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Les trois sortes de tempêtes au Québec


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Un texte intéressant de Foglia ce matin...

Le samedi 08 mars 2008

Tempêtes

Pierre Foglia

La Presse

On a au Québec trois sortes de tempêtes. Les tempêtes de neige. Les tempêtes de langue. Et les tempêtes de souveraineté. Quand ce nest pas lune cest lautre, cette semaine on été gâtés, on a eu les trois en même temps. Première tempête idéologique pour Mme Marois quon accuse de vouloir mettre la souveraineté au rancart. Cest un peu comme si on accusait Miss Météo de faire pleuvoir.

Mme Marois na pas le choix. Regardons-y encore une fois.

Un tiers des Québécois sont fédéralistes.

Un autre tiers ne sait pas trop ce quil veut. Jexagère. Disons quil est ailleurs. Où ? Dans le « vivre ensemble », dans les droits et libertés, dans les rapports entre lindividu et la collectivité. Les jeunes sont beaucoup dans ces trucs-là. Par exemple, ils sinterrogent gravement sur le droit des sikhs de faire de la motocyclette sans casque. Ils ne sinterrogent pas ou très peu sur la souveraineté. Il est assez clair tout de même que ce tiers là ne veut pas rompre. Faire la souveraineté, cest rompre.

Le dernier tiers est souverainiste comme moi. Je le dis pour men souvenir, des fois joublie, des fois cela me gêne dêtre du même côté que M. Facal. Des fois cela marrangerait que lui aussi fasse de la motocyclette pas de casque.

Pour revenir à la première tempête de Mme Marois, soit le PQ devient le tiers parti de ce tiers-là de souverainistes (et renonce au pouvoir), soit il reprend sa vieille antienne dun bon gouvernement. Bref, Mme Marois navait pas le choix, elle devait se défaire de lobligation de tenir un référendum dans un premier mandat.

Je comprends ça.

Ce que je ne comprends pas, cest cette Conversation nationale quelle nous promet une fois le PQ au pouvoir. Je ne comprends pas conversation nationale. Je ne comprends pas que les stratèges du parti aient pu laisser passer cette loufoquerie qui vient de donner de la job aux caricaturistes pour les deux prochaines années.

En tout cas le slogan du PQ est tout trouvé pour les prochaines élections : blablabla.

Comment peut-on manquer à ce point doreille, comment ne pas avoir entendu le rire national quallait déclencher cette conversation nationale ?

Les tempêtes de langues sont plus redoutées encore que les tempêtes de souveraineté. Lautomne dernier, des fuites alarmistes ont laissé entrevoir que le rapport sur létat de la langue quétait en train de dresser lOffice de la langue française causerait pas mal de poudrerie. Le gouvernement semploya-t-il à mettre en place un plan durgence pour faire face à cette tempête ?

Pas du tout.

Il entreprit de nier la tempête. Un mètres de neige ? Chuuuut. Du verglas ? Allons donc, où ça ? La population de langue française est passée sous les 50 % à Montréal ? Trente pour cent des francophones ne travaillent pas dans leur langue ? Un enfant francophone sur deux ne sait pas écrire ? Chuuuut.

Des experts qui ont travaillé sur ce rapport dénoncent le secret, la paranoïa qui ont présidé à sa rédaction finale. Et on est saisi par la grossièreté de la prise en charge. Qui a eu lidée géniale de jeter en vrac les 1700 pages du rapport sur la table : tiens citoyen, pellette. Qui a eu la naïveté de penser quen mettant lOffice sous le boisseau, rien ne sen échapperait ? Qui donc a commandé à la présidente de lOffice, Mme Boucher, et à la ministre de la Culture, Mme Christine St-Pierre, de jouer les imbéciles ? Même si dans le cas de la ministre au moins, ce fut joué avec beaucoup de naturel, comment a-ton pu croire quon contrôlerait ainsi le message ?

Le lien avec mon premier sujet est évident. Une tempête de langue peut facilement devenir une tempête de souveraineté. Mais est-ce une raison pour imposer le silence aux météorologues ?

Je vais avoir lair de changer de sujet, mais vous allez voir quà la fin je retombe sur mes pieds, enfin sur les vôtres. Ne précipitons rien.

Le disque qui a joué le plus souvent à la maison durant lhiver, parfois des journées entières, est lenregistrement des chants doiseaux du Québec et de lest de lAmérique du Nord. Deux cent soixante-sept chants. Après quelque fois je men suis impatienté auprès de la responsable :

Te proposes-tu, mon amour, dapprendre par coeur les 267 chants de ces saloperies de bestioles ?

Oui, pourquoi ?

Parce que je vais devenir fou et les minous aussi.

Bonjour à vous, amateurs dornithologie, dit la voix au début. Il navait pas terminé son mot dintroduction que les minous étaient déjà sur les quételles.

Canard dAmérique, dit la voix. Suit le chant du canard : coin-coin.

Un coin-coin plus vrai quun vrai qui a achevé daffoler les minous, Lola est allée voir sous le sofa, Bardeau a sauté sur la table de la cuisine pour voir dehors, Sophie a griffé le haut-parleur, Tonton sest glissé derrière le piano, ils me sont revenus penauds et perplexes : mais où donc est passé ce putain de canard ?

Grèbe à bec bigarré, dit la voix. Suit le chant de la grèbe : cui-cui. Puis viennent le coulicou à bec noir, le pluvier kildir, le harelde kakawi, le quoi? dit Minette. Le harelde kakawi, répète ma fiancée.

Vous devriez les voir aujourdhui, trois mois plus tard. Bonjour à vous, amateurs dornithologie, dit la voix. Tonton qui dort sur le dos dans la chaise berçante nouvre même pas un oeil. Lola qui cuit derrière le poêle na pas un frémissement de queue, de toute façon elle na pas de queue. Même Péa, la plus nounoune des huit, ne bronche pas et quand la voix dit : Canard dAmérique, me semble voir remuer les babines de Bardeau : Yayaya.

Moi ? Moi, vous ne le croirez pas, je pense à vous. Je vous vois endormis comme mes minous et comme eux indifférents à la voix, parce que trop longtemps saôulés par elle.

Bonjour à vous, amateurs dornithologie. La tourterelle triste, dit la voix.

Vous : blablabla.

Le goglu souverain, le martinet ramoneur, la bécasse des cultures, le troglodyte des polyvalentes, dit la voix.

Vous : yayaya.

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À propos de la tempête de souveraineté:

Parle parle, jase jase Richard Martineau

Le Journal de Montréal

Vous êtes toujours hantés par des souvenirs de la commission Bouchard-Taylor ? Vous vous réveillez encore au beau milieu de la nuit en sueur, après avoir rêvé que vous habitiez à Hérouxville ?

Eh bien, accrochez votre tuque avec de la broche, car si le PQ prend le pouvoir, une autre Commission de consultation populaire se mettra sur les rails :

La Commission de la Conversation nationale !

SÉPARATION : MODE D'EMPLOI

Qu'est-ce que ça mange en hiver ? Simple : la Commission de la Conversation nationale organisera des colloques et des forums aux quatre coins du Québec pour expliquer aux citoyens les bienfaits de l'indépendance.

Quoi ? Vous dites que ça fait quarante ans qu'on nous l'explique ? Tout à fait d'accord. Mais selon Pauline Marois, ce n'est pas assez. Les Québécois, dit-elle, ont encore besoin de se faire expliquer comment ça marche.

(Entre vous et moi, si on ne comprend toujours pas les tenants et les aboutissants de l'indépendance après toutes ces années de discours et de débats, on ne mérite tout simplement pas de la faire. C'est mon opinion et je la partage...)

MONONCLE TÊTU

Le PQ est en train de ressembler à un vieux mononcle qui s'entête à flirter avec une jolie fille. «Veux-tu prendre un verre avec moi ? - Non. - Veux-tu souper avec moi ? - Non. - Veux-tu voir un film avec moi ? - Non. - Veux-tu jouer au bowling avec moi ? - Non.»

Me semble qu'après trois, quatre refus, un gars finit par comprendre que la fille ne veut rien savoir, non ?

Eh bien, pas au PQ. Le PQ est convaincu qu'il suffit de changer son approche pour finir par «scorer».

C'est ainsi qu'après avoir essayé en vain plusieurs méthodes de séduction (la séparation, la souveraineté-association, l'étapisme, le beau risque et le bon gouvernement), le PQ nous présente sa nouvelle stratégie:

Les Gestes de Gouvernance nationale ! Wow. Juste à entendre l'expression, j'ai des frissons. Pas vous ?

C'EST LA BONNE !

Si l'on en croit Pauline Marois, cette fois, c'est la bonne. Les Gestes de Gouvernance nationale vont tellement impressionner l'électorat que le Québec va enfin succomber aux charmes des séparatistes et accepter de les suivre sur la voie dorée de l'indépendance.

Je souhaite que madame Marois ait raison. Car si cette nouvelle stratégie ne fonctionne pas, je me demande quelle approche les péquistes pourront essayer.

Ils vont se mettre à genoux ? Ils vont faire la danse du bacon jusqu'à ce qu'on leur dise Oui ? Ils vont faire le tour des bars et verser du Spanish Fly dans notre verre ? Qui sait ? Les séparatistes vont peut-être nous avoir à l'usure.

On va tellement être écurés de les entendre parler de souveraineté au cours des prochains mois qu'on va leur dire : «O.K., montrez-moi où est votre chambre, qu'on en finisse !»

BONNE NOUVELLE POUR L'ADQ

Moi, si j'étais Mario Dumont, je pousserais un soupir de soulagement.

Car soyons francs : qui a le goût que le Québec s'embarque dans une autre tournée de consultation populaire, avec des poètes amateurs qui s'écoutent parler et des théoriciens de la souveraineté qui enfilent des costumes en babiche pour enculer des mouches ? Personne.

Personnellement, je préfère être enfermé dans un garde-robe avec le doc Mailloux.

Modifié par Angela
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