel, mais c'est quand même celui de quelqu'un qui sillonne le Québec à moto, de l'abitibi à la gaspésie et de la frontière des USA à Parent. Mais mon cher MacKenzie, même si je te concédais _tout_ sur ce point, il resterait quand même qu'à côté de la France, le Québec gastronomique est un désert. Remarque, moi aussi je m'y plait dans mon désert: j'y suis né et je n'ai aucun problème à engouffrer avec plaisir une bonne poutine à l'huile moteur. Mais quand j'arrive là-bas, grands Dieux... T'as même pas à te forcer en campagne: tu t'arrêtes dans pratiquement n'importe quel village et tu te régales. Dans l'AutoGrill entre la france et l'italie (l'équivalent de notre Porte du Nord sur la 15), y'a des jambons, des saucissons, des meules de parmesan entières et ce qu'on y mange, dans cet arrêt d'autoroute, ben je connais des restos montréalais qui souhaiteraient en faire autant. Tu sais pas à quel point j'aimerais ça leur damer le pion aux français là-dessus, mais je suis forcé de rendre à César ce qui appartient à César. À moins d'arriver directement d'une banlieue parisienne de laquelle ils ne sont jamais sorti, les Français ne peuvent pas ne pas remarquer la différence.

    - Sur la culture: Tu as raison, c'est vrai que c'est très personnel. Mais je ne comparais pas la culture du Québec avec l'anglo-saxonne, je ne disais celà que pour introduire la notion que les Québécois sont extrèmement suceptibles. Et, encore une fois, c'est toi qui me viens en aide: je suggère aux gens qui lisent ceci de dénicher dans les réponses de MacKenzie les insultes dont il m'abreuve, directes ou à peine voilées, ainsi que de juger de la véhémence de ses dénégations, afin d'entrevoir un peu cette suceptibilité que j'évoque dans mon texte. Tout ça parce que j'ose avoir autre chose qu'un jugement complaisant sur ma province. Et je vous assure qu'ici, MacKenzie n'est pas une exception.

    - Sur les employeurs: Je crois être juste sur ce point. Je travaille en informatique pour une corporation américaine et j'ai souvent eu comme collègue des gens de d'autres pays qui n'avaient pas de diplômes universitaires, même si la "règle" est qu'il faut en avoir un pour occuper ce niveau d'emploi. Évidemment, ces personnes étaient effectivement très compétentes et pouvaient le démontrer facilement. Nous faisions grosso-modo le même salaire. J'ai, de surcroit, déjà parlé de cet état de fait avec les directeurs R&D, et ils confirment l'existence d'une certaine flexibilité à cet effet. Évidemment, je ne dis pas qu'un enfant peut appliquer sur un poste de professeur d'université, mais si une personne peut démontrer sa compétence et son expérience lors de son entrevue apporte une lattitude sur l'interprétation du reste du CV. Comme je disais aussi, dans certains domaines ou postes, c'est impossible et l'application de standard est plus rigide (généralement dans les corporations comme les médecins, les avocats, les ingénieurs, etc.). Sur une autre ordre d'idée, oui, c'est vrai que les employeurs n'ont pas le droit de fournir directement de mauvaises recommendations. Vérifie aux normes du travail, tu verras. Un employeur pourrait se faire poursuivre.

    - Sur la conclusion: Si tu croyais que je suggérais aux immigrants français d'aller faire un tour à Digby ramasser des pétoncles, tu t'es trompé. Va plutôt faire un tour à Toronto et dans l'ouest. Tu vas comprendre où réside le pouvoir économique du Canada anglais.

    Voilà.

    Alors MacKenzie, puisque comme Elvis Gratton tu sembles admirer beaucoup les Amaricains, tu vas être content de me voir conclure notre échange avec une de leur expression: "Let's agree to disagree". Libre à toi d'interpréter ça comme une capitulation (en fait, je crois que ça me ferait plaisir).

  10. J'ai écrit ce qui suit et je suis prêt à en débattre (et je l'ai déjà fait avec plusieurs personnes, face à face et bière en main), mais je n'ai ni l'envie ni le temps d'entrer dans un échange d'injures.

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    Vous avez commencé des démarches afin d'émigrer au Québec et, au delà des statistiques sur la température en hiver, du sirop d'érable et autres clichés, vous aimeriez vous faire une idée de l'essentiel, c'est à dire: "Comment c'est, au juste, vivre au Québec?". Les avis de toutes sortes pleuvent sur internet mais, au bout du compte, par quels arguments vous laisserez-vous convaincre? Par celui du français intégré qui a quelques bonnes choses à dire? Par celui du rêveur bercé d'espoir mais reparti déçu, enragé et appauvri? Par celui du Gouvernement du Québec, qui dirait n'importe quoi afin de renflouer ses coffres éternellement vides et de combattre un taux de natalité chancelant? Ou alors, par l'encouragement débridé des enthousiastes qui sont toutefois toujours du même côté de la frontière que vous?

    Les informations contradictoires s'empilent en une bouillie assez confondante pour un immigrant, car les opinions virulentes sont nombreuses et la proportion des français qui finissent par repartir est inquiétante. Croyez-vous vraiment probable que tous ces mécontents se trompent en même temps, ou que leur échec ne soit du qu'à eux? À moins de n'avoir rien à perdre, il serait judicieux d'essayer d'en savoir plus avant de déménager.

    Je suis un Québécois tombé par hasard sur des sites web où des Français se plaignaient de leur expérience comme immigrant dans mon pays. J'avoue avoir été choqué car j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de gens haineux. Mais j'ai continué à lire les nombreux témoignages. Cette interminable liste de détracteurs m'a poussé à réfléchir à la question: comment est-il possible de vivre une expérience aussi mauvaise dans un endroit aussi anodin que le Québec? Et j'ai continué à lire, dans le but d'essayer de comprendre où pouvait être le problème. Ce qui suit est une réflexion libre sur ce sujet de la part d'un «québécois pure laine» qui visite de temps en temps la France et côtoie des Français comme amis, collègues ou même membres de sa propre famille. J'espère que ceux qui songent à immigrer au Québec vont prendre le temps de lire ceci et, surtout, de comprendre les mises en garde présentées, afin de s'éviter une amère et apparemment (du moins de l'avis de ceux qui repartent en claquant la porte) couteuse déception. Ma province n'est pas le pire endroit de la planète, loin de là, mais nous avons nos défauts qu’un immigrant a tout avantage à connaitre. Si vous connaissez un Européen qui songe à passer à l'acte, dans son intérêt refilez-lui ce texte, qui décrit une réalité certes subjective, mais plus directe que celle qui est ordinairement présentée et qui, surtout, provient de quelqu'un qui n'a rien à vous vendre.

    Sur les forums, deux grandes sources d'insatisfactions des immigrants français ont principalement retenu mon attention:

    1 La difficulté d'établir des contacts

    C'est amusant de lire qu'il y a encore des français qui n'arrivent pas à se faire de liens dans la communauté québécoise. C'est pourtant si simple! Mais comme dans la plupart des communautés, il y a des façons de faire les choses et des gestes à ne pas poser. Le Québécois moyen est généralement débonnaire, mais ne vous y fiez pas. Commettez certains impairs d'entrée de jeu et les portes se refermeront mystérieusement d'un coup. Ce qui est particulier avec les gens de ma province, c'est que les effets de certaines offenses sont malheureusement difficilement réversibles, pour des raisons que j'explique plus bas. Les échanges subséquents resteront relativement courtois en surface, personne ne vous «fera la gueule» ouvertement, mais vous serez soudainement devenu une personne à éviter (c'est l'origine du fameux «maudit français»). À l'inverse, une fois que des liens d'amitié seront solidement établis, il est possible de commettre ces faux-pas, parce que vous faites maintenant pour ainsi dire partie de la famille et les gens vont se permettre d’en débattre ouvertement avec vous s'ils considèrent que vous exagérez. L'important est de comprendre qu'il faut faire attention en abordant les gens, le temps qu'une relation de confiance s'établisse. Ces limites ne sont pas nécessairement évidentes, et certaines attitudes typiquement françaises font qu'elles sont souvent franchies, involontairement ou non. Pour comprendre où elles sont, il faut comprendre un peu la psychologie du Québécois et sa culture.

    Sur les forums, je lis partout que les «Québécois» sont présentés comme une communauté homogène. Cependant, au delà des points communs et malgré leur faible nombre, il existe des différences énormes entre eux, qui font même que certains peuvent sembler très exotiques pour d'autres. Et cette différence est parfois aussi difficile à franchir que celle qui pourrait séparer un jeune parisien de banlieue d'un vieux provençal. Sauf qu'au Québec, cette différence peut exister entre gens d'une même génération et d'un même quartier.

    Il n'y a pas si longtemps, les Québécois étaient un peuple de bucherons, de défricheurs, de chasseurs-cueilleurs et de coureurs des bois dont la dynamique est un peu différente des peuples provenant d'une souche d'agriculteurs/paysans. Si on ne les contraint pas, les paysans produisent éventuellement plus qu'ils ne peuvent consommer, fabriquent des produits transformés qu'ils raffinent au cours du temps, et se constituent peu à peu un terroir. Il sont amenés à faire commerce de leurs produits et à trouver les moyens d'accroitre leur production. Certains d'entre eux deviennent bourgeois et commerçants. L'éducation est une valeur souhaitable dans une telle communauté, car elle permet de faire de meilleures affaires et d'optimiser la production. Dans des conditions similaires, un paysan aux connaissances plus grandes aura plus de succès que les autres. Les paysans vont admirer un commerçant influent qui a réussi, le maire ou un législateur qui invente des lois pour régir les échanges et les rendre plus sécuritaire ou efficace. Le fait d'avoir accédé à un poste important, ou d'avoir un diplôme prestigieux, parle de la valeur de cette personne. En revanche, ceux qui n'ont pas réussi à obtenir de telles marques de reconnaissance sont en général moins considérés.

    À l'opposé, un bucheron se rend à un endroit, abat les arbres qui sont là, et les vend à quelqu'un qui les transforme en quelque chose d'autre. Lorsqu'il n'y a plus d'arbre où il est, il va couper plus loin. Lorsqu'il n'y a plus d'arbres où il peut aller, il exploite une autre ressource ou meurt de faim. L'éducation n'est pas une valeur très importante, parce que pas vraiment utile. Seule compte la débrouillardise sur le terrain et l'esprit d'initiative: un bucheron débrouillard survit mieux qu'un autre. Le bucheron respectera donc un bucheron plus costaud qui abat son arbre en moins de temps. Il a le culte du héros, de l'homme fort du village et de l'athlète, peu importe l’utilité réelle de ce dernier pour sa communauté.

    Une conséquence de ce qui précède est qu'il circule encore au Québec une vague mentalité que des valeurs comme l'éducation et l'érudition sont inutiles, un peu suspectes et tenues comme légèrement équivalentes à de la prétention. Même s'il n'est pas avoué tout haut, ce sentiment est partagé par une bonne partie de la population -- mais pas toute, ni au même niveau. Ce qui distingue le plus les Québécois francophones les uns des autres est leur niveau d'ouverture au monde et niveau d'éducation (ces deux choses n'étant pas nécessairement liées). En pratique, ça veut dire quoi? Que deux Québécois dits «de souche», du même âge, possédant un même diplôme scolaire, peuvent avoir deux bagages culturels radicalement différents. Par exemple, quelqu'un peut connaitre par cœur Richard Desjardins (un grand chansonnier d'ici), tandis que son voisin n'en a seulement jamais entendu parler. Il n'y a pas vraiment de tronc commun culturel chez les Québécois. Le même phénomène existe surement ailleurs mais, ici, c'est assez marqué.

    Certains points permettent d'illustrer un peu ce qui précède:

    - Au Québec, les hommes politiques qui ont l'air intelligents, ou qui s'expriment comme s’ils l’étaient, cèdent presque toujours le pas aux populistes exprimant des idées simples avec des mots simples. La population trouve les premiers bourgeois et prétentieux, tandis que les autres sont vus comme abordables et rassurants. Par conséquent, nos politiciens ressemblent souvent plus à des entraineurs d'équipe de hockey qu'à l'idée que l'on se fait habituellement de chefs d'état. Pour vous permettre de comprendre le phénomène, faites des recherches internet sur «Jacques Demers». Cet homme, pourtant analphabète fonctionnel, s'est fait offrir un poste politique de Sénateur. Ce genre de pratique peut paraitre assez surprenant pour un peuple qui nomme comme ministre des André Malraux.

    - Aux urnes, les Québécois votent généralement moins pour une idéologie que pour un individu. Un député soupçonné de frayer avec des groupes criminels sera réélu sans trop de problème s'il démontre qu'il est toujours un « bon p'tit gars du comté », peu importe son niveau de corruption ou son incompétence. Ceci fait que les scandales passent, mais les politiciens finissent presque toujours par rester avec la bénédiction éventuelle de la populace. L’argument « de toute façon ils sont tous pareils », est utilisé largement par les Québécois pour justifier cet immobilisme. Les campagnes politiques sont plus axées sur la démolition des adversaires que sur la présentation des stratégies à employer pour attaquer les grands problèmes de l'état, qui de toute façon ennuient à mort la majorité de l'électorat. Pour que des carrières politiques tombent, il faut des incidents majeurs où la police s'en mêle. Ça, ou abuser dans ses discours des mots de plus de deux syllabes. Pour vous en convaincre, recherchez «Jean Chrétien» sur YouTube et Wikipédia. Croyez-le ou non, cet homme politique dont on a dit ironiquement qu'il «parlait deux langues secondes», a été 10 ans premier ministre du Canada (avec la bénédiction des Québécois). Cherchez ensuite «Jacques Parizeau», un politicien impopulaire qui fut jugé «bourgeois» et «distant» par une bonne partie de la population québécoise. Toute partisannerie mise à part, la différence d'envergure entre les deux est ahurissante.

    Toujours est-il que ce constant nivèlement par le bas fait qu’hormis les occasionnels mouvements de protestations politiques aux effets très temporaires, le régime politique québécois gravite plus ou moins autour d'une espèce de centrisme mollasson sans vision à long terme, qui ne fait pas de vagues et surtout protège les fortunes établies. Les grands partis politiques québécois sont plus des incubateurs à hommes d’affaires que des regroupements de visionnaires. Appartenir au parti au pouvoir permet aux élus de distribuer des faveurs, sous la forme de contrats lucratifs accordés aux sociétés privées, qui leur sont rendues avec intérêt lorsqu’ils quittent la politique. Les histoires de corruptions rocambolesques à grande échelle se succèdent dans les journaux sans que la population ne réagisse autrement qu’en grognant un peu en lisant le nouveau scandale remplaçant celui, vite oublié, du mois passé. Le système électoral n’est pas proportionnel et assure théoriquement une voix plus forte aux régions éloignées moins peuplées. En réalité, ce système permet au parti au pouvoir de contrôler l’interprétation du vote populaire, en modifiant astucieusement la carte électorale pour regrouper les circonscriptions afin de « noyer » les opposants, ou en ajoutant de nouveaux députés pour donner plus de poids aux régions alliées.

    - Le taux d'abandon des jeunes garçons à l'école secondaire (niveau de 12 à 17 ans) se situe entre 30% et 50%. Un sur trois abandonne l'école avant sa majorité! Inutile de dire que la proportion de la population qui obtient un diplôme universitaire est minuscule.

    - Le niveau moyen du système d'enseignement public, primaire et secondaire, est médiocre. Pas au point où il est impossible de réussir quand on y a été inscrit, mais il reste quand même assez bas. Toutefois, ce niveau varie largement d'un établissement à un autre et dépend beaucoup de la qualité et du dévouement du personnel qui y travaille. Pour pouvoir s'assurer un niveau de qualité qui correspond à leurs attentes, ceux qui peuvent se le permettre magasinent de plus en plus dans le système scolaire privé.

    [sachant tout cela, vous ne serez donc pas étonné d'apprendre que le Gouvernement du Québec n'a plus un sou et doit emprunter toujours d'avantage, au hasard des promesses électorales à court terme destinées à acheter sa populace crédule. Seulement, la réalité nous rattrape implacablement: notre réseau routier est épouvantable comparé à celui de l'Ontario, la province voisine. Le système de santé frise l'inacceptable. L'éducation publique est la proie de fumistes qui, au moyen de réformes, utilisent la population comme cobaye pour tester des théories controversées. Que dire du grand nombre de corporations étrangères de haute technologie implantées au Québec faisant la fierté des politiciens, qui ne manquent jamais de souligner cet exemple de dynamisme économique? En réalité, ces compagnies bénéficient d'avantages fiscaux si fabuleux et de subventions si grasses, qu'on pourrait être tenté d'argüer que le Québec leur paye en fait un tribut, puisé à même le trésor public, pour avoir le privilège de les garder au pays. Les différents organismes gouvernementaux qui perçoivent l'argent des Québécois, comme la Société de l'Assurance Automobile du Québec, avaient naguère réussi à amasser des surplus substantiels qui ont été éventuellement drainés pour financer à perte d'autres dépenses ruineuses si bien que, quelques décennies plus tard, les réserves sont épuisées presque partout. Les infrastructures comme les ponts, viaducs, égouts et aqueducs datent d'un temps où la réalité économique était différente et sont présentement dans un état de délabrement assez avancé. Le cout des soins médicaux augmente. La population du Québec, vieillissante et relativement réduite, n'aura probablement pas d'autre choix que de continuer à emprunter massivement, de bazarder à perte ce qui reste de ses ressources naturelles, de lever d’autres impôts déguisés et de faire immigrer n’importe qui avec de l’argent, afin de financer ses services sociaux onéreux et désuets. Bref, le futur économique du Québec est tout, sauf assuré.]

    Si certains Québécois sont très cultivés, le citoyen moyen ne l'est pas vraiment. Il existe deux principales influences culturelles pour la population francophone: la culture américaine et la culture francophone (française et franco-québécoise). Chaque Québécois fabrique son mélange spécifique, principalement à partir d'une combinaison de ces deux vecteurs. Il y a aussi ceux, nombreux, qui ne vivent dans aucun référentiel culturel particulier. Comme partout ailleurs, les gens apprécient plutôt ceux avec qui ils ont des affinités et, sans bien sûr en faire une règle stricte, ils s'agglutinent plus ou moins selon ce critère. Qu'est-ce que cela peut vouloir dire pour un immigrant français? Ça veut dire que, si vous tombez sur une bande de Québécois qui sont incapables de placer l'Europe sur une carte et n'ont aucune envie d'en apprendre plus, le prochain groupe rencontré une rue plus loin pourrait bien vous réciter Rimbaud par cœur. Si on ajoute à cela les influences culturelles moins fortes (sud-américaines, africaines, etc.), vous ne savez jamais sur quel mélange vous pouvez tomber, peu importe le lieu, le niveau d'éducation académique, la lourdeur de l’accent, etc.. Le mot d'ordre est donc de sonder les gens pour vous choisir des amis compatibles et, surtout, de savoir modérer vos attentes par rapport au reste.

    La culture du Québec, créée et consommée presque uniquement par une certaine élite, est assez dynamique malgré tout ça. Mais les manifestations culturelles sont principalement centrées autour de Montréal, où est concentré environ la moitié de la population de la province. Il est possible d'être heureusement surpris en région éloignée par un festival, ou un évènement isolé– après un long trajet en automobile, évidemment.

    J'illustre avec un petit exemple culinaire :

    En France, vous n'avez qu'à faire 50 km dans n'importe quelle direction pour voir la cuisine changer au gré du terroir local et, en général, ce qu'on y trouve est très bon. Au Québec, d'est en ouest et du nord au sud, sur une surface qui équivaut environ à quatre fois la France, on trouve des casse-croutes qui servent, en plus des pizzas et hamburgers d'usage, un plat appelé «poutine», qui est en fait une variation sur le thème classique «pomme de terre + fromage + sauce». Ce qui est curieux c'est que, où que vous ailliez au Québec, vous allez y retrouver exactement le même plat: la même sauce brune industrielle, le même fromage qui ne goute presque rien. C'est étonnant de voir à quel point quasiment personne n'adapte le plat ou essaye de servir autre chose. Alors, oubliez les équivalents de vos endives au gratin et de vos blanquettes régionales. Toutefois, de temps en temps, quelqu'un (le plus souvent un habitant d'une grande ville se payant un romantique exil campagnard) décide d'ouvrir un bon restaurant ou une épicerie dans un trou perdu. Ces établissements sont chers, assez rares et ferment souvent leur porte au bout de quelques années parce que la population locale n’est pas suffisamment intéressée pour lui permettre de survivre.

    Si on ne peut pas vraiment parler de terroir québécois, quelques régions du Québec ont leur «spécialités» locales. Mais ne vous réjouissez pas trop à l'avance: si c'est généralement mangeable, ne vous attendez surtout pas à des merveilles.

    Toutefois, il est vrai qu'il existe quelques bons produits artisanaux transformés au Québec, par des gens d'ici qui ont décidé de faire quelque chose de bon, généralement à partir d’une idée provenant d’Europe. Par exemple, on fabrique au Québec d'excellents saucissons dignes de rivaliser avec leurs équivalents français, qu’on peut obtenir dans quelques épiceries dites « fines » qu’on trouve dans les plus grandes villes (les épiceries ordinaires tenant rarement autre chose que des grosses marques industrielles). Malheureusement, ces charcuteries hors de prix sont vendues environ le double du Prosciutto le plus fin importé directement d’Italie… Le résultat est que ces humbles saucissons de porc qui, histoire de permettre à un terroir de prendre racine, devraient normalement se retrouver dans les boites à lunch des travailleurs et des écoliers, ne trouvent leur place que sur la table des mieux nantis en petite tranches ultraminces entre le foie gras et le caviar. On dirait qu’au Québec, le simple fait qu’un produit ait une quelconque ascendance européenne soit suffisant pour lui conférer une auréole de produit de grand luxe. Le jour où les Québécois réaliseront que les Européens chient, ils se vendront probablement entre eux de la merde à prix d'or dans des petits pots enrubannés.

    Si vous ajoutez à tout ce qui précède la forte pression du Canada Anglais dont le rêve le plus cher est d'anéantir notre communauté d'empêcheurs d'uniformiser en rond, dont il ne comprend pas la langue et qu'il méprise depuis toujours, vous ne serez pas surpris d'apprendre que les Québécois se sont développés un vaste complexe d'infériorité. Les Québécois, pas réellement fiers, sont d'une grande timidité culturelle. Ils ont parfois honte de ce qu'ils sont et, au contraire des Américains et de leurs laquais du nord (les Canadiens anglais), ils doutent beaucoup d'eux-mêmes. Certains, en réaction, adoptent une fierté aussi tonitruante que ridicule du moindre petit machin Québécois. Mais le fond reste le même. Tout ça fait que nous sommes un peuple beaucoup plus susceptible que les Français, les Anglais ou les Américains. Bien sûr, ce trait de caractère est enfoui sous un surmoi bien moderne, mais les Français qui auraient tendance à être irrités de naviguer autour des susceptibilités de «ceux qui doutent» ne devraient pas émigrer au Québec, car ils ne manqueront pas d'y être malheureux.

    Contrairement à ce que beaucoup prétendent, le Québécois moyen n'est pas plus xénophobe qu’un autre mais, attention, ceci ne veut pas dire qu'il est ouvert pour autant. Moins il est éduqué, plus il est frileux et déconcerté par les coutumes étrangères, qui lui semblent bizarres et parfois rebutantes lorsqu'elles vont trop à l'encontre des pratiques usuelles. Et ces frileux sont légions.

    Normalement, dans un pays, les directives sont claires et tous doivent s'y conformer. Au Québec, le manque d'assurance de la population fait que certaines communautés culturelles peuvent faire du lobbying pour se négocier en sous-main des privilèges spéciaux de toute sortes, nommés «accommodements raisonnables» et, parfois, vont même jusqu'à les faire enchâsser dans les usages ou la loi. Par exemple, un arrondissement de la ville de Montréal a ainsi "accommodé" les règlements municipaux afin de ne pas avoir à donner de contraventions aux membres d'une certaine communauté religieuse pendant leur fête hebdomadaire. Pourtant, un Québécois d'un autre quartier ne peut compter sur aucune tolérance de la part de l'administration montréalaise, habituellement sans pitié quand il s’agit de pomper les poches de ses contribuables. Cette communauté peut avoir l'impression d'avoir marqué le point en ayant réussi à se magouiller un avantage particulier, mais est-ce bien dans son intérêt à long terme? Face à ce genre de pratique, le reste de la population n'a peut-être pas assez de volonté pour régler la question une fois pour toute, mais devient de plus en plus mécontente de ces gens qui abusent et, du même coup, en profite pour simplifier la question en mettant tous les immigrants dans le même sac.

    Sur un des forums, j'ai lu le message de quelqu'un qui avait trouvé que les Québécois semblaient «tous faits sur le même moule». Pourtant, l'homogénéité n'est pas un trait québécois et la population du Québec est divisée sur presque toutes les questions. Il est toutefois des circonstances où, effectivement, nous empruntons presque tous la même attitude. C'est lorsqu'un des impairs évoqués au début de ce texte est commis. Et quelqu'un qui commet systématiquement ce genre de faux-pas va trouver qu'effectivement, tous les Québécois rencontrés sont fait sur le même moule, et pas un des plus agréables. En gros, nous adoptons un visage impassible et aussi poli que nous pouvons le faire, alors que nous éprouvons une envie irrésistible de cesser tout contact avec vous, ce que nous ne manquons pas de faire à la première occasion. Inutile de dire que, si vous adorez adopter une attitude suscitant ce genre de réaction, vous ne vous ferez pas beaucoup d'amis parmi les indigènes.

    Ces principales choses à ne pas faire sont:

    1. Faire le « schtroumpf à lunette », c'est à dire corriger sans tact une erreur commise par quelqu'un. Les français ont tendance à commettre celui-là assez fréquemment, peut-être parce que leur tradition éducative met l'accent sur une certaine rigueur. Les français les plus incultes se rappellent que, même s'ils ont oublié comment écrire le mot «mouton», ce dernier prend un «s» au pluriel... et sont tentés de faire la leçon à ceux qui autour d'eux se trompent. Malheureusement, ce genre de tentative est perçu comme une tendance à vouloir se hisser au dessus des autres et est punie d'ostracisme. Si vous devez absolument corriger quelqu'un, faites-le avec beaucoup de tact et de délicatesse. Laissez plutôt au temps le soin de révéler vos considérables dons et les Québécois viendront éventuellement d'eux-mêmes s'abreuver à votre puits de science. Les gens qui sont nés quelque part et qui ne peuvent résister à la tentation d'asperger l'entourage de leur savoir feraient bien d'éviter le Québec comme la peste parce que sinon ils vont gouter comme beaucoup le déplaisir de devenir «persona non grata».

    2. Dénigrer le Québec, la façon de s'exprimer de ses habitants, ou ses produits. Ici, bien des choses sont susceptibles de rester en travers du délicat gosier d'un Français. Mais si même les Québécois les plus obtus se doutent que la poutine (dont j'ai parlé plus haut) n'est pas un délice digne d'un monarque, se le faire rappeler sans arrêt par un chiant qui tient, non seulement à nous vanter les mérites de son pays d'origine, mais du même coup à nous démontrer que chez nous tout est de la merde, ça nous indispose. De la même façon, se faire dire que nous baragouinons un dialecte au lieu de parler le français, ça insulte à mort même ceux qui, effectivement, ne font que baragouiner! Cet impair est un autre grand favori des français. J'imagine que ça vient d'être né avec une des grande cultures du monde toute crue en bouche, mais ceux qui ne peuvent s'empêcher de jouer les «Tintin au Congo» et dont les oreilles sont écorchées par les expressions d'ici s'éviteront de prévisibles désagréments en ne venant pas au Québec.

    3. Engager une discussion politique avec un Québécois qu'on ne connait pas peut être délicat. Ceux qui prennent la peine de lire une chose ou deux sur le Québec ont peut-être remarqué la mention d'un «mouvement souverainiste» quelque part. Malgré ce que prétend le gouvernement fédéral, il ne s'agit pas d'une petite secte insignifiante et représente, bon an mal an, environ 40% de la population. Les souverainistes sont souvent convaincus que les fédéralistes francophones sont des traitres de droite sans vision qui mangent dans la main de leurs maitres. Pour les fédéralistes, les indépendantistes sont des rebelles gauchistes qui complotent pour détruire la belle unité canadienne. Bien que de se promener dans les rues en hurlant «À bas ceci ou cela» est beaucoup moins risqué qu'à Ajaccio, rigoler d'une option ou la taxer de ridicule devant quelqu'un pourrait vous valoir son inimitié. Si vous ne connaissez pas les convictions de la personne à qui vous parlez, taisez-vous en attendant d'y voir plus clair.

    2 La difficulté de trouver un emploi

    Une conséquence positive de la mentalité québécoise, mais dont il ne faut pas surestimer la portée, c'est que les employeurs du Québec se fient généralement plus à leur instinct qu'au Curriculum Vitae. Ils engagent plus «la personne» que le CV peut-être parce que, le système d'éducation québécois étant ce qu'il est, la valeur d'un diplôme varie trop en fonction de la personne. Donc, quelqu'un avec un diplôme de deuxième cycle à l'université peut très bien travailler côte-à-côte avec des autodidactes éclairés qui ont seulement l'équivalent d'un bac français. Les années d'expérience et où vous avez travaillé sont plus importants. Bien sûr, ce que je décris ici n'est qu'une tendance générale, qui dépend aussi beaucoup du milieu dans lequel vous voulez œuvrer, mais l'approche à la Québécoise est relativement intéressante car elle donne la «chance au coureur».

    D'après ce que j'ai lu sur les forums, le Gouvernement du Québec en parle effectivement, probablement pour rassurer les gens sur leurs chances d'obtenir un emploi chez nous. Mais avant que tous les laissés-pour-compte du marché de l'emploi français sautent en se frottant les mains dans un avion, je leur suggère de prendre connaissance de deux détails assez importants:

    1. Si vous n'êtes pas capable de faire la promotion de votre personne de façon convaincante pour un Québécois, ou si vous considérez que c'est en dessous de vous d'investir en ce sens, aucun diplôme ne peut vous sauver. Vous resterez probablement à vous tourner les pouces dans votre appartement, comme beaucoup de vos compatriotes. De façon similaire, si vous pensez pouvoir vous permettre d'adopter une attitude méprisante à cause de votre CV prestigieux, ou si vous avez simplement de la difficulté à paraitre sympathique ou abordable, vos chances s'amincissent beaucoup.

    2. Si les entrepreneurs Français font tant de salamalecs avant d'engager un employé c'est qu'ils ne peuvent plus s'en débarrasser après, à cause des lois du travail qui sont assez dures pour eux. Peu importe ce qu'on vous a raconté, ce n'est pas le cas au Québec, alors si vous faites ch**r vos patrons en pensant que vous êtes intouchable, vous courez le risque réel de vous faire foutre à la porte avec une compensation minuscule (par rapport à celle prescrite en France). Et si, à tort ou à raison, vous décidez de poursuivre légalement votre employeur vous pouvez toujours, bien sûr, mais vous allez rapidement vous rendre compte à quel point le Québec peut devenir petit et inconfortable. Officiellement, les employeurs n'ont pas le droit de donner de mauvaises recommandations, mais dépendamment du milieu tout finit toujours par se savoir... Rappelez-vous enfin que les dures récessions mondiales frappent aussi le Québec et que les compagnies qui restructurent en profitent pour larguer le «bois mort» (les indésirables, dans le jargon corporatif). La seule exception à ceci sont les emplois fortement syndiqués comme la fonction publique et les municipalités, qui sont assujettis à des règles d'embauche plus strictes.

    Beaucoup de Français sur les forums accusent carrément le Gouvernement du Québec de mentir sur la reconnaissance des formations et, bien que cela me semble un peu exagéré, il y a probablement là un fond de vérité. Il existe surement quelque chose comme une entente officielle entre la France et le Québec confirmant l'équivalence de certains diplômes. Mais, entente ou pas, ce sont les habitants du Québec qui choisissent de vous engager, ou pas. Pour ma part, j'ai souvent travaillé avec des Français dans mon milieu de travail donc, en théorie, l'équivalence des diplômes ne semble pas être un obstacle si infranchissable. Mais, en pratique, si vous déplaisez pour une raison quelconque, vous êtes foutus. Peu importe l'emploi visé, l'attitude payante est de paraitre débrouillard, flexible et autonome.

    3 Conclusion

    Si votre motivation pour émigrer ressemble de près ou de loin à la recherche d'un endroit où:

    - Vivre dans une vaste demeure achetée pour une bouchée de pain, sise au milieu des « grands espaces » où, revenu du bureau, vous irez vous pêcher une truite pour souper...

    - Vous ne serez plus constamment supplanté sur le marché du travail par des gens ayant eu de meilleures notes, ayant été à une meilleure école, ou généralement plus compétents que vous...

    - Les habitants sont de gentils sauvages mal dégrossis, mais pleins de bonne volonté...

    - Le régime en place est un mariage idéal de la gauche et de la droite, qui vous permettra de vous enrichir tout en étant pris en charge par l'état...

    - Vous pourrez dépasser vos limites dans un pays fort et visionnaire, rempli de vainqueurs tolérants tous convaincus que Dieu est de leur bord...

    - Vivre le « dream » sans avoir à causer l’« american »...

    - Trouver une amélioration quelconque de votre misérable condition humaine...

    ...rendez-vous donc un fier service et n'émigrez pas au Québec. Si votre France vous apparait suffisamment détestable pour que vous ayez envie de la quitter, venir au Québec pourrait bien se révéler une couteuse bourde. Comprenez que les seuls ayant une chance d'y trouver une amélioration de leur sort sont ces pauvres bougres de réfugiés qui, dans leur trou d'origine, reçoivent les bons jours une ration de coups de pied au cul comme salaire. S'il vous faut absolument partir quelque part, essayez les USA, le beaucoup plus prospère Canada anglais, l'Australie ou, pourquoi pas, la planète mars! Vous n'êtes pas encore partis: l'Univers vous appartient.

    D'un autre côté, si vous êtes de ceux qui s’expatrient aux frais d’une généreuse princesse corporative, si vivre une aventure cheveux au vent est votre but, ou si vous voulez échapper à l'ISF pour quelques petites années et cherchez un endroit sécuritaire où le cout de la vie n'est pas trop exorbitant (toutefois de moins en moins vrai) afin de ne pas trop faire fondre votre magot, le Québec n'est pas un mauvais candidat. Nous avons même quelques lycées français où vos enfants pourront continuer leur bac comme si de rien n'était. Une fois votre objectif atteint et une partie de vos sous dépensés (merci beaucoup), vous repartirez chez vous avec un grand sourire idéalement de satisfaction, peut-être de soulagement, ou un peu des deux.

  11. Ouais, bon. Je ne voudrais pas partir un échange d'insultes si c'est possible.

    Mais tu vois PasPire, cette opinion de Mackenzie (la "loi du plus fort" importée directement des USA), n'est pas marginale mais effectivement représentative de ce que pense une certaine partie de la population, surtout dans des régions politiquement plus à droite comme par exemple la ville de Québec.

    Il me semble à moi qu'un potentiel immigrant devrait être plutôt vachement content de lire ce genre de propos AVANT de concrétiser son projet, car ils devraient normalement allumer une petite lumière rouge dans leur tête. En soi, rien qui puisse nécessairement faire avorter son projet. Mais si j'étais à leur place, ça me donnerait l'envie de creuser la question afin de mieux comprendre l'ampleur de ce genre de tendance avant de faire le saut. Et des tendance de ce type, il y en a beaucoup au Québec.

    PasPire, je suis d'accord avec toi quand tu semble dire que la décision d'immigrer est une décision grave avec beaucoup de conséquences pour les personnes. Et je trouve aussi que l'approche "gagnant/perdant", qui présuppose que le bonheur n'est pas un droit à protéger mais quelque chose qu'il faut mériter d'arrache pied, est trop inhumaine et simpliste. Toutefois, je prétend que la présence de Québécois sur ce forum est, au contraire, votre meilleur moyen de sentir la direction du vent. Faites-les bien parler, ces Québécois, provoquez-les à vous dire ce qu'ils pensent. Ça, plus que n'importe quelle propagande gouvernementale, va vous permettre de, ou concrétiser vos peurs, ou les soulager.

    Mackenzie, les avocats des "success stories" sont suffisamment nombreux pour que je n'aie pas besoin d'en rajouter plus et je suis convaincu que, dans ce domaine, tu pourrais t'y prendre beaucoup mieux que moi. Pour ma part, je m'intéresse plutôt aux échecs dont j'ai essayé de comprendre les raisons. À chacun son approche...

  12. @argentino2003

    Il n'y a rien d'étrange. Le juron n'est pas "sacrifice", mais "Sacré fils" avec une prononciation modifiée, qui fait évidemment référence à Jésus. Comment en France, une grande quantité de jurons tiennent leur origine de la religion catholique (là-bas: morbleu, sacristie, etc.) . Au Québec: Crisse (christ), Calisse (calice), Ostie, Tabarnak (tabernacle), Viarge (vierge), etc.

    Sauf qu'au Québec, ils sont toujours en usage. :smile:

  13. Bonjour !

    Je suis un Québécois qui, après avoir parcouru les forums, a écrit un texte qui tente de décrire le Québec d'aujourd'hui aux potentiels immigrants. Je l'ai écrit après avoir lu les critiques de ceux qui repartent déçus, critiques qui me semblent presque toutes fondées et dont la source aurait pu leur être expliquée rapidement _avant_ leur départ, afin de leur éviter à la fois une déception et une perte monétaire non-négligeable (immigrer ne semble pas être très bon marché).

    C'est toutefois un texte très personnel, qui s'écarte des clichés de "grands espaces", d' "aventure" et de "liberté". Il s'agit du regard (parfois assez dur, je l'avoue) d'un Québécois sur sa province, qui devrait peut-être de vous permettre de déterminer un peu plus vos chances d'être heureux au Québec (à mon avis, la question principale).

    Ce texte est assez long (quelques pages), alors je demande à la ronde si quelqu'un serait intéressé à le lire avant de le poster.

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