Bonjour PVT,
Être Français et enseigner au Québec, c'est très possible !
Je voudrais faire un petit billet pour parler de l'enseignement au Québec, pour celles et ceux qui sont intéressés par cette profession, via mon expérience personnelle.
Né en France, Ancien PVT (2008), je suis maintenant citoyen du Canada.
Ingénieur en Électronique (diplôme Français), je suis maintenant enseignant en Génie Électrique dans la grande région de Montréal.
Ce billet intéressera quiconque ayant des aspirations à enseigner au Québec, de surcroît si c'est dans un domaine proche du mien.
1/ Les correspondances entre les études Françaises et Québécoises
Les 2 systèmes d'enseignement sont assez différents (voir image ci-jointe).
Les études au Québec sont obligatoires jusqu'au Secondaire 5. Ainsi, c'est 1 année de plus que notre collège Français.
Une fois rendu au CÉGEP (équivalent de notre Lycée), l'étudiant peut choisir entre un programme "préuniversitaire" (qui porte bien son nom) ou un programme "technique" (qui du coup prendra 1 année de plus que le préuniversitaire).
Issu d'un programme technique, l'étudiant pourra entrer directement sur le marché du travail et espérer assez facilement trouver de l'emploi (variable selon le domaine d'études).
Il peut aussi poursuivre ses études dans des écoles d'ingénierie par exemple.
Licence, Maîtrise et Doctorat sont similaires aux nôtres.
Cependant les études d'ingénierie ne prennent que 4 années (au minimum : sans session redoublée) pour compléter un Diplôme de baccalauréat québécois, quand l'étudiant Français devra en effectuer minimum 5 (souvent 2+3).
Ainsi, enseigner au Québec nécessite déjà de connaître le contexte désiré : Enseigner en maternelle, au primaire, au secondaire, au CÉGEP ou à l'université.
2/ Les études pour devenir enseignant
- au préscolaire (maternelle), primaire ou secondaire :
Dans les 3 cas les exigences sont les mêmes : détenir un "permis d'enseignement" dans la catégorie désirée.
Cela représente des études deu Baccalauréat en enseignement (4 ans) avec des équivalences difficiles à obtenir depuis le système Français.
- au CÉGEP :
Au minimum, on exige des candidats (recrutés par les établissements directement) un BACCALAURÉAT (ou équivalent) dans la spécialité de l'enseignement.
Devant la disproportion entre l'offre et la demande, une surenchère de compétences des candidats sur le niveau d'embauche se constate en pratique.
Ainsi, il est souvent nécessaire ou plus avantageux de disposer d'une Maîtrise ou mieux dans le domaine de spécialité.
Aussi, pour les mêmes raisons, un diplôme ou une preuve de compétence en pédagogie est souvent un atout considérable.
Il peut s'agir d'expérience dans l'enseignement, ou bien mieux, d'un Certificat (diplôme obtenu en 3 à 5 trimestres) en Enseignement Collégial.
Ce genre de Certificats (appelé "Microprogramme") s'obtient en Université, dans les Facultés de Pédagogie.
UDeM, Sherbrooke, UQAM et Université Laval en offrent (à ma connaissance).
https://www.usherbrooke.ca/education/futurs-etudiants/deuxieme-cycle/microprogrammes/microprogramme-de-2e-cycle-de-formation-initiale-en-enseignement-au-collegial-mifiec/
https://admission.umontreal.ca/programmes/microprogramme-en-enseignement-postsecondaire/
http://www.etudier.uqam.ca/programme?code=0680
- En Université :
Comme en France, il est nécessaire de disposer d'un Doctorat, et très difficile de saisir une opportunité.
Souvent un long cheminement au sein de ladite université, en tant qu'assistant à l'éducation, chercheur, etc ... est la clé du succès.
3/ Les opportunités
Il est certain que ce genre d'emplois est difficile à décrocher.
Cependant, il faut savoir que les enseignants au CÉGEP voient leur démographie lourdement marquée par la génération des "Baby Boomers".
Ainsi, de nombreux départs en retraite ont eu lieu, sont en cours, ou auront lieu prochainement.
Les CEGEP sont nombreux à renouveler ces postes. Mais il reste encore peu d'élus pour de nombreux candidats.
Aussi, les postes en enseignement technique présentent souvent moins de candidats que les autres : en effet, pour un professionnel très diplômé et très spécialisé, il est peu commun de faire le choix de l'enseignement, vue la grande différence de salaire entre une carrière en enseignement et une carrière de professionnel. CE type de candidature attire plus facilement les personnes désireuses de contexte et de conditions de travail différents que dans le privé.
4/ Quelques conseils
Les différences culturelles entre les deux nations ne sont pas à négliger dans ce type d'emploi. Pour tout candidat-enseignant issu du cursus scolaire Français, il est très difficile de connaître le contexte d'évolution de l'étudiant Québécois si l'on ne s'est pas profondément documenté sur celui-ci.
Dans les CEGEP, pragmatisme et entraide l'emportent sur élitisme et théories.
Les méthodes pédagogiques, les évaluations (examens, tests), le coût des études, les calendriers, sont autant de choses très différentes entre la France et le Québec.
Ayant enseigné des deux côtés de l'atlantique, je peux vous assurer que la différence est considérable. Ainsi, si une expérience d'enseignement en France peut paraître un atout majeur, méfiance :
- Les approches pédagogiques sont très différentes, pour ne pas dire opposées. Si la scolarité en Lycée Français est souvent dirigiste (Conseils de Classe, Bulletins, Autorité, CPE, Conseils de Discipline, Retenues, Appel ...), de ce côté-ci de l'atlantique il faut envisager le métier sous l'angle consensuel (discussions, approche humaniste, volontariat, cours à la carte, tutorat ...)
- Le diplôme de CEGEP n'est pas un si-ne-qua-non pour obtenir un emploi pour un jeune. Certes les emplois sont modestes, mais de nombreux jeunes travaillent au sortir du Secondaire. Ainsi, l'ambiance de travail entre enseignants et étudiants au CEGEP est beaucoup plus convivial que dans les Lycées Français. Le CÉGEPien est plus motivé et plus mature que son cousin Lycéen.
- Les cursus Québécois d'études ne sont pas élitistes. Les concours d'entrée dans des établissements de prestige n'existent pas.
Ainsi, je conseille vivement à tout candidat enseignant issu de France de décrocher son Microprogramme.
De plus, celui-ce se conclut dans la plupart des cas par un stage d'insertion en milieu du travail, une excellente porte d'entrée dans la vie professionnelle du futur enseignant.
Si vous décrochez un entretien de sélection pour un poste d'enseignant, ne négligez pas votre préparation.
5/ Le mot de la fin ...
Si vous êtes Ingénieur d'une école Française et que l'enseignement vous séduit, c'est le moment où jamais. Mais ne pas négliger la préparation.
Pour conclure, j'inviterais tout PVT diplômé d'une école d'ingénieur Française, ou Maître ou Docteur, spécialisé en Électronique ou Télécom, et intéressé par le métier, à me contacter.
En espérant que ces conseils sauront vous être utiles,
Cordialement,
Nicolas.